Une vertu sublime, ou n’entre point l’orgueil, De la vertu païenne inévitable écueil, Un courage indompté, conduit par la sagesse ; Nul mélange honteux de force et de faiblesse.
Ils eussent bien mieux fait de suivre constamment et de soutenir généreusement la doctrine des anciens, appuyée sur la discipline de l’Eglise, et animée de son esprit, et de réprimer par la force de la vérité la licence effrénée des Chrétiens relâchés et vicieux, que de leur apprendre une voie large qui favorise leurs convoitises, et qui par conséquent ne peut que les conduire au précipice, par des opinions nouvelles, qui n’ont aucun fondement dans la doctrine de l’Eglise, ni dans celle des Saints.
, observez que dans le Tartufe, l’auteur nous montre le vice sous ses couleurs les plus odieuses, qu’il emploie tout son talent à nous le faire avoir en horreur, à nous rendre insupportables jusqu’à ses apparences ; il nous apprend à le poursuivre, à le démasquer sans ménagement ; il le confond, il le fait punir sévèrement ; Tartufe est traité par Orgon, en face et avec courroux, d’ingrat, de traître, scélérat, méchant animal, que tous les personnages de la pièce, animés des mêmes sentiments, voient sans pitié, avec grande joie au contraire, saisi par des archers et conduit dans un cachot ; faites cette observation, et il s’ensuivra qu’Alceste est puni, que sa vertu est ridiculisée, parce qu’il se livre ici contre les hommes vicieux à l’indignation qui est provoquée contre eux dans le Tartufe. […] Ils peuvent d’autant moins se refuser à cet aveu qu’il leur est impossible de dire qu’il y ait eu un passage de mieux entre les deux situations, et que l’auteur ait conduit la société, un instant, à plus de perfection, et de ce bonheur qui est attaché à l’ordre et à l’harmonie générale. […] Mais vous, qui seriez fâché d’être renommé par le mal que vous auriez fait, à la manière des conquérants insensés et féroces, de ces grands ravageurs de campagnes et abatteurs de murailles, qui préférez un éternel oubli à une immortalité funeste ; reconnaissant la sagesse de cette maxime : Nisi utile est quod facimus, stulta est gloria , vous devez prendre dans le cas présent, pour éviter les mauvais résultats prévus, une autre voie qui vous conduira plus naturellement à votre but ; celle qu’ont suivie dans tous les temps les plus profonds moralistes qui ont éclairé leurs contemporains, celle unique que notre sage Fénélon a suivie aussi et qu’il suivrait probablement encore aujourd’hui s’il vivait. […] Voilà d’autres raisons de convenir que vouloir perfectionner les hommes par des moyens indirects, ou vagues et violents, est une folie, ou une erreur dangereuse, d’après laquelle on les a tant et si imprudemment tourmentés qu’on les a excédés et conduits à jeter le masque de leurs infirmités dont ils ont fait parade depuis.
Boileau disoit de lui : la raison conduit ordinairement les hommes à la foi, mais c’est la foi qui a conduit Racine à la raison. […] La raison & la foi toujours d’accord se conduisent l’une & l’autre. […] Cet oubli est digne d’un Successeur des Apôtres qui apprétie les choses ce qu’elles vallent, n’estime que la gloire & les richesses éternelles & les vertus qui y conduisent.
Cette comparaison est prise du Discours 32 de Dion Chrysostome aux Athéniens, où cet éloquent Orateur les exhorte non-seulement à bien recevoir les avis qu’on leur donne pour la réformation des mœurs, & des personnes qui ont assez de zèle & de courage pour les leur donner, mais à bien distinguer les charitables moniteurs qui agissent par de bonnes vues, de ceux qui sont conduits par l’intérêt, la vanité, & qui détruisent par leurs exemples le bien qu’ils pourroient faire par leurs remontrances, comme sont les Comédiens. […] Au moindre scandale elle sera congédiée avec demi-pension, qui même sera supprimée, si elle se conduit mal après sa sortie. […] Ils auroient trouvé à chaque pas des traces, des restes de l’antiquité, qui les auroient plus surement conduits à la vérité.
Les hommes de mérite, les administrateurs et chefs dignes de juger et conduire leurs semblables, dont ils pèsent les droits avec impartialité, et dont ils ménagent avec attention la délicatesse et la sensibilité ; parce qu’en étant doués eux-mêmes, ils peuvent sentir pourquoi il faut en agir ainsi ; ces hommes que je respecte et chéris, concevront que j’attaque en général un désordre sur lequel ils gémissent sans doute les premiers, désordre qu’il est bien important d’arrêter enfin par quelque forme garantissante, comme par une loi de la discussion non fictive des causes de suppression et réforme, et par le rétablissement de l’ordre d’avancement, soutenu particulièrement ; ce qui laisserait l’envie et la faiblesse, toutes les coupables intrigues des protégés et des protecteurs, sans appât ou sans espérance.
De là la résistance aux parens, les intrigues, les crimes qui y conduisent. […] Dans Plaute & dans Térence on ne voit que de jeunes foux qui après avoir, par quelque tromperie, tiré de l’argent de leurs pères pour suivre leurs amours déréglées, sont enfin richement mariés, & des esclaves qui après avoir conduit toute l’intrigue, obtiennent la liberté pour récompense.
Ajoutez que ces Comédies se jouent aux flambeaux, et de soir, ce qui ne contribue pas peu à favoriser le vice, et à lui faire jeter dans l’âme de ceux qui y assistent, de très profondes racines : les impressions que ces œuvres de ténèbres, revêtues d’une fausse lumière, leur font, leur servent d’entretien tout le reste du jour, et forment les dernières pensées qu’ils ont dans leurs lits, qui sont des semences de péché, que le démon fait germer par ses illusions, et qu’il conduit jusques à son dernier effet, à la faveur de la concupiscence. […] L’horreur que l’on conçoit de ces Spectacles, ferme les yeux à la vanité (ce que le Prophète demandait à Dieu avec instance « Averte oculos meos ne videant vanitatem. » Ps. 118 [Psaume 118 [119], verset 37] :) Elle ôte à la chair ce qui entretient ses flammes impures, et conserve son intégrité : Elle empêche la superbe de glisser son poison dans l’esprit, et de le surprendre en le détournant de ces jeux, où l’on donne l’honneur et la gloire à ceux qui ont porté plus haut ses mouvements déréglés C’est pourquoi depuis l’établissement du Christianisme, et que Jésus-Christ crucifié a été proposé aux hommes comme la voie, la vérité, et la vie, qui conduisent à la béatitude, les partisans de l’idolâtrie ont toujours attaqué ces sentiments catholiques, comme les plus opposés à la superstition : Et les Pères ont été obligés de prendre leur défense, comme un des points principaux de notre créance, et de composer des livres entiers pour les soutenir.
