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103. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

Il faut regarder quelle est la vie d'un Comédien et d'une Comédienne, quelle est la matière et le but de nos Comédies ; quels effets elles produisent d'ordinaire dans les esprits de ceux qui les représentent, ou qui les voient représenter ; quelles impressions elles leur laissent ; et examiner ensuite si tout cela a quelque rapport avec la vie, les sentiments et les devoirs d'un véritable Chrétien.

104. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

David qui a dansé devant l’Arche, a-t-il paru au théâtre, pour y représenter les amours des Divinités Grecques par des mouvements indécents ? […] Nous n’osons pas même aller aux autres spectacles, pour ne pas souiller nos yeux et remplir nos oreilles des vers profanes qu’on y lit, « ne oculi nostri inquinentur, et aures hauriant prophana quæ ibi decantantur carmina », par exemple, quand on y raconte ou représente les actions tragiques de Thyeste ou de Thésée. […] Ne regarderait-on pas, dit-il, comme un homme de mauvaise vie celui qui ferait représenter la comédie chez lui ? […] Le Cardinal de Richelieu, qui le premier en France fit bâtir un théâtre chez lui, et y faisait représenter ses pièces, n’était pas allé à l’école de Lactance : « Quis non eum pudet luxuriosum et nequam qui scenicas artes domi habeat ? […] Y a-t-il des forfaits qu’on ne représente sur la scène ?

105. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Sont-ce donc des Athées qui regardent, paient, composent, représentent, justifient des exercices publics où il n’est pas permis de paraître Chrétien ? […] La défense dura deux ans ; enfin, à force de sollicitations, de placets, de protections, Molière, à la faveur de quelque prétendu changement, obtint la liberté de la représenter. […] Comédie, Dictionn. de Lamet et Fromageau, où il est nettement décidé qu’on ne peut la représenter sans péché mortel, et qu’on doit refuser l’absolution aux Acteurs (si jamais ils la demandent). […] Non seulement elle représente les vices les plus horribles, mais elle apprend à les commettre. […] Dans le synode de Leyde la cause du théâtre fut plaidée solennellement par quelques Professeurs qui demandaient la permission de représenter dans leurs collèges, ce qui leur fut refusé.

106. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

En effet, est-il rien de plus utile pour la jeunesse, que de lui proposer des exemples frappans à suivre ou à éviter ; de lui peindre les ravages du vice dans l’ordre moral ou politique, & de lui représenter les heureux effets de la vertu ? […] On concevra aisément d’après ce principe, qu’une instruction mise en action, c’est-à-dire, qu’une action qui renferme une vérité utile, étant représentée d’après nature, fera bien plus d’impression dans l’ame des spectateurs, que n’en feroit la même action que les mêmes personnes se seroient contentées de lire.

107. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

L’exemple de tant de prétendus héros qu’il a vus représentés sur le Théatre, & s’élancer au-delà des barrieres de la vie, ne se retrace-t-elle pas dans son imagination, & ne le portera-t-elle pas à cette fatale extrêmité ? […] Quel jugement porteront-ils d’une Tragédie, où le criminel est représenté sous un aspect favorable, où un Catilina, bouleversant sa patrie, est triomphant au milieu de ses forfaits ; tandis que le paisible Cicéron, sauveur de la République, est montré comme un vil Rhéteur & un lâche ? […] on me représente, comme un héros, le plus grand scélérat ? […] On frissonne à la seule pensée des horreurs représentées sur nos Théatres. […] C’est sur ces morceaux extravagants que nos femmes se pâment d’admiration : voilà quel est ce Théatre qu’on fréquente chaque jour, qu’on applaudit, qu’on éleve jusqu’aux nues… puisqu’on tolere de telles licences, que ne devons-nous pas attendre à voir représenter ?

108. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

J’entends par position ou situation théâtrale, la manière dont l’Acteur doit représenter sur la Scène, soit assis, ou debout, en marchant, ou arrêté, à découvert, ou caché, &c. […] Aucune Pièce nouvelle ne pourra desormais être représentée en Province, qu’elle n’ait été approuvée par le Tribunal Dramatique de la Capitale. […] Comment représenter les Tragédies. […] La Décoration d’une Pièce lyrique, qui représenterait un Temple, un Palais, conviendrait presque toujours aux Tragédies. […] Ne pourrait-on pas donner, en Danses expressives, comme les Pyrrhiques, toutes les situations du Drame qu’on va représenter ?

109. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

car les Mimes exposent un adultère, ou le montrent aux yeux ; et ces Histrions efféminés inspirent l'amour qu'ils représentent, et se revêtant de l'image de vos Dieux, ils font honneur au crime qu'ils leur imputent ; et vous font pleurer par des mouvements de tête, et les gestes qu'ils emploient pour exprimer une douleur imaginaire. » Où nous ne voyons pas une parole qui concerne le Poème Dramatique. […] Il fait même trois sortes de censures contre le Théâtre ; et le nomme une chaire de pestilence, et l'école de la débauche ; mais ses paroles montrent assez clairement qu'il n'applique cette condamnation qu'aux Histrions, Farceurs, Mimes, Scurres et autres gens qui ne travaillaient qu'à faire rire ; car il ne se plaint que de l'impudence de l'Orchestre, où nous avons montré que les Comédiens ne jouaient point, et où était un lit sur lequel les Mimes représentaient les adultères de leurs Dieux, et de ce que l'on y donnait au public des Spectacles de fornication, des corps efféminés, des paroles sales, des mauvaises chansons, des femmes débauchées, qui dansaient et nageaient toutes nues dans l'Orchestre pour divertir le peuple, dont rien ne convenait au Poème Dramatique. […] ayant touché cette communication de l'Idolâtrie des Spectacles, ajoute, pour en exprimer la turpitude, qu'ils ne doivent pas faire notre divertissement ; « Le stade et le Théâtre, dit-il, peuvent bien se nommer une chaire de pestilence, et l'assemblée que s'y fait est remplie d'iniquité, et chargée de malédictions ; les actions les plus honteuses y sont toutes représentées ; et quelles paroles les Bouffons et les Bateleurs ne prononcent-ils point pour faire rire le peuple ? 

110. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

Mandement De Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse. […] Nous exhortons tous les Recteurs et Supérieurs des Collèges de notre Diocèse qui y feront représenter des Tragédies, d’y mettre toute la différence qu’ils pourront d’avec celles qui se représentent par des Comédiens sur les Théâtres, et pour lesquelles l’Eglise a toujours témoigné tant d’horreur.

111. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Je commence par examiner la nature des pièces qu’on représente au théâtre, & je finirai par le jeu des acteurs : la première partie décidera de la seconde ; car la déclamation n’est que l’art de rendre au naturel les transports de l’ame. […] En effet, supposons un amant qui, dans le feu des passions, a promis à sa maîtresse de la défaire d’un homme qu’elle aime, mais qu’elle croit devoir haïr depuis qu’il lui est infidèle : supposons, dis-je, qu’aveuglé par son amour il ait tout promis, & que le hasard le conduise à la comédie le même jour qu’on y doit représenter Andromaque ; il écoute avec attention ; il voit dans Pyrrhus ce rival qui lui est odieux ; il est enflammé comme Oreste du plus ardent courroux ; Hermione est à ses yeux cette maîtresse chérie dont il attend sa félicité ; le sacrifice est ordonné ; Oreste tremble, recule, hésite, mais obéit ; il sort dans le dessein d’accomplir sa promesse, & vient bientôt annoncer à sa maîtresse qu’il a rempli ses engagemens : mais quel retour affreux ! […] Le spectacle nous représente le tableau de la vie civile sous des noms empruntés. […] Léon X, le restaurateur des lettres en Europe, fit représenter des tragédies dans son palais.

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