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296. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

Il en est arrivé de même des Poèmes Dramatiques : car depuis qu'ils ont été retirés des Théâtres anciens consacrés aux faux Dieux, ils n'ont plus été considérés comme une invention des Démons, et n'ayant plus rien de leur vieille et criminelle vénération, ils sont donnés au public, et portés jusques dans le Palais des Rois, sans aucun scrupule d'Idolâtrie ; On les regarde seulement comme les Chefs-d'œuvre d'un bel esprit ; et une parfaite imitation de la vertu des Héros, et tout ce que l'on y peut admirer sont les inventions du Poète, et le beau récit des Acteurs.

297. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Peu nous importe d’ailleurs de voir la Scène occupée par un Roi, par un simple particulier, ou par un vil artisan. […] Les Auteurs de l’Opéra-Bouffon savent représenter les actions d’un manant : qu’un Homme de Lettres s’occupe à faire revivre Alexandre, Brutus & nos Rois les plus augustes ; eux se font gloire de nous montrer un rustaut, un simple pécheur, un Boulanger.

298. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

« Un Clerc pour quinze sols, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila, Et si ce Roi des Huns ne lui charme l’oreille, Traiter de visigoths tous les vers de Corneille. » Mais qu’importe, pourvu que le Receveur ait de l’argent, les Actrices des amants, les Acteurs une bonne table ? […] La guerre, la marine, la domesticité, la maison du Roi, enlèvent, il est vrai, beaucoup de garçons.

299. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Dacier ; mais la Tragédie n’excite point en nous la colere ni l’ambition, elle ne fait que nous en présenter la peinture : & par la même raison que les Lacédémoniens faisoient voir à leurs Enfans, des Esclaves yvres, les Poëtes nous font voir, non pas des Esclaves, mais des Rois & des Héros dans l’yvresse des Passions, pour nous apprendre dans quels égaremens nous pouvons tomber. […] La pitié que nous inspire Joas, la crainte ou nous sommes qu’il ne soit la victime des Méchans, reveille en nous le zéle pour l’innocence opprimée, l’Amour pour le sang de nos Rois, & l’Amour de la Patrie, Amour qui renferme, comme dit Ciceron, tous les autres Amours. […] Lorsqu’on entend dire à la fin d’Athalie, Que les Rois dans le Ciel ont un Juge severe, L’Innocence un Vengeur, & l’Orphelin un Pere, on en étoit convaincu avant la Catastrophe. […] Ce n’est point assez d’y voir une Fille qui recevant dans sa chambre un homme couvert du sang de son pere, s’entretient de son amour avec lui, en gémit avec lui, & qui lui est enfin destinée pour épouse, par un Roi qui paroît autoriser le crime : on y entend toujours vanter cette affreuse justice qu’un Particulier se rend à soi-même ; & dans une Nation où les Rois, par des Loix si sages travaillent à éteindre la fureur du duel, on entend le coupable de ce crime s’en glorifier sans cesse, l’appeller une bonne action, & son Pere transporté de joye comparer ce funeste exploit aux Exploits guerriers contre les ennemis de l’Etat, en disant à ce Fils, Ton premier coup d’épée égale tous les miens.

300. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Mais si vous me prouvez qu’un avare en devient plus avare pour avoir vu représenter celui de Molière, un Roi pacifique et bienfaisant, un Tyran détestable pour avoir vu représenter Atrée, un de nos Marquis plus ridicule qu’à son ordinaire pour avoir vu donner des nasardes à l’Epine dans le Joueur, et des coups de bâton à Mascarille et à Jodelet dans les Précieuses Ridicules, je conviendrai de bonne foi que le spectacle non seulement est mauvais pour les méchants, mais même je soutiendrai qu’il est dangereux pour les bons. […] « Je connais tels de mes écoliers, dit le maître d’armes dans Timon Le Misanthrope, qui n’oseraient jamais se battre s’ils n’étaient sûrs de le faire sans péril. »ak Si les Spadassins sont haïssables vous m’avouerez que les lâches ne le sont pas moins ; la valeur est le seul rempart que la nature ait accordé aux hommes contre la violence : c’est l’unique obstacle que les Rois puissent opposer à l’ambition de leurs voisins ; c’est à la valeur qui menace et fait trembler les Machiavels, qu’on doit le salut et la tranquillité des Etats : tout homme qui n’a pas cette qualité de l’âme, peut avec raison être méprisé : on ne mérite pas la part que l’on a dans les biens de la Patrie quand on n’a pas le courage de la défendre. […] On compatit avec raison au malheur d’un brave Cavalier puisque ce n’est point sa vengeance personnelle qu’il a entreprise mais celle de son père, et que cette vengeance, toute légitime qu’elle est, le rend malheureux ; on déteste la cruauté du point d’honneur qui lui a fait perdre sa maîtresse dont il est si digne et qu’il est sur le point d’épouser, et l’on est ravi que sa valeur et sa vertu lui méritent l’honneur de voir son Roi s’intéresser au succès de son Amour, et qu’à force de belles actions, il justifie le penchant de Chimène pour le meurtrier de son père : voilà ce qui intéresse et ce qu’on applaudit dans la pièce ; c’est parce que Rodrigue a toutes les vertus, qu’on lui pardonne une vengeance qu’il ne prend que malgré lui, et non pas parce qu’il a fait un beau coup d’épée, et que les Français les aiment trop, comme on présume que vous le croyez. Remarquez aussi, Monsieur, que l’Auteur n’a pas oublié de mettre dans la bouche du Roi des vers très énergiques contre la fureur des duels, et que par cette sage précaution, il avertit le Public que ce n’est pas pour encourager nos Ferragus am qu’il fait paraître la valeur du Cid avec tant d’éclat. […] [NDE] Variante orthographique de Nimrod, personnage biblique (Genèse, X, 8), arrière-petit-fils de Noé, premier roi après le Déluge.

301. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Vitruve nous l’apprend en termes formels : « La Scène tragique était décorée de colonnes, de frontons élevés, de statues, & de tout ce qui orne le palais des Rois.

302. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

Ce grand exemple autorise la pompe des Rois, et les oblige à ne se montrer jamais en public qu’ils n’imitent la magnificence de Dieu : Mais au milieu de cette cérémonie, ils doivent se ressouvenir que les habits sont les peines du péché, que dans l'état d’innocence, l’homme n’était revêtu que de la Justice originelle, que cette robe précieuse était à l’épreuve de toutes les saisons, et que comme il n’avait point encore offensé Dieu, il ne craignait point aussi la honte ni la douleur dans sa nudité, Cette pensée retiendra les Princes dans la modestie au milieu de leur Triomphe, et leur persuadera que les plus riches habits sont les reproches et les supplices de notre ancienne désobéissance.

303. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Car enfin cette constance a éclaté non seulement dans des personnes d’une condition médiocre, mais encore dans des Rois, dans des Généraux d’armée, dans des Princesses, dans des Sages, et dans d’aussi grands hommes que l’étaient les Anciens Romains. […] Un Roi qui fait mourir son propre fils. […] [NDE] En 1673, la réédition du Clovis de Desmarets de Saint-Sorlin a relancé la querelle du merveilleux chrétien qui l’oppose à Boileau, grâce à l’insertion d’une Comparaison de la langue et de la poésie française avec la grecque et la latine ainsi que d’une Epître au roi et d’un Discours pour prouver que les sujets chrétiens sont les seuls propres à la poésie héroïque. […] [NDE] Herménégilde, prince Wisigoth du VIe siècle, qui subit le martyre après sa conversion de l’arianisme au christianisme, sur ordre du roi son père.

304. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

A MONSEIGNEUR, Monseigneur l’Archevêque de Paris, Duc et Pair de France, Commandeur des Ordres du Roi, Proviseur de la Maison de Sorbonne, et Supérieur de celle de Navarre.

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