Ces barbares, conduits par Genséric, après avoir ravagé l’Afrique, assiégèrent en 349 cette grande ville, et la prirent d’assaut. […] Dans la guerre de Flandres de 1744 les deux Généraux s’étaient accordés pour avoir tout à tour la comédie chaque semaine : la troupe passait d’un camp à l’autre, et pour mettre à couvert de toute insulte ces Princes et ces Princesses, un détachement de cinquante maîtres était commandé pour les escorter jusqu’à demi-chemin, où un pareil détachement de l’autre armée venait les prendre et les conduire.
Si on a trouvé des Docteurs favorables à la Comédie, c’est un malheur dont le Sauveur a menacé, en disant : « Si un aveugle en conduit un autre, ils tomberont tous deux dans la fosse », Matt. 15. v. 14. […] Corneille de parler en ces termes : « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l’humilité de Théâtre souffre aussi qu’elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, Et si Rome et le temps m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encore le courage et le sang, Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse Je fuis l’ambition, mais je hais la faiblesse. » Il fait voir ensuite que les passions qui ne pourraient causer que de l’horreur, si elles étaient représentées telles qu’elles sont, deviennent aimables par la manière dont elles sont exprimées.
Ainsi donc, ô mon cher Glaucon, lorsque vous rencontrerez de ces effrénés amateurs d’Homere qui vous disent que ce Poëte a instruit la Grece, & qu’on ne peut trop le lire ni l’étudier toute sa vie, ni trop se conformer à ses préceptes si l’on veut bien se conduire parmi les hommes, il leur faut répondre avec amitié, comme à de bonnes gens qui se connoissent en Poësie, & leur avouer qu’Homere est en effet le plus grand des Poëtes, & le premier des Poëtes Tragiques ; mais que pourtant nous ne pouvons recevoir dans notre République d’autres ouvrages de Poësie que les Hymnes & les louanges des Dieux, persuadez que nous sommes que du moment que nous y recevrons cette autre Poësie molle & voluptueuse, ce ne seront plus les Loix ni la Raison qui y regneront, mais seulement la douleur & la volupté. […] Un Criminel qu’on conduit au supplice est toujours suivi d’un Peuple qui le suivra en plus grand nombre, si le supplice qu’on va lui faire souffrir est plus grand. […] C’est ce que n’ignoroit point Aristote, puisqu’en parlant de la Pitié dans sa Rhétorique, il rapporte l’exemple d’Amasis, qui voyant conduire son fils au supplice ne pleura point, & pleura à la vue d’un ami réduit à demander l’aumône. […] On vient de voir que tous ses Principes conduisent à procurer la Tragédie la plus pathétique qu’il soit possible, & j’ai fait remarquer qu’on ne trouvoit rien qui eût rapport à l’instruction. […] Il y soutient que pour rendre l’homme heureux, il est nécessaire de remuer ses Passions ; que la Raison seule ne sert qu’à nous affliger par ses réflexions & ses remontrances, & que la tranquillité de l’Ame, qui est l’ouvrage de la Raison, est un état de langueur qui conduit à la tristesse.
Notre passion pour eux, ne fit que nous aveugler, & en croyant les suivre, nous nous égarâmes, comme les autres, jusqu’au tems où deux Poëtes conduits par leur génie plus que par l’étude, entrerent dans la véritable route de la Tragédie & de la Comédie.
Il serait difficile de montrer avec plus d’évidence la séduction de la scène lyrique, et d’en mieux décrire les funestes et inévitables influences sur la femme la plus pure, qu’on y conduirait, que ne le fait Boileau dans les vers que nous venons de citer.
Dans Electre du même auteur, le Gouverneur d’Oreste, en arrivant avec lui sur le scène, l’explique en même tems au spectateur en ces termes : « Illustre rejetton de ce Prince qui conduisit l’armée grecque à Troye, fils d’Agamemnon, il vous est donc permis de revoir l’objet de vos desirs. […] Le désœuvrement, le luxe & l’ennui, plus que l’attrait du plaisir & de la nouveauté, conduisent aux deux salles de Comédies, trop peu suffisantes pour la Capitale du Royaume ; & les acteurs, contens d’une recette & d’un gain considérable, sans autre peine que celle de débiter toujours les mêmes rôles de quelques pièces, une ou deux fois la semaine, plusieurs années de suite, n’ont plus l’émulation de leur état. […] Une troupe d’hommes faisant métier de renoncer à tous parens, à toute patrie, & de courir de ville en ville, jouant la comédie pour de l’argent, tous les jours indistinctement, devant des gens que le désœuvrement, la dissipation & le hazard y conduisent ; ces Comédiens ne jouassent-ils d’abord que des pieces les plus épurées, entraîneront nécessairement avec eux le désordre, la licence, & le relâchement des mœurs qui regne toujours au milieu de la multitude. […] L’établissement de ce spectacle national seroit d’une éxécution facile, si, loin qu’il ait rien de méprisable, il peut servir au contraire à conduire aux honneurs & aux dignités, & s’il est ordonné que nul ne pourra être admis à aucune place publique à la Cour, dans le Ministère, ou dans la Robe, sans avoir donné des preuves de ses talens dans les premieres années de sa jeunesse, sur ce Théâtre de la Nation.
Retirez-vous de tous ceux qui se conduisent d’une maniere déréglée 59. […] Leur commerce est à fuir, parce qu’il ne peut conduire qu’à l’impiété. […] Conduire ses fils & ses filles aux Spectacles, c’est les conduire aux autels des Démons, & les y immoler : immolaverunt filios suos & filias suas dæmoniis. […] Maximes pour se conduire chrétiennement dans le monde, par M. l’Abbé Clément, Prédicateur du Roi ; Paris, 1753. […] « Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des Spectacles publics, où les peres & les meres ont l’imprudence de s’empresser de conduire leurs enfans de l’un & l’autre sexe.
Dès qu’on s’écarte des bornes de la sainte morale pour suivre des exercices qui n’en sont ordinairement que les signes, on hâte les graves progrès du fanatisme, qui dévore le cœur d’une ardeur sacrilège, et nous mène au crime ; on néglige insensiblement la raison pour embrasser la cause, et on ne recherche plus l’exercice de la sainte vertu qui nous porte à faire le bien, pour s’appliquer à fuir les moyens qui peuvent nous conduire au vice ; devenant ainsi inutile à la société et à soi-même, et ressemblant parfaitement à ces hommes que Le Dante, dans ses chants, nous peint indignes du paradis, parce qu’ils n’ont rien fait pour le mériter, et que l’enfer même refuse d’admettre parmi les siens, parce qu’il n’aurait aucune gloire de les posséder.
celui qui conduit la mariée à son époux, le jour des noces.
