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106. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Les amateurs du théâtre tiennent ce langage comme les autres, et en sentent la vérité ; mais sentent-ils la contradiction entre leur langage et leur conduite, leurs railleries et leur apologie ? […] Ils sont trop éclairés pour ne pas sentir la nécessité de ces précautions, et trop sages pour les négliger. […] A-t-on pu ne pas sentir que c’est apprendre à la jeunesse à se jouer des choses saintes, la familiariser avec tous les plaisirs, et lui former la conscience la plus relâchée ?

107. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

J’avais une passion démesurée pour les spectacles du théâtre, plein des images de mes misères, et des aliments du feu de ma concupiscence : « Spectacula theatrica plena imaginibus miseriarum mearum et fomitibus ignis mei. » D’où vient qu’on aime à sentir la douleur que cause la représentation de quelque chose de funeste et de tragique qu’on ne voudrait pas souffrir ? […] » Les Grecs, par une conduite honteuse, à la vérité, mais conséquente, bien loin de regarder les Comédiens comme infâmes, les élevaient quelquefois aux honneurs, ne croyant pas pouvoir mépriser des hommes dont le métier honorait les Dieux : « Græci turpiter quidem, sed Diis suis omnino consequenter. » Ce qui devait faire sentir combien ces Dieux étaient méprisables qui se croyaient honorés de la représentation de leurs crimes : « Quomodo non detestandi Dii qui inter honores sua celebrari flagitia poscerent ?  […] Vous avez commencé de sentir la vérité lorsque dans le temps que vous vouliez les honorer par les jeux du théâtre, vous avez déclaré infâmes les Acteurs qui les représentaient. […] Vous avez bien fait de mépriser tous ces histrions, éveillez-vous entièrement, sentez que la divine Majesté ne peut être honorée par un métier qui déshonore ceux qui l’exercent, qu’on ne verra pas dans le ciel ces Dieux dont les adorateurs ne sont pas reçus au nombre de vos citoyens.

108. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

que sentira-t-on, si on ne sent pas cet excès d'avilissement ? […] Les Comédiens le disent comme les autres, et en sentent si bien la vérité, que les plus estimés s'éloignent le plus qu'ils peuvent de la futilité de la scène.

109. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

Mais j’aurais dû sentir que ce langage n’est plus de saison dans notre siècle. […] Elles ne savent ni décrire ni sentir l’amour même. […] Le Citoyen de Genève est encore le premier qui ait accusé les femmes d’être froides, et de ne pouvoir ni exprimer ni sentir l’amour.

110. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — Avis de l’Éditeur, Sur les Notes suivantes. »

On sent avec quelle concision cette multitude d’objets doit être présentée dans des Notes, que la prolixité ne pourrait que rendre ennuyeuses.

111. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [F] »

Toutes les délicatesses de l’expression & du geste ne pouvaient être senties sur les vastes Théâtres des Anciens.

112. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Mais pour peu qu’on nous fasse sentir notre erreur, nous voyons le plaisir s’enfuir avec elle. […] Si je ne craignois d’avancer une hérésie Théâtrale, je dirois que c’est aussi une des causes du dégoût, qu’on sent à un certain âge, ou quand on a beaucoup fréquenté les Spectacles, des représentations qui s’y donnent.

113. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Cette intention ne garantit pas des mauvais effets des passions qui triomphent sur le théâtre ; c’est toujours le cœur qui prend le plus de part aux spectacles ; il en est même pour cette raison le premier juge, puisque ce n’est que relativement à l’émotion qu’on y éprouve, qu’on applaudit plus ou moins à la représentation, si on se sent plus fortement ému par le vif intérêt que l’on prend à l’action ; si on se sent transporté sur le lieu de la scène, et comme dans la situation du personnage qui nous attache le plus ; si on l’entend parler, et si on le voit agir comme on parlerait et comme on agirait soi-même, étant animé de la même passion : alors le cœur prononce que le poète et les acteurs ont bien réussi à intéresser les spectateurs.

114. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

On me dira peut-être, il est inutile et superflu de vous tant échauffer contre la comédie ; superflu, parce que tout le monde fait ce que vous avez à dire, sent par expérience, et dans le fond est persuadé qu’on ne peut en conscience y aller ; inutile, parce que malgré vos exhortations et celles de tous les Prédicateurs du monde, malgré ces connaissances, cette persuasion et ces remords, on n’y ira pas moins. […] Ce ne seront point des généralités de morale, que personne ne s’applique ; l’application détaillée à chaque état fera mieux sentir la vérité.

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