Mais qui ne voit en même temps que rien ne peut être plus impie et plus injurieux à Dieu que de le faire parler et agir sous la forme et le nom de Jupiter qui est un personnage réel qui ne peut ramener à l’esprit que des idées les plus infâmes et les plus honteuses.
Car, avant l’âge, Alter ab undecimo tum me vix ceperat annus d, j’ai soutenu les premiers personnages ès tragédies latines de Buchanane, de Guérentef et de Muretg, qui se représentèrent en notre collège de Guyenne avec dignité.
Sa belle-sœur, sa femme, ses parents, ses enfans, sont peints d’après nature sous les personnages qu’il introduit. […] Le choix de ses personnages répond à ce goût : ce sont toujours des gens riches, des gens de condition, qu’il ne convenoit pas de faire agir & penser autrement. […] Il ne signifie rien : c’est une pure & basse cheville qui ne fait honneur ni au personnage ni à l’Auteur. […] Il falloit qu’il se fit violence pour prêter des passions vives à ses personnages.
La variété des évenemens, l’enchaînement des aventures, les intrigues des personnages, la galanterie perpétuelle qui y regne, les images voluptueuses & souvent licencieuses, qui allarment la vertu, malgré la prétendue modestie de son traducteur, le mêlange des mysteres & des fables, de Dieu & des démons qui révoltent, des opérations magiques & des miracles, qui sont tirés des dialogues continuels de ses acteurs, qui parlent plus qu’ils n’agissent. […] Quels personnages ! […] Mais comment cet Instituteur si délicat, qui trouve les fables du lion, du renard, du loup pernicieuse à la jeunesse, ne trouve-t-il pas scandaleux les exemples des personnages de la Scène, le Duel de Rodrigue, le meurtre de la sœur d’Horace, l’assassinat de Pompée, l’inceste de Phedre, les amours de Mitridate, les mœurs de Neron, l’adultere de Danaée, en un mot tout le Théatre, qui n’est qu’un tissu de crimes, semé de quelques sentences & de quelques traits de vertu. […] Il s’endort : pendant son sommeil on lui enleve la clef de son talisman, tout est desenchanté, les personnages qui avoient perdu la forme humaine & même la raison, la recouvrent, le mariage se fait, &c.
Eschyle, dans le chœur jetta les personnages ; D’un masque plus honnête habilla les visages ; Sur les ais d’un Théatre en public exhaussé, Fit paroître l’Acteur d’un brodequin chaussé. […] Il y avoit à Rome deux especes de Tragédies ; l’une dont les mœurs, les personnages & les habits étoient Grecs ; elle se nommoit palliata : l’autre, dont les personnages étoient Romains ; elle s’appelloit prætextata, du nom de l’habit que portoient à Rome les personnes de condition. […] Les Pieces du premier caractere sont quelquefois appellées prætextatæ, parce qu’elles étoient sérieuses, & admettoient des personnages nobles. […] La sagesse & la vertu en reçoivent toujours quelque atteinte ; on s’émeut, on se passionne, on éprouve tous les mouvemens de haine & d’amour, de pitié & de vengeance, dont on voit qu’un feint personnage est animé. […] Le principal personnage dont cette Piece porte le nom, étoit un nommé Patelin.
Il signifie les habits, armes, physionomie, usages, goût ; en un mot, tout ce qui caractérise les personnages du tableau, la vérité physique & morale du temps & du lieu où on a placé la scène : ce qui a du rapport à une infinité de chose, & rarement est bien observé. […] Peu d’auteurs, même les plus célebres, qui n’y manquent : chacun fait parler ses personnages selon son génie. […] Il leur faut un Tailleur, un Coëffeur, un Cordonnier costumier, pour les personnages qu’on y fait monter : aussi en a-t-il à ses gages pour coëffer Vénus, chausser Alexandre, habiller Cesar. […] Un habit , dit-il, ne sera jamais bien assorti au caractere du personnage & à la décoration de la salle, si le Tailleur ignore les regles de la perspective, & ne sait point tirer parti de ses prestiges ; s’il n’est habile dessinateur, non comme ceux qui sont auprès des entrepreneurs des spectacles, qui donnent le croquis d’un habit, sans en développer les parties ; mais comme un habile artiste qui sait décorer avec élégance & avec économie, & rendre un habit plus apparent par des clairs obscurs & des ombres artistement ménagées, à une broderie très-riche, dont la perfection admirée de près ne réfléchit qu’une masse de lumiere qui ne fait aucune sensation sur le partere & sur les loges. […] Les sentimens des héros sont-ils moins vrais dans le grand, que les petitesses des personnages comiques ?
Les Faunes, les Silvains & les Bacchantes, me paraissent autant d’Acteurs qui représentent divers personnages ; Silène était le bouffon de la Pièce. […] En effet, tandis qu’Éschyle composait ses Drames sérieux, tandis qu’il jettait de nouveaux personnages dans les Chœurs, une foule d’Auteurs ajoutait divers ornemens aux Drames enjoués. […] On divisait à Rome la Comédie en trois classes, distinguées par les habits que portaient les divers personnages, & par les roles plus ou moins éminens qu’ils représentaient : les décorations servaient encore à les indiquer.
Il s’est contenté de marquer que c’est un Volume où les Actes des Apôtres & l’Apocalypse de Saint Jean ont été mis en Rime Françoise par Personnages. […] Le tout veu & corrige bien & deuement selon la vraye verite, & joue par personnages à Paris en l’hostel de Flandres l’an mil cinq cens XLI.
Comme ses Personnages étaient contraints de jouer à la muette, on descendait un carton, qui s’arrêtait sur la tête de ceux qui devaient parler, & sur lequel étaient écrites en grosses lettres les paroles que l’Acteur ne pouvait faire entendre que par signes. […] Un de ses Auteurs eut encore recours à un autre stratagême : comme il était dit que les Acteurs de l’Opéra-Comique ne parleraient point sur le Théâtre, il s’avisa de les faire parler en l’air ; dans la Pièce intitulée Les Perroquets, il était naturel de voir tous les personnages sur des arbres.
La Comédie fut considérée comme une peinture naïve et plaisante de la vie commune, et la Tragédie, comme un portrait magnifique et sensible de la fortune des Grands ; et ces deux sortes de Poèmes se récitaient plus ou moins sérieusement, selon la qualité des personnages que l'on y représentait ; mais sans danser ni chanter, sinon en quelques endroits où le chant de quelques vers pouvait faire quelque partie agréable et comme nécessaire de la représentation.
Le licite et le régulier le ferait languir s’il était pur : en un mot, toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer : on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants : et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après.
Parce que ce ne sont pas des Religieux qui font les différents personnages ; mais des Ecoliers séculiers. 2°.
