Leur décadence s’opère quelquefois sans secousse et tout naturellement : ils meurent quand ils ont porté leur plus beau fruit. […] Nous portons la peine de notre galanterie. […] Comme l’amour du spectacle fait partie des goûts de la jeunesse, elle va aujourd’hui porter ailleurs ce qu’elle peut sacrifier à ce genre de plaisir.
» Quand l’intrigue agréable et le style léger et délicat des drames n’inviteraient pas les spectateurs à se livrer à l’amour, la magie du spectacle, la vue des actrices et des femmes qui remplissent les loges, ne les portent-elles pas déjà trop efficacement à cette funeste passion ? […] si dans le saint lieu où l’on n’entend que des psaumes, des prières, les oracles divins, où tout inspire la crainte de Dieu et la piété, les désirs illicites se glissent quelquefois comme un voleur subtil ; comment des hommes, au théâtre, où ils ne voient et n’entendent que des choses qui portent au crime, dans le centre de la turpitude et de la perversité, investis par le vice, et attaqués de tous côtés par les yeux et les oreilles, comment pourraient-ils triompher des mauvais désirs ? […] Je m’afflige donc et me désole de ce que vous sortez des spectacles après vous être porté un coup mortel, de ce que, pour un plaisir passager, vous souffrez de longues et cuisantes douleurs ; de ce qu’avant le supplice de l’enfer vous vous condamnez vous-mêmes ici-bas aux plus rigoureuses peines. Et quelles plus grandes peines, je vous le demande, peut-on imaginer, que de nourrir une pareille passion, de brûler sans cesse, de porter partout la fournaise d’un amour insensé et les reproches de sa conscience7 ?
» On voit par ces paroles, que Marcel Megal un des Religieux Théatins les plus éclairés, décide que c’est un péché mortel, de dire dans les Comédies ou ailleurs, des paroles qui portent à l’impureté et à la fornication, quoiqu’on les dise pour rire et pour relâcher l’esprit ; et que ceux qui les écoutent pèchent mortellement, quoiqu’ils les entendent sans sentir un plaisir sensuel et seulement par récréation. […] Il autorise cette proposition par Richard de saint Victorr, qui prouve qu’il y a péché mortel dans une action, lorsque Dieu est offensé grièvement, lorsqu’on fait tort au prochain et à soi-même : Or les Comédiens font ces trois maux, ils choisissent les plus belles Comédiennes qu’ils peuvent trouver, ils les parent magnifiquement avec le fard et l’artifice ; leurs paroles, leurs postures, leurs danses et leurs chansons portent à l’impureté. […] La second raison tirée de l’infamie des spectacles anciens, qui avait porté les saints Pères à les condamner, est réfutée par les saints Pères mêmes qui les ont condamnés pour des raisons qui subsistent encore, comme on l’a fait voir. […] Dans le premier il examine les motifs qui doivent porter les Prédicateurs et les Confesseurs, à faire des instances pour obtenir la modération du Théâtre ; ces motifs sont le zèle pour le salut des âmes, et les désordres que les Théâtres causent.
Heureusement tout cela ne portait pas sur les mœurs, et peu à peu, comme dans tout le reste, on eût réformé les airs gothiques. […] Cet assemblage raffiné de tous les aliments de la passion, ne peut nourrir que la passion ; jamais la vertu ne portera la main sur ce fruit empoisonné, elle cesserait d’être vertu. […] Les ordonnances de nos Rois et les arrêts des Parlements ont constamment défendu, sous peine de prison et de punition corporelle, de porter sur le théâtre, non seulement les ornements sacerdotaux, mais même les habits ordinaires des Ecclésiastiques et des Religieux : les paroles de l’Ecriture sont-elles moins respectables ? […] C’est jusque là que ces Princes portaient leur respect pour la religion. […] Non, il ne porta jamais à la piété, lors même qu’insolemment paré des livrées de l’Evangile, il s’efforce d’en parler le plus pompeusement.
elle en est étonnée, mais elle tend les deux mains à cette chaîne, parce que Commenge la portait : c'est tout dire, quel soulagement que l'amour ! […] Je ne parle pas des défenses faites depuis les premiers Empereurs Chrétiens, et cent fois renouvelées par les ordonnances de nos Rois et les arrêts des Parlements, de jamais porter des habits ou introduire sur le théâtre des rôles ecclésiastiques ou religieux : le respect pour les lois et la religion est inconnu au théâtre. […] Frappe, qu'un coup de foudre achève mon destin. » Il l'insulte, en le priant, en contemplant, baisant, arrosant de ses larmes le portrait de sa maîtresse, qu'il portait toujours, par un scandaleux assemblage, sous son cilice, sur son cœur. […] Quel horrible tourment d'aller porter un cœur dont un autre est le maître ! […] J'osais, j'osais nourrir une flamme adultère Dans le sein d'un époux, je portais dans ses bras Un cœur qui chérissait ses secrets attentats Sous le voile imposteur d'une pudeur trop feinte. » Il faudra faire de cette pièce un livre classique pour bien instruire la jeunesse.
