Afin que le Théâtre ne puisse jamais manquer de Sujets, outre les Comédiens de Province, sur lesquels il faut peu compter ainsi que sur les enfants de la Capitale, je crois qu’il serait de la prudence d’élever et d’instruire pour le Théâtre une demie douzaine de garçons, et autant de filles ; une ancienne Comédienne, et un ancien Comédien auraient le soin de les former dans des logements séparés ; on leur donnerait en même temps des principes de religion et de piété, et on leur ferait apprendre un métier pour leur préparer une ressource, si par hasard à un certain âge on ne leur trouvait pas les talents nécessaires pour le Théâtre, ou s’il leur survenait quelque défaut qui ne leur permit pas d’y jouer : dans ces deux cas la bonne éducation qu’ils auraient reçus, jointe aux secours qu’on leur procurerait, les mettrait en état de trouver un autre établissement que celui du Théâtre.
De toutes les qualités qui peuvent rendre une femme aimable, il ne lui manquoit, dit Tacite, que la chasteté, c’étoit un phenomêne de luxe & d’amour de la parure ; son unique divinité étoit son corps ; elle engagea ce Prince à massacrer Agripine sa mere, Séneque & Brutus ses précepteurs, qui n’approuvoient pas ses excès, à répudier sa femme Octavie, & à la faire mourir, pour prendre sa place : elle quitta deux fois ses maris ; Crispinus dont elle avoit un enfant, pour épouser Othon dont elle étoit amoureuse, & ensuite Othon lui-même, pour épouser Néron qui étoit amoureux d’elle, & le fit releguer en Lusitanie, sous prétexte de l’en faire Gouverneur. […] On donne des poupées aux enfants & aux Dames ; c’est la même chose, les enfants s’en font un amusement, les femmes plus enfants encore, une affaire sérieuse.
Parmy eux il y avoit une pauvre femme qui portoit un enfant entre ses bras. Cette charge de sa fecondité ni l’innocence de ce pauvre enfant ne garantirent point ni l’un ni l’autre des fers ny de l’oprobre de la ceremonie du Triomphe. La Mere & l’enfant marcherent dans leur rang devant le Char du Vainqueur Triumphant. Cet enfant augmentant le nombre de ses premieres années, ne diminua point ses premieres disgraces, & fut contraint de demander l’aumône publiquement, & de gagner sa vie à penser des chevaux.
A quelle école envoie-t-on ici les enfants de l’Eglise, à la chaire de pestilence. […] J’avoue que tous n’en sont pas également susceptibles, l’âge et d’autres dispositions y mettent de la différence, mais tous sont enfants d’Adam, et ont hérité de lui une concupiscence malheureuse, toujours prête à s’enflammer, mais si vous n’êtes pas averti jusqu’ici du désordre de votre intérieur, voyez devant Dieu d’où en peut venir la cause, n’est-ce pas peut-être de ce que vous êtes toujours absent et fugitif de votre propre cœur, et que vous ne savez pas ce qui s’y passe, que vous êtes déjà esclave, et qu’un esclave ne combat plus ?
C’est de son sein maudit que l’on a vû sortir ces monstres de légereté & de vanité : & le démon connoissant qu’elle n’estoit propre toute seule qu’à inspirer de l’horreur, y a mêlé ces sortes de divertissements par une adresse maligne, afin que le plaisir qui accompagneroit les enfants, rendît la mere moins affreuse. […] Une persuasion si présomptueuse est une marque infaillible, que vous estes déja dans le mal, que vous ne voulez pas craindre ; & si vous n’y tombez pas, c’est un aussi grand miracle, que celuy que Dieu fit en faveur des Enfants célebres, qui furent au milieu des flammes sans se brûler. […] Quelqu’un d’entre eux estant allé à Rome, & voyant avec quelle passion les Romains y accouroient, demanda gravement, si ces gens-la estoient mariez, & s’ils avoient des enfants ? voulant marquer par-là, qu’un homme sage devoit estre uniquement occupé à regler ses affaires, & à gouverner sa famille ; & qu’il ne pouvoit goûter de plaisir plus innocent, que celuy que donnent une Epouse fidele & des enfants bien élevez. […] Et vous peres & meres, qui souffrez dans vos familles des enfants qui profanent l’habit de l’Eglise, & qui en dissipent les biens à des usages honteux, craignez, si vous ne vous y opposez de toutes vos forces, que la malediction de Dieu ne tombe sur vous comme sur eux.
Les élèves de Melpomène n’ont guère d’enfants légitimes que leurs ouvrages, qui même souvent appartiennent à plus d’un père. […] Il y a même du ridicule dans la plupart des intrigues des tragédies de Racine : Britannicus, un enfant de quatorze ans, aime Junie, veuve d’un âge plus avancé, coquette décidée, chassée de Rome pour ses incestes, qu’il n’avait peut-être jamais vue. […] Ces absurdités, parées des charmes de la poésie et de la pompe du spectacle, donnent un goût faux, des idées d’enfant, un langage frivole. […] On rit, du Horace, d’un enfant qui fait des bulles de savon, et court à cheval sur une canne ; la décoration et le jeu de théâtre sont aussi puérils. […] Les remontrances d’un père à ses enfants, d’un maître à ses élèves, d’un pasteur à ses brebis, sont-elles des médisances ?
Ce n’est pas là, je crois, l’esprit de ces passages de l’Écriture : « Que le Seigneur est bon, miséricordieux, lent à punir ; et qu’il n’afflige qu’à regret les enfants des hommes ». […] que l’on suppose avoir fait ses études à l’Université, définit les besoins naturels que nous sentons pour le boire et pour le manger, des enfants de fornication. […] « Parce que la sentence ne se prononce pas si tôt contre les méchants, les enfants des hommes commettent le crime sans crainte. […] Cléora est celle qui représente La Famine ; et tout le merveilleux de son rôle aboutit à nous dire que l’enfant tétait sa mère, mais en vain : « Il tirait, il tirait toujours, et rien ne venait ; enfin il tira si fort que le sang sortit, et que j’aperçus du lait rouge sur ses lèvres ; ce qui me fit évanouir de frayeur. » Portrait achevé d’un enfant qui tète !
Et par là ceux qui ont été faits enfants de Dieu, et membres de Jésus-Christ par leur Baptême, deviennent honteusement les imitateurs, non seulement des Juifs, mais des Gentils et Idolâtres, comme il est marqué dans la Loi que nous avons citée, et dans un passage de saint Augustin que nous rapporterons plus bas.
« La comédie est un mélange de paroles et d’actions agréables pour son divertissement ou pour celui d’autrui, etc. » On ajoute ici dans le texte le terme de comédie, qui n’y est pas : Saint Antonin parle en général « des paroles ou des actions divertissantes et récréatives » : ce sont les mots de ce saint qui n’emportent nullement l’idée de la comédie, mais seulement celle ou d’une agréable conversation, ou en tout cas des jeux innocents : « tels que sont, ajoute-t-il, la toupie pour les enfants, le jeu de paume, le jeu de palet, la course pour les jeunes gens, les échets pour les hommes faits », et ainsi du reste, sans encore dire un seul mot de la comédie .
des enfants qui volent leurs peres, d’honnêtes bourgeois dupés par des frippons de cour, & surtout des femmes qui trompent leurs maris. […] Par-tout quelqu’infidélité dont on rit ; des maris & des femmes qui s’insultent, se maudissent, se battent ; des enfants révoltés contre leurs parents, qui s’engagent sans leur aveu, les trompent, les volent, les forcent à se rendre à leur folle passion ; des domestiques frippons, des fourbes, des ministres de plaisir qu’on récompense.
