Les Philosophes & les Théologiens du Paganisme, dit un célèbre Auteur(b), voyant la passion que les Peuples avoient pour les Spectacles, donnerent des instructions déguisées, sous l’appas du plaisir. […] Nos Auteurs sans doute se font gloire de suivre les regles prescrites par le célebre Philosophe Grec ; or s’ils les suivent, la vertu doit reprendre tous ses droits. […] Le Prélat s’éleve contre les chants passionnés de Lulli, contre les dangers de représenter, même l’amour légitime à cause des circonstances qui l’accompagnent, contre les scandales mêlés aux représentations du Théâtre ; il ramene à son opinion les Peres, les Philosophes anciens, Platon, & même le Philosophe Grec ; enfin il combat la Comédie par la vie sérieuse que commande l’esprit de la Religion.
C'est encore un nouveau motif à ce philosophe pour bannir de sa République les poètes comiques, tragiques, épiques, sans épargner ce divin Homère, comme ils l’appelaient, dont les sentences paraissaient alors inspirées : cependant Platon les chassait tous, à cause que ne songeant qu’à plaire, ils étalent également les bonnes et les mauvaises maximes ; et que sans se soucier de la vérité qui est simple et une, ils ne travaillent qu’à flatter le goût et la passion dont la nature est compliquée et variable. C’est pourquoi « il y a, dit-il, une ancienne antipathie entre les philosophes et les poètes »De Rep. 10. fin.
Mais il a fait paraître qu’il était meilleur Philosophe que sage et prudent Politique, voulant introduire la communauté des femmes dans sa République ; laquelle opinion a été condamnée universellement de tous les Magistrats comme pernicieuse et contraire au bien public. […] La Comédie n’étant donc mauvaise de soi, qui la voudra blâmer et la traiter plus rigoureusement que les Philosophes Moraux qui l’ont mise au nombre des plaisirs légitimes et des voluptés innocentes, comme la peinture, la sculpture et la musique ? […] De cette raison GUILLOT-GORJU passe à une autre, et dit que puisque les animaux recherchent le plaisir avec tant de contention et d’ardeur, on peut conclure que c’est un bien convenable à leur nature : C’est pourquoi les Philosophes dans la division du Bien en ont fait de trois sortes : à savoir, un bien honnête, un utile, et un délectable : ou pour mieux dire, ce n’est qu’un même bien, qui a trois faces comme un corps naturel, trois dimensions lesquelles ne se peuvent séparer l’une de l’autre. […] [NDE] Cratès est un philosophe cynique ancien et un disciple de Diogène de Sinope. L’anecdote ici est un lieu-commun tiré, entre autres, de Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, VI, 87.
Après avoir démontré des vérités aussi frappantes, voyons quelle idée peut faire naître, dans l’esprit du Philosophe, le terme Musique. […] Enfin le Philosophe entend par Musique, des sons vains & passagers, qui se dissipent à l’instant, & ne laissent rien après eux ; tel qu’on voit une légère fumée s’évaporer & se perdre dans les airs. […] Mais que devons-nous croire préférablement, ou le vulgaire ou le Philosophe ? […] On donna, dans la suite, à ces Philosophes le nom de Bardes à cause de Bardus leur Roi & leur instituteur. […] Un Philosophe Scyte, qui s’appellait, je crois, Anacharsis, frère d’un Roi de la Scytie, eut la curiosité de pénétrer dans la Grèce.
La Favard moins qu’une autre, elle étoit philosophe. […] Une Comédiene de l’Opéra comique Philosophe ; quel prodige ! […] L’Actrice Philosophe seroit le sujet d’une fort jolie piece. […] Mais le Paradis n’occupe guere ni les Actrices ni les Philosophes ; à son tour il ne compte guere d’être peuplé de pareils citoyens. […] C’est pourtant un Philosophe qui le fait.
Un Philosophe, tel que vous, ne voudra pas sans doute imprimer cette tache à sa mémoire. Mais, si vous vous plaignez des 3 reproches d’impiété dont souvent on charge les Philosophes mal à propos, en leur attribuant des sentimens qu’ils n’ont pas, en donnant à leurs paroles des interprétations forcées, en tirant de leurs principes des conséquences odieuses qu’ils désavouent ; Mrs les Ministres de Genève, & plus encore les Protestans en général, ne sont-ils pas en droit de vous adresser les mêmes plaintes ? […] Les Protestans sont déjà trop injustement noircis dans l’esprit d’un peuple ignorant : Que deviendroient-ils, si les hommes de génie & les philosophes se joignoient à l’Apologiste de la S.