Li. 18 cap. 19 c , c’est-à-dire, Le laboureur ne conduit pas sa charrue droitement, s’il ne se courbe. Ne pensent les pouvoir bien conduire, s’ils ne courbent leurs âmes, ni tenir la droite voie, s’ils ne gauchissent de fois à autre, prenant pour Règle, l’obliquité ; pour loi, leur fantaisie ; pour guide, les ténèbres ; pour compagnie, la multitude ; pour Exemple, la vanité ; pour but, la volupté. […] ; celles-là se conduisent en toutes choses selon la foi, qui sait par la parole de Dieu, ce qui est loisible : et selon la charité, qui montre ce qui est expédient. […] Au reste, quand même la fin susdite serait bonne, et vraie, ce que noncm ; il ne suffirait nullement entre les Chrétiens, si les moyens qui nous y conduisent, ne sont pareillement bons, et licites : Savoir quelque langue, ou science, est chose bonne et louable, sans doute ; mais qui voudrait l’acquérir par le moyen, et communication des esprits malins, comme on dit d’un fameux Astrologien de notre temps, qui acquit sa science par telles voiescn ; serait-il à louer ? Ainsi en se proposant cette fin, de la dextérité de la jeunesse ; faut considérer, si les moyens qui l’y conduisent, sont légitimes et conformes à la parole de Dieu ; c.à.d. dignes, et convenables à la jeunesse Chrétienne : l’Esprit de Dieu nous avertissantRom. 12.
Car après tout, former & délasser l’esprit, est-ce là précisément un motif qui doive conduire des Chrétiens ? […] Sur-tout, quand on vous fera remarquer la passion qui regle & conduit toutes les affaires ; vous la verrez représentée comme le principe de toutes les vertus, l’ame de tous les événements, le ressort secret de toutes les grandes actions, le mobile de toutes les fortunes ! […] Allez donc maintenant, Peres & Meres, allez conduire vos enfants à cette école prétendue de vertu, mais ne soyez pas surpris s’ils en rapportent dans le cœur une incendie qui n’éclatera peut-être qu’à votre désespoir, à votre honte, & quand il ne sera plus temps de l’éteindre.
Lorsque le Comte revint à Paris, la reconnaissance & l’amour le conduisirent chez l’actrice plutôt que chez le Roi : il alla descendre chez elle, sans se donner le temps de défaire ses bottes, ni de réparer les désordres d’un grand voyage. […] Les prêtres disent qu’il est hérétique (ils ont grand tort, les luthériens ne le sont pas ; pour moi j’aime de pareils hérétiques à qui les actrices donnent le coup de grace), je souhaite que Dieu nous en envoie encore un semblable (pour faire honneur au célibat) En revanche, en place des honneurs religieux, son cadavre, qui n’étoit plus ambulant, fut comblé des honneurs militaires depuis Chambort jusqu’à Strasbourg, où, au bruit de l’artillerie, il fut pompeusement conduit & enterré dans une chapelle luthérienne. […] On revient au château entouré de janissaires & d’officiers du serrail à cheval ; Sa Hautesse conduit la Sultane à l’appartement qui lui etoit préparé avec des meubles neufs d’une richesse extraordinaire ; le lit de damas aurore brodé d’argent étoit admirable, des amours en relîef en soutenoient les rideaux, divers tableaux représentoient les amours de Titon & d’Aurore, contre le costume turc.
La raison doit suppleer au defaut des preceptes, elle nous doit tousiours conduire, & elle dicte assez ce que la sainte Escriture pouroit oublier. […] Nous y sommes naturellement portés plustost qu’au bien ; nous auons vne secrette inclination pour les vices ; & partant que peut faire vne ame qui les prend pour exemples, & qui se conduit par les saillies d’vne nature lubrique & corrompuë ; & si estant foible de soy-mesme, elle glisse aisément ; comment pourra-t’elle s’empescher de choir estant poussée d’ailleurs ?
Or, pour bien commander, il faut non-seulement connoître les hommes que l’on conduit, mais encore ceux que l’on se propose de combattre. […] Depuis que l’on connut, dans la Grece & à Rome, des Ecoles pareilles à celles que nous proposons, on observa que tous les grands Capitaines y avoient pris des leçons, & que plusieurs même, au sorti de ces Ecoles, se trouverent en état de conduire des armées, sans aucun apprentissage ultérieur.
Quand on organise une battue pour la destruction des loups sauvages, on a soin de n’armer que des gens bien intentionnés, ayant la permission et la capacité de porter une arme et de bien ajuster, qui sont conduits par un lieutenant de chasse, et soumis à ses ordres, à qui encore il est défendu sous des peines sévères de tirer sur d’autres bêtes que les malfaisantes qu’il leur est même enjoint d’épargner lorsqu’elles se trouvent au milieu du troupeau, confondues avec leurs innocentes victimes, dans la crainte de blesser celles-ci quoiqu’il soit facile de les distinguer de leurs ennemis, etc. […] On y apprend à connaître le monde et la manière de se conduire dans toutes les circonstances de la vie politique et privée ; en un mot, il a été dit en leur faveur qu’on profite mieux par les exemples frappants donnés sur le théâtre que par les lectures de préceptes de morale, trop sévèrement exprimés, etc.
Si un jeune homme vous manque de respect, vous lui rappelez les droits de votre vieillesse ; mais s’il faut le conduire à la vertu, que devient votre gravité, vous qui êtes fou du spectacle ? […] Rien de tout cela ne conduit au salut.
Jodelle fut regardé comme le Dieu de la Tragédie : & parce que nous avions appris qu’en Grece on sacrifioit un bouc à ce Dieu, on conduisit chez Jodelle un bouc couronné de lierre, dont la barbe & les cornes étoient dorées : ceux qui le conduisoient avoient des Thyrses, & chantoient un Dithyrambe, qui finissoit par cette exclamation, yach, évoé, yach, yaha. […] Shakespear, fondateur du Théâtre Anglois, fit tout à la fois parler Prose & Vers, rire, pleurer, & heurler Melpomene ; & comme il est plus facile à un Poëte d’émouvoir les Spectateurs par l’appareil du Spectacle que par ses Vers ; on vit sur le Théâtre des Anglois, ainsi que sur celui des Hollandois, dont Pierre Corneille Hoof fut fondateur, des apparitions de fantômes, des meurtres, des têtes coupées, des enterremens, des sieges de Villes, des saccagemens de Couvens, des maris égorgeant leurs femmes, des patients accompagnés de leurs Confesseurs, conduits à l’échaffaut.
L’esprit naturel est la lumière de la raison qui est commune à tous les hommes, et qui les conduit dans les actions ordinaires de la vie Civile. […] Peut-on donc s’imaginer que cet esprit conduise jamais à la Comédie un Chrétien qui est l’enfant de Dieu ?