Il en coûtera pour soi, pour sa femme, pour ses enfants, quand on les y mènera et il faudra les y mener souvent par ordre du Seigneur Commis. […] Vous voulez que les pères et mères aient à leur tête un Seigneur Commis, et que tous ensembles composent un Aréopage pour juger de la modestie et de la danse des jeunes gens ; mais ne craignez-vous pas la prédilection des pères et mères pour leurs enfants ?
Et vous, manufacturiers industrieux, qui variez chaque jour vos tissus et donnez la vie et l’existence à tant de familles qui vous consacrent leur intelligence et leurs bras : vous tous qui disposez et tressez ces tissus légers, dont les grâces et la beauté se couvrent et se voilent, gazes transparentes sous lesquelles se cache le tentateur, brisez vos métiers, fermez vos magasins, renoncez à ces occupations profanes, dangereuses pour vous et pour votre prochain ; cessez enfin de vous rendre des instruments de mort spirituelle et de damnation éternelle… Que deviendront nos femmes, nos enfants, nos familles, direz-vous ? […] Et lorsque le besoin se fera sentir et pour vous et pour vos enfants, allez à l’archevêché…. […] Une marâtre cherchant à faire sacrifier par son mari, les enfants d’une première femme. […] De toutes amitiés il détache mon âme, Et je verrais mourir frère, enfant, mère et femme, Que je m’en soucierais tout comme de cela …z. » Les sentiments humains, mes frères que voilà !
Ellee devrait bien suffire aux enfants de lumière, pour y renoncer, et laisser aux enfants des ténèbres et de rébellion, les immondices, et excréments, qui découlent de cette cloaquef infernale« Quale habendum est apud homines Veri Dei, quod à candidatis Diaboli introductum et ipsis a primordio dicatum est », Tertul. […] Que si on réplique ; que ces choses se représentent, pour en détourner la jeunesse : Je réponds avec tous les anciens, dont je produirai les témoignages ci-après ; Que cet avis est aussi bien fondé, que celui qui conseillerait, de mettre les jeunes filles en un bordeauad, pour les confirmer en l’amour de la vertu et chasteté : Les Comédies sont spectacles plus plaisants à la vue charnelle, que n’était le spectacle des Hélotesae ivres, que les Lacédémoniens montraient à leurs enfants, pour les détourner de l’ivrognerie : Et toutefois, si un Chrétien voulait imiter cet exemple, et faire enivrer des hommes exprès, pour faire abhorrer ce vice aux autres, il se montrerait ridicule, et encourrait très juste répréhension. […] Les enfants de l’Ecole savent les histoires de Sardanapale de Sémiramis, laquelle, après s’être longtemps déguisée, voulut enfin commettre inceste avec son fils, qui la tua : Item les fables d’Hercule, servant à Omphale ; d’Achille, se cachant parmi les filles de Lycomède, etc. […] Que sibk quelques-unes ont eu recours à ce changement, en temps de persécution, pour mieux se préserver des outrages, auxquels ce sexe-là est sujet ; Il faut prudemment distinguer entre ce qui est louable en soi, et ce qui tient de l’infirmité humaine ; Comme les Anciens distinguent entre l’œuvre de compassion, que montraient les sages femmes en Egypte, en sauvant la vie aux enfants des Hébreux ; et l’œuvre d’infirmité, en déguisant la vérité devant Pharaon. […] Auguste considérant comment les femmes et les jeunes enfants s’y corrompaientSuet. in Aug.
Notre Siècle ne s’est pas seulement orné d’un Spectacle digne enfant de la joie ; la Littérature fait d’un autre côté des progrès qui achévent de combler sa gloire.
Un enfant ne prendrait pas plaisir dans la représentation de la mort de son père, un père dans la représentation de la mort de son fils, ni une femme dans la représentation de celle son mari.
Et si quelqu’un nous oppose pour éluder la force du Canon du Concile d’Agde, que le Concile ne parle que des Danses, et des jeux qui sont immodestes et déshonnêtes, et qu’ainsi ces sortes d’exercices ne sont pas illicites à l’égard des Clercs, lorsqu’il ne s’y mêle rien de contraire à l’honnêteté, et à la modestie ; cette objection se détruit aisément par la considération sérieuse et attentive du vrai sens du Canon, qui ne comprend pas seulement les déshonnêtetés qui sont évidemment mortelles ; mais toute sorte d’actions, de gestes, et de mouvements trop libres, qui ne s’accordent point avec la retenue, et avec la sainteté des enfants de Dieu.
Enfants de chœur, au nombre de 5.000, sur le pied de 200 f. chacun par an, ci.
Nos femmes et nos enfants se moquent des Croix et des tourments, montrent un visage assuré devant les bêtes farouches, enfin souffrent la douleur sans gémir, par la patience que Dieu inspire.
Une d’elles représentait sainte Catherine ; elle était accompagnée d’un enfant armé d’un balai, parce qu’un jour Dieu se présenta ainsi chez sainte Catherine, « pour lui servir de valet de chambre » (p. 277).
Mais combien y avait-il d’aise à voir le Catadrome : machine subtile, descendre ses grands ravisseurs, comme l’Aurore son Memnon, Jupiter son Ganymède, Diane son Endymion, c’est ce qui donna occasion à Crésus esclave et captif de Cyrus de lui donner avis de permettre les jeux publics, et Comédies aux Lydiens, qui par plusieurs fois s’étaient révoltés de son obéissance, et que leur esprit y serait retenu ; ressemblant aux enfants qui font état de toutes sortes de plaisirs, et sont bien aises d’être attirés celui-ci par leur Prince. […] Non, je ne dois point rechercher loin de nous les ombres et les sépulcres, puisque nous en avons aujourd’hui dans notre France, en l’œil des cités, en la plus auguste ville de l’Europe, le corps, la lumière, et la vie de tous les plus rares et dignes Comiques du monde, en ceste troupe de Parnasse, nourrissons des Muses, Aigles de Jupiter, vrais enfants d’Apollon, race divine, interprètes des Dieux, qui ont gratifié Paris de leur présence : quelles louanges vous peut-on donner ?
Les premiers Empereurs de Rome s’étaient trouvés assez souvent parmi les troupes de Comédiens pour leur plaisir ; et à leur exemple il n’y a point de doute que les enfants des meilleures et plus nobles familles eussent embrassé cette condition, si par le frein des lois on n’eût su dextrement arrêter la violence de cette inclination qui les y poussait, aussi bien qu’elle en pousserait encore beaucoup de notre temps, qui au lieu de s’occuper aux grandes et héroïques actions, où leur noblesse les destine, les ferait passer leurs meilleures années dans la douceur de cette vie voluptueuse. […] Ne voit-on pas que la Philosophie des enfants sont les Fables d’Esope ?
