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214. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Depuis quel temps les Dames portent des masques en France ? […] Des Mascara des du Carnaval & de quelques autres temps, Les Conciles & les Peres défendent aux Laïques de se masquer. […] Et les Magistrats Chrêtiens exhortez de ne les souffrir, dautant que cela entretient la curiosité, & apporte de la dépense & perte de temps. […] « Il s’est introduit depuis quelque temps parmi nous une étrange coûtume. […] Nous défendons sous peine d’excommunication, de plus faire tels & semblables desordres, & surtout dans le saint temps de Carême, & enjoignons à tous les Recteurs & Vicaires d’informer contre les coupables, leur donnant pouvoir de ce faire, & nous envoïer les informations clauses & cachetées.

215. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Quant au but qu’il se propose de plaire, ce n’est que par une complaisance qui tient de l’adulation, que par une sotte vanité qui fait préférer les mœurs de son siécle à ces grands moyens, qui produisent le beau de tous les tems, que les Poëtes ont tout raporté au goût dominant de leur pays. […] Il nous reste à parler de l’incapacité des Auteurs ; nous ne perdrons point le tems à la prouver ; nous nous contenterons d’en indiquer la cause générale. La considération publique qui, n’est autre chose que le fruit d’un travail heureux, a de tous tems été le plus vif aiguillon qui ait conduit dans la carriere. […] Les unes dépendent des temps, de lieux, des Loix, des usages.

216. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

J’entends déposer publiquement contre elles tous ces bons faiseurs de Satires, de Caractères, et de Comédies, à qui l’on donne la louange de peindre si fidèlement d’après nature les mœurs de nos temps : Et pour faire ces portraits plus ressemblants, l’on emprunte les noms des femmes Grecques, et Romaines qui ont le plus deshonoré leur Sexe, et leur siècle. […] Faire tourner la tête à un homme par le charme de l’amour, ç’a été de tout temps l’art trop naturel des femmes, qui ont même quelquefois ce malheur contre leurs propres intentions ; mais qu’elles entreprennent de lui brouiller la cervelle le verre à la main ; je ne l’avais pas ouï dire depuis le bon homme Loth qui y fut vilainement attrapéd : moins coupable cependant en un sens, que ne sont ceux qui feignent de l’être pour se divertir des mauvaises suites. […] Il dit que dans une ville d’Espagne extrêmement déreglée, une partie du Sexe, laquelle s’était préservée de cette corruption, ramena l’autre à la régularité de leurs devoirs : Et puis toutes ensemble conspirèrent si hautement contre ce qu’il y avait d’hommes libertins, qui n’étaient point reçus dans leurs sociétés, qu’en peu de temps on y vit refleurir l’ancienne honnêteté des mœurs, sans perdre la douceur de la joie. Or je vous avoue, Agathon, qu’en ce temps où l’on aime fort à être Fondateur ou Fondatrice, ne fut-ce que d’une petite Communauté, j’aurais de la consolation pour la gloire de Dieu, de voir le Patriarcat de cette association bien établi.

217. (1664) Traité contre les danses et les comédies « LETTRE DE L’EVEQUE D’AGNANI, Pour la défense d’une Ordonnance Synodale, par laquelle il avait défendu de danser les jours des Fêtes. Au très Saint et très Bienheureux Père Paul V. Souverain Pontife. Antoine Evêque d’Agnani, éternelle félicite. » pp. 154-176

C’est Dieu qui est l’Auteur de cette doctrine céleste, et le Maître de cette science salutaire, car il est dit dans l’Ecclésiastique, que « c’est lui qui a établi les Fêtes, et qui en a fait l’ornement du temps et de nos années ; que c’est lui encore qui a rendu ces solennités vénérables et éclatantes par l’ordre magnifique qu’il a donné à son peuple ; afin qu’il les celebrât avec splendeur et avec majesté. […] Quoique les spectacles ne soient pas toujours mauvais, et qu’ils ne soient pas de leur nature contraires à la vertu ; les Pères de l’Eglise, et les saints Docteurs, ne les ont jamais néanmoins permis, ni les jours des Fêtes, ni au temps qui est destiné pour la pénitence, parce que les Canons les défendent en ces jours : et comme dit saint Ambroise, ce serait une témérité insupportable et une désobéissance criminelle, si le peuple faisait des actions qui sont défendues, ou dans l’Ecriture sainte, ou par les Constitutions des Papes, ou par les Lois Ecclésiastiques, et les Canons. […] « C’est, dit-il, une coutume contraire à l’esprit du Christianisme, que celle qu’on voit parmi le peuple les jours des solennités, et des Fêtes des Saints ; car au lieu de s’appliquer à la piété, et d’assister avec ferveur aux divins Offices, ils emploient le temps à danser et à chanter des chansons indécentes, et ils ne se causent pas seulement du dommage à eux-mêmes par ce dérèglement ; mais ils troublent la dévotion des personnes vraiment Chrétiennes. […] C’est pour cela, très Saint Père, que j'ai cru vous devoir écrire avec confiance ce peu de mots, et vous envoyer à même temps un excellent ouvrage, composé par saint Charles Borromée, qui porta Grégoire XIII. prédécesseur de votre Sainteté, à qui saint Charles même le fit voir, à terminer les contestations qui troublaient sur ce sujet la ville de Milan, par ses Lettres Apostoliques ; et à défendre même dans Rome, comme nous lisons dans la vie de saint Charles, et les masques, et toutes sortes de spectacles les jours des Fêtes, et les Vendredis.

218. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Ils concluent, comme elle leur conseille, de ne se point voir pour quelque temps, et faire semblant cependant de fléchir aux volontés du Père. […] Il pousse quelque temps fort à propos cette excellente morale, et conclut enfin en disant au Cagot par forme de conseil : « Ne serait-il pas mieux qu’en personne discrète vous fissiez de céans une bonne retraite ?  […] À peine ont-ils parlé quelque temps de leurs affaires communes, que le mari arrive avec un papier en sa main, disant qu’« il tient de quoi les faire tous enrager ». […] La Religion a ses lieux et ses temps affectés pour ses sacrifices, ses cérémonies et ses autres mystères ; on ne peut les transporter ailleurs sans crime : mais ses vérités qui se produisent par la parole, sont de tous temps et de tous lieux ; parce que le parler étant nécessaire en tout et partout, il est toujours plus utile et plus saint de l’employer à publier la vérité et à prêcher la vertu, qu’à quelque autre sujet que ce soit. […] Que si la corruption qui s’est glissée dans les mœurs depuis ce temps heureux, a passé jusqu’au Théâtre et l’a rendu aussi profane qu’il devait être sacré ; pourquoi, si nous sommes assez heureux pour que le Ciel ait fait naître dans nos temps quelque génie capable de lui rendre sa première sainteté, pourquoi l’empêcherons-nous, et ne permettrons-nous pas une chose que nous procurerions avec ardeur, si la charité régnait dans nos âmes, et s’il n’y avait pas tant de besoin qu’il y en a aujourd’hui parmi nous, de décrier l’hypocrisie, et de prêcher la véritable dévotion ?

219. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Ils ont connu de tous tems combien le sujet prêtait de mérite à un Poème ; ils l’ont même soumis à certaines règles, avant d’avoir la moindre notion des autres difficultés du Drame. […] Les Hipocrites se couvrent sans cesse du manteau de la Religion : l’Avare sera toujours l’ésclave de son Argent, & éprouvera la misère au sein des richesses : les Joueurs de notre siècle ne sont malheureusement que trop semblables à ceux du tems de Louis XIV. […] Il est vrai que son stile arrête, embarrasse quelques fois ses Auteurs, car il n’est pas aisé d’écrire en même tems avec simplicité & avec Noblesse. […] Lorsqu’un événement peut dater d’un siècle, on est libre de dire hardiment la vérité : pourquoi faut-il attendre un tems si long ? […] Ce tems est trop éloigné pour nous causer la moindre inquiétude.

220. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Que si en ce temps où on ne fait état que de ceux qui en ont, quelqu’un eût vu Cratès jeter ses pistoles dans la mer, l’eût il pas estimé un fol et un infâmeb ? […] Les premiers Empereurs de Rome s’étaient trouvés assez souvent parmi les troupes de Comédiens pour leur plaisir ; et à leur exemple il n’y a point de doute que les enfants des meilleures et plus nobles familles eussent embrassé cette condition, si par le frein des lois on n’eût su dextrement arrêter la violence de cette inclination qui les y poussait, aussi bien qu’elle en pousserait encore beaucoup de notre temps, qui au lieu de s’occuper aux grandes et héroïques actions, où leur noblesse les destine, les ferait passer leurs meilleures années dans la douceur de cette vie voluptueuse. […] Et y a-t-il fils de bonne mère qui n’ait joué la Comédie en son temps, et qui ne la désirât encore jouer, voyant la mignardise et gentillesse d’un Bellerose, de Mademoiselle Beaupré, Mademoiselle Valliot, et des autrese ? […] Ils sont la plupart du temps appelés pour divertir les Rois, les Princes, et les Seigneurs de leurs sérieuses occupations : dont les délices, comme disait un Duc de Florence, sont plus à estimer que le travail de leurs sujects, et dont les plaisirs et divertissements nous doivent être aussi précieux que leur personne nous est chère. De dire que la présence des Rois suspend pour quelque temps leur déshonneur, n’est-ce pas une subtilité trop injuste et calomnieuse ?

221. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

Nicole, qui est la semence de la vie, & la parole du diable qui est la semence de la mort, ont cela de commun qu’elles demeurent souvent longtems cachées dans le cœur sans produire aucun effet sensible… Le diable se contente quelquefois de remplir la mémoire des images (du spectacle) sans passer plus avant, & sans en former encore aucune tentation sensible : mais ensuite après un long tems, il les excite & les réveille sans même qu’on se souvienne comment elles y sont entrées, afin de leur faire porter des fruits dignes de mort, Rom. […] « On peut donc dire à ceux qui se vantent que la Comédie & les Romans, (tout ce qui a été dit jusqu’à présent de l’une, peur s’appliquer aux autres,) n’excitent pas en eux la moindre mauvaise pensée, qu’ils attendent un peu, le diable saura bien prendre son tems, quand il en trouvera l’occasion favorable.

222. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

On les tolere, dites-vous cependant : ô temps malheureux ! […] Depuis combien de temps en effet le fréquentez-vous ? Et depuis ce temps, quel vice a-t-il corrigé dans vous, quelle vertu y a-t-il formée, quelle passion réprimée ? […] Regardez le cours précipité des siécles, les temps qui s’écoulent ; réveillez-vous à la pensée du Royaume de Dieu, il approche. […] Les saints Peres ont dans tous les temps condamné les spectacles.

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