Que m’importe à moi qu’elles aiment, qu’elles soient aimées de tout l’Univers : je ne veux qu’un cœur ; lui seul suffit à ma félicité… Oui, si je le vois encore hésiter ; s’il balance entre ma Rivale & moi ; j’y suis résolue ; je connais un moyen… je l’emploierai. […] Cet attachement si naturel ne suffirait-il pas pour me rendre son cœur !
Il est vrai que cette continuité de la prière ne peut consister dans une attention perpétuelle de l'esprit à Dieu, et qu'il suffit qu'il demeure quelquefois dans un simple désir que Dieu y connaît ; mais il est certain que ce désir s'éteint facilement, si l'on n'a soin de le nourrir par les prières actuelles et par la méditation des choses divines. […] Cela suffit pour obliger tous ceux qui ont quelque soin de leur salut de fuir les Comédies, le Bal et les Romans, n'y ayant rien au monde qui fasse sortir davantage l'âme hors de soi, qui la rende plus incapable de l'application à Dieu, et qui la remplisse davantage de vains fantômes.
Il est vrai que cette continuité de la prière ne peut consister dans une attention perpétuelle de l'esprit à Dieu, et qu'il suffit qu'elle demeure quelquefois dans un simple désir que Dieu y connaît: mais il est certain que ce désir s'éteint facilement, si l'on n'a soin de le nourrir par des prières actuelles, et par la méditation des choses divines. […] Cela suffit pour obliger tous ceux qui ont quelque soin de leur salut de fuir les Comédies, le Bal et les Romans, parce qu'il n'y a rien au monde qui fasse plus sortir l'âme hors de soi, qui la rende plus incapable de s'appliquer à Dieu, et qui la remplisse davantage de vains fantômes.
Qu’on ne croye pas que l’illusion théâtrale suffise pour donner à la fiction tout l’air de vérité qu’il lui faut pour convaincre l’esprit & l’attacher : il reste toujours une certaine persuasion intime qui nous avertit de la tromperie qu’on nous fait. […] Les Spectacles auraient été bientôt détruits, si l’homme ne s’était absolument intéressé qu’à la vérité ; mais il suffit qu’il en voye l’apparence ; sa seule image le touche & l’affecte. […] Les situations les plus éxagérées des Romans, éxcitent notre compassion ; il suffit qu’elles ayent un air de vraisemblance, & qu’il ne soit pas impossible qu’on les éprouvât un jour.
En un mot, un seul événement suffit pour animer le Drame de notre Opéra : encore n’est-il pas nécessaire que cet événement soit essentiel & considérable : il suffit même de copier la moindre petite action de la vie de son principal personnage ; & souvent rien du tout. […] Un rien lui suffira pour occuper la Scène. […] On n’apréhende point d’être mis au rang des plagiaires, quand on donne au Hèros d’une Pièce nouvelle, les mêmes passions qui ont déja servi de matière à cent Tragédies : il suffit que le Héros qu’on fait agir soit d’un pays éloigné du Prince dont il imite les mœurs, & qu’il s’exprime différemment. […] Je parlerai ailleurs de ce qui le concerne : il me suffira de faire remarquer ici, combien il est mal adroit dans une Comédie, quelque soit son genre, de mettre un des personnages en danger de mort.
Ne suffit-il pas que la musique Italienne bannisse le naturel & ce beau simple qui fait briller les Ouvrages en tout genre, pour n’être digne que de la seconde place dans notre estime ? […] Pour être en état de sentir les beautés, la fraîcheur & le coloris d’un tableau de Rubens, il ne faut point être Peintre ; il suffit d’avoir la vue juste.