Il n’y a pas jusqu’aux Protestants qui n’aient approuvé cette défense ; et dans leur discipline qu’ils appellent la discipline des Protestants de France, ils la portent même jusqu’à ne pas souffrir que dans les Collèges on représente jamais des pièces tirées de l’Ecriture Sainte chap. 14. art. 28. p. 301. […] Les prétextes que quelques-uns pourraient prendre, de porter au bien ceux qui vont à la Comédie, paraîtront des chimères, et on se trouvera naturellement porté à dire avec M. […] Ces défendeurs du Théâtre s’imaginent-ils qu’on respectera des Comédiens, quand ils auront contrefait des Saints, et pensent-ils qu’on n’aura plus rien à leur dire, lorsque leurs pièces porteront les noms les plus vénérables ? […] Que si les Comédiens osent lui insulter jusqu’à se moquer de ses Règlements, et à porter sur le Théâtre les choses saintes, comme si leur état était bien saint, ils mettent le comble à leurs crimes, que Dieu saura venger tôt ou tard. […] Boyer avait du génie, de l’inclination au travail, de bonnes mœurs, et qu’il portait l’habit Ecclésiastique : n’aurait-il pas dû choisir une autre route que le Théâtre, plus convenable à ses talents, à son honneur et à sa fortune ?
La dernière sorte de masques, ne représentait que des figures affreuses, telles que les Gorgones & les Furies… En général la forme des masques comiques portait au ridicule, & celle des masques tragiques inspirait la terreur*. […] Concluons que les Anciens avaient les Masques qui convenaient le mieux à leurs Théâtres, & qu’ils ne pouvaient pas se dispenser d’en faire porter à leurs Acteurs, quoique nous ayions raison à notre tour de faire jouer nos Acteurs à visage découvert.
Pour en porter la preuve jusqu’à la démonstration, il n’est pas besoin d’en rapprocher ici tous les heureux effets. […] Faut-il s’étonner, si dans l’oubli des principes religieux, tant d’infortunés fatigués de l’éclat du jour, portent sur eux-mêmes une main barbare et dénaturée ! […] et quelle institution plus grande et tout ensemble plus utile, que cette école auguste d’apôtres et de martyrs, destinés à porter jusqu’aux extrémités du monde, et la gloire du nom chrétien, et la gloire du nom français ? […] Oui, nous touchons enfin à cette époque heureuse où nous n’y devons plus voir que des cœurs droits et désintéressés, que des orateurs dignes d’en porter le nom, et d’en offrir les talents et les modestes vertus. […] N’est-ce pas là réellement une pièce bien intéressante, et bien propre à nous porter à remplir le grand précepte de l’aumône ?
Premierement, c’est une chose très-constante, que tous les Peres de l’Eglise ont declamé contre la comedie, qui se faisoit de leur tems, comme contre un spectacle, qui alloit de lui-même à la grande corruption des mœurs : Il ne faut qu’en lire les invectives, pour voir de quel zele ils estoient portez contre un divertissement, qui en deshonorant le Christianisme, en corrompoit aussi les maximes, & la pureté. […] Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se declame, & qui voyent le spectacle d’une comedie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’imagination des images, & des representations moins honnétes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ? […] mon Dieu, Madame, laissons là, je vous prie, cette partie si delicate de l’Eglise, sans la toucher rudement : Ces gens portent alors avec eux leur condamnation, sans que nous soyons obligez de parler ; nous ne devons avoir, que le silence, & le gemissement, respectant toûjours leur caractere ; nous n’avons qu’à baisser les yeux de honte, pour celle, qu’ils ne prennent pas, comme pour nous persuader, que nos yeux ne voyent pas, ce qu’ils voyent en effet ; & je m’assûre, que vous même, ayant l’esprit un peu Chrêtien, vous ne tirerez pas avantage d’un exemple, qui passe le scandale ordinaire, pour aller plus librement à la comedie.