Mais, me demandera-t-on sans doute, votre principal objet est-il le Théâtre créé de nos jours ?
Il amène avec peu d’adresse l’èxplication des objets qu’on voit sur la Scène.
On peut ignorer toutes les matieres qui font l’objet de ce Traité, puisque la Poësie Dramatique, quoiqu’elle puisse être utile par elle-même, est presque toujours pernicieuse par la faute des Poëtes.
L’on ne pourrait être qu’édifié du zèle de votre Hercule, mes Pères, s’il n’avait pour objet que d’empêcher de véritables abus comme celui-là.
Peut-on s’assurer que les impressions présentes qui nous font connaître et aimer un objet, seront durables ? […] » Avilir le Ciel jusqu’à le comparer à l’objet d’une infâme passion ! […] Je me lasse de glaner après nos Poètes et de recueillir ici leurs profanations : objets d’horreur pour moi ! […] Le Chœur toutefois ne laisse point de faire bientôt après cela quelque réparation de la faute du Poète : il reconnaît que toutes les disgrâces de la vie, toutes les révolutions d’Etat, tous les maux particuliers des familles sont autant de permissions ou d’ordres exprès de Jupiter : le Chœur réunit ensemble tous ces objets pour en faire un plus fort motif d’obéissance et d’acquiescement aux volontés du Ciel ; d’ailleurs, Sophocle avait déjà usé d’une sorte de préservatif pour qu’on n’envenimât point encore ses paroles : car il avait été dit d’avance à Dejanire que P. 340.
Vous croyez peut-être, Mes Très-chers Frères, qu’il est bon d’amuser et d’étourdir, pour ainsi dire, les craintes et les inquiétudes des peuples, et de leur mettre à la place de tant de tristes objets qui les environnent, des idées qui les divertissent.
Tous deux au service d’un grand Roi ; mais le premier choisi pour l’objet le plus important à l’Etat, l’éducation de l’héritier de la couronne ; le second pour l’objet le plus méprisable, pour le divertir un instant par des bouffonneries, comme ces foux qu’on avoit autrefois dans les Cours, auxquels les Comédiens ont succédé. […] Comparer, mettre sur la même ligne, pour objet du même prix, le bouffon de la Cour, parce qu’il a des saillies amusantes, & l’homme d’Etat, le Mentor des Rois, le Pasteur des ames, dont toute la vie fut consacrée au bien public, le corrupteur des mœurs à l’homme apostolique, en un mot, le vice & la vertu, la vie la plus sainte & la vie la plus débauchée, Moliere & Fenelon ; qui peut soutenir, qui a pu faire ce parallelle ? […] Fenelon, dont on a proposé l’éloge après celui de Moliere, quoique assez indulgent pour donner les regles du théatre, n’en a pas moins prononcé la condamnation par rapport à la religion & aux mœurs deux objets que sans doute l’Académie respecte. […] Malgré tous les adoucissemens que la copie met à l’original, jamais un tel composé de bien & de mal ne peut être l’objet d’un éloge public couronné par un Corps distingué, mis par le Gouvernement à la tête de la littérature, & qui dans son district doit concourir avec le Gouvernement pour maintenir les bonnes mœurs dans la nation.
Un objet grossier l’eût rebuté, l’eût arrêté d’abord ; mais vous l’autorisez à s’échapper, il en profite : ensuite vous lui présentez une barriere, elle l’irrite ; il est déjà bien loin. […] Allez à présent, sur-tout, allez dans vos sociétés particulieres les donner devant vous, & pour peut-être vous donner vous-mêmes devant eux en spectacle : amusement nouveau, nouvel artifice mis à la mode dans notre siecle ; sans doute pour arracher tout-à-fait un reste de répugnance qu’on avoit jusqu’à présent conservé pour le théâtre & ses acteurs ; mais sur-tout, infaillible moyen de rendre la séduction plus certaine encore & plus prompte, en imprimant plus fortement des passions, dans lesquelles on est obligé de mieux entrer pour les représenter soi-même ; en donnant plus de liberté & de hardiesse à parler le langage de la volupté ; en mettant dans l’occasion la plus prochaine d’inspirer & de prendre des sentiments, mieux réglés peut-être dans leur objet, mais aussi déréglés dans leur principe ; & communément plus dangereux encore dans leurs suites : désordre contre lequel nous ne voyons pas que se soient élevés les saints Docteurs, sans doute parce que les Chrétiens de leur siecle en étoient incapables ; mais désordre que nous avons la douleur de voir déploré par des sages du Paganisme, comme le présage le plus certain de le prochaine & de l’entiere décadence des bonnes mœurs. […] Aimez-vous à être attendri, à voir des objets qui frappent, des morts, du sang versé ?
Chacun fait valoir son metier, un grand objet de commerce, de punition ou de récompense, c’est l’entrée gratuite au spectacle. […] Tout ce qui n’a pour objet que le plaisir, est très-dangereux, il ne pouvoit souffrir qu’à la faveur du théatre, les passions eussent le fatal privilége de parler plus haut que les loix. […] Revel & Francœur, directeur de l’opéra, s’étant retirés, plusieurs compagnies se sont présentées pour en avoir la direction ; c’est en effet un objet de commerce très-lucratif, les grands Seigneurs y sont intéressés comme dans les compagnies des Indes Orientales ou Occidentales.