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226. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Les Lettres Juives 2 & 12 peignent ainsi le goût de la parure : les femmes & les petits maîtres le poussent à un point surprenant, un Général d’armée ne délibère pas avec plus d’attention dans un conseil de guerre sur le succès d’une bataille ; qu’une coquette examine avec ses femmes de chambre la bonne grâce de sa robe & de sa coëffure ; le succès d’une mouche placée au coin de l’œil pour le rendre plus vif, ou auprès de la lèvre pour la rendre plus vermeille, c’est une affaire qui mérite la plus profonde attention ; vingt miroirs sont consultés avant de choisir sa place. […] Ces expressions qui dans notre langue paroissent tenir du burlesque ; dans le genie de l’Hébreu sont des portraits vifs & énergiques, pris des choses les plus communes, sérieuses & pleines d’images, d’expressions basses, dégoûtantes dans notre langue ; belles & nobles & frappantes dans le style oriental, celui-ci en particulier : quasi combusta facies eorum, facies denigratæ sicut carbonem .

227. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

On peut se faire entendre sans gestes, un Pantomime sans paroles, mais on n’excite pas si aisément les passions, ou n’imprime pas des idées aussi vives & aussi promprement que quand on réunit ces deux langages. […] Ni la politesse, ni les plus sages leçons, ni les plus grands intérêts, ni les plus nobles sentimens, ni les plus vives lumieres ne sont de sûrs garans contre un si grand désordre, quand on a la témérité de s’y exposer & le malheur de le goûter.

228. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Les Grecs, excessifs, ou detracteurs cruels, persécutoient leurs juges, & deifioient les bouffons ; c’etoit un peuple charmant  ; l’injustice la méchanceté, la folie sont donc bien charmantes ; ils etoient vifs, legers, railleurs, (gens de théatre,) amoureux de cette philosophie qui se mocque de tout, parce qu’elle n’attache de prix à rien, estimant leurs Poëtes plus que leurs generaux, preferant la representation d’une piece au gain d’une bataille, ils auroient oublié les maux que leur fit la guerre, si en l’avoir mise en Vaudevilles. […] Moi-même ému de tes propos lassifs, Je crus sentir, plein d’une aimable yvresse, Un air plus doux & des charbons moins vifs, De tes accords, l’harmonieuse adresse, Humanisa ma sombre austerité, Et sur mon front, siege de la tristesse, On vit, dit-on, briller la volupté.

229. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Le tissu du Roman est plus raisonnable ; la fille est long-temps amoureuse, souvent visitée de son amant, leur passion devient plus vive ; son frere lui parle honnêtement & généreusement, quoiqu’en l’exhortant à perséverer dans un parti plus saint & plus heureux que les établissemens du monde. […] Avec des passions aussi vives, dans une situation aussi triste, il est impossible qu’on ne déplaise à quelqu’un, qu’on ne cherche des consolations dans quelqu’autre, & s’il est vrai que toutes les Religieuses le soient malgré elles, Melanie a dû trouver vingt confidentes à qui elle s’est ouverte, qui l’ont détournée de son état, & ont agi pour la délivrer, elle qu’on dit avoir été élevée, fêtée, cherie dans le couvent, & deux ans novice, je ne sais pourquoi, puisque le noviciat ne dure qu’un an. […] En mourant elle exhale l’amour le plus vif pour son amant, vomit, s’emporte aux imprécations les plus violentes contre son père, demande que Dieu ne lui pardonne jamais ; elle revient tout-à-coup à des sentimens plus raisonnables.

230. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Le plus vif aliment, rebut de la misere, Manque à l’or prodigué du riche citoyen. […] D’excuser leur obstination dans l’erreur & le schisme, & en faire une action louable, sous prétexte de bonne foi, comme si dans un royaume catholique, où les instructions de vive voix & par écrit sont si abondantes, & le refus de les entendre si opiniâtre, pour venir au prêche, cette prétendue bonne foi n’étoit fausse & absolument impossible. […] Les Juges crurent le crime assez prouvé pour condamner le pere à être rompu vif, ce qui fut exécuté avec l’applaudissement de tout le public, saisi d’horreur d’un parricide dont personne ne doutoit.

231. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Il fait de son commerce infâme un portrait en grand, où tout l’art imaginable est mis en œuvre, et où les plus vives couleurs de la lubricité sont employées. […] La chute des Anges rebelles est donc une idée qui n’a d’autre fondement que l’heureux effort d’une imagination vive ? […] Le jeune La Mode juge à l’humeur vive de la Demoiselle Hoyden, qu’elle pourrait bien avoir à Londres « une escorte de Petit-maîtres qui la mèneront, hélas ! […] vous en avez sans cesse la tête remplie, vous en êtes sans cesse occupés. » Saint Chrysostome pousse cette invective, et donne aux spectacles les couleurs les plus noires dans un détail vif et animé de ce qui s’y dit, de ce qui s’y chante, de ce qui en arrive après cela de plus funeste. […] Ainsi, conformément à l’esprit de nos spectacles en particulier, les airs qu’on y joue sont vifs, légers, gais : ils sont composés exprès pour chasser du cœur la mélancolie, et y faire succéder la joie, pour éloigner des Spectateurs tout objet sérieux ; pour enchanter et endormir la raison.

232. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

que sont donc ces émotions, ces troubles, ces attendrissemens, tant d’autres impressions également vives & touchantes, tant d’autres mouvemens que le cœur éprouve dans le cours d’un spectacle, & qui continuent, & qui reviennent si souvent long-tems après la piece ?

233. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Et y-a-t-il de parole insolente, que les Comédiens et les Farceurs ne profèrent, pour faire rire ; de sorte que ceux qui par leur inclination y prennent plaisir, en emportent chez eux de vives images empreintes dans leur esprit.

234. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

D’après les conseils salutaires de ces deux saints évangélistes, on voit évidemment, et avec effroi, qu’il n’y va rien moins que du mépris et de la haine, de la part des prêtres, contre les puissances séculières, et ceux-là préfèreront toujours d’obéir aux souverains pontifes, lorsque le chef de l’église jugerait à propos d’anathématiser les princes, de les excommunier, de les déposer de leurs trônes, de dispenser leurs sujets du serment d’obéissance et de fidélité, de les inviter, de leur ordonner même, de courir sus, contre leur souverain légitime, de lui arracher la vie de vive force, ou de l’assassiner, ou de l’empoisonner par trahison, dans l’intérêt de la religion et pour la gloire de Dieu.

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