En effet, les Masques, dont les Latins se servaient sur le Théâtre pour grossir les têtes à proportion de la figure que l’on grandissait aussi, et les desseins de ces mêmes Masques qui nous restent dans les manuscrits de Térence, nous font assez connaître que c’étaient des hommes qui faisaient le personnage des femmes et qui en portaient les habits.
Dans le fonds on sent aisément que la délicatesse, la sensibilité, la tendresse d’un sexe, la force, le courage, l’élévation de l’autre, sont plus analogues à certains personnages, & doivent mieux réussir, & qu’ainsi transportés d’un sexe à l’autre ils en sont mieux exécutés. […] Ces déguisemens sont fréquens sur la scène ; une jeune Actrice fera le personnage de l’amour, un Acteur vigoureux celui des furies. […] Garrik a fait un ouvrage très-bon en son genre sur son art ; il y donne des règles pleines de délicatesse, de goût & de vérité, pour rendre toute sorte de personnages & prendre sur le champ les plus légères nuances des sentimens où chaque mot, chaque action, chaque situation, chaque événement peut mettre l’Acteur, & pour écarter tout ce qui pourroit trahir le mensonge & décéler la vérité. […] Moliere a souvent joué ce tour, entr’autres à Pourceaugnac & à George Dandin, personnages très-réels, qu’il contrefit & joua.
Enfin, l’esprit philosophique qui régne dans ce siécle, regarde ces pressentimens, ces douces émotions que nos Poëtes mettent dans le cœur de deux personnages, unis sans le sçavoir, par les liens du sang, comme un brillant préjugé, une antique chimère. […] Il faut en dire autant de ces poignards, qui sont surpris entre les mains d’un personnage par celui qui en devoit être frappé.
L'intrigue de cette comédie aurait été mieux conduite, s’il n’y avait paru pour tous personnages qu’un père qui eût fait des leçons à son fils et qui eût invoqué la colère de Dieu pour l’exterminer lorsqu’il le trouvait sourd aux bonnes inspirations. […] Mais, puisque vous savez qu’il a toujours mieux réussi dans le comique que dans le sérieux, devez-vous le blâmer de s’être fait un personnage qu’il a cru le plus propre pour lui ?
Ces Mimes, hommes ou femmes ne dansaient régulièrement qu'un personnage qu'ils avaient soigneusement étudié, comme les Magediens, qui ne représentaient ordinairement que la Magie ; Mais ceux qu'ils nommaient Pantomimes, selon même la signification de ce mot, exprimaient toutes sortes d'actions et de personnes ; et tous ces Histrions usaient d'une adresse si merveilleuse ; que l'on peut dire qu'ils avaient pour éloquence le corps « Caramallus et Phabaton clausis faucibus, eloquenter gestu, mutu, crure, genu, manu, rotatu, etc. » Sidon in Narb. […] Et l'Histoire nous apprend qu'aux Jeux donnés par Messius Edile où Caton assistait, le peuple n'osa demander la danse des femmes nues en la présence de cet illustre et vertueux personnage, et que ne voulant pas s'opposer aux plaisirs publics, il se retira, les abandonnant ainsi à leur propre dérèglement.
Mais dans cette rigueur qu'ils exercèrent contre eux, ils ne comprirent jamais les Atellans, les Comédiens, ni les Tragédiens ; ceux-ci furent toujours bien estimés et bien reçus des Magistrats les plus puissants, des personnages les plus illustres, et de tous les gens d'honneur ; l'excellence de leurs Ouvrages, la beauté de leurs Représentations, et l'honnêteté de leur vie qui les distinguait des autres Acteurs, leur fit recevoir un traitement bien dissemblable ; et c'est en quoi presque tous les Ecrivains des derniers siècles se sont abusés. […] Les Comédiens étaient au second rang, parce que leur sujet n'était que des intrigues populaires, leurs personnages tirés des conditions communes, et leurs actions accompagnées quelquesfois de plaisanteries.
« Pour bien comprendre ce que nous venons d’avancer, il ne faut que considérer quelles impressions font sur l’âme les images les moins animées par elles-mêmes, et quel est le sentiment naturel qui accompagne la lecture d’un événement profane, la vue d’une peinture immodeste ou d’une statue indécente : si ces objets, tout inanimés qu’ils sont, se retracent naturellement à l’esprit, si on ne peut même en sentir toute la beauté et toute la force sans entrer dans la pensée de l’auteur ou dans l’idée du peintre, quelle impression ne font pas les spectacles, où ce ne sont pas des personnages morts ou des figures muettes qui agissent, mais des personnages animés, qui parlent aux oreilles, qui, trouvant dans les cœurs une sensibilité qui répond aux mouvements qu’ils ont tâché d’y produire, jettent toute une assemblée dans la langueur et la font brûler des flammes les plus impures !
Les assemblées publiques qui se font à notre sujet y répugnent duab tout, vu qu’il n’y a rien, disait Lycurgue, premier et plus grand législateur de son temps, plus propre et nécessaire à la manutention de la paix que la société, occasion qu’il contraignitac ses citoyens de manger tous ensemble le brouet lacédémonien à la manducation duquel l’honnête familiarité et la paisible société suivies des graves discours de ces doctes personnages servait comme d’entremet, de sauce, d’appétitad et de friandise et délicatesse à cette soupe noire, fade et de mauvais goût. […] [NDE] Boyer transcrit « leurs personnages ».
De même que quand le Comédien Théodore joue, ce n’est par Théodore qu’on croit entendre, mais le Personnage qu’il imite ; le Poëte pour cacher son artifice, ne doit employer que les mots qui sont le plus en usage. […] Homere admirable par tant de raisons, me le paroît sur tout, par cette dignité qu’il a répandue dans sa Poësie : le Sujet de l’Iliade dans lequel il trouve parmi ses Personnages Paris, Helene, & Venus, lui fournissoit bien des occasions de parler d’amour ; au lieu que le Siége de Jérusalem n’en présentoit naturellement aucune au Tasse. […] Ajax se jettant sur son épée fournit une Tragédie à Sophocle ; Philoctete à qui l’on veut enlever ses fleches, lui en fournit une autre, sans qu’il ait besoin d’un Personnage de femme.
« Nos opinions peuvent être influencées par les préjugés, par la force de l’éducation, l’autorité du grand nombre, l’habitude, la mode, l’exemple de grands personnages, etc. ; il est de même de nos actes : nous sommes sujets à agir contre les plus simples règles de la raison et du bon sens, et à nous rendre même coupables d’actes complètement opposés à la pureté de notre religion sainte. […] Il doit être évident, pour tout homme sage et dégagé de préjugés, que l’opinion de ces personnages éclairés et vertueux, touchant l’influence pernicieuse des frivoles amusements de la scène commande l’attention la plus sérieuse et les plus graves réflexions. […] D’un autre côté, plusieurs hommes illustres et vertueux se sont publiquement prononcés contre la tendance pernicieuse de ces vains amusements du monde ; et un grand nombre de personnages graves et respectables, convaincus des dangers de ces funestes plaisirs, ont cru de leur devoir d’essayer d’en détourner les hommes par tous les moyens en leur pouvoir.