M. de Voltaire n’a composé que peu de Comédies, & l’on y trouve le triste & le sérieux : ai-je besoin de citer l’Enfant prodigue, l’Ecossaise ?
Vous faisiez part de ces récréations empoisonnées aux personnes que vous aimiez ; et ce qui est plus déplorable, vous donniez à vos enfants encore innocents la vue de ces vanités, pour récompense de leur sagesse.
Ces déguisemens d’une maîtresse pour éprouver son amant ; cette préférence donnée à la fortune sur sa personne, qui font toute sa Julie ; cette allégorie des Graces & des Fées, qui donnent chacune une belle qualité à Madame la Dauphine & à l’enfant qui vient de naître ; cette discorde, cette réconciliation de l’amour & de l’hymen ; ces entrées familieres & bourgeoises de ses pieces, bon jour, un tel, d’où viens-tu, où vas-tu, que fais-tu, qu’il appelle naturelles, &c. […] Mais ce qui fait peur à un enfant de quatre ans, fait rire des filles de dix-huit, & fait pitié au spectateur. […] Reste à décider si l’Auteur n’est qu’un enfant timide qui veut se faire illusion, ou un libertin artificieux qui veut faire illusion aux autres.
Mais celui du saint homme Job me semble encore plus fort pour prouver cette vérité : c’est un homme qui tenait le rang d’un prince dans son pays, comblé de richesses, d’honneurs, d’amis, et d’autorité, au au milieu d’une famille la plus heureuse qui fût au monde, par le moyen du nombre des Enfants bien nés et bien faits, que Dieu lui avait donnés. Ce bon Prince voit en un seul jour périr tous ses Enfants, il se trouve tout d’un coup dépouillé de tous ses biens, et réduit à se jeter sur un fumier par l’abandon que tout le monde fit de sa personne. […] J’avoue que vous sentirez des peines par les respects humains, et par la contradiction, que vos inclinations y apporteront : mais la liberté des Enfants de Dieu mérite bien que vous souffriez cette peine pour l’obtenir : le Ciel ne se donne pas pour rien, il faut l’acheter bien cher ; les pénitents l’ont acheté aux dépens de leurs larmes, et les Martyrs l’ont payé de leur vie et de leur sang.
J’ai vu tel jeune homme que les exhortations et les larmes de son père ne pouvaient rappeler de son égarement, laisser lui-même couler des pleurs lorsque dans L’Enfant prodigue Euphémon embrasse son fils repentant et que les larmes de la tendresse paternelle et de la joie effacent celles de la douleur sur les joues de ce père vénérablebg. […] Je jouissais du temps le plus heureux de ma vie ; le bonheur d’être instruit par M. de Voltaire mettait le comble à ma félicité ; il me fit un envieux, un faquin que nous avions banni de notre société pour des raisons très importantes, faquin que je nommerais s’il vivait encore et s’il n’avait payé de la vie en Hollande son impudence et sa fatuité, eut l’indignité de communiquer à M. de Voltaire cette critique de Nanine en question : il mesurait l’âme de ce grand homme sur la sienne, et s’était imaginé qu’un égarement de jeunesse, une rhapsodie d’enfant allait déconcerter son amour-propre : il arriva tout le contraire. […] [NDE] Voltaire, L’Enfant prodigue, Paris, Prault fils, 1738 [repr. 1736], Acte V, sc. 6, p. 98 sq.
., mais surtout par le caractère de ceux qui s’y montrent, gens en place faits pour édifier, gens graves et réguliers, dont la réputation y donne un nouveau poids, un père, une mère, un maître, qui en donne l’exemple à ses enfants, ses élèves, les y laisse aller, leur fournit de l’argent ; par le caractère de ceux à qui l’on tient, famille chrétienne, communauté régulière, corps respectable, fonctions publiques, profession distinguée, etc. […] Il s’éleva même une troisième troupe sous le nom d’Enfants sans souci, de Prince des sots, qui représentaient des folies ou sottises ; elle s’accommoda avec les deux premières, et le public vit indifféremment sur les trois théâtres, des mystères, des moralités, et des sottises, et à dire vrai, des sottises partout. […] Ils furent l’extinction du théâtre de la Basoche, qui ne s’est jamais relevé, non plus que la troupe des Enfants sans souci, ou du Prince des sots.
Il parut en 1672 une autre Pièce contre la Comédie, qui se trouve dans l’Education chrétienne des enfants, selon les maximes de l’Ecriture et les instructions des saints Pères de l’Eglise, avec un petit Traité contre les chansons mondaines, qui sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont spirituelles ; car elles se chantent sans honte.
Un bâtard qui n’entre en cette vie que par la porte du déshonneur, n’est pas moins homme qu’un enfant légitime : Le désordre de sa naissance ne lui ôte rien ni de la beauté du corps, ni de la bonté de l’esprit. […] Quelques-uns ont permis aux enfants de manger les corps de leur père et de leur mère après la mort : D’autres de les faire mourir dans la caducité de leur âge pour les exempter de languir ; y a-t-il Chrétien qui en voulut faire autant ? […] Le monde n’y paraît que comme un petit enfant, qui prend ses forces et ses accroissements avec l’âge. […] Le sang en rejaillit aussitôt : Un enfant le vit et cria au sacrilège ; l’autre se met en fuite, mais au premier pas qu’il fit hors de l’Eglise, il fut réduit en cendres par un coup de tonnerre. […] L’Histoire, dont je parle, devrait faire trembler tous les pères et toutes les mères autant de fois que leurs enfants sont en des compagnies, où le même leur peut arriver.
Epître du premier livre écrivant à Eucratius, montre assez en quelle horreur et détestation les Chrétiens avaient anciennement les Bateleurs et joueurs de farces, Comédies et Tragédies, et autres choses semblables, jusqu’à priver de la sainte Communion ceux qui s’adonnaient à cet art : Il déclare le semblable en cette Epître, que le Chrétien doit fuir tous Spectacles et Jeux publics, de quelque sorte que ce soit : où de premier coup il s’attache à ceux qui abusaient des témoignages de la S. écriture pour approuver telles folies : puis discourant par toutes les espèces des Spectacles, en fait le diable auteur, et l’Idolatrie mère : rappelant les Chrétiens à contempler plutôt les œuvres de Dieu, et les saintes écritures, comme les vrais spectacles des vrais enfants de Dieu. […] Une personne qui se connaîtra enfant de Dieu, jamais ne se donnera de merveilles des œuvres humaines : Et à la vérité, celui qui peut admirer autre chose que Dieu, se précipite du haut degré et sommet de sa noblesse.
Retenez vos sanglots, enfants malheureux, qui baignez de larmes amères le dernier asile où repose en paix l’homme de bien à qui vous devez le jour. […] Et d’ailleurs combien de parents, n’oseront ouvrir à leurs enfants une carrière où un stérile honneur et de pénibles vertus seront longtemps l’unique apanage de presque tous ceux qui auront le courage de la fournir désormais ; avec les mêmes droits, peut-être, aux dignités de l’église, tous ses ministres ne sauraient y aspirer également. […] « Les principes de corruption reçoivent une nouvelle force des spectacles publics, où les pères et mères ont l’imprudence de s’empresser de conduire leurs enfants de l’un et l’autre sexe. […] « Ils y faisaient de même recevoir leurs enfants, et les y conduisaient avec une pompe qui se ressentait de la magnificence de leur triomphe. « Auguste y vint, pour la troisième fois, demander le consulat, afin d’y conduire lui-même ses enfants en qualité de magistrats, et Tibère y ayant pareillement conduit Néron et Drusus, fit des libéralités au peuple, afin de rendre le jour de leur réception plus solennel.
