Cela suffirait pour faire rentrer dans eux-mêmes les amateurs de ce profane divertissement ; mais je les prie d’écouter encore de quelle manière S. […] mais aussi qui sont ceux qui les écoutent avec plaisir : ils regardent, dis je, qui sont ceux qui ont prêté ou leurs langues ou leurs oreilles pour offenser un Dieu qui doit être leur Juge, et cependant l’on va sans crainte à la Comédie.
Voyez ces loges peuplées d’amateurs, qui viennent à l’envi puiser à la source ; ils écoutent religieusement leurs savantes leçons, forment leur goût à leur toilette, se familiarisent avec leurs fonctions religieuses, apprennent à secouer le joug d’une incommode décence, à braver les lois gênantes de l’Evangile et de l’honneur, à se débarrasser d’un importun remords, et employer mille ruses pour faire réussir leurs projets, tromper la jalouse vigilance d’un père, d’une mère, d’un mari, d’un maître, et tourner en ridicule leur gothique régularité et leur dévot radotage. […] Ecouterez-vous avec plaisir des injures contre votre père, des insultes contre votre Roi, même dans la bouche de vos ennemis ?
Ecoutez la voix du bon goût, que vous sacrifiez à votre cupidité.
Mais si vous avez un son de voix plus agréable, un langage plus poli, des sentimens plus délicats, cette maniere de flatter les passions est nécessaire, relativement aux gens qui vous écoutent ; la populace n’entendroit rien aux maximes que vous débitez & les sottises des Histrions choqueroient les personnes qui fréquentent vos Spectacles ; il faut un aliment préparé selon le goût respectif des Convives que l’on veut regaler.
Qu’on vienne au contraire nous apprendre une avanture toute simple, qui paraisse probable, nous l’écoutons attentivement, notre cœur s’ouvre à la tristesse ou à la joye, à mesure que celui qui en est le Hèros a lieu de s’affliger ou de se réjouir.
On cherche à faire rire dans une Parodie ; mais songez que les honnêtes gens vous écoutent, & non la vile populace.
J’ai cessé de l’écouter ; j’ai pris mon fils dans mes bras ; & plus clairvoyant par l’instinct seul de la nature, ce cher enfant m’a reconnue ; il balbutiait, en me souriant, le nom de maman.
Il faut vous écouter.
Ecoutez ce que dit saint Jean : « Je vous écris, pères… Je vous écris, enfants… Je vous écris, jeunes gens… N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde… Car tout ce qui est dans le monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie, ce qui ne vient point du Père, mais du monde. » « Omne quod est in mundo, concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum, et superbia vitæ, quæ non est ex Patre, sed ex mundo est. » 1.
Les désordres infinis du clergé de France excitèrent les craintes de la nation et du roi Henri III, aux états de Blois, tenus en 1588 ; le garde des sceaux de Montholon prononça dans cette assemblée, au nom de ce prince, un discours dans lequel on remarque le passage suivant : « Sa majesté demande donc d’abord au clergé puisqu’il est chargé de la réformation des autres, qu’il commence par se réformer lui-même, et donner bon exemple aux autres ordres de l’Etat. » Cette mercuriale, justement méritée et justement appliquée, devait porter le clergé à écouter la parole royale et le vœu de la nation, et à rentrer de lui-même dans les principes de l’Evangile et dans les dogmes apostoliques, qui indiquent et ordonnent aux ministres du culte une soumission entière à la volonté du prince ; mais loin de produire un effet aussi salutaire, aussi conforme aux préceptes de la religion, cette mercuriale ne fit qu’allumer le feu de la vengeance dans le cœur du clergé, et le prince qui l’avait ordonnée fut cruellement assassiné l’année d’ensuite par Jacques Clément prêtre et dominicain !
Vous avez pour vous diriger l’Eglise de Jésus-Christ, qui est la colonne de la vérité : écoutez sa voix, vous marcherez dans le chemin du salut.
Rousseau, pour le Théâtre, doit, ce me semble, être écouté dans cette cause, du moins autant que lui ; et je finis par une Lettre, que j’écrivis il y a bien des années, dont je retrouve par hasard le brouillon.
Ecoutons-le parler. […] quand je fais réflexion que nonobstant mes remontrances et mes exhortations, plusieurs de ceux qui m’écoutent et qui participent aux divins mystères, perdent encore des apresdinées entières aux spectacles ; et se vont jeter de propos déliberé dans les pièges que le diable leur tend ; sans que ni mes exhortations, ni la vanité de ce divertissement, ni le danger où ils s’exposent, soient capables de les faire rentrer dans eux-mêmes. […] dit-il, à ne point venir écouter la parole de Dieu avec tant d’indifférence et de mépris. […] Où se trouvent les livres saints, et les lectures sacrées ; là se trouve la joie des Justes ; et le salut de ceux qui les écoutent, joint à la confusion du diable ; mais où sont les Guitares, les danses et les battements des mains, là sont les ténèbres de l’homme, la perdition des femmes, la tristesse des Anges, et la fête du démon.
Ecoute, laid magot ; n’était le respect que j’ai pour ces Messieurs, je repasserais ta soutane de la bonne façon : vermine d’Eglise que tu es. […] Lorsqu’un homme est mal dans ses affaires, il ne s’agit plus pour lui d’écouter la voix de la conscience, ni de se chicaner par des vues d’honneur ou de devoir. […] Cependant, vous les écoutez avec plaisir, bien loin de les entendre avec répugnance ; vous en riez bien loin de les blâmer : vous les recherchez, bien loin de les abhorrer…. […] à ne point chanter ni entendre chanter des chansons peu honnêtes : à ne point tenir des discours trop libres, et à n’en point écouter. […] qui n’ont ni la patience d’écouter l’instruction ni la volonté de la mettre en œuvre ?
