/ 448
4. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Voilà les spectateurs à qui les poètes et les comédiens doivent plaire, et qu’ils se proposent d’amuser : est-il donc surprenant que les premiers composent licencieusement, et que les seconds y conforment leur jeu ? […] Ils flattent notre amour-propre en nous faisant voir des passions semblables aux nôtres ; et les portraits qu’ils nous en font nous plaisent encore plus que ceux de nos personnes : ces portraits deviennent souvent des modèles. […] Les spectateurs ne trouveraient rien que de froid dans un mariage chrétien ; il faut pour leur plaire qu’il y entre du transport, de la jalousie, de la résistance de la part des parents, de l’intrigue pour le faire réussir. […] Voilà pourquoi la morale du théâtre n’est qu’un amas de fausses opinions qui naissent de la concupiscence, et qui ne plaisent qu’autant qu’elles flattent les inclinations corrompues des spectateurs. […] Ils s’apprivoisent aisément avec ce qui leur plaît, quelque danger qui s’y trouve.

5. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Ces choses ne plaisaient qu’aux gens d’un médiocre génie, les honnêtes gens en trouvaient de plus délicates et de plus relevées : c’était par ces beaux endroits que les Tragédies plaisaient alors, et c’est par là qu’elles plaisent encore maintenant. […] C’est la moindre chose que de plaire aux Savants. Il faut plaire à la Cour, il faut être au goût des Dames pour réussir. […] C’est à vous maintenant de choisir auxquelles vous aimeriez mieux plaire. […] Dites tant qu’il vous plaira que les Tragédies Chrétiennes ne sont propres que pour les Collèges, je soutiendrai toujours qu’elles peuvent plaire à la Cour, et aux gens du monde, pourvu qu’elles soient conduites par d’excellents Auteurs, qui aient assez de génie pour en soutenir toute la Majesté.

6. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Dans les Spectacles nous apprenons deux choses, qui nous sont également funestes : l’une, de nous ennuyer de tout ce qui est serieux : l’autre, de nous plaire dans la dissipation. […] on ne doit point la representer, ni se plaire à la voir representer : car on ne manque gueres d’aimer bien-tôt un vice dont l’image commence à plaire. […] Que trouve-t-on dans les Romans, & que nous remet-on devant les yeux dans les Comedies, que d’autres passions embellies de même, & dont les images nous plaisent ? S’il n’est point permis d’aimer les vices, peut-on se plaire à ce qui a pour but de nous les rendre aimables ? […] Pourroit-il dire au Seigneur, que c’est pour le glorifier, & pour lui plaire, qu’il va s’exposer à mille dangers de l’offenser ?

7. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Toutefois de peut de noise dans ces matieres de bagatelle, faisons une proposition moins contestable & plus utile, & demeurant d’accord de l’avantage que les Anciens peuvent avoir sur les Modernes, tâchons au moins par nos travaux de nous mettre en estat de leur pouvoir disputer la gloire d’un si noble & si loüable secret de plaire. […] Car hors leur presomption, dont on se divertit toûjours assez bien, il est tres-peu de choses en eux qui attire ou qui plaise, & les Comediens & les Libraires souvent ne s’en trovent pas bien. […] Nous croyons plaire aux autres, quand nous ne plaisons qu’à nous-mesmes, & à force de nous flater dans nostre presomption, nous rebutons le monde & nous nous attirons son mépris ou ses censures. […] Il est quatre choses, qui sont pour ainsi dire asseurées de plaire generalement à tout le monde, ou à la plus grande partie, ou du moins à la meilleure. […] Ces sortes d’objets ont un don infaillible de plaire, sans aucun secours du bel esprit ou de l’Art.

8. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Punctum Unicum. » pp. 5-6

Il ne dit pas : Ils s’entre-tuent ou ils se battent, ils se querellent, ils s’enivrent, ils cajolent les filles ; mais ils se réjouissent à jouer, ils se plaisent au son du tambour, du fifre et des violons ; ils se divertissent, ils passent le temps et ils descendent en enfer en un moment. […] vous vous plaisez à l’harmonie des hautbois, et par ce moyen l’enfer a ouvert sa gueule, et les hommes y tombent à la foule4 ! […] Bref, l’Ecclésiaste dit que les hommes sages se plaisent aux lieux où il y a du deuil et de la tristesse, et que les fous se plaisent aux compagnies où il y a des ébats et réjouissances mondaines10.

9. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Judith se para de son mieux pour plaire à Holopherne. […] La seule qui n’a pas cherché à plaire, est la seule qui plaît : sa simplicité emporte la couronne. […] Pourquoi donc ce soin de plaire, cette parure, cette indécence ? […] On veut plaire à son mari, dit-on, & on s’en fait gloire. […] On veut donc plaire à tout le monde, aussi-bien qu’à son mari.

10. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Il faut que nous mettions notre complaisance et notre joie, et que nous nous appliquions à le louer ; Il est le seul dans lequel il n'y ait rien qui nous déplaise ; comme au contraire, il n'y a personne en qui les infidèles trouvent tant de choses qui leur déplaisent : Tenez ce peu de mots pour une maxime indubitable, que l'homme à qui Dieu plaît, plaît aussi à Dieu. […] C'est à ces hommes infidèles impies, méchants (j'ai honte de le dire, je le dirai pourtant, parce que vous savez combien ce que je vais dire est véritable) c'est à ces sortes de personnes qu'un Comédien plaît davantage que Dieu, c'est pourquoi le Prophète après avoir dit justes réjouissez-vous en Dieu, (parce que nous ne saurions nous réjouir en lui, qu'en le louant, et que nous ne pouvons le louer, si nous ne lui plaisons, d'autant plus qu'il nous plaît davantage.) […] Prions pour eux, mes très chers frères ; c'est du nombre de ceux qui étaient méchants et impies, que Dieu se plaît à faire croître le nombre des Saints. […] Les laisserons-nous sans leur donner des Spectacles qui leur plaisent, et qui les occupent ? […] Plût à Dieu que personne ne le fit, ou qu'il y eut peu de gens qui le fissent, ou qu'on ne le fit point publiquement.

11. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Le Spectacle n’est plus un amusement vide, et oisif ; c’est un assemblage vif et séduisant de tout ce qui peut plaire, qui ne tend qu’à enchanter l’esprit et les sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant. […] La Religion n’est pas entendue dans un si grand fracas de plaisirs ; rien n’est du goût que ce qui flatte les sens, et parmi tant d’objets si capables de plaire, et qui plaisent en effet, l’âme sera-t-elle maîtresse de ses désirs ? […] On s’apprivoise aisément avec ce qui plaît, quelque danger qu’il s’y trouve. […] Et les idées licencieuses d’une multitude de libertins, à qui il plaît de n’approuver que ce qui flatte, prévaudront-elles à la morale de l’Evangile, et à la doctrine des Saints ? […] Ces faux Prophètes, qui s’étudient à ne dire jamais rien qui ne plaisent, et qui tâchent de se faire accroire à eux-mêmes que c’est l’esprit de Dieu qui les guide, seront-ils bien reçus à dire qu’ils ne pensaient pas qu’il y eût du mal d’assister quelquefois aux spectacles, quand le Seigneur leur demandera compte de tant de gens qui s’y seront perdus ?

12. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Elle n’est guere moins certaine, pourquoi vouloir si fort plaire aux hommes. […] Ces deux rivaux sont irréconciliables, ce qui plaît à l’un déplait à l’autre. […] Comment se plaire dans la croix, quand on veut goûter les plaisirs ? […] Si on ne veut plaire qu’aux hommes, on est plus à plaindre encore, puisqu’on déplait à Dieu, & qu’en perdant la grace on perd tout pour l’éternité ; même les hommes à qui on avoit eu le malheur de plaire. […] Mais dans le fond, les femmes y attachent des agrémens, qui sont une espece de talisman, pour plaire aux hommes.

/ 448