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2. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XV. Les spectacles éteignent le goût de la piété. » pp. 133-137

Les spectacles éteignent le goût de la piété. « On serait peut-être moins coupable en assistant aux représentations théâtrales, si leur effet n’était que d’allumer des passions vicieuses ; mais elles éteignent encore le goût de la piété. […] L’esprit impur serait-il en possession de tant de chrétiens, s’ils n’allaient recevoir aux spectacles de funestes impressions qui, en éteignant dans leur cœur le goût de la piété, y allument le feu des plus fougueuses passions ? […] La mortification, la prière, les bonnes lectures, la fréquentation des sacrements, en nourrissant leur piété, faisaient leurs délices. […] L’harmonie de l’âme est entièrement dissipée à la comédie, puisqu’on y perd ordinairement les sentiments de la pudeur, de la piété et de la religion, si on y va souvent ; et elle est fort ébranlée, pour peu qu’on y aille, parce qu’elle excite et réveille les passions ; parce qu’elle fait ou doit faire cet effet dans tout le monde ; parce que c’est son but, sa fin et son dessein, et que ce n’est que par accident qu’elle ne le fait pas toujoursbd.

3. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre »

Vous éteignez en vous l’esprit de piété, de charité et de pénitence, l’esprit de piété et de dévotion. […] L’esprit de dévotion est comme un baume précieux, comme l’essence d’une eau cordiale : rien ne s’évente si aisément, il ne faut qu’une heure de dissolution pour ruiner en vous le recueillement et l’esprit de piété que vous aurez amassé en plusieurs semaines de méditation et d’oraison.

4. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Si l’on donne quelque pièce pieuse, ce qui est très rare, est-ce la piété qu’y cherche et le spectateur et l’acteur ? […] L’Hôtel de Bourgogne agissait-il par piété ou par jalousie ? […] Mais on n’a pas eu occasion de les refuser ; connaissent-ils les exercices de piété ? […] le Chrétien connaît-il de lieu et de temps où la piété soit déplacée et l’Evangile ridicule ? […] On ne veut que plaire et s’amuser, et trouver peut-être quelque prétexte pour excuser la comédie par un vernis de piété.

5. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Sont-ce là les fêtes des Chrétiens, dont quelque saint mystère est toujours l’objet, et que l’Eglise ne solennise que par des exercices de piété ? […] Les Congréganistes sont communément des gens de bien ; ils ne vont régulièrement à des exercices peu amusants, que par principe de piété, ils n’y font que de bonnes œuvres. […] Qui oserait comparer la morale du théâtre avec un sermon, les décorations avec les tableaux d’une Eglise, les chants, les danses, avec des exercices de piété, les actrices, les coulisses, les loges, le parterre, avec des assemblées de religion ? […] Non seulement le théâtre détourne des exercices de piété, mais encore il apprend à farte fort mal le peu qu’il laisse pratiquer. […] un spectateur y va-t-il par piété ?

6. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VIII. » pp. 42-43

Cependant le Génie de la Ville d’Aix ayant appris ce qui s’est passé, suivi de la Religion et de la Piété, vient supplier Apollon de faire un choix qui lui soit avantageux. Ce serait, mes Pères, ce qu’il y aurait de plus raisonnable dans votre Ballet, si la Religion et la Piété que vous faites précéder par un Génie, pouvaient être prises pour quelque chose de Chrétien ; mais ce qui fait que l’on ne le peut, c’est qu’un moment après vous les faites danser. Or ni la Religion ni la Piété Chrétienne ne dansent pas, et quand il leur prendrait envie de le faire, ce ne serait pas dans une Compagnie aussi mal assortie que celle de votre Ballet.

7. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Dieu choisit ses Elus en tous lieux : dans les armées où la Piété est si peu en vogue il s’est trouvé de saints Soldats, dans les Cours où le Vice triomphe il s’est trouvé de pieux Courtisans, et des lieux que la pudeur, et leur infamie empêche de nommer Dieu a fait sortir de grandes âmes qui ont été des miroirs de pénitence faisant surabonder sa grâce où le péché avait abondé. […] J’avance tout ceci pour préparer l’esprit de mon Lecteur au récit d’une grâce insigne que Dieu versa en l’âme d’une Comédienne dont la vie et la piété peuvent faire honte à beaucoup de Dames nourries en des écoles plus retenues et plus réservées. […] Et c’est ainsi que ces doctes Religieux qui portent les flambeaux des lettres et de la piété par toute la terre se servent des Représentations dans leurs Collèges non seulement pour donner à leurs écoliers la hardiesse de parler en public et pour former leur geste et leur action à l’art Oratoire, mais encore pour corriger les mauvaises mœurs et imprimer de bons sentiments de vertu en l’âme des spectateurs. […] Car vous devez savoir que cette fille à tant de vertu et particulièrement tant de piété qu’enfin sa dévotion éclata hier en la façon que je vous dirai. […] S’il faut appeler Conversion l’entrée en Religion d’une fille qui avait toujours été pleine de piété et de pureté, et semblable à un lys qui est parmi les épines.

8. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Il faut savoir choisir et ménager les sentiments de piété qui sont amenés par la matière, et il ne faut en charger ces Poèmes, que lorsqu’ils sont destinés pour des Communautés Religieuses, et des Assemblées particulières. Le théâtre doit instruire et divertir le public, mais les instructions de piété n’y doivent être ni fréquentes ni affectées, il faut qu’elles soient regardées comme des sentiments qui sont attachés aux caractères des Acteurs, et qui servent à l’action qui se passe sur la Scène. […] Comme toute sorte de gloire appartient au siècle de Louis le Grand, après y avoir vu les duels et les blasphèmes abolis, l’hérésie exterminée, l’ordre et la discipline partout rétablis, il faut qu’on y voie la piété florissante au milieu des plaisirs, les Spectacles consacrés, le Théâtre sanctifié. […] Ce bruit est devenu un scandale public, et semble nous faire entendre qu’il faudrait proscrire la piété et la bannir du Théâtre, comme si nous étions encore dans ce siècle barbare et ignorant, où les spectacles publics représentaient nos plus sacrés mystères d’une manière qui rendait ridicule ce qui devait être le sujet de l’attention la plus sérieuse et de la plus profonde vénération.

9. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

On fera l’apologie des profanations théâtrales de la parole de Dieu, et un style fleuri qui inspire la piété, sera traité de sacrilège ! […] L’homme du monde n’en entend qu’avec dégoût la lecture ; celui dont le théâtre vient d’éteindre la piété, la soûtiendra-t-il ? […] Les Journalistes de Trevoux (févr. 1711.) s’empressèrent d’y trouver mille beautés, et louèrent surtout la piété de l’Auteur, qui avait exactement suivi le texte de l’Ecriture. […] La comédie, qui ne cherche qu’à s’amuser de dévotion, comme de tout le reste, est demeurée en possession de ce chef-d’œuvre, non par piété, ce qui lui est fort indifférent, mais parce que le public, qui l’admire avec raison, y apporte de l’argent. […] Il est vrai qu’en permettant les pièces ordinaires, s’ils ne blessent pas la majesté de la religion, ils ne ménagent guère la pureté de la morale, et que la véritable piété supprimerait tout.

10. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXVIII.  » p. 489

 » Cet autel est le cœur de l'homme, et chaque chrétien est le Prêtre qui doit avoir soin de nourrir sur l'autel de son cœur le feu de la charité, en y mettant tous les jours du bois c'est-à-dire, en l'entretenant par la méditation des choses de Dieu et par les exercices de piété. Or si ceux qui vont à la Comédie ont encore quelque sentiment de piété, ils ne peuvent désavouer qu'elle n'éteigne et n'amortisse entièrement la dévotion.

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