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104. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Les Poëtes, disoit-il, en nous présentant des Héros qui se lamentent, amolissent les ames, & font perdre à la Vertu tous ses nerfs. […] Et il n’y a ni louanges, ni richesses, ni dignités, ni Poësies qui doivent nous détourner de l’amour de la justice & des autres vertus. […] Cependant nous n’avons pas encore touché les plus grandes récompenses qui sont réservées à la Vertu. […] Vouloir purger du cœur des hommes la Crainte & la Pitié, c’est vouloir émousser les deux éguillons de la Vertu. […] Augustin, la met au nombre des vertus, & les Stoiciens n’ont pas de honte de la mettre au nombre des vices.

105. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Or est-il facile de sauver sa vertu au milieu de ce tourbillon ? […] que de vertus vous me faites haïr ! […] Quelle vertu les anciens Romains n’exigeoient-ils pas des Juges ! […] Or, ne devons-nous pas aussi soutenir l’honneur de notre vertu ? […] C’est la réunion de toutes ces vertus que M.

106. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Leur vertu n’est rien moins que rigide. […] A force de généraliser la vertu, on parvient à l’anéantir. […] Enfin, ligués avec le libertinage, ils abandonnent jusqu’à cette gravité imposante qui offroit du moins autrefois l’apparence de la vertu, au défaut de la vertu elle-même…. […] On leur doit les progrès de l’esprit, & peut-être ceux de la vertu. […] Mais cette vertu étoit bien chimérique.

107. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Entendra ces discours sur l’amour seul roulant, Ces doucereux Renaud, ces insensés Roland ; Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ; Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer ; Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer ; Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lully réchauffa des sons de sa musique ? […] C’est là que la volupté entre par tous les sens, que tous les arts concourent à l’embellir, que la poésie ne rime presque jamais que l’amour et ses douceurs ; que la musique fait entendre les accents des passions les plus vives ; que la danse retrace aux yeux ou rappelle à l’esprit les images qu’un cœur chaste redoute le plus ; que la peinture ajoute à l’enchantement par ses décorations et ses prestiges ; qu’une espèce de magie nous transporte dans les pays des fées, à Paphos, à Cythère, et nous fait éprouver insensiblement toute la contagion de l’air impur qu’on y respire ; c’est là que tout nous dit de céder sans résistance aux attraits du penchant ; c’est là que l’âme amollie par degrés perd toute sa force et son courage ; qu’on languit, qu’on soupire, qu’un feu secret s’allume et menace du plus terrible embrasement ; que des larmes coulent pour le vice, qu’on oublie ses vertus, et que, privé de toute réflexion, réduit à la faculté de sentir, lié par de honteuses chaînes, mais qui paraissent des chaînes de fleurs, on ne sait pas même s’indigner de sa faiblesseau. » Aussi Riccoboni, auteur et comédien tout à la fois, après être convenu que, dès la première année qu’il monta sur le théâtre, il ne cessa de l’envisager du mauvais côté, déclare qu’après une épreuve de cinquante années, il ne pouvait s’empêcher d’avouer que rien ne serait plus utile que la suppression entière de tous les spectacles. […] En effet, on n’y entend retentir que des airs efféminés de ce genre de musique, auquel Quintilien reproche de contribuer à éteindre et à étouffer en nous ce qui peut nous rester encore de force et de vertu. […] « On n’avait point, dit Jean-Jacques Rousseau, trouvé de moyen plus efficace pour graver dans l’esprit des hommes les principes de la morale et de l’amour de la vertu.

108. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Que devient cette vigilance & les autres vertus qui nous y sont commandées par ce divin Sauveur ? […] Le théâtre une école de vertu ! […] Et depuis ce temps, quel vice a-t-il corrigé dans vous, quelle vertu y a-t-il formée, quelle passion réprimée ? […] quelle vertu pourra se sauver de tant d’écueils ? […] Le théâtre ne peut être une école de vertu.

109. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Voilà leur unique vertu, l’hypocrisie. […] La vertu se renferme-t-elle dans ces bornes étroites ? […] Le démon seul est victorieux, la défaite de la vertu est complette. […] La bonne compagnie est-elle un garant de vertu ? […] Quelle tournure à donner à l’esprit des filles, que de leur inspirer le goût du théatre, qu’on devroit leur faire craindre comme l’écueil le plus dangereux de la vertu !

110. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Y a-t-il un mot de Jésus-Christ, de son Eglise, de ses mystères, des vertus évangéliques, l’humilité, la mortification, la pauvreté, le recueillement ? […] Pour concilier, s’il était possible, la passion et la loi, il faut ériger la passion en vertu, et faire disparaître les vertus véritables, pour laisser sur l’autel la seule idole du plaisir. […] La religion et la vertu, qui sont le vrai, le bon goût, permettent aussi peu les ordures de l’irréligion. […] la vertu sans doute. Bon, la vertu !

111. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Il est même une école de vertu, dont on fait l’éloge avec la censure du vice. […] Le théâtre est une école de vertu. […] Voici l’aveu public qu’a fait sur le même sujet M. de la Motte dans son discours sur la tragédie : Nous ne nous proposons pas d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu en les peignant de leurs vraies couleurs. […] Voilà les leçons de vertu qu’offre aux spectateurs avides le plus chaste & le plus épuré théâtre. […] qu’ils sont dignes de la fille du Roi très-Chrétien & de l’auguste Reine, qui honore bien davantage, par le lustre de ses vertus, le premier trône de l’univers sur lequel elle est assise, qu’elle n’en reçoit d’honneur par l’éclat qui l’environne.

112. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Mais si la solide vertu manque, du moins l’autorité des lois en conservera les dehors, et obligera ses ennemis même à la respecter. […] La honte, la proscription le suivirent dans son plus grand triomphe sur la vertu. […] La multitude des coupables peut arracher la tolérance ; mais elle ne change ni le vice ni la vertu, et la sagesse, supérieure à tous ces nuages, n’a garde d’abandonner la sainteté des règles à la corruption de leurs transgresseurs. […] Les grandes vertus, les grands talents, employés à de grandes choses, peuvent seuls mériter ce titre.

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