.. va dans les limbes des enfants.
Vous leur donniez vos approbations, et par vos applaudissements et vos flatteries, vous échauffiez ces serpents à mesure qu’ils vous piquaient : vous faisiez part de ces recréations empoisonnées aux personnes que vous aimiezc, et ce qui est plus déplorable, vous donniez à vos enfants encore innocents, la vue de ces vanités, pour récompense de leur sagesse.
Ouvrir son âme aux cruelles, ou aux lascives idées de ce qui se joue sur les théâtres ; c’est la fermer aux inspirations de la grâce ; c’est perdre l’intégrité qui nous donne la vue de Dieu ; c’est n’avoir plus la confiance de nous approcher de son trône, de demander son secours, de recevoir ses lumières, et ses consolations comme ses enfants.
) Il prétend qu’il n’y a point d’homme de goût qui ne souhaite d’avoir été comédien (folie ;) Il n’ajoute pas hommes vertueux, ce ne sont pas les desirs de la vertu, en parlant de la subtilité que doit avoir un acteur pour bien rendre son rôle, ou naturel, ou factice ; il dit que c’est dans la vie privée, auprès des femmes, au milieu des enfants, dans le monde qu’un comédien doit former en lui le grand tâlent de la sensibilité. […] Son style aisé, naïf, mais noble & poli anonce un homme de condition, & fait gemir de ses égarements ; il a fait bien de voyages, il a trouvé la nation des comédiens répandue par toute la terre, par-tout semblable à elle-même, par-tout des acteurs débauchés, & des actrices comodes, agacentes, séduisantes, corrompues, qui l’ont enfin ruiné, brouillé avec sa famille, fait battre avec ses amis, l’ont abandonné pour d’autres amans, comme elles en avoient abandonné d’autres pour lui : par-tout, elles l’ont débarrassé de sa bourse, ont dérangé ses affaires, empêché sa fortune, troublé son répos, altéré sa santé, detourné de ses devoirs, perdu son ame ; il se montre cent fois au désespoir de ses désordres, changeant de conduite, voulant se convertir, embrassant un état, résolu d’en remplir les devoirs ; mais bien-tôt rentrainé, plongé plus que jamais dans l’abîme du libertinage, par les a traits & les artifices, ou plutôt par les fourberies, les piéges, l’hipocrisie de ces malheureuses, trop commun instrument de la perte de la jeunesse, & même de tous les âges ; car il a trouvé cent fois en son chemin, des gens d’un âge avancé, enfants de cent ants, d’une conduite insensée, dont le théatre causoit le délire ; il en a trouvé de tous les états, des Magistrats qui alloient y oublier le peu qu’ils savoient dé jurisprudence, & le peu qu’ils avoient d’intégrité ; des étudians qu’il empêche de rien apprendre ; des militaires dont il amortit le courage, énerve les forces ; blesse le corps des ecclésiastiques qui y prophanent la sainteté de leur état, tantôt osant passer du théatre à l’autel, tantôt quittant l’autel pour le théatre, oubliant le breviaire aux pieds d’une actrice. Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.
La fille apporte à son heureux époux L’honneur pour dot & quinze ans pour parure Les nœuds d’Hymen resserrés par l’Amour Nous font chérir le tendre nom de mere, L’enfant se plaît à nourrir son vieux pere, Pour que son fils le nourrisse à son tour. […] Un Seigneur à la Cour, à l’Armée, au Collége, à l’Académie à Paris, quelquefois un enfant, peut-il être instruit des mœurs de toutes ces filles ? […] Les habitans y ont applaudi, & se sont chargés des frais de son mariage & des dépenses de sa premiere couche, promettant de tenir son premier enfant sur les fons de Baptême.
Palémon supplié par celui-ci de jetter un sort sur cette enfant pour la rendre amoureuse de lui, le trahit et conseille à Basile de faire accroire à ce sort qu’il possède un instrument dont les sons mélodieux suffisent pour obtenir tout ce qu’on veut, par exemple pour renvoyer contens des créanciers. […] « Observez, avec soin, disoit-on à une enfant de onze à douze ans, observez de tourner amoureusement vos regards sur celui qui danse avec vous, et de les ramener avec langueur sur le parterre… N’oubliez pas, après avoir battu deux entrechats, de faire la pirouette et de déployer votre jambe… Le comble de l’art, disoit-on à une autre, est de savoir balancer doucement son corps en penchant le cou, en fermant à demi les yeux, en abandonnant ses bras… Dans l’allemande, ajouta-t-on quelques momens aprés, tout est perdu, lorsque le danseur et la danseuse restent froids. […] Pour les jeunes personnes du sexe, l’Enfant Jesus est un meilleur asyle que l’école d’Audinot.
Saint Chrysostome disait autrefois, si je connaissais ceux qui fréquentent les Théâtres, je les chasserais de l’Eglise, et je leur en interdirais l’entrée, non pour les désespérer, mais pour les corriger, de même que les Pères bannissent les enfants de leurs maisons, lorsqu’ils ont commis des fautes notables, et fait des excès pernicieux. […] Les Pères ne savent souvent à qui s’en prendre, lorsque leurs enfants s’abandonnent aux plus grands excès ; les Mères vont chercher dans des circonstances éloignées la cause du scandale de leurs filles ; et c’est le Théâtre, n’en doutez pas, qui a perdu les uns et les autres. […] Car ou vous êtes enfants de l’Eglise, ou vous ne l'êtes point, et dans l’un ou l’autre cas votre jugement est prononcé.
avez vous bâti l’enceinte de ses rivages, pour l’envelopper, comme on enveloppe de langes un enfant dans le berceau ? […] Qu’on examine toutes ces machines, ce sont des jeux d’enfant.
L’Enfant dans son Histoire du Concile de Constance rapporte que quand l’Empereur y arriva, les Evêques Anglois firent représenter devant lui en 1417 une Comédie ou Moralité sur la Naissance du Sauveur, l’arrivée des Mages, & le massacre des Innocens, Sujet fort Tragique, qui a aussi paru sur notre Théâtre, aussi bien que la Décollation de S. […] La Poësie Dramatique fut connue en Allemagne plus tard que par tout ailleurs, & le goût des Représentations Saintes y dura si longtems qu’on représentoit encore à Vienne il y a trente ans, la Passion de Notre Seigneur, Piéce, où après Adam, Eve, & Moïse, paroissoit l’Enfant Jésus, à qui on donnoit de la bouillie.