Que peut avoir à redouter, celui qui loin des conseils de la sagesse ou des consolations d’une religion sainte, s’est fait une conscience imperturbable, et n’écoute plus que le sentiment d’un besoin impérieux ? […] Ecoutons le célèbre Montesquieu sur ce point important. […] Ecoutons encore Jean-Jacques sur ce point vraiment important. […] L’amour-propre, douloureusement blessé, crie à l’injustice, à la calomnie ; mais l’homme sensé rit de ces vaines clameurs, et l’auteur qui veut en mériter le nom et la gloire, écoute avec reconnaissance, et se corrige avec empressement ou docilité. […] Mais l’esprit de parti, l’injuste prévention, n’écoutent rien.
Ecoutez ce que dit notre Prophète : Seigneur, mon Dieu, vous avez fait une multitude de choses qui sont autant de merveilles que vous nous mettez devant les yeux. […] Je laisse pour juge de cette demande, la conscience de tous les Chrétiens, et je n'ai que faire de dire ce qu'une pernicieuse coutume fait voir trop clairement, l'on retient plus facilement un mauvais mot, qu'une sentence de l'Evangile, et l'on est plus content d'écouter les paroles de la mort, que celles de la vie: ainsi le Criminel aime mieux entendre ce qui le condamne, que ce qui lui donne la grâce.
Le Clergé ne connaît pas ses intérêts quand il écoute le monde. […] Le public, moins accoutumé, s’en scandalise plus aisément ; les Supérieurs Ecclésiastiques y veillent davantage, et sont plus écoutés.
Auguste dans les premiers temps eut le même intérêt ; mais affermi sur le trône, il écouta les lois de la décence ; il défendit aux Sénateurs de paraître sur le théâtre. […] A-t-il le loisir de se montrer à l’audience, d’écouter les Procureurs et les parties, en courant, sifflant quelque ariette, répétant quelque pas de trois, quelque geste brillant ?
Ecoutons ! […] Écoutez Orgon parlant de ce fourbe : « Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde, Et comme du fumier regarde tout le monde … … Il m’enseigne à n’avoir affection pour rien. […] Chrétiens réunis dans ce temple, écoutez, c’est la parole de Dieu !
Il écoute avec extase ; caractères, intrigues, catastrophes, sentimens, diction, intérêt, situations, ensemble, tout enfin y est merveilleux, admirable !
Ecoutez, Mademoiselle, la conclusion de cette piéce édifiante.
Cette nouvelle forme, qu’il s’agirait de donner au Théâtre-Ephébique, exigerait à la vérité plus de dépenses & une Troupe nombreuse : néanmoins des raisons assez fortes, & que je dirai plus bas, empêchent qu’on ne permette au Néomime d’aggrandir sa Salle : le même motif me porte à croire qu’il serait à propos que l’Ambigu-comique ne pût avoir ni Machines, ni un Orquestre complet : on le priverait de tout ce qui ne serait pas essenciel pour former la Jeunesse : j’opinerais même encore à ce que son Orquestre fût composé, comme son Théâtre, de jeunes Sujets, distingués par des talens déja supérieurs, qui de-là passeraient aux autres Spectacles, afin que tout le nouveau Théâtre devînt un Ecole, dont le Public serait le Professeur : ainsi lorsque la Représentation serait achevée, les jeunes Acteurs rangés dans la Salle de Répétition, seraient obligés d’écouter durant une demi-heure, les avis que les Spectateurs éclairés jugeraient à propos d’aller leur donner, & de recevoir également bien le blâme & la louange : & pour fournir au surcroît de dépense, les Places seraient à 3 l ; I. 1.16 f ; I 1.4 f ; & 12 f.
observez à Paris dans une assemblée l’air suffisant et vain, le ton ferme et tranchant d’une impudente jeunesse, tandis que les anciens, craintifs et modestes, ou n’osent ouvrir la bouche, ou sont à peine écoutés.
Il est aisé de sentir que le chant de la Romance doit être tendre & mélodieux : s’il était autrement, il ne se rapporterait plus au genre ni au sens des paroles ; il cesserait de peindre les peines ou les plaisirs de l’amour ; il ne ferait plus naître dans l’âme de ceux qui l’écoutent, ce trouble & cette douce langueur qui les portent à la tendresse. […] Un Roi, un Hèros, une Princesse, peuvent bien se promener gravement & réfléchir un instant, avant d’instruire ceux qui les écoutent des passions qui les agitent ; mais un Laboureur, un Artisan, une Paysanne, ne mettent point tant d’apprêts dans leurs actions ; ils disent tout de suite ce qui leur vient dans l’idée.
Ces raisons furent écoutées dans la Congrégation des Rites, et la canonisation accordée. […] Scaramouche, par exemple, parlait seul ; un autre acteur ne lui répondait que par gestes, ou, après l’avoir écouté, s’enfuyait dans la coulisse, d’où il faisait la réponse.
Ecoutez, si l’ivresse de l’erreur vous laisse encore quelque lueur de bon sens : les Dieux ordonnent le théâtre pour vous préserver des maux du corps, et leur Pontife l’abolit pour préserver vos âmes de la corruption du vice. […] S’il en était quelqu’un qui écoutât ces motifs supérieurs, ce prodige exciterait nos éloges.
» Il faut croire que c’et un remords de conscience qui la fait rétracter ; mais je crois que s’il avait écouté attentivement tous les remords de ce témoins intérieur, il aurait rétracté à la fin de sa Lettre, tout ce qu’il y avait avancé, et il aurait épargné les travaux de beaucoup d’Ecrivains. […] Sans l’addition de l’intrigue de Misaël à l’Histoire de Judith, cette Pièce aurait été désagréable ; c’est pourquoi Misaël paraît dans la plupart des Scènes, et quoique Judith ne consente pas à la proposition de mariage qu’il lui fait, cette Veuve serait coupable même selon le monde réglé, de l’écouter et de lui répondre après l’avoir remercié.