On pourra nier cette conséquence et dire qu’il y avait un milieu entre s’acquitter de tous les devoirs que la religion et les autres vertus prescrivent, et s’abandonner aux désordres de la dernière école, se vautrer dans la fange du vice ; qu’il était possible de garder la pureté de son âme, de rester attaché de cœur aux principes, à la sagesse, à la piété, aux mœurs ; qu’il suffisait, pour éviter la persécution, de s’abstenir des vertus pratiques, en s’isolant des deux partis, en fuyant également les disciples des écoles qui étaient aux prises, et leurs errements, ou leurs exercices et habitudes, etc. […] Si ces observateurs, ne voyant pas bien que le tartufe dont il s’agit est en même temps tartufe de religion et de mœurs, que compromettre en le mettant en spectacle les vertus chrétiennes, ce fut aussi compromettre les autres vertus sociales qu’il avait besoin d’affecter aussi et qu’il affectait également, persistaient à croire que cette satire, qui ne regardait que les hypocrites de religion, n’a pu contribuer si puissamment à la démoralisation générale ; sans entreprendre de démontrer une seconde fois une vérité qui me paraît évidente, il suffirait à ma thèse de leur rappeler que la Criticomanie, comme pour consommer l’ouvrage du premier tartufe, nous en a donné plusieurs subsidiaires, et nommément un tartufe de mœurs ; personnage presque tout imaginaire, composé de différents caractères, de vices incompatibles, ou phénomène dans la société, auquel, au reste, on doit appliquer ce que j’ai dit de l’autre, fût-il même regardé comme un tableau fidèle, parce qu’il n’a été propre aussi qu’à faire triompher et rire le parti alors plus nombreux des hommes sans masques, et des femmes au courant, qui ne faisaient pas tant de façons, ainsi qu’à réchauffer leur bile et renouveler leur pouvoir, qui commençait à vieillir, de faire naître les défiances, et des soupçons injustes contre les personnes, et de travestir avec succès les meilleures actions. […] Cet avis, transmis per aurem, au moyen du récit de quelque fait, pouvait à la vérité ne pas suffire à un aveugle fait exprès, à un têtu sans pareil comme Orgon ; mais il aurait suffi sans aucun doute à la masse des honnêtes gens, pour les engager à se mettre en garde contre ces loups, comme il suffit d’avertir ainsi les laboureurs qu’il y en a d’une autre espèce auprès de leurs bergeries, dans des bois même où ils n’en ont jamais vu, pour les déterminer à veiller nuit et jour sur leurs troupeaux ; en effet, on n’a jamais été obligé pour cela de représenter publiquement une de ces bêtes féroces croquant un mouton.
Les Acteurs font autant de chemin dans l’espace de quelques minutes qu’il faut d’heures pour la durée de la Pièce ; encore des jours & des années entières ne suffiraient souvent pas pour qu’il leur soit possible de parcourir l’espace qu’on leur fait traverser en un clin d’œil. […] Trois heures nous suffisent, & c’est encore beaucoup que nous ayons la force d’y tenir. […] « Il serait même à souhaiter, dit-il, que l’action ne demandat pas plus de tems dans la vérité que celui qui se consume dans la représentation26. » Je ne rapporterai point à ce sujet, les diverses opinions d’un peuple de commentateurs ; il me suffit de montrer quel est le parti qu’il serait à propos de prendre. […] Le Roi & le Fermier mérite d’être cité pour éxemple à ce sujet ; non-seulement son action ne dure qu’autant de tems qu’il en faut pour sa représentation, mais encore elle est supposée se passer dans le même tems qu’on la représente : c’est joindre deux éxcellentes qualités ensemble, dont une seule suffirait pour rendre une Pièce parfaite. […] La moindre inattention suffit pour nous faire perdre l’illusion.
Il suffit aussi de lire nos bons Poètes pour connaître que notre langue sait même très-souvent peindre les choses qu’elle èxprime. […] Peu de Notes nous suffisent pour attraper ce chant simple & gracieux, qui peint au naturel un sentiment. […] Sans entrer dans aucune discussion à ce sujet, il me suffit, pour la gloire de notre Langue, que Lully n’ait travaillé que sur des paroles Françaises. […] Ils retirent de cette aimable simplicité un avantage précieux ; tous leurs morceaux de musique sont d’abord retenus ; pour savoir les chanter, il suffit d’avoir pu les entendre un instant. […] Afin de se procurer cette satisfaction, il suffit de faire ainsi le résumé de tout ce que j’ai dit : la Mélodie Française est tout-à-fait simple ; sa marche est égale ; elle est très-chantante, on la retient sans s’en appercevoir.