C'est une folie d'aller, de venir, de se cacher derrière une toile, d'en sortir, d'y rentrer, comme des enfants qui font de petits jeux, de sauter, danser, cabrioler, s'entrelacer, comme un écureuil, faire des minauderies, des contorsions, des lazzis comme un singe. […] L'adultère avec Bethsabée, le meurtre d'Urie, la perfidie pour le faire périr, l'adresse de l'enivrer pour le faire aller avec sa femme, et cacher le vrai père de l'enfant adultérin, le mariage avec la veuve adultère dont il avait tué le mari, le jugement contre Miphiboseth, les emportements contre Nabal, la retraite chez les ennemis de l'Etat, les invasions, du moins simulées sur les terres d'Israël, et la promesse de combattre son Roi légitime, le mensonge au grand Prêtre pour obtenir des provisions et des armes, l'assemblage d'une troupe de voleurs et de scélérats à la tête desquels il se met, font voir que dans ce Prince, non plus que dans Salomon son fils, plus grand homme que lui du côté des lumières de l'esprit, il s'en faut bien que tout doive servir de modèle.
Chacun sait que l’Idole de Moloch était un Monstre d’airain creux au-dedans, qui avait les mains tellement disposées, qu’on y mettait des petits enfants qui y brulaient quand ce métal devenait enflammé par une fournaise souterraine. […] Ne pouvez-vous donc vivre sans les joie du monde ; vous pour qui la mort doit avoir ses douceurs ; vous qui ne devez point avoir de plus grand desir que de sortir de cette vie, et être presenté avec l’Apôtre au Seigneur… Quel plus grand plaisir peut goûter un Chrétien, que le dégoût du plaisir, que le mépris de la vie présente, que la liberté des enfants de Dieu, que la pureté de la conscience, que la paix qui se goûte par celui qui est content de son état présent, que l’affranchissement de la crainte de la mort, que cette foi généreuse avec laquelle on foule aux pieds les Dieux des Nations. […] Et Cicéron au lieu déja cité, dit que comme nous ne donnons pas aux enfants la liberté de prendre toute sorte de divertissement, mais seulement ceux qui ne s’écartent pas de l’honnêteté ; ainsi dans nos jeux même on doit toujours appercevoir quelque rayon d’un esprit de probité. […] qui n’êtes rien, et qui ne vivez que pour mourir ; jusques-à quand vous amuserez-vous comme des enfants, à des songes et à des imaginations trompeuses, etc. » Ce grand Saint était si éloigné des divertissements du monde, qu’aussitôt qu’il eut trouvé jour pour renoncer aux fonctions sacrées de l’Épiscopat, il s’enfuit dans la solitude pour passer le reste de ses jours dans les exercices de la vie Érémitique ; c’est-à-dire, mortifier ses sens par les veilles, par les jeûnes et par les prières. […] Dieu disait autrefois aux enfants d’Israël par son Prophète : Qu’ai-je affaire de vos Victimes ?
Vif, enjoué, malin, c’est l’enfant gâté de la folie & des plaisirs.
En un mot, la joye qu’inspire un Drame plaisant, n’est point troublée par la certitude qu’on a tout-à-coup de ses vices ; ce n’est qu’insensiblement qu’il porte la lumière dans notre cœur ; il nous corrige par dégrés & avec douceur, comme des enfants gâtés qu’il faut traiter avec ménagement.
Ecoutez ce que dit saint Jean : « Je vous écris, pères… Je vous écris, enfants… Je vous écris, jeunes gens… N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde… Car tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie, ce qui ne vient point du Père, mais du monde. » « Omne quod est in mundo, concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum, et superbia vitæ, quæ non est ex Patre, sed ex mundo est. » 1.
Rien au contraire n'est plus propre à l'inspirer que ses comédies, parce qu'on y tourne éternellement en ridicule les soins que les pères, et les mères prennent de s'opposer aux intrigues amoureuses de leurs enfants.
Nous avons dit personæ grandiores ; car on tolère et on peut tolérer, même dans les églises, les anges, les génies qui sont représentés sous la forme de petits enfants.
Les trois oranges sont un vieux conte, comme celui de peau d’âne, dont les nourrisses amusent leurs enfants. […] de vrais contes de vieille, dont on amuse de vieux enfants, & la plupart des spectateurs, des vieux enfants, qui rient d’un conte de vieille ; pour peu qu’on ait l’usage du monde, la conversation aisée, le tâlent plus mince, ou plutôt l’instinct des singes, de contrefaire les gens, l’art de coudre des conversations qu’on fait venir, comme on veut, les comédies naissent sous la plume & sous les levres. Qu’on compte s’il est possible, la multitude d’acteurs, d’auteurs, de pieces qui ont paru depuis un siécle, ou verra si ce métier est fort difficile, les enfants mêmes font quelquefois entr’eux de petites représentations très comiques, & communément copient très-bien, & très-plaisamment leurs maîtres & leurs condisciples, connoissent leurs défauts, & se disent leurs vérités.
et l’on doit sentir parfaitement enfin que, dans tous les intérêts, il est temps de mettre quelque frein à toutes ces mascarades des vices déguisés en vertus, courant les théâtres pour se faire voir et bafouer par le peuple convoqué ad se invicem castigandum ridendo ; et ce peuple érigé en tribunal de mœurs, je développe l’observation que j’en ai faite, est rassemblé confusément et en toutes dispositions, c’est-à-dire comprenant avec leurs passions, leurs goûts, leurs vices, leurs préjugés différents, leurs opinions, leurs systèmes et préventions diverses, tous les rangs, tous les états, tous les âges, les deux sexes, les amis, les ennemis, les parents, les enfants, les régnicoles, les étrangers, les clercs et les laïcs, les disciples de toutes les religions, pour les mettre alternativement aux prises ensemble, ou pour livrer ceux-ci à la risée de ceux-là, et vice versâ, afin de les corriger tous, les uns par les autres au moyen d’impressions ou mouvements intérieurs si divers, si brouillés, et du conflit bizarre de tant d’éléments contraires ; c’est presque à dire, afin de les entre-choquer de telle manière que le monde moral sorte tout façonné de ce nouveau chaos, ainsi que Descartes fait sortir le monde physique de ses tourbillons. D’où il arrive que la risée des grands corrige les petits, et que la risée des petits corrige les grands ; c’est-à-dire que les seigneurs, les milords, les barons et baronnets, les ducs, les comtes, corrigent leurs tailleurs, leurs bottiers, leurs perruquiers, leurs valets, et en reçoivent la correction, avec mesure et une égale impartialité ; et que les duchesses, les marquises, les comtesses, corrigent en riant leurs femmes, leurs marchandes de modes et leurs blanchisseuses, qui les corrigent à leur tour en riant et se moquant d’elles aussi judicieusement ; d’où il arrive que les sots corrigent les gens d’esprit ; que des Anglois corrigent sans passion des Français, et réciproquement ; que l’impie, que l’athée corrigent les croyants, que des Turcs corrigent des chrétiens, et, comme je l’ai déja exprimé, que des jeunes gens corrigent des vieillards, en se moquant d’eux, que des supérieurs, soit magistrats, juges, soit instituteurs, pères et mères de famille, sont corrigés par la moquerie de subordonnés, ou d’écoliers et d’enfants qui sont encore sous leur pouvoir, et qui saisissent avidement ces occasions de se venger impunément de ceux qui les régentent et les répriment ou contrarient habituellement. […] Ainsi les hommes et les femmes mariés, ou d’un certain âge, dont les mœurs sont plus en sûreté, seraient seuls admis aux représentations des satires dirigées contre les mauvais parents, contre les pères et mères indifférents, avares, durs, dénaturés ; il m’a toujours paru cruellement inconséquent de souffrir là des enfants ; c’est bien assez de ceux qui y sont comme acteurs ; cela doit se passer à huis clos pour les autres.