« Empêcher convenante provision et remède en tels maux, serait pécher mortellement, et se rendre suspect d’être mauvais Chrétien, et perfide enfant des Païens : cela se pourrait prouver par la sainte écriture et saints Docteurs, qui reprennent telles choses mauvaises et abominables faites les jours des fêtes, comme idolâtries, et maudites vanités : et si quelqu’un dit, que telles choses ne sont que jeu et récréation, écoute une brève réponse, qui est un proverbe commun très véritable et digne d’être observé : il ne se faut jamais jouer à la foi, à l’œil, ni à la renommée.
D’ailleurs je ne me borne pas à la morale, je sais que l’Evangile a depuis longtemps prononcé, je ne pense pas qu’il rétracte jamais ses arrêts : l’état du théâtre, la vie que mènent les acteurs, les auteurs, les amateurs, ne les fera pas si tôt rétracter ; écoute-t-on l’Evangile ?
Suivant le sentiment des personnes les plus graves, l’amour et les femmes fournissent les deux principaux motifs de la réformation du Théâtre ; mais je suis persuadé que quiconque proposerait de les en bannir, bien loin d’être écouté, ne ferait que s’attirer les railleries de la plus grande partie des hommes.
., prétend que le désordre & la frivolité sont si grands au théâtre, qu’on n’y vient pas même pour voir la piece ; qu’on ne l’écoute pas. […] Ecoutons encore ses deux administrateurs & traducteurs, & le Mercure. […] Etéocle ne se montre que pour écouter des récits, gronder des femmes & expliquer des devises.
Ecoutez-moi. […] Voilà les oracles qui veulent se faire écouter, et que l’on n’écoute en effet que trop ; voilà les docteurs et les maîtres dont les lumieres effacent toutes les autres, et dont les résolutions sont absolues et sans replique ; voilà les guides dont les voies sont les plus droites, et les garants sur qui l’on peut se reposer de sa conscience, de son ame, de son éternité.
Il est peu d’hommes qui souhaitassent que les femmes, dont ils sont écoutés, fussent semblables à celle-là, & qui fussent bien flattés d’une intrigue qui ne subsisteroit que par des tours aussi malins. […] Et beaucoup d’autres choses semblables ; il n’a dit que ce qui est sans cesse exprimé dans les Chansons que l’on chante par tout l’Univers, & que, sur cet article, il ne faut pas tout-à-fait écouter Despréaux, qui étoit piquant & envieux.
Aussi le théatre n’est pas moins un brigandage qu’un lieu de débauche, la charité n’y est pas plus écoutée que la pureté, on y déchire la réputation, comme on y corrompt les cœurs. […] La passion est également dans ceux qui l’écoutent, dans ceux qui débitent la médisance, & l’aliment & l’instrument de la méchanceté : Mors & vita in manibus linguæ.
.° C’est une indécence inexcusable que l’indifférence avec laquelle écoute les plus grandes infamies, & débite les maximes les plus fausses & les plus dangereuses à son mari & à ses enfans, une femme & une mère qu’on veut donner pour modelle. […] Il fait beau voir cette honnête personne écouter nonchalamment dans quatre-vingt vers les plus honteuses déclarations, entremêlées de plusieurs libertés criminelles, & se contenter de dire d’un air indifférent : D’autres prendroient cela d’autre façon peut-être ; Mais ma discrétion veut se faire paroître.
En conclurra-t-on que tout le monde peut pour son plaisir lire ces livres, regarder ces objets, écouter ces détails ? […] Tout cela peut être diversifié, multiplié, adouci, voilé, assaisonné de mille manieres, augmenter ou diminuer le danger & le mal ; mais dans la totalité du spectacle public, dans l’état où il se trouve & sera toujours, pour peu qu’on écoute la voix de la conscience, il ne peut pas y avoir deux avis sur sa condamnation.
Ecoutons-le, voici comme il s’exprime en parlant de la foi et de la charité : « Si linguis hominum loquar, et angelorum, caritatem autem non habeam, factus sum velut æs sonans aut cymbalum tinniens. […] Il faut donc ne plus écouter les conseils perfides du jésuitisme, il faut donc renoncer à solliciter des lois inquisitoriales toujours odieuses et toujours basées sur un principe d’injustice.
Mais pour pousser encore davantage cette matière sans sortir pour cela des bornes de la vérité : peut-on appeler tout à fait honnêtes des ouvrages, dans lesquels on voit les filles les plus sévères écouter les déclarations de leurs amants, être bien aises d’en être aimées, recevoir leurs lettres et leurs visites, et leur donner même des rendez-vous ? […] Qui est celui de vous tous qui m’écoutez maintenant, ajoute ce Père, qui me pourrait dire par cœur aucun Psaume, ou quelque autre partie de l’Ecriture, si je lui demandais ?
En effet, supposons un amant qui, dans le feu des passions, a promis à sa maîtresse de la défaire d’un homme qu’elle aime, mais qu’elle croit devoir haïr depuis qu’il lui est infidèle : supposons, dis-je, qu’aveuglé par son amour il ait tout promis, & que le hasard le conduise à la comédie le même jour qu’on y doit représenter Andromaque ; il écoute avec attention ; il voit dans Pyrrhus ce rival qui lui est odieux ; il est enflammé comme Oreste du plus ardent courroux ; Hermione est à ses yeux cette maîtresse chérie dont il attend sa félicité ; le sacrifice est ordonné ; Oreste tremble, recule, hésite, mais obéit ; il sort dans le dessein d’accomplir sa promesse, & vient bientôt annoncer à sa maîtresse qu’il a rempli ses engagemens : mais quel retour affreux !
Ecoutons un Maître de l’Art s’en expliquer.
Ecoutons encore cet Amateur, parlant du plus Grand Comédien que Rome ait eu.