Peut-être a-t-il pensé que le fils d’un Pêcheur, élevé par son courage aux premiers emplois de l’Etat, instruit par le malheur à chérir l’humanité, exercé dans son obscurité aux vertus paisibles, et plus satisfait de mériter une couronne, que de la porter, était un personnage plus digne de charmer un Philosophe, que d’occuper un grand Poète : et pour m’expliquer enfin sur ce sujet, sans ambiguïté, ou Corneille n’osant déplaire aux Grands, a pris le parti de les flatter ; ou il n’a pas jugé que ses contemporains fussent assez avancés pour préférer le beau naturel au gigantesque, et la vérité aux fictions : j’abandonnerai donc cette production imparfaite, et avant de chercher de nouveaux exemples qui confirment mon opinion, je vais prévenir vos objections (autant qu’il sera en moi) et combattre les principes que vous avez quelquefois supposés, plutôt qu’établis. […] Quant à ce que vous dites de Thyeste, qui a trouvé grâce devant vos yeux, comme devant ceux d’Aristote, je vous avouerai encore que l’avis de ce Philosophe ni le vôtre même ne peuvent l’emporter sur les raisons que Corneille6 a eues de regarder ce personnage comme peu propre au théâtre. […] En ce premier état, il est très criminel ; en ce dernier, très homme de bien, etc. etc. » « Si nous imputons son désastre à sa bonne foi, notre crainte ne purgera qu’une facilité de confiance sur la parole d’un ennemi, qui est plutôt une qualité d’honnête-homme, qu’une vicieuse habitude, etc. etc. » Du reste, si Thyeste « tient de près à chacun de nous, et nous attache, par cela seul qu’il est faible et malheureux », je doute qu’il intéresse autant qu’un Alvarès, et que plusieurs autres personnages mis au théâtre par M. de Voltaire, qu’on peut appeler le Poète de l’humanité.
L’Opéra-Bouffon élevera de même ses personnages.
Le Poème épique contient beaucoup de Personnages subalternes ; les Pièces du Spectacle moderne en sont remplies.
Une seconde espèce de Parodie Dramatique, est la Parodie-d’imitation, qui consiste à suivre pas-à-pas la marche d’un Ouvrage, à en rendre les situations par des Personnages d’un ordre inférieur, sans critique & sans ridicule.
Le texte est remanié, passe de 3 à 5 actes et change de titre pour Panulphe, ou l’imposteur (le personnage principal porte un vêtement d’homme du monde et non plus de dévot).
On peut entendre par là ce qu’il aurait jugé de nos opéras, et s’il aurait cru moins dangereux de voir des comédiennes jouer si passionnément le personnage d’amantes avec tous les malheureux avantages de leur sexe.
Supposons que tous les personnages soient des hommes réels, je ne crois pas qu’il y ait au monde de compagnie plus détestable que celle-là le seroit. […] Qu’on anime les personnages de tous les poëtes comiques, sans exception, les Valere, les Lucinde, les Sganarelle, les Arnolphe, les Lubin, les Lucas, &c. de Regnard, Monfleuri, Poisson, Favart, Dancourt, &c. ; les Colombine, les Pierrot, les Isabelle, les Mezzetin, les Marinette, les Arlequin, &c. des Italiens, ne paroîtront qu’un tas de scélérats, de fourbes, de coquettes, d’adulteres, d’effrontées, de jureurs, de frippons, de débauchés, de mauvais fils, de mauvais maris, &c.
Ce puissant général, véritable monarque, est bien assuré d’être ponctuellement obéi de tous ses sujets, leur ordonnerait-il de commettre les plus grands crimes pour l’intérêt de la société de Jésus, et sous le spécieux prétexte de venger la religion ; au moindre signal, ils se permettraient, au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, d’assassiner ou d’empoisonner sans remords les souverains, les grands personnages et les particuliers les plus obscurs. […] Il faut le demander à ce brillant écrivain, homme d’Etat qui, d’un seul trait de plume, jugea sans appel, à mon avis, un grand personnage qui jadis fut si épris du pouvoir absolu. […] Lorsqu’on critique les plus fameux personnages, on est plus exigeant envers le grand génie qu’envers les autres hommes.
« Un Stoïcien, à votre avis, seroit un personnage insupportable dans la Tragédie. » En savez-vous la raison, Monsieur ? […] Je ne crois pas au reste qu’il soit fort difficile de faire de cet homme un personnage très-intéressant ; car enfin moins il paroîtra être ému par ses malheurs, plus je le serai pour lui. […] On le met au rang des Cromwel, et; de tels personnages sont toujours odieux. […] Vous prétendez que dans cette Piéce Caton fait le personnage d’un pédant et; Ciceron celui d’un vil Rhéteur et; d’un lâche. […] Je vous laisse le soin d’appliquer cette comparaison, et; d’apprécier la droiture du génie d’un tel personnage.
Le Drame chantant & comique dont le genre est un peu relevé, dans lequel on introduit des choses, de la délicatesse dans l’expression & dans les Personnages, un Dialogue passable, d’une certaine étendue ; mérite d’être décoré du titre de Comédie-mêlée-d’Ariettes.
Il date les débuts de ce « troisième âge » à l’époque du retour des croisés et les premiers regroupements des jongleurs et troubadours en compagnies pour jouer les différents personnages.
Tous les Acteurs reprochent à l’Avare son avarice ; ils en font de même au Joueur, au Jaloux, au Négligent et à tous les autres personnages ridicules et vicieux qu’on entreprend de corriger sur le Théâtre : et à la fin de la Pièce chaque vice et chaque ridicule se trouve puni et corrigé : pourquoi ne fait-on pas la même chose lorsqu’on y traite la passion d’amour ?