Un enfant qui fait des toupies du cœur des héros ? […] Jamais nourrice n’a dit tant de fadaises pour endormir son enfant au berceau. […] L’Enfant prodigue après avoir dissipé tout son bien avec des Circés, est réduit à manger du gland avec les pourceaux, & il est dit du pécheur qu’il ressemble à des bêtes qui n’ont aucun entendement : Sicut equus & mulus quibus non est intellectus, sicut carnis ad vomitum sus.
Talon l’aîné, joue les Amoureux, les Abbés : cet Enfant donne les plus belles espérances : 14 ans.
Un Comédien doit être l’enfant des grâces, le favori des Muses, & l’ami de la vertu.
Chacun selon son sexe se représente à son imagination dans ces Spectacles ; on les approuve lors qu'on en rit, et non seulement les enfants-là qui on ne doit point faire gouter le mal, avant même qu'ils le puissent connaître ; mais aussi les vieillards, à qui il est honteux de commettre des péchés qui ne sont plus de leur âge, emportant les vices du Théâtre, s'en retournent plus corrompus en leurs maisons.
Juillet 1547. ordonna que les pauvres enfants qui auraient père et mère, y seraient charitablement reçus, nourris et instruits dans la Religion et dans les Arts ; de même que les orphelins l’étaient en l’Hôpital du saint Esprit : ainsi les Confrères de la Passion furent obligés d’abattre leur théâtre, et d’abandonner leur salle.
Je me flatte d’avoir démontré dans le premier Chapitre de cet ouvrage combien la Comédie de l’Avare telle qu’elle est, est contraire aux bonnes mœurs ; par tout ce que j’ai dit sur les amours de Cléante et Elise les deux enfants d’Harpagon, il semble que je devais en conséquence placer cette Pièce dans la classe des Comédies que je rejette.
Vous étonnez-vous, si vos enfants pèchent contre ce qu’ils vous doivent de respect, s’ils des déshonorent vos familles par des mariages désavantageux, et par quelquechose de pis, quand vous les menez vous-même à cette leçon publique de désordres ?
au : Car il recommande qu’on retienne les enfants en leur âge tendre de voir les Comédies : et en général, veut que le Magistrat empêche tous Spectacles, où il se die et fasse rien de déshonnête, vu que de l’ouïr et le voir, on passe aisément à le faire. […] « Il ne peut y avoir de pestecr en la République qui soit plus pernicieuse, ne qui semble avoir plus de force pour corrompre les mœurs des Citoyens : non seulement elle gâte les esprits des enfants qui sont encore mols et tendres, mais aussi elle sollicite la pudicité des femmes mêmes les plus chastes. […] Feu Monsieur de Bèze ayant mis en vers, et par personnages, le Sacrifice d’Abraham, pour inciter les Enfants à apprendre celle riche Histoire, la Congrégation des Pasteurs de Genève empêcha que la pièce ne fût représentée par les jeunes Ecoliers de leur Collège, qui en avaient eu desseincx. […] 4. de quelques vers récités par des enfants en un Collège privé, pour leur façonner la grâce, à un Théâtre dressé en un lieu public, sans utilité quelconque, et tout au contraire avec péril évident qu’il porte dommage aux mœurs ? […] « Vous ne devez, point, vous qui êtes enfants de l’Eglise, vous dépraver par la vanité des spectacles ».
Ces pièces mutilées, ces acteurs si bizarrement vêtus, ce mélange de gravité et de bouffonnerie, formaient un spectacle plus grotesque que le théâtre de la foire ; c’étaient de vrais jeux d’enfants, dont le ridicule faisait le mérite, et écartait tout danger et toute idée de passion. […] Elle y ajoute une circonstance très vraisemblable, et très conforme aux mœurs des Incas, au génie des enfants du soleil, qu’on n’y représentait jamais que des actions vertueuses ; au lieu que parmi nous on n’y fait presque voir que des vices.
On peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie que ses Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les Pères et les Mères prennent de s’opposer aux engagement amoureux de leurs enfants. […] Il nomme encore Rosimondaj Comédien connu dans la Paroisse de saint Sulpice, qui étant mort subitement, fut enterré sans Clergé, sans Luminaire et sans Prières, dans l’endroit du Cimetière où l’on met les enfants morts sans Baptême.
: un Libertin qui séduit autant de filles qu’il en rencontre : un Enfant qui se moque de son Père, et qui souhaite sa mort : un Impie qui raille le Ciel, et qui se rit de ses foudres : un Athée qui réduit toute la Foi à deux et deux sont quatre, et quatre et quatre sont huit : un Extravagant qui raisonne grotesquement de Dieu, et qui par une chute affectée « casse le nez à ses argumentsj » : un Valet infâme fait au badinage de son Maître, dont toute la créance aboutit au Moine Bouru : « car pourvu que l’on croie le Moine Bouru, tout va bien, le reste n’est que Bagatellek » ; un Démon qui se mêle dans toutes les Scènes, et qui répand sur le Théâtre les plus noires fumées de l’Enfer : et enfin un Molière pire que tout cela, habillé en Sganarelle, qui se moque de Dieu et du Diable ; qui joue le Ciel et l’Enfer, qui souffle le chaud et le froid, qui confond la vertu et le vice : qui croit et ne croit pas, qui pleure et qui rit, qui reprend et qui approuve, qui est Censeur et Athée, qui est hypocrite et libertin, qui est homme et démon tout ensemble : « un Diable incarné Dans sa Requête. […] Je ne vis personne qui eût mine d’honnête homme, sortir satisfait de sa Comédie ; La joie s’était changée en horreur et en confusion, à la réserve de quelques jeunes Etourdis, qui criaient tout haut que Molière avait raison, que la vie des Pères était trop longue pour le bien des Enfants, que ces bonnes gens étaient effroyablement importuns avec les remontrances, et que l’endroit du fauteuilu était merveilleux.
Quelle école pour des enfants en qui le vice n’a pas encore étouffé tout sentiment naturel ! […] Ce ne sont point les tours que joue le fils au père, qu’on veut faire passer pour honnêtes, ils ne sont que les suites et la punition de l’avarice : il fallait montrer à des avares, pour les corriger, ce que leur vice a de funeste pour eux-mêmes : il fallait qu’ils eussent à se reprocher les fautes mêmes de leurs enfants, dont leur conduite peut et doit corrompre le bon naturel.
L’Ecriture nous apprend que le pécheur est un enfant à cent ans, puer centum annorum morietur .
« Empêcher convenante provision et remède en tels maux, serait pécher mortellement, et se rendre suspect d’être mauvais Chrétien, et perfide enfant des Païens : cela se pourrait prouver par la sainte écriture et saints Docteurs, qui reprennent telles choses mauvaises et abominables faites les jours des fêtes, comme idolâtries, et maudites vanités : et si quelqu’un dit, que telles choses ne sont que jeu et récréation, écoute une brève réponse, qui est un proverbe commun très véritable et digne d’être observé : il ne se faut jamais jouer à la foi, à l’œil, ni à la renommée.