Dites aux personnes mondaines, que le bal est defendu, parce qu’il est presque toûjours l’écueil de l’innocence, le tombeau de la pudeur, le theatre de toutes les vanitez mondaines, & le triomphe de toutes les passions : que c’est un assemblage de tous les dangers du salut : que tout y est écueil, que tout y est poison : danses, instrumens, objets, entretiens, assemblées ; que tout y concourt à étouffer les sentimens de pieté, à seduire & l’esprit, & le cœur : que rien n’est plus opposé que le bal à l’esprit du christianisme : avec quel mépris serez-vous écouté ?
Le second feroit que venant en moindre nombre, le bruit qu’ils font sans cesse en seroit moins importun à ceux qui s’apliquent au Spectacle, & qui veulent écouter.
Je me croirois coupable, si je ne vous dissuadois pas avec eux la frequentation de la Comedie ; & si je ne vous priois pas, que vous écoutiez les Saints Peres, & que vous condamniez ce que les Interpretes du Saint Esprit ont condamné.
Ecoutons le saint Esprit, qui nous apprend dans l’Ecriture le péril qu’il y a, non seulement de s’entretenir avec les personnes de différent sexe, ou de les toucher ; mais encore de les regarder ; et nous enseigne à même temps le soin exact que nous devons avoir d’en détourner nos yeux.
A quelque nuance près de modestie superficielle, selon le carractère des Auteurs plus ou moins retenus, ou des spectateurs plus ou moins libertins, du sujet plus ou moins grave, la licence toujours sans bornes n’a écouté que la passion, n’a cherché que le plaisir, n’a joué que le vice, l’a toujours entretenu & l’entretiendra toujours dans le public. […] Ce n’est qu’en jouant avec leur précepteur qu’ils écoutent leurs leçons & qu’ils en profitent. […] Si le délire du Théatre laissoit réfléchir, n’auroit-il pas senti l’absurdité de cette affection générale : Il faut nous amuser pour avoir droit de nous instruire ; ce n’est qu’en jouant avec les Précepteurs qu’on écoute les leçons, & qu’on en profite. Que les Evêques, les Curés, les Prédicateurs, les Professeurs dans toutes les sciences, les Régens dans les écoles, les gouverneurs, les instituteurs, les maîtres en tout genre, commencent donc par donner la comédie, pour avoir droit d’instruire, afin qu’on écoute leurs leçons & qu’on en profite, ou plutôt qu’ils transforment l’Evangile, le droit, la théologie, la réthorique, les sermons, les plaidoiries, en comédie, que tous les maîtres se fassent Arlequins, car le Théatre est la meilleure école & donne les plus utiles leçons.
I.ca. 32 cg , « Vous qui ignorez ces choses-là : Ecoutez-vous, qui feignez ne les savoir pas : Les jeux Scéniques, spectacles de toute turpitude, et la licence des vanités, ont été institués à Rome, non par les vices des hommes, mais par les Commandements de vos Dieux, c.à.d. les Diables. […] » Item, « Ecoutez, si votre entendement ivre des erreurs busch depuis si longtemps, vous permet de considérer quelque chose de sain : Les Dieux pour faire cesser la peste des corps, commandaient qu’on leur jouât des jeux : Mais votre Pontife Scipion, pour empêcher la peste des Esprits, défendait de bâtir un Echafaud : S’il vous reste quelque peu de lumière, pour préférer l’esprit au corps ; choisissez, à quoi vous devez servir ; Car pour avoir reçu cette plaisante folie, et rage des jeux Scéniques parmi le peuple, qui n’était accoutumé qu’aux jeux, qui se jouent en la lice ; la peste des corps n’a point cessé, mais l’astuce des malins esprits, voyant que cette peste-là cesserait, par le terme qui lui était ordonné, mit peine, de faire entrer par cette occasion une autre peste beaucoup plus dangereuse, non aux corps, mais aux mœurs, qui a aveuglé les âmes de ces misérables, par ténèbres si épaisses, les a souillées d’une telle difformité, que même à présent, après le sac de la ville de Rome, ceux que cette peste-là possède, et qui s’en étant fuis, ont pu arriver à Carthage, enragent tous les jours, d’envie qu’il ont, de voir les bateleurs aux Théâtres. […] et comment eût-il donc jamais pu croire, qu’il viendrait une sorte de Chrétiens, après lui, enflammés de même, ou de plus grand désir : Ecoutons l’exclamation qu’il fait au chapitre suivant, et nous l’appliquons, car il semble qu’il parle à nous. « O entendements insensés , dit-il Lib. […] Mais pource que outre les autres brocards, on nous appelle aussi Docteurs de nouveauté, adonnés à notre sens, etc., faut voir, si nous sommes les premier auteurs de cette opinion, prétendue nouvelle, ou si nous sommes seuls en l’erreur que l’on nous attribue ; et si nous ne saurions repousser les exemples, dont on fait bouclier, par d’autres aussi authentiques : Ci-dessus nous en avons déjà produit quelques-uns ; et combien qu’après avoir ouï Dieu parler en l’Ecriture, il soit superflu, d’ouïr les témoignages des hommes ; toutefois, afin de satisfaire aux plus difficiles, et à ceux, qui écoutent plus volontiers les hommes que Dieu ; nous en amènerons encore quelques autres.
Les acteurs & les actrices rassemblés, écoutent tout sans être apperçus, & rient de leur Concierge. […] Piqué de voir que les comédiens rejettoient opiniâtrement une piéce de sa composition, intitulée le Suborneur, parce qu’il y dévoile un peu trop les artifices des acteurs & des actrices, piéce qu’il avoit plusieurs fois retouchée ; il imagina d’appeller du tribunal des comédiens à celui du parterre, il porta sa cause, & la plaïda lui-même ; il monte sur un banc comme sur la tribune aux harangues, & demande audience à l’assemblée ; surpris de cette nouveauté, tout le monde se tourne vers lui, & l’écoute ; il enfile une nouvelle philipique, se plaint amérement de l’injustice des comédiens, & en particulier du sieur Preville, à qui il s’étoit adressé, qui avoit accepté la qualité de protecteur, & ne l’avoit pas plus ménagé que les autres ; ses larmes, son ton pathétique, la singularité de la scéne, le préjugé fort répandu, & trop juste contre la chambre ardente, dont les décisions dictées, par les présens, l’intrigue, les graces des actrices ont souvent excité des justes plaintes, intéresserent le grave Aréopage. […] Mais il passe sa vie au spectacle ; il écoute attentivement, il retient aisément ; peut-il ne pas goûter les oracles que prononce sur la scéne une belle bouche, qu’embellit un pas de trois, que réchauffe un coup d’archet, & qu’il est d’ailleurs si porté à croire ?