Les derniers, accoutumés à rire des premiers ; à les humilier, à les avilir même dans ces assemblées plus que républicaines, où des personnes de tous les rangs, où les plus grands personnages comparaissent à leur tribunal, et sont soumis à leur jugement et à leur discipline, se sont enorgueillis ou tropaguerris nécessairement en particulier, vis-à-vis des supérieurs devenus, aussi nécessairement, moins imposants. […] On particularise ces généralités par des insinuations, par des formes ou petites combinaisons adroites ; il suffit de quelque rapport ou consonnance de noms, de quelques traits de ressemblance dans les accessoires du tableau entre le personnage du théâtre et la personne qu’on a en vue de signaler. […] Si le conseil, ou la commission composée, croyant ne devoir pas renoncer tout-à-fait à l’ancien domaine de la comédie, préférait quelquefois encore aux attaques directes et personnelles les satires vagues et indéterminées, ce serait, en prescrivant de les exercer avec des ménagements et tempéraments nouveaux, avec des contre-poids mieux calculés en faveur des hommes paisibles et innocents qui se trouvent confondus avec les coupables ; par exemple, avec l’attention de donner à la scène un air de famille, de la composer, autant que possible, de gens de la même classe, d’y faire censurer le plus fortement le coupable par des personnages réputés estimables, de son âge, de son rang, de son état et de sa qualité. Si, dans le tableau du Tartufe, on avait mis en action, et opposé à ce personnage odieux un vrai dévot, du même habit et à peu près dans la même situation, lui parlant sincèrement le langage de la religion, se livrant aux mêmes exercices pieux, faisant l’aumône ou d’autres bonnes œuvres par une charité non suspecte, en blâmant et censurant son hypocrite collègue, les suites de cette satire n’auraient certainement pas été aussi fâcheuses ; parce que le vrai dévot se serait attiré et aurait conservé, au profit de la dévotion ou de la religion, la considération que le scandale de la conduite du Tartufe lui a fait perdre.
La prémière Scène du glorieux annonce la fierté qu’on verra éclater dans le principal personnage, en peignant seulement son caractère.
Cependant ces Auteurs sont Chrétiens : ce sont même de graves Personnages, et tout le monde les applaudit.
C’est horreur d’y voir représenter les parricides et les incestueux exprimés et dépeints au vif par personnages : de peur que ce qui a été une fois commis et perpétré, ne se puisse oublier.
Sans doute ce prince n’était pas le pape, mais seulement un personnage qui voulait passer pour le pape, puisqu'on observe que Mère Sotte voulait aussi se faire passer pour l’Eglise.
Elle a cela de commun avec la Tragédie, que les personnages sont des Rois ou des Héros, et que tout y est grand et merveilleux ; et avec la Comédie, que la fin en est toujours heureuse. […] ce qui Nous a été représenté par le Procureur du Roi, que certains personnages sans emploi, portants l’épée, qui ont en diverses occasions excité des désordres considérables en cette Ville ayant depuis peu de jours, avec la dernière témérité et un grand scandale, entrepris de forcer les portes de l’Hôtel de Bourgogne, se seraient attroupés pour l’exécution de ce dessein avec plusieurs vagabonds ; lesquels assemblés en très grand nombre, étant armés de mousquetons, pistolets et épées, seraient à force ouverte entrés dans ledit Hôtel de Bourgogne pendant la représentation de la Comédie qu’ils auraient fait cesser ; et ils y auraient commis de telles violences contre toutes sortes de personnes, que chacun aurait cherché par divers moyens de se sauver de ce lieu, où lesdits personnages se disposaient de mettre le feu, et dans lequel, avec une brutalité sans exemple, ils maltraitaient indifféremment toutes sortes de gens.
L'Empereur Auguste, grand amateur, étant au lit de la mort, dit à ses amis : N'ai-je pas bien joué mon personnage ? […] Mais c'est un personnage subalterne qui s'émancipe sans conséquence.
« Quand Arlequin Sauvage est si bien accueilli des Spectateurs, pense-t-on que ce soit par le goût qu’ils prennent pour le sens et la simplicité de ce personnage, et qu’un seul d’entre eux voulût pour cela lui ressembler ? […] Un mélange de bassesse, de fausseté, de ridicule orgueil, et d’indigne avilissement, qui le rend propre à toutes sortes de personnages, hors le plus noble de tous, celui d’homme qu’il abandonne.
Cette réflexion triste vient quelquefois troubler le plaisir que je goûte au Théâtre ; à travers les impressions agréables de la scène, j’aperçois de temps en temps malgré moi et avec une sorte de chagrin l’empreinte fâcheuse de son origine ; surtout dans ces moments de repos, où l’action suspendue et refroidie laissant l’imagination tranquille, ne montre plus que la représentation au lieu de la chose, et l’acteur au lieu du personnage. […] Je vous avouerai à cette occasion (contre l’opinion assez généralement établie) que le sujet de Venise sauvée k me paraît bien plus propre au Théâtre que celui de Manlius Capitolinus l, quoique ces deux pièces ne diffèrent guère que par les noms et l’état des personnages ; des malheureux qui conspirent pour se rendre libres, sont moins odieux que des Sénateurs qui cabalent pour se rendre maîtres. […] La plupart des personnages de Racine même ont à mes yeux moins de passion que de métaphysique, moins de chaleur que de galanterie. […] Cette colère du Misanthrope sur la complaisance de Philinte n’en eût été que plus plaisante, parce qu’elle eût été moins fondée ; et la situation des personnages eût produit un jeu de Théâtre d’autant plus grand, que Philinte eût été partagé entre l’embarras de contredire Alceste et la crainte de choquer Oronte. […] Vous feriez le procès sur le même principe, à tous les Auteurs de pièces de Théâtre, bien plus obligés encore que les Comédiens, de se transformer dans les personnages qu’ils ont à faire parler sur la scène.
Si les peintures immodestes ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, et que pour cette raison on en condamne l’usage, parce qu’on ne les goûte jamais autant qu’une main habile l’a voulu, sans entrer dans l’esprit de l’ouvrier, et sans se mettre en quelque façon dans l’état qu’il a voulu peindre : combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif : où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion : de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges : et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement, et n’excite que par accident les passions ?
Pour les faire mieux passer, on les met dans la bouche d’Arlequin, de Pantalon, & Docteur, & autres personnages de la comédie italienne, alors nouvelle en France. C’est une espece de longue comédie qui n’est point divisée en actes & en scenes, mais en récit où l’on met l’entrée des personnages & les discours qu’on leur fait tenir. […] Elle y a débuté le 19 octobre 1771, par le rôle de Rodogune, & ensuite plusieurs autres ; car c’est une tête pleine de personnages de toute espece. […] (Oui, mais la tragédie a un air apprêté, un air faux dans ses personnages ; la comédie est toute naturelle, ce sont nos égaux, elle intéresse davantage.)
