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252. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Jésus-Christ n’est point venu bouleverser la société, mais la régénérer : ce n’est point en aggravant le fardeau de la loi de Moïse qu’il a voulu faire venir les hommes à lui : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, qui êtes chargés, je vous soulagerai. » Ce n’est point en changeant les habitudes des hommes, en rompant les liens qui les unissent mutuellement ; ce n’est point en les détournant des devoirs de citoyens ou même de sujets, qu’il a prétendu établir sa morale sainte, et faire de tous les hommes un peuple de frères : « Prenez, a-t-il dit, mon joug sur vous, et apprenez que je suis doux et modeste de cœur. » Ce n’est point par des craintes et des menaces, qui paralyseraient les hommes dans toutes leurs actions et qui tendraient à détourner toutes leurs pensées des choses de la terre pour les concentrer sur l’avenir qu’il promet à ceux qui suivront exactement ses préceptes, qu’il a voulu faire triompher sa doctrine divine, car il ajoute : « Et vous trouverez le repos de vos âmes. » Il n’a point exigé de ses disciples et de ceux qui seraient amenés à lui la renonciation aux plaisirs et aux jouissances que la bonté du créateur a attachées à l’humanité en compensation des maux naturels et physiques qui l’affligent, encore moins qu’ils se soumissent volontairement à des combats continuels contre leurs désirs, et même contre les passions qui sont l’âme de la société, et qu’ils cherchassent à amortir ces passions par des jeûnes, des privations, des tortures, car il dit en terminant : « Mon joug est doux, mon fardeau est léger. » Comment se fait-il, mes frères, que la loi nouvelle, douce, tolérante, consolante comme son divin auteur, soit devenue une religion n’imposant que de tristes devoirs, contrariant tous les sentiments de la nature, faisant, pour ainsi dire, haïr la vie et les moyens de la conserver ; religion toujours austère, toujours menaçante, toujours effrayante, et dont le joug serait cruel et le fardeau accablant, insupportable ? […] Mais dans ce moment suprême, deux de ces sœurs qui consacrent leur existence tout entière à l’humanité souffrante, ont soutenu son courage par les soins les plus doux, les consolations les plus tendres ; aussi, lorsque son âme s’est séparée de son corps, portée sur les soupirs, les vœux sincères, les prières ferventes de ces deux sœurs, de ces deux anges de charité, aura-t-elle été admise au sein du Dieu de miséricorde !

253. (1731) Discours sur la comédie « TROISIEME DISCOURS » pp. 304-351

Et pourrait-on même se promettre après toutes sortes de précautions, que cette Histoire ne s’altérerait point dans des esprits, qui sont toujours amollis par des pensées tendres et délicates. […] Contre la connaissance de l’Histoire de ce temps, et le silence de l’Ecriture, on fait faire un vœu de chasteté à Judith, et malgré ce vœu elle écoute les discours les plus tendres.

254. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Elle a l’impudence de marquer à son amant l’amour le plus tendre, en présence de son Curé, & de ses parens, & elle n’osera pas dire un non ? […] On ne se plaint point de sa violence : On ne s’indigne point du fardeau de ses fers, On tend toujours les mains à des lieux si chers. […] Cette mère, si sage, si tendre, si bien instruite, si énergique dans ses expressions, si hardie dans ses jugemens, contente d’avoir insulté son mari, décrié les Religieuses & les Prêtres, après tant de bruit se rend avec le plus de lâcheté, dans le temps où son devoir & son cœur lui font une loi de sauver cette infortunée, & déclare qu’en faisant ses vœux elle fait son devoir, que son père a sur elle un absolu pouvoir.

255. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Tout ce qu’on y voit, & tout ce qu’on y entend, parures, décorations, gestes, attitudes, mouvemens, discours, entretiens, chants, larmes, soupirs, privautés, déclarations, intrigues, liens rompus & renoués, tout ne tend qu’à plaire, à toucher, à ravir, à charmer, à transporter.

256. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Quelle plus grande volupté peut-on sentir, que celle qui nous dégoute de toutes les autres voluptés, qui nous fait mépriser le siècle; qui nous établit dans une véritable liberté ; qui conserve la pureté de notre conscience ; qui nous rend satisfaits de notre condition présente; qui fait que nous n'avons aucune crainte de la mort; qui nous fait fouler aux pieds les Idoles des Païens; qui nous tend victorieux des Démons; qui fait que nous ne vivons que pour Dieu ?

257. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

  Saint Paul nous a défendu les paroles de raillerie, et celles qui ne tendent qu'à un vain divertissement ; mais le Démon nous persuade d'aimer les unes et les autres.

258. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Par ordre du Conseil suprême, qui étoit à la place du Parlement, on choisit pour modele les cérémonies pratiquées à la mort de Philippe II, Roi d’Espagne, on avoit représenté Philippe en purgatoire, pendant deux mois, pour expirer ses fautes légeres ; car il n’en avoit point de considérables ; on le mit dans un appartement tendu de noir, éclairé de peu de flambeaux, on y alloit prier pour lui : après avoir fait sa pénitence, il sortit du purgatoire, la décoration changea, & on le mit dans le Ciel. […] Il y eut des lettres tendres, & des vers galans envoyés de part & d’autre.

259. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

La Chaussée, est sur-tout le poëte, ou plutôt l’adulateur, l’idolâtre des femmes ; ses sujets, ses plans, ses scénes, son langage, tout chez lui leur est subordonné, tout leur rend hommage ; elles plaisent, regnent, instruisent, réunissent tout l’intérêt, toutes sont vertueuses, tendres, pleines de graces & de beauté, toutes spirituelles, courageuses, élevées, enfin des modeles de perfections. […] Il a paru presque en même tems deux ouvrages qui, par des routes différentes, tendent à peu près au même but, le Palais de la frivolité, & la Parisaïde.

260. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Ce pot-pourri seroit un petit mal, si les mœurs n’en souffroient ; mais le goût dépravé du peuple dramatique n’a choisi & n’extrait de ces différens poëmes, que les endroits les plus galans & les plus tendres, pour ne faire qu’un tissu soutenu de dépravation, sans un moment de diversion & de relâche. […] Je ne considere point ici les Spectacles d’un œil de religion, mais d’un œil philosophique ; car autrement je dirois qu’il n’y a que l’ignorance ou la folie qui puisse s’autoriser de la Religion pour les soutenir ou même pour les excuser ; je dirois que s’il y un livre qui les proscrive, c’est l’Evangile qui nous recommande de prier sans cesse, de porter notre croix ; que s’il y a un lieu où soient étalées les maximes, les pompes du monde, auxquelles nous avons solemnellement renoncé, c’est sur le Théatre ; je dirois que la vie des comédiens, leurs danses lascives, leurs passions embellies, leurs paroles tendres, équivoques, licencieuses, ne peuvent qu’embraser les jeunes cœurs, déjà trop prompts à s’enflammer ; je dirois enfin que la correction des théatres les rend encore plus dangereux ; car plus les passions sont finement voilées, & les sentimens délicats, plus l’amour profane nous pénetre & nous enchante, cet amour dont on a bien de la peine à se défendre, dans les lieux même consacrés à la vertu.

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