Il a donné plusieurs volumes de pieces Italiennes, où les loix de la décence sont peu écoutées, ainsi que dans les estampes dont il les a ornées. […] La Danse, le Poëte, le Mercure, qui le rapportent avec éloge, écoutent-ils ici les loix de la décence & les regles de la piété ? […] Il n’ignoroit pas les désordres infinis qu’ils occasionnoient ; il avoit honte de sa tolérance, & tâchoit de l’excuser, comme on l’excuse aujourd’hui, par les raisons qu’on donne pour des sentences d’une sage politique. 1.° J’écoute les bouffons & les fous, parce que j’apprends d’eux quelques vérités que mes courtisans ne me diroient pas.
Pour une ame bien née qui écoutera, qui goûtera ces leçons & en profitera, cent & cent cœurs dépravés qui ne les écouteront pas, qui s’en moqueront, & ne s’arrêteront qu’au mauvais, dont ils se repaîtront avec délices. […] Un sot vêtu à la mode tranche du grand, se présente avec fierté, parle avec audace, est écouté avec respect.
Ainsi le cœur s’accoutume insensiblement à l’amour : Une jeune fille souhaite de trouver un Amant aussi fidèle que celui qu’elle a vu sur le Théâtre ; elle trouve du plaisir à entretenir un commerce aussi tendre que celui-là ; elle voudrait être à la place d’une Amante si fort aimée ; elle ne trouve point qu’il y ait de mal à écouter un homme qui parle d’amour, puisqu’une Princesse si fière le souffre bien, et tout ce que la Morale Chrétienne lui avait persuadé de contraire à cela, s’évanouit bientôt dans son cœur par l’exemple qu’on lui propose sur le Théâtre. […] Avons-nous vu de plus beaux rôles de femmes que ceux de Cornélie dans Pompée n, de Cléopâtre dans Rodogune o, et d’Andromaque dans la Pièce qui porte son nomp ; Andromaque et Cornélie ne respirent que la Vengeance, Cléopâtre n’écoute que son ambition ; et cependant ces femmes se font admirer. […] . » En effet les honnêtes gens ne peuvent souffrir qu’un grand homme néglige le soin de sa gloire et de sa conservation pour conter des douceurs à sa Maîtresse ; et s’il arrive que ce grand homme perde ou la victoire ou la vie pour avoir trop écouté son amour, la compassion que l’on aurait pour lui sans cela se change en indignation, ou du moins elle diminue beaucoup.
Aussi l’habile Poëte, le Poëte qui sçait l’art de réussir, cherchant à plaire au Peuple & aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caracteres toujours en contradiction, qui veulent & ne veulent pas, qui font retenir le Théâtre de cris & de gémissemens, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, & à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables. […] Écoutons leurs raisons d’une oreille impartiale, & convenons de bon cœur que nous aurons beaucoup gagné pour nous-mêmes, s’ils prouvent qu’on peut se livrer sans risque à de si douces impressions.
Il s’en donnera bien de garde : écoutez ce qu’il dit. […] Ecoutez-le, messieurs, il dit : « Que plusieurs des joueurs fort effrayés, depuis sont morts et qu’on tient compte de neuf ou dix des principaux pour le moins, qu’entre autres celui qui contrefaisait Dieu et celui qui contrefaisait le personnage de Lucifer ont été emportés de maladie : bref, que les éclairs étaient si fréquents, que plusieurs pensaient que ce fût la fin du monde » ak.
Entrons en matière, et trouvez bon que je vous réponde ; parlez Monsieur, je vous écoute.
Considérons le cours des années et des siècles, le temps qui s’envole : écoutons le son de la trompette qui va bientôt nous appeler, la voix de l’Ange qui se fait entendre pour nous animer au combat ; les martyrs nous tendent les mains et nous présentent leurs couronnes.
Le même Tertullien que je viens de citer, parlant de la scène et de l’échafaud des Farceurs, l’appelle « la sacristie de Vénus, le consistoire de l’impudicité, l’arsenal de toute vilenie, qui prend sa grâce et sa gaité, de l’ordure et de la saleté », parce que la voix des Bateleurs, leurs gestes et leurs habits de parade, allument des étincelles de lubricité dans le cœur de ceux qui les écoutent et qui les regardent.
Mais tous ces mysteres de politique ne nous regardent pas : ce qui nous intéresse c’est de voir le théatre s’élever sur les débris d’un grand royaume, Thalie triompher des dietes & des dietines, de l’illustre Délégation, & des troupes de comédiens percer à travers trois armées, & malgré le bruit du canon, les gémissemens du peuple, le tumulte des confedérations, se faire écouter des palatins, des sénateurs, des starostes, & du Roi lui-même. […] On juge sans peine quel des deux apôtres étoit le mieux écouté, & faisoit plus de fruit : les actrices pouvoient servir de thermometre.
le théatre fait tous les frais, il ne faut que voir & écouter, & le répéter à l’objet qu’on aime ; la conversation est toute faite par les Acteurs. […] Voilà donc la plus auguste assemblée, composée de tout ce qu’il y avoit de plus sage, de plus grand, de plus vertueux dans le monde, qui regarde, qui écoute des indécences.