Quand il lisoit un conte, un dialogue, une comédie, il se servoit plaisamment de cette phisionomie mobile pour faire distinguer les interlocuteurs, prendre l’air, le ton du personnage dont il récitoit le rôle ; seul il jouoit toute la comêdie comme le maître Jacques de Moliere, tour à tour, cocher, cuisinier. […] Garik imagina une piece singuliere en fragment, composée des lambeaux de chacun des Drames de son héros ; Tragédie ou Comédie, il en détacha les Scènes les plus intéressantes, le principal personnage, & les autres Acteurs habillés comme l’exigeoit leur rôle, le représenterent ; la décoration changea de même à chacune. […] Il a donné une Parodie du Jubilé de Shakespear, intitulé le Jubilé d’Arlequin, avec de la musique & du pantomime, ornement qui manquoit à la piece parodiée dont on a copié le personnage de Shakespear. […] Les Abbés Comédiens sont galans & caustiques ; ils sont gens à deux faces ; on ne seroit pas surpris de voir jouer ce double personnage à Dorat, qui en effet dans le même-temps, joue les deux rôles, mais qui le pardonnera à un Grand Vicaire que deux Prélats donnent pour une espece de saint, qui, par vertu, a refusé des Evêchés.
Et ce n’est pas une chose étonnante que ces saints Personnages aient employé toute la force de leur zèle contre une chose aussi scandaleuse qui fût dans l’Eglise. » Réponse. […] Car y a-t-il rien de si déshonorable au Christianisme, et si opposé à la sainteté de notre Religion, que de voir des gens excommuniés par l’Eglise, oser impudemment faire le personnage d’un Saint, et d’en contrefaire les actions ? […] que ce pieux Jésuite dit, qu’il aurait mieux aimé leur voir représenter les Fables des Poètes, que des histoires saintes, tant il convient peu, dit-il, à des gens si méprisables et si corrompus de prendre des personnages de Saints, qu’ils sont dans l’impuissance de soutenir avec assez de gravité et de bienséance.
Vous êtes le premier qui ayez la gloire d’avoir vu dans ce personnage un vil Rhéteur, mais vous êtes habitué à voir partout ce que personne n’y a vu, n’y voit et n’y verra jamais : félicitez-vous donc seul aussi de ce bienfait des Cieux. […] Les grands Auteurs, qui savent cela, ne risquent donc rien de violer avec discernement la règle établie de faire triompher la Vertu et de punir le Vice, parce qu’ils s’imposent alors celle de rendre leur personnage si odieux, qu’il résulte de sa félicité une horreur plus vive pour les crimes qui la lui ont procurée. […] Et c’est justement en cela, comme en bien d’autres choses, que M. de Voltaire doit voir comparer son génie à celui de Corneille, de Racine et de Crébillon, puisque comme eux c’est par la prospérité du crime qu’il a su rendre son personnage encore plus abominable.
On y dit que les Prédicateurs se plaignirent par jalousie, parce qu’un des personnages y prêche mieux qu’eux. […] Celui qui fait le personnage d’athée se moque de Dieu ouvertement. […] Dans toutes les pièces où l’on introduit quelque personnage d’une religion différente ou équivoque, comme le Mahomet, la Zaïre, les Américains de Voltaire, il n’y a point d’impiété qu’on ne mette dans leur bouche.
On peut ajouter aux Ouvrages de ces saints Personnages, le Mandement de M. l’Evêque de Nîmes contre les Spectacles, du 8 Septembre 1708, qui est imprimé à la fin du Traité du P.
Les Modernes nous ont présenté sur la Scène les Acteurs, tels que la nature les a faits, et non défigurés par les cothurnes, par les masques et même par la voix, dont le son n’était jamais naturel sur les Théâtres d’Athènes et de Rome ; car il fallait la proportionner à la figure agrandie des personnages, et à la distance des Spectateurs.
Nous suivons avec plaisir sur le sujet de ces Tragédies l’esprit et les sentiments d’une savante Compagniea, dont un des principaux emplois est l’instruction de la jeunesse. « Qu’elles ne soient faites qu’en latin ; que l’usage en soit très rare ; qu’elles aient un sujet saint et pieux ; que les intermèdes des Actes soient tout latins et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance ; et que l’on n’y introduise aucun personnage de Femme, ni jamais l’habit de ce sexe.
Ce qui est reconnaître d’assez bonne foi, qu’une vierge véritable fait un tres méchant personnage sur un théâtre ; qu’il demande plus de galanterie et plus de chaleur, qu’il n’y en a dans une vierge chrétienne ; et que si les autres Scènes de cette pièce ne sont pas si ennuyeuses, c’est qu’en effet Théodore n’y parle ni en vierge, ni en martyre. […] De sorte que l’on peut dire que chacun en sa manière y joue son personnage, et que bien souvent les Acteurs ne font que représenter ce qui se passe secrètement entre les personnes qui les regardent.
En supposant (ce qui n’est pas) que ces saints Personnages eussent favorisé les spectacles, ce n’aurait pu être assurément que ceux de leurs siècles. […] L’Auteur l’arrête où il veut dans ses personnages par un trait de plume ; mais il ne l’arrête pas de même en ceux en qui il l’excite : la représentation d’un amour légitime, et celle d’un amour qui ne l’est pas, font presque le même effet, et n’excitent qu’un même mouvement, qui agit ensuite diversement, suivant les différentes dispositions qu’il rencontre ; et souvent même la représentation couverte de ce voile d’honneur est plus dangereuse, parce que l’esprit la regarde avec moins de précaution, qu’elle y est reçue avec moins d’horreur, et que le cœur s’y laisse aller avec moins de résistance. […] On n’y voit point de personnages de femmes ; tous les rôles sont remplis par des hommes ; tout y est châtié ; rien n’est capable d’y flatter la sensualité, ni de fomenter le dérèglement des passions : c’est pour le coup un divertissement innocent. […] Mais doit-on lui passer d’avoir voulu, pour ainsi dire, rendre tant de Saints et d’illustres personnages, ses complices, en leur prêtant des sentiments qu’ils n’ont jamais eus ? […] (Citation inutile, comme on l’a déjà dit, puisqu’il ne s’agit ici que de la Comédie moderne, et que tous ces Personnages n’ont pu parler que de l’ancienne, que M.F. condamne).
Un grand avantage des masques, c’était de cacher absolument l’Acteur, de le rendre absolument méconnaissable ; en un mot de ne montrer que le Personnage.
C'est par où je finis cette Dissertation ; car après l'autorité d'un Personnage si célèbre, je n'ai rien d'assez considérable pour donner quelque lumière à sa doctrine, ni pour ajouter quelque ornement à mon discours.
Ce personnage dit à Iacynte pour la résoudre au désordre : Le Ciel n’a que des yeux et point de langue ;P. 37. […] Mais après ce qu’il ajoute, ses sentiments ne sont plus équivoques : car il lui plaît de traiter Jéhu de Cocher de Fiacre ; sur quoi l’un de ses personnages réplique : Jéhu fit jeter Jézabel par les fenêtres suivant l’ordre qu’il avait reçu de Dieu d’exterminer la maison d’Achab. […] » Il est à remarquer que La Mode cet indigne personnage, est pourtant le Héros de la Pièce. […] il rejette quelquefois ses verves impies sur des Personnages d’un autre rang et d’un autre caractère que des valets et des misérables.
