quoi le Jurisconsulte Labeo dit, qu'il faut entendre par la scène celle que l'on élève pour faire les Jeux à la vue du peuple, et où l'on fait un spectacle de son corps par des mouvements. […] Aussi quand les Empereurs Dioclétien et Maximilien déclarent exempts de toute infamie des Mineurs que l'on en croyait notés pour avoir monté sur le Théâtre, ils ne parlent ni de Tragédie ni de Comédie, mais seulement de cet art de bouffonner impudemment, et d'y faire un Spectacle public de sa personne, qui sans doute eût rendu les Majeurs infâmes « Si qua in publicis porticibus, vel in his civitatum locis in quibus solent nostræ imagines consecrari, pictura Pantomimum veste humili, vel rigosis sinibus agitatorem aut vilem offerat Histrionem, illico revellatur. » l. […] Probus, après avoir dit qu'en Grèce il n'y a point d'infamie de faire un Spectacle de sa personne au peuple sur la Scène, et que parmi les Romains cet exercice est infâme ; nous voyons qu'il ne parle que de ceux qui font un Spectacle de leurs corps, c'est-à-dire, des Mimes, Danseurs, et Bouffons, et non pas de ceux qui récitaient honnêtement les Comédies et les Tragédies.
Voit-on qu’il ait dit un seul mot contre les spectacles ? […] Ces choses portent leur condamnation avec elles, c’est contre cette dissipation, cette perte de temps prodigieuse, tout ce jeu de passions qui en produisent de pareilles, à ces larmes arrachées par leur vive image, cette impression contagieuse de nos maladies, ces parures, ces chants efféminés, ces yeux pleins d’adultères, cet enchantement du spectacle, cette agitation violente d’un cœur qui doit être le sanctuaire de sa paix, ces éclats de rire si peu convenables à des Chrétiens qui sont captifs sur le bord des fleuves de Babylone, et doivent attendre à tout moment la décision de leur sort éternel, en un mot tout cet amas de périls que les théâtres réunissent dont un seul est suffisant pour perdre une âme dans l’état de faiblesse où le péché de notre premier Père nous a réduits. […] Si vous êtes si avides et si affamés de spectacles, ils ne vous manqueront pas, le Psalmiste vous en présente de charmants, Seigneur vous avez fait une multitude de choses qui sont d’une magnificence admirable. […] Qu’est-ce que tout l’effort de l’imagination des Poètes a pu jamais enfanter d’approchant, c’est là que vous verrez des villes prises, des combats singuliers, des batailles sanglantes, des renversements de Provinces et de Royaumes, de nouvelles Monarchies établies sur les débris des anciennes, des prodiges de valeur, tant de belles Scènes que Dieu lui-même a pour ainsi dire préparées, mais toute la conduite qu’il a tenue depuis le commencement du monde, n’est-ce pas une espèce de poème épique plein d’événements merveilleux, on y voit tout l’enfer déchaîné pour traverser et anéantir ses desseins adorables, le sacrifice d’une infinité de martyrs, des hérésies sans nombre, sorties du puits de l’abîme pour offusquer la lumière de la vérité, ses victoires, malgré l’oppression de ses défenseurs, tout se disposant aux noces de l’Agneau avec l’Eglise, qui se consommeront à la fin des siècles par leur union éternelle, et le spectacle lumineux de la vérité.
Afin de réussir dans ce dessein, il a choisi tous les passages des anciens Pères, particulièrement de Tertullien, de saint Cyprien et de saint Jean Chrysostome, qui condamnent les Spectacles à cause de l’Idolâtrie que l’on y représentait. Je suis convenu dans le premier Chapitre de cet Ouvrage, que c’était là un des motifs de la condamnation des Spectacles ; mais qu’il était de la bonne foi de dire que ce n’était pas le seul motif, comme on l’a pu voir par les passages des Saints Pères que j’ai rapportés. […] » Dans le troisième Synode de Milan, il ordonne aussi aux Prédicateurs de reprendre avec force ceux qui suivent les Spectacles, et de ne pas cesser de représenter aux peuples, combien ils doivent les avoir en exécration, et d’employer les preuves tirées de Tertullien, de S. […] La première est un Abrégé des Poètes et des Historiens, sur les Spectacles des Païens, qui n’étaient pas tous consacrés aux Idoles selon Tacite même, ni si infâmes qu’on veut les dire à l’exception des Jeux annuels de Flore, plaisir de la canaille, non des honnêtes Païens. […] La profanation des Dimanches et des Fêtes, et du Jeûne, par l’assistance aux Spectacles, y est parfaitement prouvée.