Or non les Poètes seuls, mais aussi les Philosophes n’ont eu aucune connaissance du vrai Dieu, devant la venue de notre Sauveur Jésus-Christ, vrai et unique fils de Dieu, lequel nous a donné son Père à connaître instituant la vraie Religion, par laquelle les ténèbres d’erreur ont été abolies, et aussi toute fausse opinion. Il ne sera donc pas raisonnable de bannir de la cité les Poètes, non plus que les Philosophes, pour avoir ignoré le vrai Dieu : vu que les Philosophes ont été aveuglés de même erreur, et ténèbres d’ignorance. […] Si est-ce néanmoins qu’ils en ont dit quelque chose, et ne sais point si ce qu’ils en ont dit, est moindre que ce qu’aucuns Philosophes en ont écrit. […] Varron très excellent Poète, et le plus savant de tous les Philosophes Latins,Aul. […] Je passe maintenant aux Philosophes, desquels la doctrine est fort ample et copieuse, digne certainement d’être apprise et reçue soigneusement de chaque bon citoyen.
En intéressant les Philosophes par les vérités répandues dans votre ouvrage, et les gens de goût par l’éloquence et la chaleur de votre style, vous avez encore su plaire à la multitude par le mépris même que vous témoignez pour elle, et que vous eussiez peut-être marqué davantage en affectant moins de le montrer. […] Mais si avec quelques Philosophes on n’attache l’idée de passion qu’aux affections criminelles, il faudra pour lors se borner à dire, que le Théâtre les corrige en nous rappelant aux affections naturelles ou vertueuses, que le créateur nous a données pour combattre ces mêmes passions. […] Vous appelez passagers et stériles les mouvements que le Théâtre excite, parce que la vivacité de ces mouvements semble ne durer que le temps de la pièce ; mais leur effet, pour être lent et comme insensible, n’en est pas moins réel aux yeux du Philosophe. […] La seule chose que j’oserais blâmer dans le rôle du Misanthrope, c’est qu’Alceste n’a pas toujours tort d’être en colère contre l’ami raisonnable et Philosophe, que Molière a voulu lui opposer comme un modèle de la conduite qu’on doit tenir avec les hommes. […] Il ne fallait pas moins qu’un Philosophe exercé comme vous aux paradoxes, pour nous soutenir qu’il y a moins de mal à s’enivrer et à médire, qu’à voir représenter Cinna et Polyeucte.
Etoit-il supportable, même aux yeux des Philosophes Payens, que sur la fin de l’Empire, les Théâtres fussent bâtis plus superbement que les Temples, & que les Jeux du Cirque fussent plus brillans que les Cérémonies Religieuses ? […] Mais l’Epoux qui devient le tyran de sa Femme, & qui est si bien contrasté dans l’Ecole des Maris, par le galant homme qui laisse une honnête liberté à la sienne ; Celui qui abuse d’un dépôt confié, qui veut séduire, en sa faveur, une Enfant qu’il a mal instruite, & qui compte lui enlever & les douceurs de la vie & les biens ; Un faux Philosophe, rempli de lui-même, qui se complaît dans le mérite sauvage de détester l’humanité ; Un avare sordide, ingrat envers ses Enfans : Tous ces objets ne sont-ils pas vicieux ? […] Ainsi l’obsession des Vieillards, les poursuites maussades des sots amoureux, les vues intéressées des Parens, ont toujours dû paroître importantes aux Poëtes Comiques, & sur-tout à un aussi grand Philosophe que Moliere. […] La Comédie fut regardée, dans sa naissance, comme un effet de la sagesse des Grecs, & elle resta long-tems dans la plus haute estime ; mais quand un Poëte osa se mocquer publiquement des Dieux, des Ministres de l’Etat, & des Philosophes les plus respectés, les choses changerent de face, & ces Comédiens, auparavant si aimés, furent alors chassés comme ils le méritoient. […] De ce nombre sont, Saint Thomas d’Aquin, Saint François de Sales, un Evêque de Florence, Monsieur Huet, que nous avons déjà cité, Fabricius, Dacier, & beaucoup d’autres, entre lesquels nous distinguerons deux célebres Philosophes, l’un Prophane, & l’autre Chrétien, que l’on cite mal-à-propos, comme contraires à la Comédie.