Mais l'exemple de ceux qui ont quelque réputation de vertu, et qui font le personnage de dévot, est sans comparaison plus contagieux.
Les disgrâces qui entrecoupent les grands desseins ; contentent, parce qu’elles excitent la miséricorde dont la nature a mis les semences dans notre cœur ; elles servent de consolation à la misère des affligés, et de lustre à la fortune des plus heureux : la magnificence des Théâtres, les changements des scènes ; la beauté, les ornements des personnages, contribuent beaucoup au plaisir, et une secrète sympathie fait que les mouvements du cœur sont plus forts, néanmoins plus doux, en ce qu’ils paraissent plus justes étant communs dans les assemblées.
On y fait parler les principaux personnages qui ont eu part aux affaires. […] Mais la noblesse des sentimens qu’annonce la piece n’y a rien gagné ; l’humanité a percé à travers l’héroïsme des personnages, & a défiguré le sage, le poëte, l’excellent citoyen de Calais, placé dans la salle de l’Hôtel-de-ville. […] L’Auteur a fait depuis d’autres pieces aussi bonnes, aussi patriotiques, tel que le Chevalier Bayard, personnage sort supérieur au Maire d’une petite ville. […] Moliere lui-même, que l’enthousiasme donne pour un prodige, n’a qu’un cadre, où il enchasse tous les tableaux qui eux-mêmes ne différent que par la draperie des personnages. […] C’est un tissu d’horreurs dans tous les personnages, rapportées à découvert & sans voile.
Ce ne sont point ici des personnages subalternes qu’on puisse désavouer sans conséquence, c’est tout ce qu’il y a de plus grand. […] Une femme furieuse trahit lâchement le secret de son amant, pour le perdre, et le Consul emploie bassement la coquetterie de sa propre fille, pour pénétrer Catilina, comme les Philistins se servirent de la Courtisane Dalila pour découvrir le secret de Samson : tant la corruption des Auteurs, des Acteurs, des spectateurs, impose la nécessité de mêler l’amour partout, fût-il le plus inutile, le plus faux dans le fait, le plus abominable dans ses intentions et ses démarches, opposé même au caractère des personnages. […] le grand Prêtre, qui allume le feu de la révolte et s’efforce de corrompre Catilina, à qui on fait jouer le rôle d’homme de bien, tandis que le Ministre de la religion est un scélérat : personnage postiche, de l’invention de l’Auteur, qui n’influe en rien dans le dénouement, et qui n’a été imaginé que pour avoir occasion de faire ce portrait déshonorant du Clergé : « Et je sais, quand la haine enflamme vos pareils, Jusqu’où va la noirceur de leurs lâches conseils, Surtout dès qu’il s’agit de venger leurs injures. […] , les personnages récitants peuvent, par le fond des choses, et surtout par la véhémence de la déclamation, faire sur le plus grand nombre des spectateurs des impressions contraires au repos des Etats monarchiques. » Belle excuse ! […] Remarquez même qu’afin qu’aucune vertu ne rachète ces noirceurs, on veut que le personnage qu’on donne pour vertueux (Zopire) trame avec le Sénat un assassinat aussi lâche contre Mahomet, qu’il ne fait que prévenir par celui de Zopire.
A la cour, où d’agréables farceurs jouent tous les personnages qu’ils croyent propres à faire leur fortune, la beauté avec ses charmes, la politique avec ses intrigues, l’orgueil avec son luxe, la comédie avec ses traits efféminés, l’hypocrisie avec ses dissimulations, la volupté avec se délicieux repas, le bal & le spectacle avec leur mélange des deux sexes, hélas ! […] L’obéissance doit faire de vous un bon acteur : jouez donc bien votre personnage, qu’importe quel qu’il soit. […] C’est la vertu qui est un personnage dont on prend le masque, & qu’on quitte dans la coulisse.
Les personnages du prologue sont la Parade, ce sont les farces licentieuses de Vadé, la Gravelure, mot nouveau, c’est-à-dire discours obscène ; la fausse Décence, c’est-à-dire l’hypocrisie de la chasteté, qui se donne toute sorte de licence sous des dehors décens ; enfin le Poëte la Fontaine, qui se moque de la décence, comme en effet il s’en est joué dans ses Contes. […] De jeunes personnes bien élevées & pleines de candeur donnent à leurs personnages un caractère de vérité que ne peut imiter qu’imparfaitement tout l’art des Actrices, ce n’est qu’à des ames innocentes & des voix pures (elles cesseront bien-tôt de l’être) qu’il convient d’emprunter le langage de la vertu. […] Quand la scène vient à s’ouvrir & à vomir les personnages, on croit voir venir une troupe de démons, ou la bande des voleurs de la caverne de Gilblas.
Mais, dites-moi, je vous prie, si le Démon voulait vous tenter, sous quelle figure plus séduisante pourrait-il vous apparaître, que sous celle de ces personnages qui jouent la Comédie ? […] N’est-ce pas faire servir Dieu lui-même à l’iniquité, que d’entendre prononcer son saint nom par des personnages dont la profession l’outrage et le déshonore : « Servire me fecistis iniquitatibus vestris ? […] Qu’y a-t-il en général de plus ardent que les Poètes contre la Religion et contre ses dogmes ; c’est-à-dire, ces personnages qui composent des Tragédies ou des Comédies, et qui n’ont pour l’ordinaire qu’une brillante imagination en partage ?
Passons à ces Comediens qui remplissent la scene d’impuretez & d’ordures ; sans mentir, i’ay honte d’estre icyleur accusateur, & la bien-seance de ma profession me défend de rapporter tous leurs discours, leurs abominations, & leur adresse à bien ioüer toutes sortes de personnages, on y commet mille ordures, on y apprend les intrigues dans les amours, les détours & subtilitez des amants dans leurs poursuittes, les finesses des adulteres pour abuser, le peu de resistance des femmes pour ne l’estre pas, les lasciuetez, les petits discours, les rendez vous, les messages, toutes ces momeries authorisées de l’agreement des impudiques, & ce qui m’estonne le plus, de la presence des plus affairez, des peres de famille, qui quittent froidement leur mesnage pour se treuuer au Spectacle, pour y folastrer, pour y faire les gaillards, & pour y donner à connaistre qu’ils n’ont pas encor esteint les feux de la ieunesse, bien qu’ils ne soient la plus-part que des souches à demi pourries, des stupides, & des hommes pour beaucoup de raisons, sans pudeur & sans honnesteté : Mais ce qui est plus admirable, c’est d’y voir toutes les conditions extremement maltraitées dans les discours, & de n’y voir personne qui en témoigne du ressentiment, qui ne se treuue au Spectacle, & qui ce semble ne tiene à gloire d’y estre ioüé par des insolents. […] Il verra que les Saints personnages, dont la vie a esté tousiours conduitte par la Foy, & par les vrays preceptes de la vertu, n’ont rien trouué d’impossible ; qu’ils ont hardiment combattu l’actiuité des flammes & du feu, & donné des loix à ce fier élement ; qu’ils ont appriuoisé, & adoucy les bestes farouches, les dépoüllants de l’inhumanité dont elles ont esté pourueuës par la nature.
