Saint Jean Chrysostome commençant à traiter expressément ce sujet, disoit à son Peuple : Je pense, mes Freres, que plusieurs de ceux qui sont aujourd’hui présents en ce lieu assisterent ces jours derniers aux spectacles. […] répondoit Saint Thomas en traitant ce sujet même, tout ce qu’on ne punit pas le tolere-t-on ; & permet-on tout ce qu’on tolere ? […] Chrétiens, disoit à ce sujet le saint & savant Prêtre de Marseille, réjouissez-vous, délassez-vous l’esprit à la bonne heure. […] Tandis que nous par une simple lecture de ce que vous voyez représenter, malgré toute la pureté de nos intentions, nous nous trouvons presque toujours coupables ; tandis qu’une simple lecture encore plus innocente fit trouver au grand Jérôme dans le fond de son cœur un sujet continuel de regrets & de larmes ; que vous, mes Freres, que vous êtes heureux !
Le danger des Spectacles pour la piété & pour les mœurs sera le sujet de ma première partie ; la réponse aux raisonnemens, par lesquels on entreprend de les justifier, sera le sujet de la seconde. […] Mais, il est temps, mes Frères, de laisser reposer votre attention pour discuter ensuite les raisonnemens par lesquels les partisans du théâtre s’efforcent de le justifier : ce sera le sujet de ma seconde partie. […] Oui, c’en est un, sans doute ; parce qu’on ne peut sans péché, violer une loi de l’Eglise & paroître approuver ce qu’elle condamne ; parce qu’on ne peut s’exposer soi-même à la tentation, & attiser le feu de la concupiscence ; parce qu’enfin des personnes, sur-tout qui font profession de quelque régularité, de quelqu’attachement à la religion, ne peuvent sans péché se conformer à un monde pervers, & devenir pour leurs frères un sujet de scandale.
Dans la vérité, c’est un très-mauvais sujet, dans la Réligion & les mœurs ; c’est un très-médiocre auteur dans la littérature, qui n’a du quelques célébrités momentanées, qu’à l’ignorance de son siécle, où un homme qui savoit lire étoit un prodige. […] Si ce n’est pas une invention du Gazettier ; il faut que le Directeur des spectacles, qui donnent chaque année quelque sujet de l’Ecriture, soit tombé par hazard sur celui là, sans aucune affectation, & n’ait pas fait attention aux circonstances qui auroient dû la faire suprimer. […] En France les femmes toujours sujettes, sont exclues de la Couronne ; au théatre François, les hommes toujours soumis, sont exclus du gouvernement ; ils ont mis la couronne sur la tête des Dames, ils ont pris la quenouille. […] Tout a été soumis, la Magistrature a respecté en silence, les coupables ont obéi, le Seminaire même a reçu l’ordre des Dames, leur triomphe a été complet ; jamais encore un Supérieur de Seminaire n’avoit reçu d’ordre d’un tel Evêque, ni donné de certificat de séjour pour un tel sujet ; mais les Seminaires se soustraisent ils à la jurisdiction des Dames ?
La fête de la rose, une fille récompensée pour sa vertu, ont paru un phénomene au théatre : l’Opéra-Comique a saisi ce sujet singulier, & l’a parodié dans plusieurs farces. […] Le sujet est sérieux, austere, éloigné de toute galanterie, le soin d’en éviter jusqu’à l’ombre, fait le mérite de la Rosiere, & le plus beau fleuron de sa couronne. […] Comment Favart n’a-t-il pas vu que, par ce mêlange mal-adroit de modestie & de licence, de bonne & de mauvaise morale, de passion & de pruderie, il se fait le procès à lui-même & à sa piece, & qu’il en a manqué le sujet, l’esprit, & presque tous les rôles ? […] Le Curé n’est point invité comme à Salenci, quoique personne ne doive mieux connoître le mérite des sujets.