Ecoutez ce que dit Corneille-Agrippa ; je vais me servir des mêmes termes d’une ancienne traduction. […] Ecoutons maintenant M. de Voltaire ; & songeons à ce que répondit certain Prédicateur à qui l’on reprochait que sa conduite démentait ses discours ; réglez-vous, dit-il, sur mes paroles & non pas sur mes actions.
L’on aime l’un, et l’on n’écoute pas seulement l’autre. Un bon Acteur sait animer de telle sorte sa voix, et si bien ajuster ses paroles avec ses gestes et ses postures, que la passion qu’il représente fait d’ordinaire impression sur ceux qui l’écoutent, parce qu’il paraît ressentir lui-même cette passion, Et c’est ce qui les touche.
Ecoutons Cicéron (Tusculanes quæst. […] On ne les écoute pas en corps dans leurs procès, ils n’en font pas un aux yeux des Juges ; on ne leur doit aucune audience, et ce n’est que par grâce qu’on souffre qu’ils prennent dans leurs écritures la qualité de Comédiens, que les Tribunaux ne connaissent pas.
« La cane s’humecter de la bourbe de l’eau, D’une voix enrouée et d’un battement d’aile, Animer le canard qui languit auprès d’elle. » Et après avoir écouté tout le reste, il lui donna de sa propre main six cents livres, avec ces paroles obligeantes, « que c’était seulement pour ces trois vers qu’il avait trouvés si beaux que le Roi n’était pas assez riche pour les payer » (on juge bien que toutes ces largesses étaient de l’argent du Roi). […] quels hommes que les Grands, qui écoutent, qui payent ces flatteries !
Quel plaisir d’écouter tes aimables Acteurs, Des plus hautes vertus nouveaux Prédicateurs ! […] Les gens vertueux ne cesserent d’en représenter les dangers ; & ils furent enfin écoutés. […] Qu’on écoute de même la Raison sur les dangers du Théatre ; il ne paroîtra plus qu’une école de tous les vices, comme l’a démontré M. […] Quelques Auteurs dont les talens & les connoissances n’égalent pas la présomption, se sont dressé de leurs propres mains un tribunal, d’où ils sont écoutés par une foule d’ignorans prosélytes, comme les organes de la vérité. […] Ecoutons ce que dit le Sage : Craignez Dieu, & observez ses loix : c’est en cela que consiste tout l’homme117.
Ce mêlange est le plaisir le plus recherché du théatre, & le seul pour bien de gens, qui n’écoutent pas même la piece, & ne s’occupent que des femmes qu’ils y voient. […] Nous écoutera-t-on, si nous traitons de grand malheur la dureté que cette passion inspire pour les pauvres, ou s’occupera-t-on de leur misere ? […] Qu’il ne vienne point importuner par ses plaintes ; les graces n’écoutent que les soupirs & les éloges des amans.
Il est certain que nous n’avons point reçu les yeux pour allumer en nous les feux de la concupiscence, ni les oreilles pour écouter de mauvais discours, ni la langue pour la médisance, ni la bouche pour la gourmandise, ni l’estomac pour la débauche, ni les mains pour dérober, ni les pieds pour courir au crime. […] Ecoutons là-dessus le reproche que fait le Prophète : Ps. […] Au moment que vous êtes dans le temple du diable, les anges vous regardent du ciel ; et ils remarquent en particulier celui qui a proféré un blasphème, qui l’a écouté, qui a prêté sa langue, et ses oreilles au diable contre Dieu même.
Mais j’entends déja qu’on me fait une grande objection : écoutons, & nous tâcherons d’y répondre.
Maintenant écoutons parler M.
Ecoutons là-dessus Saint Augustin pour la dernière fois ; car je ne saurais mieux finir que par ce Père de l’Eglise.
déjà tout finit, et la vive Camilleh Pour le séjour des Dieux abandonnant la Ville, Des trois Grâces suivie, et son fils dans les bras, Va priver les Mortels de ses riants appâts : Vénus toutefois prête à quitter sa toilette, Adressa ce discours à plus d’une Coquette : "Il n’est qu’un seul moyen de parer la Beauté, C’est l’Amour : ce miroir sans cesse consulté, Ne vous y trompez pas, apprend mal l’art de plaire, Le cœur conseille mieux dans l’amoureux mystère ; Belles qui m’écoutez, quand vous saurez aimer, Mon fils vous montrera comme on peut enflammer."
Voyons les uns, écoutons les autres. […] Ecoutez donc, (Eph. 5. v. 4. 6. […] Ecoutons-la (p. 3. […] Ecoutez, Nations entières, puissiez-vous m’entendre & m’en croire !
Vous pouvez croire que la Vieille n’écoute pas cette raillerie, qu’elle croit impie, sans s’emporter horriblement contre celle qui la fait ; mais comme elle voit que toutes ces raisons ne persuadent point ces esprits obstinés, elle recourt aux autorités et aux exemples, et leur apprend les étranges jugements que font les Voisins de leur manière de vivre ; elle appuie particulièrement sur une Voisine, dont elle propose l’exemple à sa Bru, comme un modèle de vertu parfaite et enfin « de la manière qu’il faudrait qu’elle vécût », c’est-à-dire à la Panulphe. […] Elle lui dit donc qu’« il voie à la porte s’il n’y a personne qui vienne ou qui écoute, et si par hasard son mari ne passerait point ». […] La Vieille qui ne l’écoute pas, et qui est charmée de la beauté de son lieu commun, ravie d’avoir une occasion illustre comme celle-là, de le pousser bien loin, continue sa légende, et cela tout par les manières ordinaires des gens de cet âge, des proverbes, des apophtegmes, des dictons du vieux temps, des exemples de sa jeunesse, et des citations de gens qu’elle a connus. […] Je sais bien qu’on me répondra, que notre religion a des occasions affectées pour cet effet, et que la leur n’en avait point : mais outre qu’on ne saurait écouter la Vérité trop souvent et en trop de lieux, l’agréable manière de l’insinuer au théâtre est un avantage si grand par-dessus les lieux où elle paraît avec toute son austérité, qu’il n’y a pas lieu de douter, naturellement parlant, dans lequel des deux elle fait plus d’impression.
