Où seraient les vertus sans les peines et les sacrifices qui en produisent et toute la force et tout l’éclat ? […] Si je voulais raconter tous les maux qu’ont produit dans le monde les lois civiles, la monarchie, le gouvernement républicain, je dirais des choses effroyables. […] Loin des regards de cette multitude toujours avide de scènes tragiques ou scandaleuses qui piquent son oisive curiosité, il se plaît à rétablir le calme dans le foyer paternel, et c’est pour lui le bonheur suprême de voir réunis par ses soins, des frères prêts à dissiper en contestations amères le faible produit de leur héritage. […] Ceux-ci jettent dans le cœur la semence des vertus protectrices de l’ordre social ; ceux-là, quand les glaces de l’indifférence ou les manœuvres de l’intérêt personnel les empêchent de germer et d’éclore, forcent le sol le plus ingrat et le plus rebelle à produire des fruits salutaires. […] Dieu sait ce qu’ont produit toutes ces belles déclamations contre la vie monastique, et le bien que nous en avons retiré !
Les suites & les effets funestes que produisent les spectacles. […] & quelque effet qu’il produise d’ailleurs, n’est-il pas insipide, si l’ame n’y est remuée ? […] Ce sont tous les spectacles en général, dont saint Thomas décide qu’ils ne peuvent produire à ceux qui les représentent, qu’un gain honteux, illicite, & criminel. […] L’oisiveté & la mollesse d’un sexe produisit la délicatesse & la sensibilité dans l’autre ; & bien-tôt la débauche de la Grece passa en proverbe dans les Histoires. […] Les suites & les effets funestes que produisent les spectacles.
Je sçais que la Comédie à produit de bons Auteurs. […] Ces sons expirans, ces mots inarticulés, il ne sçait donc pas ni ce qu’ils signifient, ni l’effet qu’ils produiront ?
« Pour bien comprendre ce que nous venons d’avancer, il ne faut que considérer quelles impressions font sur l’âme les images les moins animées par elles-mêmes, et quel est le sentiment naturel qui accompagne la lecture d’un événement profane, la vue d’une peinture immodeste ou d’une statue indécente : si ces objets, tout inanimés qu’ils sont, se retracent naturellement à l’esprit, si on ne peut même en sentir toute la beauté et toute la force sans entrer dans la pensée de l’auteur ou dans l’idée du peintre, quelle impression ne font pas les spectacles, où ce ne sont pas des personnages morts ou des figures muettes qui agissent, mais des personnages animés, qui parlent aux oreilles, qui, trouvant dans les cœurs une sensibilité qui répond aux mouvements qu’ils ont tâché d’y produire, jettent toute une assemblée dans la langueur et la font brûler des flammes les plus impures ! […] Si des plaisirs si cruels, qui ne devaient inspirer que de l’horreur, étaient capables de produire de tels effets, que sera-ce des spectacles de nos jours, où, loin de révolter, tout amollit et flatte, où l’on n’éprouve que les attaques d’une insinuante volupté ?
Le merveilleux qu’ils y produiraient a quelque chose de plus propre pour le Théâtre. […] On ne trouve pas les mêmes inconvénients dans nos représentations que dans celles de l’Antiquité ; puisque notre crainte ne va jamais à cette superstitieuse terreur, qui produisait de si méchants effets pour le courage.
Croient-ils que dans la colere, Hermione marche à pas comptés, A dieu, tu peux partir † je demeure en Epire † Je renonce à la Grece † à Sparte, à ton Empire † A toute ta famille, † & c’est assez pour moi † Traître, qu’elle ait produit † un monstre tel que toi. Voici comme la Passion peinte dans ces Vers conduit la voix, Adieu † tu peux partir † je demeure en Epire † Je renonce † à la Grece † à Sparte † à ton Empire † A toute ta famille † & c’est assez pour moi Traître † qu’elle ait produit un monstre † tel que toi. […] Le monologue de Rodrigue dut produire un grand effet à cause de notre maniere de penser sur le point d’honneur, & sur l’amour.
une émotion passagère et vaine, qui ne dure pas plus que l’illusion qui l’a produite ; un reste de sentiment naturel, étouffé bientôt par les passions ; une pitié stérile qui se repaît de quelques larmes, et n’a jamais produit le moindre acte d’humanité. […] Ce sont des fables, à la vérité, mais des fables qui font sur le cœur de plusieurs des impressions plus durables que les vérités les plus sublimesag . » Et quand même le fond de ces pièces serait tiré de l’Ecriture sainte, on ne peut pas les voir sans danger ; parce que la sainte morale, transportée sur un théâtre, ne peut produire dans ce sol empesté que des fruits pernicieux : sa place véritable et naturelle est dans la chaire, où environnée de la majesté de Dieu, nourrie de l’onction qui la rend si touchante et si auguste, elle déploie toute sa dignité et toute sa force ; mais au théâtre c’est un sel affadi ; elle n’y paraît que pour être tournée en ridicule, pour essuyer le mépris et encourir la haine des spectateurs.
Nous ne pourrions pas de nos jours proposer de pareils modèles ; ou, du moins, nous ne devrions jamais le faire, parce qu’ils blesseraient nos mœurs : aussi la Tragédie de Phèdre est elle du nombre de celles que je rejette : mais, dans Andromaque, il ne s’agit que d’un amour tout naturel, et qui, eu égard aux personnes et aux circonstances, n’a rien en soi de criminel ; cependant cette passion, toute simple qu’elle est, se trouve portée à un tel point de violence, dans Pyrrhus et dans Hermione, qu’elle produit tous les excès que nous voyons. […] En effet, sur l’article de la modestie, une simple Bergère doit penser comme la plus sage des Princesses ; et une pauvre fille ne doit céder en rien à la plus grande Reine : les principes et les motifs leur étant communs, ils doivent produire les mêmes effets. […] Je suis donc persuadé que cette Tragédie doit rester au Théâtre, comme un ouvrage qui non seulement ne peut pas avoir de suites dangereuses, mais qui, au contraire, est très capable de produire un grand bien.
caressoit au fond du cœur toutes les passions cruelles : il étoit de la nature de son ame de produire des crimes, comme une plante venimeuse produit le poison. […] que devient la liberté, si le crime est dans la nature de l’ame, si l’homme n’est qu’une plante, si l’on disoit, M. de … né libertin, caresse au fond de son cœur les passions impures ; il est de la nature de son ame de produire des obscénités comme une plante venimeuse ! […] C’est dommage qu’elle fasse précisément tout le contraire, qu’elle excite les passions, qu’elle les enflamme, les entretienne, qu’elle fasse aimer le vice, qu’elle en prenne tous les moyens, qu’on passe les heures entieres à produire dans l’ame cette pernicieuse fermentation, comme un Chimiste met les matieres dans un alambic, pour n’en distiller que le vice. Une chanson honnête produit-elle cet effet ?