Vous même dans mes bras vous l’avez amené, C’est vous dont dont la rigueur m’ouvrit ce précipice ; Voilà de ces grands Dieux la suprême justice ; Jusques au bord du crime ils conduisent nos pas, Ils nous font le commettre, & ne l’excusent pas.
Ils m’ont conduit naturellement à parler de ceux des anciens, qui répandaient même un nouvel intérêt dans le Drame.
Augustin pris de son Sermon de la vie commune des Clercs. « Je me suis séparé de ceux qui aiment le siècle ; mais je ne me suis point égalé à ceux qui conduisent les peuples.
Ce serait se moquer de Dieu, et des hommes que de dire que l'on va à la comédie pour l'amour de Jésus-Christ, oserait-on lui offrir cette action, et lui dire : « Seigneur c'est pour vous que je veux aller à la comédie ; ce sera votre esprit qui m'y conduira ; ce sera vous qui serez le principe de cette action ; c'est par votre Croix que vous me l'avez méritée.
L’effet de cette action de la part de l’autorité séculière imprimera aux ecclésiastiques plus de respect, plus d’égards pour les représentants du gouvernement, et leur fera abandonner à jamais l’idée de sortir du cercle de leurs devoirs et de leurs fonctions pour s’immiscer dans les affaires de l’Etat et des familles, ce qui les conduit toujours à fomenter des troubles ou à exciter des débats domestiques qui deviennent funestes ou au gouvernement ou aux citoyens.
Les feuilles d’un arbre réfléchies sur les globules de l’air, me paraissent vertes ; et à travers les pores ou conduits d’un prisme, elles sont tout aussi véritablement rouges pour moi.
Ce sont les premiers dont la passion se repaît, les premiers qu’elle attaque, & qui la conduisent au dernier crime, dont elles sont le prélude & le commencement. […] On ne peut combattre la volupté, que comme Persée en lui tournant le dos, on a besoin de l’Egide de Minerve, c’est-à-dire, des réflexions de la sagesse, qui comme un miroir fidèle en font sentir toute la laideur, conduisent sa main, & dirigent le coup dont on la frappe : qu’on ne l’épargne pas, il faut lui couper la tête, pour peu qu’on l’épargne elle reviendroit plus dangereuse que jamais. […] La conduire & les paroles de Judith sont un tissu de traits contraires aux loix de l’Evangile. […] 3.° Il est dit de cette Héroïne qu’elle s’étoit toujours si bien conduire, que malgré la malignité, la calomnie & la médisance par-tout si répandue, on n’avoit jamais parlé mal d’elle ; tout le monde au contraire faisoit son éloge.
Lorsqu’on aura voulu établir des fêtes prophanes, ce qui se passait dans les Temples aura conduit naturellement à composer un genre de Spectacle dans lequel des troupes d’hommes chantaient ensemble. […] Des soins avec lesquels ce Théâtre est conduit. […] Rébel & Francœur dont les chefs-d’œuvres de musique sont si connus, l’ont conduit plusieurs années avec toute la sagesse possible. […] Le prémier élève l’âme de ses Spectateurs ; il les conduit dans des Palais somptueux, dans tout l’Univers, & jusques dans l’Olimpe ; il les fait s’entretenir avec des Hèros & des Dieux : le second se traînant plus particulièrement parmi la vile populace, ne montre presque toujours à nos regards que de misérables chaumières ; & nous fait souvent converser avec des Rustres & des Artisans.
On marche parmi le bruit des fifres et des trompettes ; pendant que deux infâmes personnages, directeurs des funérailles, et des sacrifices, je veux dire le désignateur et l’aurispice, conduisent tout le cortège. […] Il y en a d’autres qui y sont conduits comme coupables ; mais comment ? […] Celui qui n’oserait proférer la moindre parole déshonnête en présence de sa fille, la conduit lui-même à la comédie pour lui faire entendre mille discours impurs, et lui faire voir mille postures indécentes. […] Bien plus, celui que sa charge conduit à l'amphithéâtre pour faire punir un homicide, pousse lui-même un misérable esclave à la boucherie à coups de verges, et de bâton.
et pour me servir de la pensée d’un écrivain judicieux10, ne vaut-il pas mieux prendre sur l’autel le flambeau pour éclairer et conduire les victimes aveuglées par l’erreur, que le glaive propre à les immoler. […] Mais je suivrai vos pas : je serai près de vous Au nom du Dieu vengeur, je conduirai vos coups. […] « Les principes de corruption reçoivent une nouvelle force des spectacles publics, où les pères et mères ont l’imprudence de s’empresser de conduire leurs enfants de l’un et l’autre sexe. […] « Ils y faisaient de même recevoir leurs enfants, et les y conduisaient avec une pompe qui se ressentait de la magnificence de leur triomphe. « Auguste y vint, pour la troisième fois, demander le consulat, afin d’y conduire lui-même ses enfants en qualité de magistrats, et Tibère y ayant pareillement conduit Néron et Drusus, fit des libéralités au peuple, afin de rendre le jour de leur réception plus solennel.
Ce Général, qui, fesant conduire à Rome les chefs d’œuvres de Praxitéle & de Zeuxis, avertit celui qui était chargé de ce soin, que s’il se rompait ou se perdait quelques statuës ou quelques tableaux, il l’obligerait d’en faire faire de pareils, peint bien les mœurs des prémiers Romains. […] Ce n’a point été le travail continu d’une foule de gens d’esprit qui a conduit les Lettres de progrès en progrès, de clartés en clartés ; un seul homme de génie, ou deux tout au plus, ont suffi pour les couvrir de gloire.
Ce sont ceux qui conforment leur cœur à la volonté de Dieu, qui règlent te conduisent leur volonté par la sienne. […] L'Ecriture nous apprend que Dieu souffrant pour nous, a fait les chemins que nous devons suivre; peut-être que ces chemins nous conduisent aux Jeux publics et aux Spectacles qu'il défend ?
Ambroise Gouverneur à Milan, ne lui recommanda que de se conduire en Evêque, et lors de l’élection de ce Saint, l’Empereur se félicita qu’on eût cru digne de l’épiscopat quelqu’un de ses Juges : « Electos a se Judices ad sacerdotium postulari ». […] Ce n’est pas des mains de l’Ariadne de la comédie qu’il recevra le fil pour s’y conduire.
Balaam fut celui qu’il choisit pour cette cérémonie, mais Dieu conduisit sa langue ; il lui fit bénir Israël, laissant les troupes de Balac dans la malédiction ; et il a conduit encore aujourd’hui la plume du Prêtre consulté par des Comédiens pour lui faire énoncer fort clairement que l’Eglise n’a jamais cessé d’anathématiser les spectacles.