Il est donc juste que nous célébrions tous avec la même affection, et avec la même ardeur, et dans une entière unité de cœur et d’esprit, ce saint jour par lequel nous sommes devenus, ce que nous n’étions pas, c’est-à-dire, les enfants de Dieu, et les héritiers de la gloire éternelle. » Et infra.
A-t-on vu dans la France, au fort de sa misère, Par un excès de Rage une barbare Mère Aprés mille baisers et donnés et rendus, Egorger son Enfant pour vivre un jour de plus ?
Les pères traversés dans leur passion par leurs enfants, prennent contre eux des sentiments de haine : les fils, de leur côté, deviennent ennemis de leurs propres pères, en devenant leurs rivaux : et, dans quelques Tragédies même, on voit des Princes qui ne veulent pas régner aux dépens de leur amour.
De tout temps des enfants de famille et des Gentilshommes même, se sont faits Comédiens, à la faveur des Arrêts du Parlement qui ont décidé que la Profession de Comédien ne déroge point.
Les chrétiens étaient accusés d’une cruelle inhumanité ; savoir, d’égorger dans leurs sacrifices un petit enfant, et de se nourrir ensuite de sa chair : « Dicimur sceleratissimi de sacramento infanticidii, et pabulo inde ».
De la différence qui est entre ces deux especes de plaisirs, ne pourroit-on pas conclure qui si les enfants aiment naturellement à imiter, ce n’est pas précisément par le plaisir de juger, à quoi l’Auteur attribue dans la suite de son discours le goût que nous avons pour l’Imitation ; c’est plûtôt par la satisfaction qu’ils trouvent dans le mouvement & dans l’action, & parce qu’ils sont déja sensibles au plaisir de jouir des perfections de leur être, c’est-à-dire, des forces de leur corps & de celles de leur esprit. […] L’on entretient d’ailleurs, & l’on augmente ce goût dans les enfants, par les louanges qu’on leur donne lorsqu’ils ont réussi dans cette espece de Comédie qu’ils jouent naturellement. […] Et ces réflexions ne conviennent pas seulement aux enfants. Combien y a-t’il des personnes d’un âge mûr, & même de beaux esprits, à qui l’on pourroit appliquer ce qu’un Prêtre Egyptien disoit au Législateur d’Athenes, O Solon, Solon, vous autres Grecs, vous êtes toujours enfants ?
Quand elles se disposent à quelque aventure qui offense la Madona & son Fils, qui sont à la ruelle du lit, elles ont soin de voiler le tableau, afin que le saint Enfant & sa mere ne le voient pas. […] Vous le croyez ; mais le croiriez-vous, si vous étiez l’enfant qu’on dépouille, la femme qu’on ruine ?
Le Misantrope, le Méchant, Esope à la cour, la Métromanie, la surprise de l’Amour, l’Enfant prodigue, le Préjugé vaincu, Mélanide, le Glorieux, Cénie, & tant d’autres, dont les noms me sont échappés, sont toutes pièces où l’on ne rencontre point la moindre équivoque ; enfin, Monsieur, au spectacle, comme partout ailleurs, Pour être vertueux on n’a qu’à le vouloir.
Guéris de leurs maux, ils se rappelleront sous leurs toits de chaume, des actions si courageuses, & les raconteront à leurs enfants.
le plus grand, au dire de notre Seigneur même, d’entre les enfants des hommes.
Conc. de Tolède, an 589, can. 7 ; « 13°ag Defense aux Pretres de loger avec quelque femme que ce soit, parce qu’il s’en est trouvé qui avaient eu des enfants de leurs propres s....
n’est-ce pas là que s’allume une passion que la vue et les regards enflamment de plus en plus ; car chacun y voit de quoi il est capable, chacun approuve et désire de faire ce qu’il voit devant ses yeux, il n’y a personne qui ne sorte de là tout en feu ; je n’en excepte ni les enfants à qui on ne devrait pas donner ces leçons prématurées, ni les vieillards, que la seule bienséance devrait détourner de semblables désordres.
Mais comme notre nation a toujours aimé le mot pour rire, on ne tarda pas à trouver que les mystères étaient un peu graves ; et les confrères, pour varier le spectacle, s’adjoignirent insensiblement quelques bons fils de famille ou enfants sans souci, comme il y en a dans tous les siècles, qui se chargèrent d’égayer ceux dont les saints tableaux avaient rembruni l’imagination ; de sorte qu’au seizième siècle s’introduisit presque généralement l’usage de représenter les histoires du Vieil et du Nouveau Testament avec la farce au bout, pour recréer les assistants.
Puisqu’on permet bien en des maisons Religieuses, que des Enfants de qualité jouent leur personnage dans des Comédies composées exprès, on connaît donc qu’on en peut faire de raisonnables qui ne sont pas à rejeter.
Que voulez-vous faire de cet enfant, lui dit-on, laissez-moi faire, répondit il, je lui aurai bientôt appris son métier en perfection. […] Une fable fameuse du Paganisme nous présente un homme follement amoureux d’une statue qu’il avoit faite, qu’il fardoit & paroit comme un enfant habille sa poupée, qu’il caressoit, en prenant sur elle les plus infames libertés. […] Voilà les fruits de la philosophie, elle amortit les passions dans l’imagination d’un sage, tous les objets sont indifférens, confondus pêle-mêle, comme dans le Dictionnaire encyclopédique, ils se montrent dans leur état naturel, sans causer aucune émotion voluptueuse ; rien pour lui n’est obscéne, les mots que nous appellons licencieux, même les termes grossiers des halles ne sont que des sons ; les nudités qui nous semblent blesser la modestie, ne sont que du marbre taillé, la pudeur qui s’en offense, une foiblesse d’enfant.
Examinez un enfant qui commence à peine à bégayer & à faire usage de ses pieds & des ses mains ; il pousse quelquefois lorsqu’il est joyeux des accens qui ressemblent assez à des espèces d’airs notés. […] L’homme s’amuse de ces sons frivoles, de même qu’un enfant se réjouit du bruit de son tambour, ou de ses autres jouets. […] J’ai déjà donné l’éxemple d’un enfant qui, à mesure qu’il se développe crie & s’agite, & se plaît à former un certain bruit avec tout ce qui lui tombe sous la main.
Charles, pour donner la préférence à sa maîtresse, y trouvoit mille défauts ; celle-ci, pour justifier son triomphe, enchérissoit sur les plaisanteries ; c’étoient des traits d’enfant. […] Le Roi fit éver l’enfant, & quelque temps après le reconnut pour son fils naturel.
il est l’enfant du vice, & tous les jours il en est le pere). […] Trois Prêtres habillés en Rois, conduits par une figure d’étoile qui paroissoit à la voûte, alloient à une crêche, où ils offroient des dons à un enfant.
