Il s’ensuivra seulement que les Auteurs dramatiques n’auront réellement mérité de leur patrie, que lorsqu’ils auront joint l’utile à l’agréable. […] Cependant, puisque je parlais de Cinna, j’observerai que cette tragédie peut être utile aux Sujets comme aux Rois ; car il me semble qu’il n’est point de spectateur qui, frappé de la générosité d’Auguste, ne se retire avec une disposition plus prochaine à pardonner et à faire du bien même à son ennemi, que ne serait en lui celle de se venger cruellement, après avoir assisté à la représentation d’Atrée : d’où je conclurai hardiment que si la tragédie d’Atrée a manqué le but que doivent se proposer les Poètes dramatiques, celle de Cinna y est manifestement parvenue. […] Il suffit de montrer des pièces qui soient et agréables et utiles, de trouver des Auteurs qui aient su plaire et instruire, pour que l’on tire des faits ces deux conclusions : l’une, qu’il est des moyens employés par les Poètes dramatiques, pour purger en nous les passions ; l’autre, que les Auteurs, qui se contentent de plaire, négligent l’objet le plus noble de leur art. […] L’Auteur s’est servi du moyen qu’avait imaginé Molière, et son ouvrage est d’autant plus utile à l’humanité, qu’il a attaqué le vice qui lui est le plus contraire, et qu’il l’a combattu avec les seules armes qui pussent lui porter quelque atteinte. […] Monsieur, était-ce à vous de chercher à dégrader un art si noble, un art pernicieux peut-être à Genève, mais utile et même nécessaire parmi nous ?
Moliere nous a bien fait voir dans cet ouvrage qu’il connoissoit le vrai but de la Comédie ; & s’il ne s’y est pas conformé dans toutes ses pieces, c’est qu’il a plutôt voulu plaire qu’instruire, ou peut-être, ce qui est plus vrai, c’est qu’il a appris par sa propre expérience qu’il y a quelques persécutions à essuyer, quand on tente sérieusement la réforme des Mœurs Il est d’autant plus admirable dans le Tartuffe, qu’il a su y joindre l’utile & l’agréable, & tirer l’un & l’autre du fond de son sujet. […] Ainsi une Comédie pour être utile aux Mœurs, doit nous peindre le vice d’après nature, sans le charger de ridicule ; & si elle veut amuser en même-temps qu’instruire, elle le peut faire en joignant au portrait du vice qu’elle attaque, le portrait de quelques défauts ridicules, pourvu qu’ils naissent naturellement du sujet, & qu’ils soient placés de maniere à mettre encore plus en évidence le vice dominant de la piece. […] Je sens que je prouverois trop contre la Comédie, si je développois ces réflexions ; je laisse donc au Lecteur la liberté de les pousser jusqu’où elles peuvent aller : d’ailleurs mon sentiment n’étant point de bannir la Comédie d’une République, mais seulement de la rendre utile aux Mœurs, quand j’aurois démontré que telle ou telle Comédie est une école du vice, il ne s’ensuivroit autre chose, sinon que telle ou telle Comédie ne devroit point être représentée.
tout ne tend-il pas au rétablissement des choses utiles et grandes ? et quelle institution plus grande et tout ensemble plus utile, que cette école auguste d’apôtres et de martyrs, destinés à porter jusqu’aux extrémités du monde, et la gloire du nom chrétien, et la gloire du nom français ? […] Elle accoutume le commun des hommes à n’attacher de prix qu’aux talents de pur agrément, et par conséquent à négliger ou à mépriser ceux qui sont les plus utiles au maintien comme à la prospérité de l’état. […] Toutes les vérités, d’ailleurs, ne sont pas utiles à publier ; et, comme l’a dit ingénieusement Marmontel, celles qui sont dangereuses, ont le silence pour asile. […] mais le droit commun de la France n’était pas pour lui moins utile à méditer profondément.
» Cette manière directe et courageuse de terrasser un lâche imposteur paraît aussi à cet homme sensible, qui a déjà donné plusieurs autres preuves de son amour du bonheur commun, la plus sûre pour éviter de compromettre, ou confondre avec de méprisables intrus, audacieux agents d’iniquités, les hommes les plus utiles et les plus chers à la société, des magistrats intègres, des administrateurs et chefs vertueux, justes et vénérables, sincères amis de leur prince, véritables soutiens du gouvernement, qui savent faire respecter les lois en les respectant eux-mêmes. En attendant ce nouvel exemple d’un malfaiteur hypocrite appréhendé personnellement, démasqué et puni, je crois bon de donner l’extrait suivant d’une ancienne plainte, dans l’espoir de la faire concourir avec tant d’autres plus récentes du même genre, à rappeler et rétablir enfin, d’une manière stable, la sécurité et le bonheur dans une grande division de la société, dans toutes les administrations nationales, côté du domaine de la patrie, où une portion considérable de citoyens honnêtes et utiles, dont la plupart, pères de famille, végètent dans la plus grande anxiété, sont toujours dévorés d’inquiétudes, étant les éternels jouets du caprice et de toutes les passions des méchants qui les entourent.
Ce Prince rétablit les jeux gymniques du pugilat, de la course, des athlètes, etc. comme des exercices utiles au corps ; mais seulement autant que quelque riche particulier en voudra faire la dépense. Jugez si l’Empereur eût souffert des impositions à la charge du public pour des comédies qui ne sont utiles ni au corps ni à l’âme, et qui nuisent à tous les deux ? […] Elles prouvent le nombre des fainéants et leur goût pour la fainéantise, qui nourrit d’autres fainéants, qui se piquent d’esprit agréable, non d’esprit utile. Ils veulent exceller, mais dans des bagatelles ; ils travaillent avec esprit, c’est dommage que ce soit pour des choses si peu utiles.
Je n’examine pas si les principes émis par Voltaire ont été utiles ou nuisibles à l’humanité, je ne parle que de leur influence qui fut immense. […] Voltaire, qu’autorisait l’exemple d’Euripide, ne le suivit pas en tout ; plus délicat dans le choix de ses sujets, il rejeta en général ces grands coupables qui ne peuvent rapprocher de la vertu que par l’horreur qu’ils inspirent, mais qui peuvent aussi faire avancer dans le crime. « Il y a du bon dans cette pièce , disait un avare assistant à l’une des représentations de Molière, elle offre d’utiles leçons d’économie. » La répugnance de Voltaire à donner au public cette dangereuse instruction, mérite notre reconnaissance ; son respect pour les mœurs, nos éloges et notre admiration ; car, il faut le dire, le vice alors infectait la nation, et siégeait impudent au conseil de son roi. […] C’eût été, je l’avoue, beaucoup moins dramatique, mais plus utile aux mœurs. […] Les moines, dans des vues qu’ils ont pu croire utiles alors, ont évidemment retardé le progrès des lettres.
J’ai lu par l’ordre de Monseigneur le Chancelier, La Critique du Théâtre Anglais, et j’ai cru que la lecture n’en serait ni moins utile ni moins agréable en France qu’elle l’a été en Angleterre.
Accompagnées de Fables, de Remar-ques, de bons Mots et d’autres Particularitez aussi agréables qu’utiles.
Accompagnées de Fables, de Remar-ques, de bons Mots et d’autres Particularitez aussi agréables qu’utiles.