Ecoutez, Adelaïde : comme je vous l’ai marqué, je fus il y a quelques jours chez Mademoiselle *** : elle ne me connaît pas : je me donnai pour une jeune-personne malheureuse, infortunée, qui ne voyait de ressource que dans le Théâtre : je vantai sa générosité ; je me flatai que sans en être connue, elle prendrait mes intérêts, voudrait bien essayer mes talens, me donner ses avis, & m’obtenir une Lettre de Début.
Si la comédie, comme il ditm, « était libertine, si elle écoutait tout indifféremment et disait de même tout ce qui lui venait à la bouche, si son air était lascif et ses gestes dissolus », Molière n’a pas fait pis, puisqu’il a caché ses obscénités et ses malices, et notre critique s’abuse grossièrement, ou ne dit pas ce qu’il veut dire, lorsqu’il fait passer le bien pour le mal.
Je plains beaucoup les auteurs de tant de tragédies pleines d’horreurs, lesquels passent leur vie à faire agir et parler des gens qu’on ne peut écouter ni voir sans souffrir.
Un premier Ministre obligé de prendre la fuite, dont on met la tête à prix, & qu’on va quelques jours après recevoir en triomphe, qu’on comble de bénédictions, qu’on remercie de ses soins, à qui on baise les pieds ; un Roi & la Reine sa mere fugitifs au milieu de la nuit, qui avec sa petite Cour va coucher sur la paille ; des Princes emprisonnés pour crime d’Etat, & l’auteur de leur détention, enveloppé des détours de la politique & des bassesses de la frayeur, court à la prison, brise leurs fers à genoux, & les ramene à la Cour ; le Roi lui-même, après les avoir déclarés coupables d’une révolte qui eût mérité la mort, par un assemblage incompréhensible de fermeté & de déférence, écrit humblement au Parlement pour les justifier ; deux femmes, la Régente & la Duchesse, se disputant la souveraineté, se déclarant la guerre, se fuyant, se poursuivant, se caressant, se maltraitant ; des courtisans incertains, passant selon le vent de la fortune d’une Cour à l’autre, de la soumission à la révolte, se trahissant, se déchirant mutuellement ; un Archevêque de Paris, l’ame de toutes les intrigues, toujours avec des femmes, portant des pistolets dans ses poches, levant un Régiment, soulevant le peuple, enfin emprisonné, obligé de se défaire de son Archevéché, & mourant dans l’obscurité, & heureusement dans la pénitence ; deux Cardinaux plus divisés qu’on ne l’a jamais été dans les brigues des Conclaves, se poursuivre tous les deux comme ennemi de l’Etat, l’un par les entreprises les plus hardies, l’autre par les artifices les plus obscurs ; un grand Prince couvert de gloire, jusqu’alors défenseur de l’Etat contre les étrangers & contre les Frondeurs mêmes, s’arme contre son Roi, quitte le royaume, va combattre chez l’ennemi, & répand le sang des françois pour lesquels il avoit tant de fois exposé sa vie ; une Postulante Carmelite amoureuse, séditieuse, à la tête de la révolte, se moquant de son mari, tantôt brouillée, tantôt intime avec ses freres, les embrassant, les caressant, les insultant, écoutée comme un oracle, haïe & méprisée, ses associés brouillés entre eux, se plaignant les uns des autres, prétendant de remédier aux désordres & en causant de plus grands ; les Magistrats guerriers dirigeant les opérations militaires ; les Guerriers magistrats prenant l’ordre de la Grand’Chambre, & se réglant sur les formalités de la Justice ; des Soldats & des Officiers passant de la toilette aux combats, couvrant de rubans leurs épée, leur tête de frisure & de poudre, & au premier coup de mousquet prenant la fuite ; des Citoyens courageux, qui après avoir bien bu, opposant Bacchus à Mars, se font des retranchemens de leurs barriques ; un Parlement qui prêche la fidélité, & leve des troupes ; des Conseillers qui se plaignent d’une legere imposition sur leurs charges, & en établissent une énorme sur le peuple, sur eux-mêmes, pour les frais de guerre, qui envoient des députés à la Cour rendre hommage & signer la paix ; un Peuple aveugle qui fait également des foux de joie pour l’emprisonnement des Princes & pour leur élargissement, pour l’entrée de la Princesse & pour sa fuite précipitée pendant sa nuit, dans une voiture empruntée, par des chemins détournés, pour éviter la prison ; &, après une folle joie pour des biens imaginaires ou plutôt des vrais maux, tombe dans la sombre consternation, croyant tout perdu ; &, toujours victime des grands, tantôt se livre à une fureur insensée, tantôt rampe bassement dans la poussiere. […] On l’envoie au Parlement ; & ce même Sénat, qui avoit écouté la Duchesse comme son oracle, les Princes comme ses chefs, qui avoit mis la tête du Cardinal à prix, délibéré sur la requête de la Princesse de Condé, reçu cent lettres des prisonniers qui avoient recours à sa protection & à sa justice, enregistra sans difficulté leur condamnation & la sienne. […] La Reine en fit des plaintes au Roi d’Espagne, n’en fut pas écoutée : on vouloit au contraire entretenir la division.
Et ces oreilles, auxquelles retentit encore l’accord enchanteur d’une symphonie molle & séduisante, comment écouteront-elles le chant modeste des Pseaumes ? […] sans qu’aucune considération ait pu faire excepter de cette sévere loi ce prodige du siecle dernier, dont pour faire en deux mots le portrait, on pourroit dire ce que disoit un sage Payen d’un auteur tout semblable : qu’étant presque le seul qui pût mériter d’être vu & d’être écouté sur le théâtre, il étoit, d’autre part, le seul de tous ceux qu’on y voit, qui méritât de n’y jamais paroître : homme, en effet, qui, dans tout autre état que celui où son génie l’avoit jetté, eût été non-seulement l’honneur de sa patrie par la beauté de son esprit, non-seulement l’amour & les délices de la société par la bonté de son cœur, mais un modele de Christianisme même par l’austere probité & l’intégrité de ses mœurs.
