Il est certain qu'il n'y a rien dans toute la doctrine des mœurs que les Pères aient traité plus à fond, ni où ils se soient mieux précautionnés contre tous les faux raisonnements dont on se devait servir dans la suite des siècles pour justifier la Comédie, de sorte qu'ils n'ont laissé aucun moyen à ses défenseurs de donner à ce qu'ils en ont écrit, des interprétations à leur mode, ni aucun lieu de douter de leurs sentiments, à ceux qui cherchent la vérité dans la tradition de l'Eglise, dont ils sont les dépositaires. […] Saint Ambroise Saint Ambroise au Traité de la suite du siècle, et sur le 37 verset du Psaume 218. […] Saint Ambroise au Traité de la suite du siècle, et sur le 37 verset du Psaume 218.
Et par la suite, pour réveiller la monotonie de ces chansons, Thespis introduisit un Acteur qui faisoit quelques récits. […] Plaute & Térence n’eurent point d’imitateurs, & leurs Pieces furent par la suite négligées. […] Les fâcheuses suites qu’ils avoient prévu devoir résulter, eurent lieu. […] de Fontenelle, que par la suite on se moquera aussi de nos Opéra dont on vante tous les enchantemens. […] C’est un ridicule dont un Poëte nous a donné une description badine que nous aurons par la suite lieu de rapporter.
Les Poëtes Tragiques n’avoient pas répandu ces opinions : elles étoient beaucoup plus anciennes qu’eux, on les trouve dans Homere ; & il est aisé de reconnoître qu’elles sont une suite de Traditions obscurcies par les Fables. […] On voit encore dans Homere la suite funeste des imprécations des Peres contre les Enfans : on y voit aussi la haine des Dieux contre les hommes. […] Les hommes avoient entendu parler de la chute d’Esprits celestes, qui étoient devenus Etres malfaisans, de la malédiction de Noé sur son Fils, du sacrifice demandé à Abraham, des suites d’un péché d’un premier Pere. […] La qualité des Spectateurs que les Poëtes d’Athenes avoient à émouvoir, les obligeoit, comme je le ferai voir dans la suite, à employer de pareils moyens, qu’ils employoient cependant avec sagesse, puisqu’ils écartoient les meurtres de leurs yeux.
On les passe à la sainte Table comme des pécheurs publics : on les exclud des ordres sacrés comme des persones infâmes : par une suite infaillible la sépulture Ecclésiastique leur est déniée. […] L’opprobre des familles, la discorde dans les maisons, les larcins, les jalousies, les meutres ne sont-ils pas les suites funestes des passions qu’il excite ?
Les premiers furent les Pithiens, instituez à l’honneur d’Apollon en suite de l’importante Victoire qu’il remporta sur un terrible serpent qui ravageoit Delphes, ou plustot sur un celebre & redouté voleur qui faisoit gemir tout le Païs sous la crainte & sous la cruauté de ses brigandages & de ses meurtres. […] A leur imitation le Païs en celebra en suite de pareils de trois en trois ans.
Par de-là la representation il y doit avoir un Jeu particulier, à quoy tout cet appareil appartienne naturellement, & si precisement que la fin, la suite & la liaison des choses soient apparceües, d’abord & sans effort d’esprit. […] Par exemple, le ravissement d’Helene, traité en Carosel, fera paroistre ces Amants dans un Char ; avec une suite reglée d’Infanterie & de Cavalerie pour escorte.
Les mésalliances indécentes d’où il résulte quelquefois un contraste humiliant de condition et souvent une extrême indigence, et les unions clandestines, qui outragent la religion et les mœurs, ne sont que les suites de l’imprudence avec laquelle on s’est livré aux objets séducteurs. […] Dès lors que l’amour exclut de son commerce la prudence et la raison, il est plus propre à former un engagement indécent qu’à produire un mariage heureux q » ; il jette le trouble dans l’âme et dans les sens, il enlève la fleur de l’innocence, il étonne et détruit la vertu, il avilit et dégrade l’homme, il le met au-dessous de lui-même, il ternit sa réputation, la honte marchant presque toujours à sa suite.
En effet le vice n’est pas dangereux parce qu’il est ridicule, mais parce qu’il entraîne après lui des suites funestes : par exemple, l’ivrognerie n’est pas un vice dangereux, parce qu’il met celui qui en est dominé dans un état d’extravagance qui lui attire les regards de tous les passans ; parce qu’il lui fait dire cent choses déraisonnables qui le font prendre pour un insensé ; mais bien parce qu’un ivrogne va dépenser au cabaret l’argent qui seroit mieux employé au soutien de sa famille ; mais bien parce qu’un ivrogne pour contenter sa malheureuse passion, laisse manquer de pain à sa femme & à ses enfans ; parce qu’il perd le goût du travail, & tombe lui-même dans la misere inséparable de la fainéantise ; mais bien parce qu’un homme dans l’état d’ivresse perd le sentiment de sa propre conservation, & qu’étant privé de raison, il n’a plus de frein qui puisse s’opposer à ses mauvais penchans. […] Avant de répondre à cette objection, il est à propos que je m’explique sur ce que j’entends par l’exclusion du ridicule ; je ne prétends pas interdire à la Comédie la peinture du ridicule qui se trouve dans les vices qu’elle attaque, pourvu que ces vices ne soient tels que parce qu’ils sont ridicules ; mais lorsque les vices qu’elle attaque sont dangereux, elle ne doit point leur prêter pour amuser les Spectateurs, un ridicule qui ne serviroit qu’à affoiblir l’horreur qu’on en doit concevoir : de plus, si la Comédie veut se renfermer exactement dans les bornes qui lui sont prescrites, c’est-à-dire, si elle veut corriger les hommes, elle n’attaquera que des vices essentiels, c’est-à-dire, ceux dont les suites sont funestes à la société, & laissera aux Théâtres de la foire saint Germain, le soin d’amuser le peuple par la peinture des vices ridicules. […] Le moyen le plus sûr pour y parvenir, est sans doute de leur prouver qu’ils ont tort d’être comme ils sont : la méthode la plus efficace pour faire cette preuve, est d’exposer d’après nature le vice avec ses suites funestes, & de laisser les Spectateurs les maîtres d’y ajouter le ridicule, s’ils en ont envie : j’ai donc eu raison d’établir qu’il est de l’essence de la Comédie de peindre les Mœurs d’après nature, & qu’elle s’éloigne de son but, lorsque ses traits tombent plutôt sur la maniere d’être des Mœurs, que sur le fond des Mœurs. […] A l’égard des vices dont les suites peuvent être funestes à la Société, la Comédie doit se donner bien de garde d’y toucher, parce qu’elle les rendroit odieux, & qu’elle pourroit persuader aux hommes de les abandonner.
Dans la suite les Spectacles furent donnés gratis au Peuple, avec des magnificences inconcevables. […] Le même partage du chant & de la danse se fit à Rome, comme on le verra dans la suite : ce qui prouve la grossiéreté des premiers Spectacles. […] L’Acteur auparavant faisoit un récit pour laisser au Chœur le tems de se reposer : le Chœur, dans la suite, ne chanta plus que pour laisser reposer les deux Acteurs : ainsi il devint intermede ; l’Action mise en dialogue eut plus d’étendue, & le Chœur qui en étoit témoin, y prit intérêt. […] Il l’appelle Antique, parce que cette premiere Comédie fut dans la suite appellée La vieille. […] L’Assemblée chanta toute la suite du même Chœur.