Suivit une mascarade singuliere, composée de tous les divers personnages des piéces de Shakespear qui promenoient sa statue dans un char de triomphe, & la conduisirent à la grande place, où Garrik la couronna de laurier. […] Jotof étoit âgé de 80 ans, le Czar imagina de lui faire épouser une veuve de son âge, & de célébrer solemnellement cette noce ; il fit faire l’invitation par quatre begues, des vieillards décrépits conduisoient la vieille mariée ; quatre des plus gros hommes servoient de coureurs, la musique étoit sur un char, conduit par des ours qu’on piquoit avec des pointes de fer, & qui par leur mugissement formoient une basse digne des airs qu’on jouoit sur le chariot. […] Ils ne voyent pas qu’en entretenant la passion & le vice il conduit au même mal, dont on le dit le reméde, & qu’il est lui même un très-grand mal, auquel on ne remédie pas.
L’Etat Eccésiastique est conduit par les mêmes principes de sagesse, par ordre du Pape. […] Hist. du Portugal; Le Pape Innocent XI, conduit par son zele & par sa piété, fit un réglement très-sage pour les théâtres de l’état ecclésiastique, qu’on y tolere comme les courtisanes : il défendit aux femmes de monter sur le théâtre : c’étoit l’usage des Grecs, qui n’eurent jamais des actrices. […] Dieu l’en punit par une goute violente, qui le conduisit au tombeau.
Madame Brute se conduit par d’autres principes : Dans la Femme Provoquée. […] Et lorsque son père l’avertit de se garder de la rechute ; il répond avec sagesse : « Dieu aidant, j’aurai toujours horreur du chemin qui conduit à l’enfer. […] D’ailleurs, je commence à croire qu’il y a autant de plaisir à conduire une intrigue pour autrui que pour soi-même : cela exerce tous les talents naturels de la femme ; il y a de la pratique pour l’hypocrisie, pour la dissimulation, pour la flatterie, pour le mensonge et pour la malice.
Quel démon vous conduit à l’Amphithéâtre, s’écrie Tertulien, 1 quel scandale allez-vous puiser en cette source empoisonnée ?
Il arriva que les Pantomimes prirent des livrées différentes, à l’imitation de ceux qui conduisaient les chariots dans les courses du Cirque.
Voilà ce qui conduit aux spectacles.
Mais cette courtoisie, cet art d’aimer qui en apparence n’a rien que d’honnête, ne laisse pas de porter à la déshonnêteté, comme la main qui pousse quelqu’un sur le premier pas du précipice, l’y jette quoique elle ne le conduise pas jusques au fond.
Cette multitude innombrable dont on couronne les actrices, & dont le Mercure a la bonté de faire gémir la presse, ne conduisent pas mieux au temple de la gloire : ce n’est qu’une insipide répétition d’un jargon amoureux qu’on trouve par-tout, auquel le moindre écolier est en état de coudre des rimes. […] Aussi, encore enfant, se levoit-il à minuit pour étudier, & se faisoit conduire au collége au flambeau : il y trouvoit tout endormi ; on en éveilloit les régens pour le contenter ; ils admiroient son amour pour l’étude. […] Si malheureusement sa maladie le conduit à la mort sans avoir fait pénitence, que penser de son sort éternel ? […] On s’efforce d’excuser la galanterie des théatres, en disant qu’elle est toujours terminée par un mariage, & qu’elle y conduit.
Il est un gouffre pour les amateurs, le vice les y conduit & les ruine. Entretenus par l’actrice, le vice les dégrade, les dépouille, les deshonore, les accable d’infirmités, abrege leurs jours, &, ce qui est bien plus terrible, les conduit à la damnation éternelle.
On dirait qu’Apollon & les Grâces conduisaient sa plume. […] Conduis par mes vives clartés, Vous n’avez écoutez que mes loix adorables ; Jouissez des félicités Qu’ont mérités pour vous mes bontés sécourables55.
Qu’un cordonnier, qu’un tailleur fassent mal une chaussure ou un habit, c’est un malheur facile à réparer, et qui retombe à la fin sur eux-mêmes ; mais qu’un homme en place se conduise mal, la patrie entière s’en ressent, et souvent la plaie devient incurable. […] Quelles impressions peuvent faire sur le cœur novice et tendre d’une jeune fille les exemples séducteurs que lui montrent tant de drames, à la représentation desquels ses parents ont eux-mêmes la folie de la conduire ?
Enfin tout y est conduit suivant l’intention de la Réformation ; et la Tragédie de Stilicon me paraît excellente pour ce Théâtre. […] Il arrive presque toujours, dans les Ouvrages dramatiques d’aujourd’hui, que les désordres de cette passion sont récompensés ou conduisent à une fin heureuse : dans Andromaque, au contraire, ils sont punis avec toute la sévérité qu’ils méritent.
Telle est la Théodore de Corneille : Si mon ame à mes sens étoit abandonnée Et se laissoit conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions.
A la Fête des Junonies, on conduisait deux Vaches blanches, suivies de deux imâges de Junon-reine ; ensuite marchaient vingt-sept Jeunes-filles, vêtues de robes traînantes, qui chantaient une Hymne en l’honneur de la Déesse.
ces Artisans de la Scène ou Bateleurs sont presque tous méchants, parce qu'ils ne conduisent pas leur jeu par raison, et que tout ce qu'ils font n'est qu'une illusion des sens, pour surprendre l'esprit.
D’où il s’ensuit sur le principe commun, et reçu de tout le monde, que celui-là pèche mortellement, qui en ces saints jours emploie injustement le temps en cette sorte d’exercices, si ce n’est que l’ignorance et le sentiment relâchée de ceux qui lui donnent conseil, et qui le conduisent, puisse diminuer sa faute : ce que Dieu n’a jamais promis.
Le vieux Sertorius voudra séduire une jeune femme éperdument amoureuse de son mari ; voilà les mœurs de la tragédie chez Corneille, le plus grave et le plus sublime de nos poètesak. » Les pièces de cet auteur n’auraient certainement pas plu aux spectateurs, si elles ne leur avaient donné agréablement des « leçons de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; si elles ne leur avaient appris à conduire habilement une intrigue, à éluder la scrupuleuse vigilance des parents, à surprendre par mille ruses la bonne foi, à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence, à se défaire avec adresse d’un concurrent, à se venger à coup sûr d’un ennemi, à élever sa fortune sur les débris de celle d’autruial . » En effet, le spectacle perdrait son agrément, s’il n’était un assemblage vif et séduisant de tout ce qui peut plaire, s’il ne tendait à enchanter l’esprit et les sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant.
Est-ce ainsi que l’on se conduit dans la Comédie ?