Ce n’est pas connoître la danse de la regarder seulement comme une suite réguliere des pas cadencés, qui amusent par leur légèreté, leur adresse, leur force, leur régularité, telle qu’elle est dans la grossiereté du peuple, ou la simplicité d’un enfant qui exprime la joie, ou dans un Maître qui apprend à danser ; ce n’est que la partie méchanique. […] Ce n’étoit pas l’objet des amours du Prince, c’étoit sa niece, & la parenté, sur-tout dans les ascendans, écarte l’idée du crime ; on la fait venir dans la salle du repas, comme tous les jours dans les familles on fait danser un enfant pour s’amuser & le faire briller ; une jeune Princesse, sans doute bien élevée & décente, qui n’étoit point exercée à tendre des pieges à la vertu, & ne prétendoit pas à la conquête de son vieux oncle au préjudice de sa mere, si neuve, si simple, que ne sachant que demander, elle va consulter sa mère, court répéter ses paroles, reçoit la tête de Jean-Baptiste, & la lui donne.
J’ajoute que celui qui jouait Lucifer a pour nom Simon Vannerot, et que tous deux sont honnêtes enfants de belle expectation, jouissant encore aujourd’hui d’une pleine santé, sans avoir été ni peu ni prou atteints de maladie : de quoi te feront foi tes yeux et tes oreilles, si pour voir la laideur de tes mensonges il te prend fantaisie de t’en venir informer en cette ville. […] Vous agréerez, s’il vous plait, que j’aie défendu la vérité contre ce mensonges, et que j’aie fait connaître aux villes éloignées de la nôtre qu’à tort et faussement les jésuites ont été calomniés en un fait, auquel ils se sont montrés autant zélateurs du bien public, qu’amateurs de votre honneur, et désireux de l’avancement de vos enfants, et pour lequel ils méritaient devant les hommes plutôt une réciproque bienveillance que les calomnies de cet écrivain de Genève.
Soyez mes juges, hommes de bien, observateurs sages qui, étrangers aux exagérations passionnées des partis, voyez mieux les véritables causes de ce débordement, et osez avouer à vos antagonistes la perversité, toutes les perfidies, les criminelles extravagances de vos contemporains, en les voyant habituellement se trahir, se persécuter les uns les autres, commettre toutes les espèces d’injustices et d’excès, chercher le bonheur en détruisant ce qui en est le principe, acquérir des richesses, obtenir des places en donnant l’exemple contagieux et funeste du mépris des vertus et des lois qui en sont la garantie ; biens empoisonnés dont ils ne doivent pas jouir en paix, dont les enfants seront un jour dépouillés par les mêmes moyens odieux que les parents ont pratiqués et propagés avec aussi peu de retenue que si la fin de leur vie devait être la fin de tout ce qui les intéresse.
On se vante d’avoir pleuré à une belle Tragédie, parce qu’on est flatté de paroître avoir un cœur tendre : mais on ne se vante point d’avoir ri des balourdises d’Arlequin : on dit au contraire, j’ai ri comme un Enfant.
Ils savent bien que cette secte orgueilleuse et intolérante, ne balancerait pas à sacrifier un ministre qui oserait broncher ; et quoique fils adoptif, congréganiste ou jésuite de robe courte, elle le sacrifierait à l’instant tel : Saturne qui dévorait ses enfants.
Selon lui, les hommes charnels abusent de certaines Histoires des Livres saints, 321 Justin Empereur permet aux Comédiennes de se marier aux enfants de famille, 136 Justinien Empereur, défend les Spectacles aux Evêques et aux Prêtres, 135.
Sans chercher à défendre la critique faite sur le Festin de Pierre, (que M.F. trouve peu solide, sans s’expliquer davantage, et sans le prouver) il suffit d’observer, tant à l’égard de cette Pièce que des deux autres dont on vient de parler : Que l’Avare n’a point blâmé l’avarice dans le sens qu’elle doit l’être, et que cette Comédie jette plutôt un ridicule sur le refus des parents de ne point se prêter aux folles dépenses de leurs enfants, et sur la vigilance qui les met en garde contre leurs mauvais desseins, qu’elle n’attaque l’avarice comme passion et comme dérèglement capital. […] On choisit l’Ecole des femmes que M.F. présente sous un si bel aspect, et dont il pallie adroitement le péril, ennoblissant autant qu’il peut le sujet ; car on croit que c’est de cette Comédie dont il a entendu parler, quand il a dit que Molière avait eu dessein de corriger « celui qui abuse d’un dépôt confié, qui veut séduire en sa faveur une enfant qu’il a mal instruite, et qui compte lui enlever et les douceurs de la vie et les biens ». […] L’on peut même assurer, dit l’Auteur déjà cité4, qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer de la coquetterie, que ces Pièces, parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les pères et mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants. […] On va dire sans doute que ces sortes de Pièces sont bonnes pour des enfants, et qu’elles ne méritent pas l’attention des gens raisonnables. […] Il a répondu que quand on fait attention au mal que l’Eglise aperçoit dans les spectacles, aux soins qu’elle prend d’éloigner ses enfants de tout ce qui peut nourrir des passions dangereuses, et à la condescendance qu’elle doit avoir pour les Chrétiens faibles qui ne peuvent rompre leurs chaînes, et qui peut-être ne les sentent pas ; on voit que l’Eglise doit tolérer ceux qui vont aux spectacles, se contenter de punir les principaux Acteurs, et faire toujours exhorter les Fidèles à les fuir, jusqu’à ce qu’ils soient désertés ; … que la raison et l’expérience nous apprennent qu’on ne peut se dispenser de tolérer certains maux ; que l’Eglise craint d’arracher l’ivraie, craintel d’arracher le bon grain ; qu’elle doit tourner toute son application à faire connaître cette ivraie aux Fidèles, et à leur en donner de l’horreur, de peur qu’ils ne prennent pour bonne nourriture ce qui gâterait leur esprit et leur cœur… Qu’il y a plusieurs usages très condamnables, dont on n’a pu faire revenir le monde, qu’après les avoir condamnés durant longtemps, comme les bains communs des hommes et des femmes, etc.
Les gens à tabac ont de même sans cesse la tabatière à la main, manie ridicule, jeu puérile comme un enfant qui remue son hochet, & dont par une autre puérilité on veut faire un air d’élégance ; on est enfant à tout âge.
Cet enfant & sa postérité n’en auroient pas contracté la tache, il existeroit une branche du genre humain qui en seroit exempte. […] D’ailleurs ces dialogues en petit nombre ne sont que des conversations frivoles où il n’y a rien à gagner ; les Eglogues de Fontenelle son aussi des dialogues aussi ingénieux, & plus capable d’enivrer un enfant : des Bergeries lui conviennent mieux que la politique d’Auguste & de Charles-Quint ; les dialogues de Fenelon sont bien plus utiles, ceux de Lucien plus ingénieux, les enfans y gagneroient bien davantage.
exhorte les parents d’éloigner leurs enfants de toutes les occasions où ils sont en danger de perdre le précieux trésor de leur innocence, et surtout de les empêcher d’aller aux spectacles ; comme on empêche une servante, dit-il, de porter une chandelle allumée en des lieux où il y a de la paille, de peur que lorsqu’on y pense le moins, il ne vienne à tomber une étincelle de feu dans cette matière combustible, et ne cause un embrasement entier de toute la maison. […] » Que si une Damoiselle ainsi élevée vient à se marier, elle est tellement occupée d’elle-même, qu’elle néglige le soin de sa famille et l’éducation de ses enfants.