Mais les paroles de ce père sont générales : ses preuves portent également contre tous les chrétiens dont il explique par tout son livre les devoirs communs.
Comme on met dans les opéras bouffons, dans les comédies à ariettes l’indécence en action ; comme tout conspire à faire perdre la pudeur, d’abord par le sujet qui est contre la décence, ensuite par l’intrigue et l’action qui forment des images séduisantes, par des détails qui respirent la passion même ; comme enfin tout peint et célèbre la volupté, ou la fait pénétrer par les yeux et par les oreilles jusque dans le fond de l’âme ; l’harmonie d’une musique voluptueuse achève de porter l’ivresse dans les sens des spectateurs.
Tous les jeux de ceux-ci consistaient en gesticulations, tours de passe-passe, par eux, ou par des singes qu’ils portaient, ou en quelques mauvais récits du plus bas burlesque.
Il semble que Dieu même, dont ils ne sont que les ombres, en ait usé de la sorte dans l’ancienne Loi, quand il se montrait aux hommes : Car il paraissait dans une lumière si éclatante, que les yeux avaient peine à le souffrir : Il était porté dans un char de flammes, ou sur les ailes des vents ; Les foudres et les éclairs marchaient devant lui, et faisaient mourir souvent quelques coupables ; pour donner de l’étonnement et de la terreur aux innocents.
Hercule, pour plaire à Omphale, dépouille la peau de lion, & s’habille en petit maître ; il fit plus, il s’habilla en femme, se mêla avec les femmes de la Princesse, prit la quenouille & le fuseau, & fila avec elles, fort mal-adroitement à la vérité, le fuseau est bien différent de la massue qu’il avoit accoutumé de porter, mais plus malheureusement encore pour sa gloire. […] Corneille, Racine, Quinaut, qui dans leur genre valent bien Moliere, ne prétendent point au privilege exclusif, & les autres théatres n’ont pas porté le délire jusqu’à le leur accorder. C’est se jouer du public & se rendre ridicule, de porter l’ivresse à cet excès, & de vouloir enivrer tout le monde de son vin. […] Les Espagnols ont introduit leur théatre, & en perfectionnant la scene, ils l’ont corrompue ; ils ont aiguisé les traits des passions & servi le poison dans des coupes dorées : attaque moins bruyante, mais blessure mortelle du cœur ; comme si dans nos villages au lieu des danses tumultueuses, des exercices & des jeux fatigans des fêtes locales, on faisoit jouer des comédies, & on donnoit des bals masques ou parés pour amuser les villageois ; ce seroit porter le dernier coup à la dépravation de leurs mœurs.
Quel nom portaient ces derniers ? […] Quel coup ne devait pas porter à la passion d’un jeune homme, cette publicité des appas les plus secrets de sa maîtresse ! […] Sa proscription fut comme le dernier coup porté à la Religion des Grecs & des Romains. […] Charles d’Anjou, qui parvint alors au Royaume de Naples, porta la Poésie Provençale à Florence, où il avait été appelé : le séjour de la Cour de Rome dans le Comtat Vénaissin, acheva de communiquer aux Italiens le goût de la belle Littérature d’alors, dont la Provence était devenue le centre. […] Denys d’Halicarnasse nous l’apprend : « On nommait Ludii des Jeunes-gens distingués, vêtus de robes courtes, qui portaient un casque, une épée, & un bouclier ; & qui, dans les jeux du Cirque, déclamaient des vers sur le Théâtre destiné aux Représentations tragiques.
Jamais ils n’oseraient le regarder en face ; ils craindraient de porter leurs regards trop bas, ou de laisser apercevoir cette fourbe noblesse plus propre à inspirer l’indignation et le mépris, que le respect et la vénération.
Ne croyez pas, Mes Très-chers Frères, que nous voulions vous effrayer : nous espérons aussi bien que vous, que nous aurons sujet de nous réjouir, et que le Seigneur bénira nos armes : mais sera-ce aux Dieux de l’Opéra que nous ironsp porter votre reconnaissance et vôtre joie ?
L’Acteur habile au contraire, sans négliger absolument ces facultés différentes, va droit à l’ame, y porter les charmes du vrai, les délices de la réalité ; & son langage n’est point obscur, son idiôme emprunté : loin d’attendre rien des soins du Spectateur, il met sa gloire & son triomphe à lui en épargner. […] Mais sans porter sur cela le jour de l’analyse, parce qu’au fonds ce seroit une dépense inutile à cette idée de Copiste, nous le demandons. […] Le caractére, le goût, les mœurs particulieres ; tout cela ne laisse pas d’influer puissamment sur le succès des Acteurs ; selon en effet qu’on entre dans notre façon de penser, qu’on flate nos sentimens, qu’on attrape le ton sur lequel notre cœur & notre ame sont montés ; nous sommes portés naturellement à applaudir un Acteur. […] Disons plus : l’esprit a ses transports, l’imagination son yvresse, le goût ses ravissemens ; mais à quelque point que tout cela soit porté, il n’y a rien de si innocent : par-tout où les sens n’ont point de rolle, les passions n’ont point de jeu, & conséquemment les mœurs sont sans danger. […] Cet avantage merveilleux est attaché à l’amour, & le moindre de ses effets, c’est de nous interresser essentiellement à l’état d’autrui, comme son prodige & son chef-d’œuvre est de nous porter même jusqu’au sacrifice.