Disons mieux, mes Frères, la patience avec laquelle on écoute de tels discours, & la basse complaisance avec laquelle on y applaudit, sont la preuve la plus complète de la dépravation & de l’avilissement de la nation. […] Vous écoutez avec plaisir les imprécations que prononce contre sa patrie, contre son frère, contre elle-même, une femme désespérée de s’être vu enlever l’objet de sa passion.
Soit qu’il ait reçu quelque ordre de le composer, soit qu’il n’ait écouté que son goût ou son intérêt, cet éloge perpétuel des Grands, souvent avec fadeur, presque toujours avec excès, les met, comme des Divinités, si sort au-dessus des atomes qui naissent dans la foule des êtres, qu’on ne peut les voir qu’avec admiration & frayeur. […] Un de ses amans mieux écouté lui en fit une verte réprimande qui tenoit du sermon : Vous mériteriez bien d’être puêché à votre tour, répondit-il en riant, vous la respectez moins que moi.
« Le commun peuple, disoit-il au Parlement, dès huit à neuf heures du matin délaissoit la Messe Paroissiale, Sermon & Vêpres pour aller esdits jeux garder sa place, & y être jusqu’à cinq heures du soir, eut cessé les prédications ; car n’eussent eu les Prédicateurs qui les eust écouté : & retournant desdits jeux, se mocquoient hautement & publiquement par les rues desdits jeux & des joueurs, contrefaisans quelques langages impropres qu’ils avoient ouis desdits jeux, ou autres choses malfaites, criant par dérision que le Saint-Esprit n’avoit point voulu descendre, & par d’autres mocqueries ; & le plus souvent les Prêtres des Paroisses, pour avoir leurs passe-temps d’aller esdits jeux, ont délaissé dire Vespres les jours de Festes, & les ont dites tout seuls dès l’heure de midi, heure non accoutumée ; & même les Chantres ou Chapelains de la Sainte-Chapelle de ce Palais, tant que lesdits jeux ont duré (six ou sept mois) ont dit Vespres les jours de Festes à heure de midi, & encore les disoient en poste pour aller esdits jeux ».
On les écoutait en bâillant, faute de mieux : il est certain que si l’on osait en hazarder de nos jours d’aussi éffroyablement longues, elles auraient bien de la peine à soutenir une seule représentation.
J’irai dans nos bois ; là, j’écouterai le Rossignol & les concerts des hôtes des Forêts ; leurs sons enchanteurs n’exciteront pas dans mon âme une émotion dangereuse.
Ecoutons saint Augustin dans un de ses Sermons.
On sent combien le défit de faire sa cour, l’espérance d’une brillante fortune, l’air & les maximes, & l’exemple du grand monde, l’élévation de ceux dont on leur ordonnoit de faire la conquête, le penchant de la nature, la foiblesse du sexe, des passions naissantes & bien cultivées, le désir de plaire, & la coquetterie naturelle à toutes les femmes devoient faire écouter ces écolieres avec avidité, & goûter avec plaisir des leçons si agréables, & faire les plus grands progres dans leur art. […] C’étoit un Comédien, un de ces Petits-maîtres, de ces esprits frivoles qui comme des papillons voltigent de belle en belle, en content à toutes, & déshonorent celles qui les écoutent. […] Ecoutons encore Brantome, vrai comédien par ses goûts & sa frivolité.
Elevée dans le sein de l’Eglise, vous vous faites gloire d’en écouter les Leçons. […] C’est , dit-il, ce qui fait le dessein formel de ceux qui les composent, de ceux qui les récitent, & de ceux qui les écoutent Le prémier principe, sur lequel agissent les Poëtes tragiques & comiques, c’est qu’il faut intéresser le spectateur. […] Dites, que le feu n’échauffe qu’indirectement, & que, pendant qu’on choisit les plus tendres expressions, pour représenter la passion, dont brule un amant insensé, ce n’est que par accident, que l’ardeur des mauvais désirs sort du milieu des flammes. » Après le grand Bossuet, écoutons le savant Cardinal d’Aguirre tom. 1 pag. 674 de l’ouvrage cité pag. 23.
Cum saltatrice ne assiduus sis ; de ne point nous arrêter à la regarder, ni à l’écouter, de peur que nous ne venions à périr par la force de ses charmes, nec audias illam, ne fortè pereas in efficacia illius .
Ecoutons cet illustre Evêque de Carthage : toute la Ville est, dit-il1, en mouvement, pour voir la représentation des Divinités fabuleuses !
Elles excitent en nous des mouvemens semblables à ceux qui tombent sous nos yeux ; & c’est-là le but des Acteurs : car la fin qu’ils se proposent, c’est de plaire à ceux qui les écoutent ; & pour leur plaire ils exposent des sentimens qui s’accordent avec la corruption de ceux à qui ils parlent : & comme ils parlent à des gens dont la plupart ont l’esprit perverti, & le cœur gâté, ils leur representent des emportemens violens, ou de vengeance, ou de jalousie, ou d’ambition : ils joignent à cela de pernicieuses maximes, capables de corrompre les ames les plus innocentes.
Il vit aussi Leibnitz, & l’écouta, l’estima & le traita avec la plus grande considération, lui fit de riches présens, lui donna le titre de son Conseiller privé de Justice, avec une pension considérable.
La récompense d’un Ouvrage qui n’étoit ordinairement écouté qu’une fois, dépendoit d’un moment.
La matière eût été belle, Molière n’aurait point été repris et l’on aurait écouté Don Juan avec patience et sans l’interrompre.