Au reste, quiconque, sous un aussi vain prétexte, chercherait à se faire illusion, doit se souvenir de la parole expresse du Sauveur : Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tombent tous deux dans le précipice 31. […] Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des Spectacles publics où les pères et les mères ont l’imprudence de conduire leurs enfants de l’un et de l’autre sexe. […] Dans une des notes de son Cours de Littérature, relative à une pièce de Favart, il s’exprime ainsi : « Quels parents sages et timorés conduiront leur fille à un pareil Spectacle ?
Bussi, qui l’en loue ; en fait perdre le mérite, par les raisons frivoles qu’il donne de cette défense, très-juste, parce que les jeunes gens ne savent pas jouer, ni se conduire dans les bonnes ou mauvaises fortunes, & que le jeu ôte le temps de faire sa cour & sa fortune. […] On le conduisit avec ce cortége à l’hôtel-de-ville, à travers une double haies de la milice bourgeoise en habits neufs & sous les armes, au bruit du canon qui ne cessoit de tirer, & des acclamations de Vive le Roi, vive Monsieur. […] Voilà , fait-on dire au Roi, le Conseil que je veux, un Mentor qu’environnent les jeux, & par un doux chemin au bonheur me conduise.
La liberté du théâtre est une liberté, et la violation d’une seule liberté, conduit nécessairement à la perte de toute liberté. […] Depuis près d’un an, avant la révolution, le peuple n’étoit plus si doux, si facile à conduire. […] Ils y demeurent, pour 6 sols, jusqu’à l’heure de la sortie de l’opéra, tandis que beaucoup de leurs camarades perdent dans les billards, ou dépensent, avec des filles ou au cabaret, des sommes fort au-dessus de leurs facultés ; et ce dérangement les conduit souvent à des actions basses pour eux, et dangereuses pour leurs maîtres.
Armand de Bourbon, Prince de Conti, âgé de 37 ans, après avoir observé, tant à la Cour qu’à la Ville, les effets du Théatre, dit, que l’Instruction n’est point la fin d’une piéce de Théatre ; cette fin, ajoute ce Prince, n’est véritable, ni dans l’intention du Poëte, ni dans celle du Spectateur… « Le désir de plaire est ce qui conduit le prémier ; le second est conduit par le plaisir d’y voir peintes les passions semblables aux siennes. […] « Je crois, dit-il, que c’étoit précisément à un homme tel que moi, qu’il convenoit d’écrire sur cette matiere … Je l’avoue donc avec sincérité, je sens le grand bien, que produiroit la suppression entiere du Théatre… Les principes de corruption … reçoivent une nouvelle force des spectacles publics, où les Peres & les Meres ont l’imprudence … de conduire leurs enfans. […] Ce n’est point par les exemples, mais par les loix, que nous devons nous conduire, non exemplis, sed regulis ducimur. […] Maximes pour se conduire chrétiennement dans le monde. […] C’est un de ces guides, qui mettent, dit l’esprit St, des coussinets sous les coudes des pécheurs, & les conduisent à la perdition… Comme bien d’autres, vous avez cherché un Prophête complaisant, vous l’avez malheureusement trouvé ; qui vult decipi, decipiatur.
Ses vues bienfaisantes furent exécutées ; on assembla toutes ces filles & leurs fiancés, dans le Consistoire de l’Hôtel-de-Ville, les Capitouls les conduisirent à l’Autel, où M. de la Galaistere, l’un des Grand-Vicaires (à l’absence de M. de Lomenie, Archevêque, qui demeure depuis plusieurs années à Paris, & qui, sans doute, se seroit fait un plaisir d’assister à la cérémonie ;) après un discours où il joignit à une exhortation convenable, l’éloge le plus vrai, du Magistrat, auteur de la fête, leur donna la bénédiction nuptiale ; de l’Autel, les époux avec chacun quatre de leurs parents, passerent à la salle où on leur avoit préparé un repas, après lequel on leur permit de danser à leur maniere, jusqu’au soir ; la plus grande décence, & une parfaite tranquilité accompagnerent la franche & agréable gayété qui y regnoit. […] Les actionnaires furent les chercher, & les conduisirent en pompe, à la salle de spectacle, mais non pas sans rire, & on leur donna la comédie.
J’ose dire que dans cette scène abominable Elmire est plus coupable que Tartuffe, puisque c’est elle qui le cherche, l’agace, lui offre tout, le conduit pas à pas avec un artifice dont le plus vertueux auroit peine à se défendre, aux sentimens, aux désirs, aux entreprises les plus criminelles. […] Tartuffe débite ses sentimens, fait des propositions, des caresses, des entreprises infames, montre les désirs, les passions, les transports les plus criminels, auxquels, après quelque minauderie, qui attise encore le feu, la femme acquiesce en entier, & le conduit enfin au moment de l’exécution.
Elle la quitte pour suivre un jeune François qui la conduit à Paris, & la donne au théatre Italien où elle est fort applaudie. […] Genest, Comédien & Payen, fut tout-à-coup éclairé de Dieu sur le théatre, y reçut le baptême, & de là fut conduit au martyre : dénouement édifiant, bien supérieur à ceux des pieces les plus parfaites.
Sa tendresse, & non pas sa justice, le conduit au supplice. […] Fagan ajoute : Tous les sujets des pieces qui conduisent à employer des termes sacrés ou mystiques, doivent être bannis du théatre.
Les Chariots demandoient beaucoup d’eschole aux chevaux, & d’industrie à ceux qui les gouvernoient, car ils avoient à les conduire, à les animer, à les retenir, & à ne leur rien permettre contre leurs intentions. […] c. 24comme aussi Neron se piqua de pouvoir conduire dix chevaux attelez de front, & mesme y emporta une celebre Victoire.
quelle est ici la voie étroite qui conduit à la vie, et la voie large qui mène à la mort, enfin où sera le paradis et l’enfer ? […] La semaine sainte nous conduit aux pieds de la croix du Sauveur mourant ; le théâtre nous étale les idoles de la débauche.
En effet, supposons un amant qui, dans le feu des passions, a promis à sa maîtresse de la défaire d’un homme qu’elle aime, mais qu’elle croit devoir haïr depuis qu’il lui est infidèle : supposons, dis-je, qu’aveuglé par son amour il ait tout promis, & que le hasard le conduise à la comédie le même jour qu’on y doit représenter Andromaque ; il écoute avec attention ; il voit dans Pyrrhus ce rival qui lui est odieux ; il est enflammé comme Oreste du plus ardent courroux ; Hermione est à ses yeux cette maîtresse chérie dont il attend sa félicité ; le sacrifice est ordonné ; Oreste tremble, recule, hésite, mais obéit ; il sort dans le dessein d’accomplir sa promesse, & vient bientôt annoncer à sa maîtresse qu’il a rempli ses engagemens : mais quel retour affreux !