Elle fait un mérite à quelques-uns de ses plus saints personnages d’avoir dansé au son du tambour. […] Ils intéressent au mensonge, à la ruse, aux fourberies : ils mettent l’honneur en parole & le vice en action ; ils attirent tous les applaudissemens au personnage le plus adroit, & rarement au plus estimable.
Bientôt cette Nation, capable de tout, vit des Pélerins chanter & représenter les actions des Saints, les Mystères de la Religion ; les plus grands Personnages de l’Ancien & du Nouveau Testament, Jesus-Christ même, furent mis sur la Scène.
Il n’est pas dans la nature d’agir continuellement ; il n’est pas vraisemblable de voir sur la Scène des personnages, comme d’une haleine, méditer & exécuter des révolutions, qui souffrent des contradictions & mille obstacles.
Il s’est relevé, troublé, indécis : je n’ai pu soutenir plus longtemps mon personnage ; je me suis précipitée dans ses bras : — Oui, mon ami, me suis-je écriée, je suis Florise… & votre épouse… Votre amante, votre maitresse, votre amie ; celle qui veut tout tenir de vous, ne dépendre que de vous : je vous ai plu sous un nom emprunté, par des talens que vous ne me soupçonniez pas… que faut-il encore ?
On en excepte celles qui se font dans les Collèges pour l'exercice de la jeunesse ; « Leurs Règlements portent que les Tragédies, et les Comédies qui ne doivent être faites qu'en latin, et dont l'usage doit être rare, aient un sujet saint, et pieux ; que les intermèdes des actes soient tous latins, et n'aient rien qui s'éloigne de la bienséance ; et qu'on n'y introduise aucun personnage de femme, ni jamais l'habit de ce sexe. » Rat.
En 1716, du temps de la Princesse Russe Natalie, on vit une vaste grange rangée en salle de spectacle ; cette illustre Princesse se donnoit la peine de travestir elle-même la bible en drame ; il suffisoit de pouvoir apprendre un rôle par cœur pour représenter un personnage respectable de l’ancien testament ; mais il falloit du moins être Officier de l’État major pour aspirer à l’honneur de jouer le rôle d’Arlequin, qui étoit le plus beau de tous & le plus difficile, parce que le Major, le Lieutenant-Colonel ou le Général qui avoit le département, étoit obligé de se jeter au travers des Acteurs, & de les interrompre par des saillies qu’il devoit trouver sur le champ. […] Il ne faut pas d’autres spectacles, celui qu’on y donne est un spectacle national, les Acteurs en sont excellens ; il y a du comique & du tragique, on reconnoît sans peine parmi eux les Arlequins, les Scaramouches, les Pantalons, &c de la grande troupe & les valent bien : sous ces noms ils désignent parfaitement & caractérisent clairement tous les Seigneurs qui composent cette assemblée ; les Ministres des Puissances co-partageantes la grande affaire de la division du Royaume, les Peuples qui en sont la victime ; rien de plus piquant pour les Polonois, il l’est moins pour nous qui ne connoissons pas les personnages ; mais rien de plus vrai & de plus juste, le Roi de Prusse y joue un grand rôle. […] Les Mémoires de Lenet, écrits, avec beaucoup de modération, d’exactitude & de simplicité, fournissent par le détail des intrigues, des fourberies, des révoltes dont ils sont le tissu, le tableau, le plus sombre des Acteurs qui ont joué le plus grand rôle, & des personnages subalternes qu’ils ont entraîné à leur suite. […] Ces drames n’ont dû leur succès ephemère qu’au libertinage qui les a enfantés, & qui peut seul les goûter ; le suffrage de Robinet ne doit pas imposer, ce personnage frivole est absolument oublié, ne mérite lui-même aucune estime en aucun genre.
Pour concilier ces choses, s’il était possible, Néron, autre personnage extraordinaire sur la scène du monde, s’avisa d’un expédient singulier. […] Il a dansé, chanté, représenté des comédies ; son plus grand plaisir a été de jouer le rôle d’un infâme baladin, de remporter une couronne d’acheb chez les Grecs, de se livrer aux regards de l’amphithéâtre : « Gaudentis fœdo peregrina ad pulpita saltu, prostitui Graiœque apium meruisse coronæ. » Allez donc, illustre Héros, arborer vos glorieux trophées, mettez vos couronnes aux pieds de la statue de votre père Domitien, le masque et l’habit d’Acteur que vous portiez quand vous faisiez le personnage d’Antigone et de Thyeste, et suspendez votre luth à la statue colossale que vous vous êtes fait élever : « Ante pedes Domiti longum tu pone Thyestæ syrma, et de marmoreo citharam suspende colosso. » Voudrait-on vous excuser par l’exemple d’Oreste, qui tua sa mère ?
Mais, ce qui est plus croyable, ils ont fait de grands exploits de galanterie, sur-tout le Marquis de…. qui se donne pour l’un des plus galans personnages, & assure qu’il doit à l’amour tout le succès de ses négociations. […] Voici la raison singuliere, mais très-vraie de cette chûte : c’est que les personnages sont trop honnêtes. […] Le premier est un feu d’artifice, qui avec quelque personnage muet qu’on y mêle, représente une action.
C'est du moins maladresse dans le Poète, qui rend méprisable le plus respectable de ses personnages, et affaiblit même le coup de théâtre qu'il médite dans la reconnaissance d'un amant. […] A deux cens lieues de son pays, elle entre par curiosité dans une Eglise, démêle la voix de son amant parmi les Religieux qui chantent, et se fait Religieux pour vivre avec lui : « … Près de lui je vivrai, L'air qui vient l'animer, je le respirerai. » Bien plus, pour le séduire, si elle peut, et s'enfuir avec lui : « Je conçois le projet d'enlever à son Dieu Une âme qu'il semblait échauffer de son feu. » Une hypocrite sans religion, sans pudeur, qui se joue des choses les plus saintes, et persévère jusqu'à la mort dans ses sacrilèges : « C'était d'un homme, ô Dieu, que j'encensais l'image, … Il n'était point d'autre Dieu pour mon cœur. » Un personnage si méprisable peut-il intéresser personne, inspirer ni amour ni pitié ? […] Dans des personnages vrais et connus l'anacronisme est ridicule : l'extinction de la maison de Comminge, dont on dit avec emphase, arrête au trône seul sa tige enorgueillie ; et la réunion de la comté de Comminge à la Couronne, où les deux branches prétendues de cette maison vivent dans leurs terres jusqu'à mettre le Comte en prison dans un château au pied des Pyrénées.
