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357. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Il est encore certain que la scène était alors très épurée : les Empereurs Chrétiens en avaient banni l’idolâtrie et la licence, le Gouverneur de Milan (la Ligurie) ni son père ne l’auraient pas souffert dans leur gouvernement, et le crédit que ce Saint eut sur l’esprit de cinq Empereurs, dont trois l’appelaient leur père et ne se conduisaient que par ses avis, ne permet pas de douter que le théâtre de son temps ne pût aussi bien que le nôtre, se servir, pour l’autoriser, du spécieux prétexte de la prétendue réforme. […] On l’accusait d’avoir du goût pour les combats et la chasse des bêtes féroces, et il les fit tuer toutes à même temps : « Omnes feras uno momento jussit interfici. » On disait qu’il aimait les jeux du cirque et du théâtre, il n’y parut plus, il ne les permit plus, même les jours solennels de sa naissance et de son couronnement, où ils étaient d’usage : « Ne solemnibus quidem natalibus, vel imperialis honoris gratia putabat celebrandos. » Tant il savait être son maître, et dans l’âge le plus tendre égaler la force et la sagesse des vieillards : « Adolescentem videres senilem ferre sententiam. » Il y avait à Rome une Courtisane d’une beauté parfaite, qui corrompait la jeune noblesse, d’autant plus dangereuse que c’était une Comédienne (car dans toutes les affaires de galanterie il se trouve toujours quelque héroïne de théâtre) : « Scenicæ cujusdam forma et decore Romæ adolescentes nobiles deperire. » Valentinien ordonne qu’on la fasse venir à la Cour.

358. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Saint Antoine (père et auteur des moines), lequel a mené une vie si austère et si sainte, fut trouvé un jour ès déserts d’Egypte avec aucuns de ses moines par un certain seigneur Arabe allant à la chasse, faire telles récréations honnêtes desquelles ledit seigneur Arabe voulant quasi se scandaliser fut tout à l’heure satisfait par ledit Saint AntoineSaint Justin en l’Epître qu’il écrit à Zenas et Sérénus baille une règle et institution de bien vivre au Chrétien, et lui permet d’user d’ébat et raillerie honnête et civile pour adoucir ou recréer celui qui est naturellement chagrin et fâcheux. […] Saint Justin en l’Epître qu’il écrit à Zenas et Sérénus baille une règle et institution de bien vivre au Chrétien, et lui permet d’user d’ébat et raillerie honnête et civile pour adoucir ou recréer celui qui est naturellement chagrin et fâcheux.

359. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

dans celui du bon goût & de la décence, où l’on faisoit sonner si haut, & Moliere lui-même, la réforme prétendue du théatre ; d’où l’on vouloit conclurre qu’il étoit permis d’y aller. […] C’est une injustice : l’honneur est un bien précieux, qu’il n’est pas plus permis d’enlever que de dépouiller des autres biens. […] Il est certain qu’étant plus vives, plus vindicatives, plus artificieuses, & leur foiblesse ne leur permettant point de manier d’autres armes, elles doivent être plus exercées, plus rusées, plus animées, plus opiniâtres dans cette sorte de guerre.

360. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Quand les gens du Vaisseau eurent répondu qu’ils savoient des Vers d’Euripide, on leur permit d’aborder, & ils furent reçus avec distinction. […] Il fut permis de remettre sur le Théâtre les Piéces d’Eschyle : & comme elles avoient beaucoup de défauts, il fut permis à ceux qui les corrigeroient, de les apporter pour combattre contre ces Piéces nouvelles, & quelques-uns de ceux qui les firent jouer après les avoir corrigées, remporterent le prix.

361. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

S’il se permettait d’outrer ou d’adoucir ses couleurs, nous le fuirions bientôt, comme ne ressemblant à rien.

362. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

Ceux-là joignent le noble au trivial ; ceux-ci ne se permettent que la grandeur & le magnifique.

363. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

Si les Anciens ont poussé l’attention, sur cet article, jusqu’à défendre de réciter aux enfants des fables et des contes, qui renfermassent la moindre idée capable de les corrompre : s’ils ne ne permettaient pas même de les amuser par des allégories ; c’est qu’ils sentaient que les premières impressions, qui se font dans l’esprit des enfants, ne s’effacent jamais ; et que, dans un âge tendre, ils n’ont pas encore assez de pénétration pour distinguer l’allégorie de la vérité.

364. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Leur grave amateur, président des actionnaires a établi parmi eux de donner tour à tour des fêtes aux actrices ; permis néanmoins à chacun d’accorder chez lui les honneurs à la sultane favorite ; les autres chevaliers ne se voient pas sans peine, chacun voudroit les honneurs pour la dulcinée. […] Cette même cour favorise si fort les spectacles, & les croit si nécessaires, que peu de tems après, les grands Vicaires permirent de travailler toute la semaine sainte & les trois fêtes de Pâques, que le théatre vaquât, à réparer la salle, les décorations, les habits, &c. pour pouvoir représenter d’abord après les fêtes, afin que la comédie ne manque pas un seul jour, & pour adoucir l’abstinence du spectacle pendant la quinzaine ; abstinence plus rude que celle du carême, qu’on ne connoît pas. […] Dans le Collége Royal où ce même Prélat préside, & où selon son goût systématique, il il a fait une infinité d’arrangemens arbitraires, dont aucun n’a réussi, & qui l’ont réduit au plus triste état, il a permis une chose, peut-être unique. […] Quand Justinien fut monté sur le trône, il eut la foiblesse, à la sollicitation de Theodora, d’abroger cette loi, & d’en porter une autre par laquelle il permît aux Sénateurs d’épouser des actrices, pourvu qu’elles se convertissent.

365. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

C’est ce qu’il n’a pas dit : au contraire, il trouve mauvais que vous donniez tant d’appas à cette vertu ; ce n’est pas là selon lui le moyen de la faire aimer : ce n’est pas, à son avis, savoir faire une Pièce que d’y proposer à détester un scélérat, que d’y faire rire aux dépens d’un vicieux ou d’un ridicule, que d’y proposer à imiter un homme d’une vertu extraordinaire : notre bilieux Genevois ne veut pas vous permettre de peindre les miracles de la nature, ni le triomphe de la raison, il veut au contraire que l’un et l’autre soient renfermés dans les bornes étroites où l’extravagance des hommes et leurs passions les resserrent ordinairement. […] Apprenez, Public, qu’Achille a tort d’aimer Iphigénie ; Britannicus, Junie ; Orosmane, Zaïre : toutes ces Dames ont trop de vertu, il ne leur est pas permis d’en avoir tant ; Jean-Jacques ne le veut pas, si les Auteurs l’entendaient mieux selon lui Iphigénie serait une Prude, Junie une Coquette et Zaïre une Catin, car voilà, dit Jean-Jacques, comme les femmes sont faites : c’est donc ainsi qu’il faut les représenter ou se résoudre à passer pour un Auteur de Roman. […] Médire, c’est dire du mal : or dans ce sens le Spartiate est un imbécile, de se fâcher contre quelqu’un qui loue au lieu de médire : si c’est un reproche fin au panégyriste de ce que, par des louanges hyperboliques, il s’empêchait d’être cru, ce n’est plus blâmer la louange, c’est blâmer seulement une exagération préjudiciable à l’éloge : en ce sens, le Spartiate est un homme d’esprit, sans que cela prouve qu’il n’était pas permis à Lacédémone de dire du bien d’une honnête femme. […] « Le Sexe faible, hors d’état de prendre notre manière de vivre, trop pénible pour lui, nous force de prendre la sienne trop molle pour nous, et ne voulant plus souffrir de séparation, faute de pouvoir se rendre hommes, les femmes nous rendent femmes. »em Voilà donc ces hommes qu’il faut craindre d’avilir : ils n’ont pas la force d’être hommes, et vous voulez qu’on les ménage ; vous trouvez mauvais qu’on leur fasse parler raison par des femmes parce que selon vous les femmes n’ont pas de raison ; mais suivant l’idée que vous nous donnez des hommes, ils ne sont pas plus raisonnables que les femmes ; et pour s’assujettir à la vraisemblance rigoureuse que vous exigez, on ne se permettra plus de mettre en scène que des fous pour ne pas donner mal à propos de la raison aux hommes, puisqu’ils n’ont pas la force de résister au sexe le plus faible, et de s’empêcher de devenir femmes.

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