Elle lui démontre des sources nouvelles, elle l’y conduit à travers les abîmes.
Les Conciles de Dieu sont composez des Pasteurs qu’il a establis pour nous conduire au Ciel. […] Si tous les theatres estoient dressez avec les intentions, conduits par les soins, & avec les precautions de ces hommes également scavans & vertueux, il n’y auroit point de censure à craindre ; mais la difference de ces Comedies, & de la pluspart de celles qu’on represente dans le monde, est si evidente, qu’on ne peut les traiter de la mesme maniere, que par la plus injuste & la plus dangereuse des confusions. […] La raison veut que ceux qui ne sçavent pas se conduire avec la moderation prescrite par les loix, soient gouvernez eux-mesmes par un homme qui puisse les moderer. La dignité où je vous éleve est comme une tutrice que j’establis pour conduire ceux qui s’égarent souvent, afin que ce qui a esté inventé pour recréer le peuple, ne semble pas avoir esté permis pour le corrompre, & que l’honeste homme ait le pouvoir de commander à ceux qui s’émancipent d’ordinaire des loix de l’honesteté.
La religion gênoit, par la sévérité de ses maximes & le détail de ses pratiques, on l’abandonna, on désira, on embrassa hautement les religions commodes, ou plutôt cette irréligion qui, loin de condamner la volupté, la met au rang des devoirs ; & comme un abyme conduit toujours à un autre abyme, on alla jusqu’à douter si l’œil de la Providence veille sur les actions des hommes, & s’il y a une justice dont on ait à espérer des récompenses ou à craindre des châtimens. […] Le public fut surpris en apprenant que la représentation des grands crimes, de ceux qui conduisent à l’échafaud, fût le délassement de nos-amateurs, qu’un écrivain célebre en a fait une espece de poëtique, qu’il ne tient pas à nos profonds penseurs que ce goût affreux, qui est presque tombé parmi les anglois, ne devienne le goût françois. […] Il peut se jetter dans l’enfer, les comédiens le font tous les jours, leurs ouvrages les y conduisent. […] C’est une adresse pour multiplier les volumes & leur donner un air de variété, un artifice pour ne pas effaroucher la vertu par un nom décrié, & engager à lire par un titre innocent, faire trouver comme par hasard, & conduire par goût à celui dont on se défioit.
J’avoüe, Messieurs, que mon Evangile ne m’y conduit pas directement. […] La raison entraînée par les sens, y devient incapable d’éclairer & de conduire la volonté, d’elle-même foible & languissante ; & la concupiscence n’estant retenuë par aucun frein, n’y trouve rien qui ne l’irrite. […] On n’y voit plus des prostitutions, mais on y voit des intrigues d’amour qui y conduisent.
Toute la morale, la plus sublime perfection est renfermée dans ces pieces rapportées ; ensuite elle a décomposé certaines pieces, certains actes, certaines scènes qui lui ont paru plus morales que d’autres, en a exprimé tout le suc, & développé le but, a mis sous les yeux les détails qu’elle croit y conduire. […] Platon définit que la vertu peut prendre une forme visible ; la représentation en donne un à la vertu & au vice, les idées abstraites y prennent un corps, le contraste du caractere prête des forces à la morale ; nous sommes conduits à la vertu par elle-même. […] Tout cela conduit au spectacle des gladiateurs.
Tout ce qui nous environne n’est point en repos ; le silence est banni de l’Univers, il est l’image du néant : l’habitant de la terre était donc conduit par ce qui l’entourait, autant que par sa nature, & ses besoins, à faire & à éxciter des bruits ; & voilà ce qui insensiblement lui fit découvrir la musique instrumentale. […] Cette idée ridicule le conduisit à ne souffrir aucune innovation dans la musique. […] On fit un sujet de reproche au grand Thémistocle de n’avoir point appris à jouer des instrumens. « Parmi les Grecs, dit Cicéron, l’on ne passait point pour Savant à moins qu’on ne sût chanter. » L’amour que les Grecs avaient pour la musique les conduisit à enrichir ceux qui en fesaient une profession particulière.
Le Théâtre qui avait été enseveli sous les ruines d’Athènes et de Rome, s’est relevé de notre siècle avec beaucoup d’éclat ; si l’on donnait les mêmes récompenses à nos Poètes, que donnaient les Grecs et les Romains à ceux qui excellaient en ce genre d’écrire, nous en aurions eu sans doute un plus grand nombre ; mais ce travail immense est trop mal récompensé, et ne conduit plus comme autrefois, aux honneurs suprêmes, ni aux premières dignités de l’Etat. […] Je ne condamne pas absolument toutes sortes d’épisodes ; ils sont même quelquefois absolument nécessaires, pour conduire au dénouement de l’action principale ; comme dans la Tragédie de Bajazet, l’amour du Vizir Acomat, et d’Atalide, confidente de Roxane, sert beaucoup à nouer l’intrigue, et fait un grand jeu de Théâtre. […] Ce sont, Madame, à peu prés les raisons, dont se servent ceux qui veulent que l’on bannisse la Comédie, parce que c’est une école dangereuse, où la vérité et les bonnes mœurs se corrompent ; où tout ce que l’on voit et tout ce que l’on entend, conduit au relâchement et au libertinage ; où l’amour et toutes les autres passions se glissent par les yeux et par les oreilles.
Ecoutant ses chagrins, cédant tous ses emplois, J’ignore où l’a conduit sa misère profonde. […] Ovilde n’est pas scrupuleux : Rien ne m’arrête, un Dieu sans doute m’a conduit, contre un autre Dieu, pour faite un crime.
Pour rendre cette vérité plus sensible, recourons à l’expérience : Si vous menez au Théâtre des Jeunes-gens que l’air contagieux d’un certain monde n’ait point encore imbus, fût ce à nos Pièces les plus libres, ils néprouveront qu’une joie innocente, un délicieux épanouissement : au contraire, si vous conduisez un cœur gâté au Préjugé-à-la-mode, au Tartuffe, &c. […] Après cette Réformation, il se trouvera sans doute encore quelques Spectateurs qui abuseront d’un Exercice instructif, honnête, utile, comme l’on voit des gens, que des vues criminelles conduisent seules dans nos Temples : l’homme sensé les plaindra ; mais il ne desirera pas que pour eux, l’on prive la Nation du plus noble de ses amusemens.
La moindre faute tire souvent à conséquence, & nous conduit dans une plus grande.
Bientôt la lune ouvre les portes de l’Orient ; elle conduit son char dans un profond silence : son emploi est de mettre, par ses phases, un certain ordre dans la révolution des temps ; elle domine sur les étoiles, quoique moins brillante.