Mais le Théâtre fait revivre la morale des Payens : il décredite celle de l’Evangile, les vices sont déguisés sur la Scéne, ils y paroissent avec tout le cortége des graces, tandis que la vertu y fait un personnage ridicule : elle y devient un spectacle de risée.
Adrienne, les rôles de colombine : âgée de……… 12 ans Talon cadet, les rôles de caractère, les personnages ridicules, &c. âgé de……… 12 ans.
Que voit-on sur le Théâtre du Monde qui, à proprement parler, ne soit Comédie : et que de Personnages y fait-on, à quoi il ne manque que le nom de Tartuffe pour être les Originaux, dont celui qu’on a représenté n’est que la Copie ?
Qu'ils représentent sans cesse combien les Spectacles, les Jeux, et les autres divertissements semblables, qui sont des restes du Paganisme sont contraires à la discipline Chrétienne; combien ils sont exécrables, et détestables; combien de maux et d'afflictions publiques ils attirent sur le Peuple chrétien; et pour en persuader leurs auditeurs, ils emploieront les raisons dont se servent ces grands Personnages, Tertullien, Saint Cyprien martyr, Salvien, et Saint Chrysostome, ils n'omettront rien sur ce sujet de ce qui peut contribuer à détruire entièrement ces dérèglements et ces débauches.
peut douter que l’habitude de voir toujours dans les vieillards des personnages odieux au Théâtre, n’aide à les faire rebuter dans la société, et qu’en s’accoutumant à confondre ceux qu’on voit dans le monde avec les Radoteurs et les Gérontes de la Comédie, on les méprise tous également ?
Débarrassé du Chant qui lui faisoit perdre la respiration, il dansa avec plus de vigueur : ce qui fut cause qu’on partagea pour toujours la Danse & le Chant entre deux Personnages. […] Nous avons vu à Athenes Solon gémir des Spectacles introduits par Thespis : nous voyons à Rome, les graves Personnages gémir du même mal, & les Censeurs faire souvent abattre les Théâtres.
« Que les tragédies et les comédies, qui ne doivent être qu’en latin, et dont l’usage doit être très rare, aient un sujet saint et pieux ; que les intermèdes des actes soient tous latins, et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance ; qu’on n’y introduise aucun personnage de femme ni jamais l’habit de ce sexe. » On trouve cent traits de cette sagesse dans les règlements de ce vénérable Institut, et on voit en particulier sur les pièces de théâtre, qu’avec toutes les précautions qu’on y apporte pour éloigner tous les abus de ces représentations, le meilleur est après tout qu’elles soient très rares. […] Les personnages de femme, qu’on exclut absolument de la comédie pour plusieurs raisons, entre autres pour éviter les déguisements, condamnés même par les philosophes, la réduisent à si peu de sujets, qui encore se trouveraient infiniment éloignés de l’esprit des comédies d’aujourd’hui, qu’elles tomberaient d’elles-mêmes, si on les renfermait dans ces règles. » Je laisse à la conscience de cette savante et zélée Compagnie, et à celles des autres Principaux de collège, d’examiner si dans la multiplicité des pièces qui se représentent, on a toujours suivi les règles de ce vénérable Institut, à la faveur desquelles M.
La cinquième qui doit frapper davantage tout esprit raisonnable, est, qu’il est honteux et indigne de la sainteté de l’état d’un Religieux, qu’il se travestisse en femme, en Roi, ou en Courtisan, et qu’en cela il représente un personnage qui ne convient qu’à des Arlequins, et à des Bouffons. […] Parce que ce ne sont pas des Religieux qui représentent les différents personnages qui y paraissent ; mais des écoliers séculiers. 2°.
Convient-il à des gens infâmes de représenter les saints Personnages ?
Encore est-il certain que s'étant abandonnés de nouveau à ces Farces ridicules et malhonnêtes que feu Monsieur le Cardinal de Richelieu avait bannies de la Scène, et ayant ressuscité les Turlupins, les Gaultiers Garguilles et les Jodelets, qui sont les vrais Histrions, ils ne doivent pas trouver étrange qu'on leur donne le nom des personnages qu'ils jouent.
Voilà la résolution de ce grand personnage monsieur Gerson conformément à tous les anciens Docteurs saints, desquels qui voudra voir au long la sentence touchant telles impures impiétés, comme aussi touchant les autres débauches, danses, folies, ivrogneries, momeries, et semblables bacchanales, accoutumées méchamment et scandaleusement, d’être commises les jours des fêtes, lise les lieux ci après notés, savoir est : Chrysostome, t. 2, Homélie 38 in 2 Matthoei.
Je ne vois rien dans notre Langue de plus agréable que le petit Roman de la Princesse de Cléves : les Noms des Personnages qui le composent sont doux à l’oreille et faciles à mettre en Vers : l’intrigue intéresse le Lecteur depuis le commencement jusqu’à la fin ; et le cœur prend part à tous les événements qui succèdent l’un à l’autre.
Cette intention ne garantit pas des mauvais effets des passions qui triomphent sur le théâtre ; c’est toujours le cœur qui prend le plus de part aux spectacles ; il en est même pour cette raison le premier juge, puisque ce n’est que relativement à l’émotion qu’on y éprouve, qu’on applaudit plus ou moins à la représentation, si on se sent plus fortement ému par le vif intérêt que l’on prend à l’action ; si on se sent transporté sur le lieu de la scène, et comme dans la situation du personnage qui nous attache le plus ; si on l’entend parler, et si on le voit agir comme on parlerait et comme on agirait soi-même, étant animé de la même passion : alors le cœur prononce que le poète et les acteurs ont bien réussi à intéresser les spectateurs.
Peut-être blâmera-t-on le style de cet ouvrage, quelquefois monté sur le ton de la plaisanterie, et censurant plusieurs personnages célèbres, dont il déplore l’égarement.
La Troupe sera composée comme on la voit aujourd’hui au Théâtre Français ; mais, pour jeter plus de comique dans les petites Pièces, on ajoutera, aux Acteurs ordinaires, l’Arlequin personnage masqué du Théâtre Italien.
La sotte vanité d’Armande qui, parce qu’elle est savante regarde avec horreur les liens du mariage, n’en est pas mieux traitée voyant son Amant devenir le mari de sa sœur : et dans le personnage de Trissotin, on trouve de même une belle instruction pour ceux qui ne cherchent que leur intérêt en se mariant.