Il est si vrai que la Comédie est presque toujours une représentation de passions vicieuses, que la plupart des vertus chrétiennes sont incapables de paraître sur le Théâtre. […] Et c'est pourquoi ceux qui ont voulu introduire des Saints et des Saintes sur le Théâtre ont été contraints de les faire paraître orgueilleux, et de leur mettre dans la bouche des discours plus propres à ces héros de l'ancienne Rome, qu'à des Saints et à des Martyrs. Il faut aussi que la dévotion de ces Saints de Théâtre soit toujours un peu galante. […] « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions, Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.
Nous intervertirons ici l’ordre chronologique pour un fait seulement, et nous rappellerons qu’en 1820 un jeune acteur du théâtre de la Gaîté se suicida. […] Des prêtres proscrivent les théâtres et les comédiens, et c’est le cardinal le Moine, prince de l’église, légat du pape, qui acheta l’hôtel de Bourgogne, à Paris, pour le donner aux premiers comédiens qui parurent en ce royaume. […] Si le clergé de France persiste à vouloir excommunier les gens de théâtre, et si des prêtres leur refusent les prières et la sépulture en terre sainte, ils se trouvent, ainsi que nous l’avons déjà dit, en contradiction manifeste avec le souverain pontife à Rome, qui protège les comédiens sans les excommunier, et dont les prédécesseurs eux-mêmes ont fait élever à grands frais des théâtres qui font l’amusement de la capitale du monde chrétien. On compte à Rome au moins huit théâtres, où l’on rencontre journellement des ecclésiastiques, des moines et des prélats qui assistent aux représentations théâtrales. […] Quant à la défense qui empêche les actrices à Rome de monter sur le théâtre, et veut qu’elles soient remplacées par de jeunes castrats, habillés en femmes, ce reproche est plus sérieux.
accoutumé d'assister aux Combats de la lutte ; mais Auguste ne voulut pas souffrir qu'on exposât à leurs yeux des hommes tous nus, qui pouvaient offenser les sages, et flatter la débauche des autres, et remit au lendemain matin le combat des Athlètes, avec défense aux femmes de venir au Théâtre devant onze heures ; c'est ainsi qu'il en faut user pour les Poèmes Dramatiques, je veux dire en éloigner tout ce qui peut offenser les oreilles chastes, et l'honnêteté de la vie. […] les Comédies étaient représentées dans les Eglises ; et durant plusieurs années, on n'y trouva rien à redire, mais lors que les Ecclésiastiques entreprirent d'y paraître avec des masques et diverses bouffonneries indignes de la sainteté des lieux, Innocent III condamna ce désordre sans condamner ces représentations, ni même chasser ces Jeux de Théâtres hors des Eglises. […] Voilà certes ce qu'il faut faire, mais c'est aux Sages Politiques d'en trouver les moyens ; je n'entreprendrai pas ici de leur donner conseil, et je dirai seulement que si l'on peut mettre le Théâtre à ce point d'innocence et d'honnêteté, il n'aura plus de contradicteurs. […] Mais comme ils furent corrompus par la licence des Poètes, et par la mauvaise conduite des Acteurs, les Rois jetèrent l'infamie sur ceux qui montaient sur le Théâtre, où l'on avait porté tant de dissolution. […] Il y a cinquante ans qu'une honnête femme n'osait aller au Théâtre, ou bien il fallait qu'elle y fut voilée, et tout à fait invisible, et ce plaisir était comme réservé aux débauchées qui se donnaient la liberté de les regarder à visage découvert.
Ils auront une idée juste du Théâtre Anglais, qu’il est à propos de ne pas ignorer, et qui leur a été assez inconnu jusqu’ici. […] » Voilà en peu de mots un panégyrique bien glorieux au Théâtre Anglais, et capable d’inspirer de la jalousie à toutes les autres Muses Dramatiques ; s’il est fondé sur le vrai. […] Evremond prenne ici les Mœurs, c’est-à-dire, ou par rapport aux règles du Théâtre, ou par rapport à celles de la Morale, les mœurs de la Comédie Anglaise sont très contraires aux mœurs de la Comédie des Anciens. […] Collier fait des Poètes anciens, et les louanges qu’il donne au Théâtre Français du siècle passé, auront peut-être ces deux bons effets. […] D’un autre côté nos Dramatiques n’ont-ils pas déjà assez de traits dans leurs Poèmes auxquels peut convenir cet ouvrage, au défaut d’une critique particulière du Théâtre Français ?
Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. […] Les Confrères de la Passion, qui avaient déja fondé dans cette Eglise le service de leur Confrérie, louèrent cette grande salle qui se trouvait vacante, y firent construire un théâtre, et y représentèrent leurs jeux ou spectacles ; ils ne les nommèrent encore ni Tragédie, ni Comédie, mais simplement Moralités. […] premier théâtre Français a subsisté en ce lieu, à n’y représenter que des pièces de piété ou de morale, sous ce titre commun de Moralités, pendant près d’un siècle et demi. […] Ils y firent bâtir une nouvelle salle, un théâtre, avec les autres édifices qu’on y voit encore aujourd’hui. […] nouveau privilège exclusif avec toutes leurs autres anciennes prérogatives, leur furent depuis confirmées par Lettres Patentes de Henry II. du mois de Mars 1559. et de Charles IX. du mois de Novembre 1563. et ils demeurèrent ainsi en possession de leur théâtre dans l’Hôtel de Bourgogne, leur nouvelle acquisition.
E n combattant, Monsieur, votre injuste prévention ; zélé partisan du théâtre, je n’en dissimulerai pas les défauts. […] L’amour, l’ambition, la jalousie, la colère & la haine, sont les passions les plus propres à émouvoir, & les plus en usage au théâtre. […] Je fais plus : je vous avoue même que plusieurs des pièces de ce grand Comique ne répondent point à la pureté du théâtre ; d’autres auteurs l’ont profané à son exemple. […] Enfin, si Corneille est coupable, il est plus à redouter dans la solitude d’un cabinet, que dans la cohue du théâtre. […] Il falloit vous jetter, Monsieur, dans de profondes recherches sur la morale, pour prouver, par des citations, l’anathème prononcé contre les sectateurs du théâtre.
PREFACE L’on examine s’il faut, ou qu’on ferme les Théâtres, ou que l’Eglise cesse de condamner ceux qui les fréquentent. […] Ne faudrait-il pas fermer les Théâtres ou prononcer moins sévèrement contre ceux qui les fréquentent ? […] rien ne serait plus imprudent ; le parti qu’elle prend avec tant de sagesse, est de laisser les Théâtres, et de désabuser les peuples et de les détourner de ces vains spectacles. Les plus grands Prélats depuis Constantin jusqu’à Justinien n’ont pas fait un crime aux Empereurs de n’avoir pas aboli tous les Théâtres. Quoique jusques ici l’Eglise ait vainement exhorté un grand nombre de ses enfants, à renoncer aux Jeux de Théâtre, les Prédicateurs et les Théologiens, ne doivent pas cesser de prêcher et d’écrire contre ce désordre.
Il est si vrai que la Comédie est presque toujours une représentation de passions vicieuses que la plupart des vertus chrétiennes sont incapables de paraître sur le Théâtre. […] Et c'est pourquoi ceux qui ont voulu introduire des Saints et des Saintes sur le Théâtre ont été contraints de les faire paraître orgueilleux, et de leur mettre dans la bouche des discours plus propres à ces héros de l'ancienne Rome, qu'à des Saints et à des Martyrs. Il faut que la dévotion de ces Saints de Théâtre soit toujours un peu galante: c'est pourquoi la disposition au Martyre n'empêche pas la Théodore de M. de Corneille de parler en ces termes: « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.
L es Auteurs qui ont entrepris de donner des règles sur le Théâtre, ont été jusques à marquer combien on pouvait faire parler d’Acteurs dans une même Scène. […] Il est certain que lorsqu’on remplit trop le Théâtre de personnages parlants, on court risque d’embrouiller l’intrigue, surtout s’il ont des choses à dire assez importantes pour qu’il faille les entendre. […] Foule d’Acteurs parlants qu’on voit au nouveau Théâtre : ce qu’il faut observer. […] Les Poètes du Théâtre moderne ne se pressent pas à débarrasser la Scène, après l’avoir comme surchargée. On en voit la preuve dans le Sorcier, dans Tom-Jones, où le Théâtre est long-tems rempli de presque tous les Acteurs nécessaires à l’action de la Pièce.