Or si le Prophète appelle les Juges, « des Dieux, et les enfants de Dieu », n’est ce pas pour les engager doucement et agréablement à se conduire dans l’exercice de leurs Charges chrétiennement, saintement de sans reproche ; puisque ce serait une chose tout à fait honteuse, que des personnes si élevées et qui portent des qualités si glorieuses, se laissassent aller à des injustices, qui leur fissent changer leur nom de Dieux, en celui d’Antéchrists ?
Cela n’a rien de commun auec nôtre siecle, & il me suffit de montrer, de quelle maniere se conduisent presentement les Comediens, & quelle est la nature de la Comedie depuis qu’elle est dans son lustre par l’estime qu’en a fait vn Armand de Richelieu, & les graces que luy a données vn Pierre Corneille. […] Mais auant que d’aller plus l’oin, & d’expliquer à fond la maniere dont les Comediens se gouuernent en ce qui regarde l’interest public, voyons comme ils se conduisent dans le particulier ; & puisqu’il est vray que dans le Monde chaque Famille est vne petite Republique, & vne image du Gouuernement des grans Estats, il est bon d’examiner dans la matiere que ie traite, si les parties répondent au tout, & si entre les Comediens chaque pere de famille conduit sa maison auec autant d’ordre, qu’ils en áportent tous ensemble à bien conduire l’Estat. […] Voila de quelle maniere les Comediens se conduisent dans leurs familles & entre eux mémes : voyons maintenant comme ils conduisent ensemble leur petit Estat, quelle est la forme de leur gouuernement, & s’ils vsent au dedans & au dehors d’vne sage Politique. […] Il en est de méme d’vne bonne Comedienne, à qui il est áuantageux d’auoir vn mary capable, & qui ayt aquis de la reputation : mais cela ne se rencontre que rarement, & dans ce petit Estat les mariages vont comme ailleurs, selon que le Destin les conduit. […] En dernier lieu j’exposeray les principales maximes des Comediens, & les traits les plus delicats de leur Politique, soit à l’egard d’eux mémes, soit à l’egard de la Cour & de la Ville, & nous auons des-ja veu comme ils se conduisent dans les affaires qu’ils ont auec les Autheurs.
Penser et agir de cette manière, c’est se conduire par la raison ; appliquez à cela l’exemple et les paroles de Saint Jean l’Evangéliste, que Saint Thomas rapporte dans le corps de l’article 2. […] Il n’est pas nécessaire qu’il l’a traîne au précipice, elle s’y conduit elle-même. […] ceux, dis-je, qui à force de conduire des intrigues secrètes dans leurs maisons, apprennent à les mieux représenter sur le Théâtre, ou peut-être à force de les représenter sur le Théâtre, s’accoutument et apprennent à les mieux conduire ailleurs. […] Quand une fois on est conduit par l’esprit d’erreur, il n’y a point de précipice dans lequel on ne puisse tomber. […] Gémissez devant Dieu de tant de faux pas que vous avez fait faire à ceux que vous avez conduits.
Vous nous conduisez vers ce temple, Où l’étranger surpris contemple Toute la grandeur des Romains. […] A quels excès conduit l’esprit du théatre !
Ils conduisent & dénouent toute l’intrigue. […] Jamais homme n’a mieux possedé l’art de bien conduire une piece de théatre.
Ce qui met le comble au prodige, elle avoit passé la moitié de sa vie dans les états les plus opposés à la piété & à la grandeur qui ne devoient naturellement la conduire qu’à la frivolité, à la bassesse & au vice ; elle étoit née Protestante, aussi-bien que Montausier, de la famille la plus déclarée contre les Catholiques : d’Aubigné son père se fit enfermer dans une prison de Niord avec sa femme pour ses dérangemens. […] Le Maréchal tranquille, sans cérémonie, sans contrainte ne recevoit dans son château que ses amis qu’il invitoit, & afin que personne ne l’ignorât, il avoit fait graver en lettres d’or, sur un beau marbre au-dessus de la porte, nulli nisi vocati, & au-dessous des vers François assez mauvais : Dans ce lieu de repos on ne veut point de bruit, & nul n’y doit en entrer qu’invité ou conduit. […] A Milan ce droit est affermé à l’Entrepreneur du thêatre ; deux entreprises fort analogues, mais afin que les droits impériaux ne soient point fraudés, & que le théatre qui occasionne tous les vices, y conduise bien des joueurs, ils ne peuvent être joués que dans des salles qui y sont destinées, & qui tiennent au théatre, elles ne sont ouvertes que quand le théatre est ouvert.
Saint Cypriena condamne les Tragédies parce qu’elles donnent de mauvais exemples par les crimes qu’elles representent ; saint Clement d’Alexandrieb condamne les Comédiens tant parce que Jesus-Christ ne nous y conduit pas, qu’à cause que le theâtre où elles se joüent est une chaire de pestilence, & qu’on ne doit jamais préferer ce qui est agreable à ce qui est plus honnête & plus avantageux. Saint Cyrille Patriarche de Jerusalemc, saint Salvien Evêque de Marseilled & saint Isidore Evêque de Sevillee, parce que nous y avons renoncé dans le Baptême ; Lactance Firmienf, parce qu’étant des occasions de vices & ne servant qu’à corrompre les mœurs, elles sont non seulement inutiles pour nous conduire à la vie bienheureuse, mais elles sont même extrémement nuisibles ; saint Ambroiseg, parce qu’elles sont vaines ; saint Jerômeh, parce que nous ne devons pas mettre nostre joïe dans les plaisirs du monde. […] Mais on ne va au Ciel que par des travaux & par des combats, parce que le chemin qui y conduit est étroit, pénible & fâcheux.
La considération publique qui, n’est autre chose que le fruit d’un travail heureux, a de tous tems été le plus vif aiguillon qui ait conduit dans la carriere.
N’arrêtons jamais les progrès d’un art par des règles trop rigoureuses ; permettons-lui de les enfreindre, lorsque sa témérité le conduit à des beautés nouvelles.
Les vicaires, à Dijon, courent avec des fifres et des tambours dans les rues, p. 289 ; dans la cathédrale de Viviers, le jour de la fête des Saints Innocents, le clergé introduisait des gens masqués et déguisés, qui chantaient des chansons impies, et dansaient dans la nef et le chœur de l’église, pag. 316 ; les chanoines et le clergé d’Autun conduisent un âne en procession, pag. 312 ; les prêtres, les diacres et sous-diacres d’Amiens dansent et font des orgies dans l’église, pag. 321 ; les évêques, ducs de Langres, et pairs ecclésiastiques, reçoivent des brevets de la société de la Mère Folle de Dijon, qui sont dignes des Ribauds les plus caractérisés, pag. 323.