Pour obvier à de tels inconveniens ; ils estoient exacts à faire observer une de leurs Loix, établie principalement pour ce sujet, & qui rendoit responsable sur de grosses peines le Vainqueur de tout ce qu’il écrivoit au Senat touchant la Victoire. […] Le sujet du Triomphe estoit aussi reglé, & il faloit avoir defait un ennemy considerable ; avoir tué sur la place * quatre ou cinq mille hommes ; avoir poussé plus avant les limites de l’Empire, & avoir enfin fait un notable progrez pour le bien & pour l’honneur de la Republique. Par-là, ceux qui avoient emporté quelque succez sur les Sujets de leur Empire, ou sur des Citoyens rebelles, n’obtenoient point pour cela l’honneur du Triomphe, parce que de telles Victoires estoient censées tousiours plus lugubres que glorieuses. […] Mais j’ay échoüé autant de fois que ie me suis embarqué sur cette Mer sans bornes, & pleine d’ecüeils, & dont les bords sont aussi inconnus qu’éloignez de nostre sujet, & de la parsimonie de nostre siecle.
On avance en faveur de ces spectacles, qu’ils nourrissent et qu’ils sauvent de la misère une multitude de sujets. […] Enfin l’argument que l’on tire de la nécessité de retenir pendant plusieurs heures quantité de mauvais sujets, que le désœuvrement porte à toutes sortes de désordres, ne me paroît pas solide ; puisqu’au sortir delà, ils sont plus disposés que s’ils n’y étoient pas venus, à donner l’essort à leur pétulance. […] Vous savez, Monsieur, sur quoi roule le sujet de toutes ces pièces, le jeu répond au sujet ; la volupté, pour mieux séduire, met ses conseils dans la bouche de l’innocence ; et de peur que les leçons qui se débitent sur la scène ne soient perdues, il arrive de tous les quartiers de la ville, d’amples recrues de filles qui se répandent dans l’amphithéâtre, dans les loges, dans l’orchestre ; et font ensorte de se partager les spectateurs.
Au contraire la reconnoissance entre Electre & Oreste sort du sujet même. […] Sans vouloir resoudre un problême qui n’est pas de notre sujet, nous dirons seulement qu’il a beaucoup de partisans.
dans le Livre qu’il a composé sur ce sujet, et dans ses Lettres, déplore la misère, l’aveuglement et la folie des Chrétiens, qui leur fait aimer les inventions des démons, et qui les porte à imiter les mœurs et les façons de faire des Gentils et des Idolâtres : mais ce qu’il juge encore plus intolérable, c’est qu’ils veulent justifier leur conduite déréglée par l’action de David qui dansa devant l’Arche, et se servant de ce qui est dit dans les Saintes Lettres que Dieu avait prescrit à son peuple l’usage de plusieurs sortes d’instruments ; comme si, dit ce saint Martyr, on pouvait comparer à des choses qui ont été faites très saintement, et pour le culte de Dieu seul, ces divertissements mondains, qui ne servent qu’à la volupté. […] Les anciens Ecrivains ne parlent pas moins puissamment sur ce sujet, comme l’on peut voir dans les Livres d’Arnobe contre les Gentils.
Je me suis un peu plus étendu sur ce sujet que je ne pensais parce qu’il serait à désirer que l’Ancien usage de la Comédie et Tragédie qui était autrefois si célèbre étant repurgéc de tant de défauts et d’impuretés fût remis en son lustre pour le contentement et l’utilité publique. […] Non madame je n’abandonnerai point vos pieds refuge de mes misères, tables qui me sauveront du naufrage, que je n’aie obtenu la bénédiction que je demande à votre Majesté par tout ce qu’il y a de plus saint au ciel et en la terre, par les plaies de mon Sauveur et le vôtre, par les mamelles de sa mère, par les mérites et le martyre de cette glorieuse Vierge Sainte Cécile dont je viens de représenter la constance, par la présence de votre époux le plus grand Roi que le soleil éclaire ; par l’amour qu’il vous porte et que vous lui portez, et par cette insigne piété qui vous relève autant sur toutes les Princesses de la terre que votre Majesté est élevée sur les têtes de ses sujets.