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56. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Ajoutons que les pieces qu’on joue à la cour sont ordinairement plus châtiées que celles qu’on joue à la ville ; mais quand même ces pieces ne seroient pas dans les regles de la bienséance, pensons-nous que le prince qui les voit représenter veuille faire une loi de son exemple ? […] Je pense, répondit-il, que votre majesté mérite tous les éloges qu’on lui donne ; mais je ne puis comprendre comment elle peut souffrir qu’ils soient chantés par une troupe de faquins, dans le temple du vice & de la débauche. […] Mal-à-propos associe-t-on les italiens aux anglois, dans la façon de penser, qui est toute différente. […] Il y est même beaucoup moins répandu & fréquenté qu’en France, où chaque bourgade croit du bel air de jouer la comédie, sans penser qu’elle la donne en la jouant.

57. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

[Lettre] Puisque vous souhaitez qu’en vous envoyant les Observations sur le Festin de Pierre, je vous écrive ce que j’en pense, je vous dirai mon sentiment en peu de paroles, pour ne pas imiter l’auteur de ces remarques, qui les a remplies de beaucoup de choses dont il aurait pu se dispenser, puisqu’elles ne sont point de son sujet et qu’elles font voir que la passion y a beaucoup de part, bien qu’il s’efforce de persuader le contrairea. […] Je vous laisse à juger si un homme sans passion et poussé par un véritable esprit de charité parlerait de la sorte : « Certes, c’est bien à faire à Molière de parler de la dévotion, avec laquelle il a si peu de commerce et qu’il n’a jamais connue, ni par pratique ni par théoried. » Je crois que votre surprise est grande et que vous ne pensiez pas qu’un homme qui veut passer pour charitable pût s’emporter jusqu’à dire des choses tellement contraires à la charité. […] Peut-être me direz-vous qu’il était mieux instruit que je ne pense et qu’il peut avoir appris la vie de Molière par une confession générale. […] Cet observateur, qui ne manque point d’adresse et qui a cru que ce lui devait être un moyen infaillible pour terrasser son ennemi, après s’être servi du prétexte de la religion, continue comme il a commencé, et par un détour aussi délicat que le premier, fait parler la reine mère : mais l’on fait souvent parler les grands sans qu’ils y aient pensé.

58. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

… Ma sœur, l’eussiez-vous pensé ? […] Un engourdissement funeste, est le fruit de cette dangereuse façon de penser* *.

59. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

Je pense, et je suis en cela d’accord avec les Auteurs les plus graves, que la vertu est, en grande partie, l’ouvrage de l’éducation, et qu’elle est principalement inspirée par les exemples et les préceptes. […] 6 Tout ce qui précède la représentation théâtrale fait penser aux jeunes personnes, qui y sont conduites pour la première fois, que ce que l’on va faire est quelque chose de respectable.

60. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

J’ai toujours pensé que le Théâtre était plus propre à exciter les passions qu’à les corriger, comme ses Protecteurs le prétendent. […] C’est là, je pense, une des principales causes qui, dans les premiers siècles du Christianisme, a engagé les Pères de l’Eglise à proscrire le Théâtre des Payens ; et c’est peut-être par la même raison que de nos jours les personnes pieuses se font un devoir de s’abstenir du Théâtre, et même de le condamner.

61. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

C’est bien là qu’on peut dire avec le Duc de Montausier à Louis XIV, qui lui demandait ce qu’il pensait d’un opéra nouveau où on l’avait beaucoup loué : « Je pense dit-il, que Votre Majesté mérite tous ces éloges ; mais je ne puis comprendre qu’elle souffre qu’ils soient chantés par une troupe de faquins, et que l’on célèbre ses vertus dans le temple du vice et de la débauche ». […] Fuir les occasions, les rechercher ; mortifier ses sens, les satisfaire, s’occuper de la présence de Dieu, l’oublier ; veiller sur soi, se dissiper ; penser aux fins dernières, en écarter l’idée ; s’humilier et se détacher de tout, nourrir l’orgueil, l’ambition, la cupidité ; pardonner, se venger ; plaire à Dieu, plaire au monde, etc., voilà deux morales dont la religion et la comédie présentent le contraste perpétuel. […] y pense-t-on ? […] « Déclarerai-je ce que je pense d’un beau salut, dit-il énergiquement (Chap. de quelques usages) ? […] Il ne peut être permis de représenter que ce qu’il est permis de penser, de dire et de faire, puisque c’est réellement faire, dire et penser.

62. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau le pense-t-il ? […]  » Que penser de cette pièce ? […] Pense-t-on que ce soit par erreur ? […] Voici ce que pense un Orateur chrétien de l’opinion que M. […] Voici ce qu’en pense M.

63. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

est-il possible qu’à cet âge on pense déjà avec tant de probité, de délicatesse et de force ! […] Pourquoi ne pense-t-on pas à Rome, Naples, à Venise, dans toute l’Italie et l’Allemagne, comme on pense à Paris sur cet article ? […] A Dieu ne plaise que je croie que cet amour propre sait condamnable, il est au contraire très naturel de penser que Dieu a attaché du plaisir à bien faire et à faire mieux que les autres, tout ce qu’on fait. […] Je réponds à la seconde objection qu’il faut que ces Messieurs connaissent bien peu notre Auguste Maître s’ils peuvent penser qu’il trouve mauvais qu’un étranger, quoiqu’à son service, ait un attachement sincère pour sa Patrie et s’ils pensent que ce Monarque généreux les estimerait beaucoup, si leurs intérêts les ayant expatriés, ils avaient la bassesse de feindre, ou d’avoir des sentiments contraires au bien de leur Patrie. […] Rousseau un fripon, l’engager à m’imiter et à avouer, comme il le pense sûrement, que les Comédiens qui jouent des valets et des arlequins ne sont pas non plus des Coquins.

64. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

Je pense que la plus-part des Pièces ne tombent que parce que le caractère du principal Héros est manqué. […] Je pense même qu’une Pièce est mieux dans les règles lorsqu’elle finit sans que ses personnages se soient démentis un seul moment. […] On peut encore en voir la cause dans l’esprit, dans la manière de penser des hommes, qui ne sont jamais les mêmes : tant la Nature est variée dans tous ses ouvrages !

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