30 parle de divers spectacles singuliers donnés sur le théatre anglois. […] Ce spectacle se donne à minuit. […] Nous avons en Angleterre bien d’autres spectacles. […] Tout cela conduit au spectacle des gladiateurs. […] N’est-ce pas un objet bien curieux, & un spectacle bien réjouissant ?
Ses vers sont, dit-on, le fruit de quelques heures douces, où son ame s’arrachant au tumulte des villes, cherchoit un asyle dans les solitudes, le spectacle de la nature écartoit de lui tous les dégoûts ; il étoit transporté à la vue de ses beautés ; c’est pour lui le plus délicieux des spectacles. […] La musique, la danse, la décoration sont plus difficiles, & demandent chacune dans son genre plus de génie que la poësie : elles y dominent, & font la beauté du Spectacle où l’on s’occupe peu des vers. […] Ce réglement est sage, il seroit bien à souhaiter qu’on en fît l’application au Théatre, & que les Ecclésiastiques ne se mêlassent pas plus de galanterie & de Spectacle que des affaires d’Allemagne. […] On loue avec la même facilité une fenêtre à la Greve & une loge au Spectacle, & tous les jours venant de pleurer à une tragedie, on rit aux éclats à la petite piece qui la suit : les hommes les plus graves ne rougissent pas de ces barbares transmigrations. […] Un plaisant a fait courir une brochute contre un Spectacle si déplacé, le Collége y répondit sur le ton du Théatre de la Foire, avec les sarcasmes les plus bas & les bouffonneries les plus grossieres : il s’y donne pour un joueur de marionnettes qui montre au peuple Polichinelle.
C’est une métaphore prise des criminels condamnés à mort, qu’on donnait en spectacle au peuple avant que de les exécuter, « a damnatis qui traducebantur populo spectandi ». […] Se donner pour de l’argent en spectacle et aux plaisirs du public, prabere suum corpus, copiam facere sui corporis, fut toujours le métier le plus méprisable. […] Telle est la force de la vérité : les Apologistes du spectacle rapportent et louent ces conversions, sans penser qu’elles renversent leurs apologies. […] Ce galant homme était fait pour aimer le spectacle ; il y était si assidu qu’on appelait le théâtre la paroisse ou la cathédrale de l’Abbé Boisrobert. […] Caligula rappela les Comédiens, que son prédécesseur avait chassés de Rome, et se livra aux spectacles.
C’est un des coups les plus directs & les plus forts qu’on ait jamais portés aux Spectacles profanes. […] Les noms sacrés & vénérables dont on abuse pour justifier la composition des Ouvrages Dramatiques & le danger des Spectacles, les Textes prétendus favorables, les Anecdotes fabriquées, les Sophismes des autres & les miens, tout cela n’étoit que du bruit, & un bruit bien foible contre ce sentiment impérieux qui réclamoit dans mon cœur. […] Au moment où j’écris, un Corps Céleste, nouveau à nos regards, est descendu sur l’Horison ; mais ce spectacle, également frappant pour les Esprits éclairés & pour le Vulgaire, amuse seulement la frivole curiosité, quand il doit élever nos réflexions.
Dans une secte, l’antipode de la morale relâchée, on est étonné de voir naître un Apologiste des Spectacles : que diroient Vendrok, l’Auteur des Provinciales & tant d’autres grands hommes qui ont démasqué une foule de Casuistes anti-chrétiens, s’ils revenoient sur la terre, & qu’ils lussent le présent mémoire ? […] Ils ont mérité de l’être, nos Spectacles étant propres à corrompre la foi & les bonnes mœurs. 3°. […] Ce sujet ne touche par aucun bout à la question des Spectacles ; mais en parcourant les délits qui sont atteints de la peine d’infamie, comme il a rencontré celui-ci en route, il n’a pas cru devoir le passer sous silence.
Dacier & bien d’autres prétendent que nous perdons beaucoup en supprimant les chœurs des anciens, que le spectacle en est moins vraisemblable, moins frappant, moins riche en idées, en sentimens. […] Ce Poëte loue la frugalité, la chasteté, la modestie du Peuple Romain dans les premiers temps, & le petit nombre qui fréquentoit le spectacle. […] Ceux qui fréquentent les spectacles, les comédiens eux-mêmes, les condamnent au fond du cœur, & approuvent ceux qui n’y vont pas.