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379. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Il voudroit qu’on établît des censeurs éclairés & vertueux, qui eussent ordre de retrancher,4 tant des Pieces anciennes que des nouvelles, toute grossiereté, toute équivoque, tout endroit capable d’offenser le moins du monde la modestie ou la pudeur. […] Je l’ai de nouveau condamnée, mais en admirant Racine. […] De combien de Tragédies nouvelles n’ai-je point lû dans les extraits qu’on en donne, ou dans les éloges qu’on en fait, qu’elles sont fortement écrites, que le style en est fort, que les Vers en sont pleins de force !

380. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

 » Il serait trop prolixe, et trop odieux aussi, de noter tout ce qui mérite de l’être, en cette allégation, et d’appliquer ces anciens emplâtres, à nos nouvelles plaies. […] Car, comme ci-dessus nous avons dit ; outre ce, qu’ès Ballets, on contrefait quelquefois les anciennes Comédies, qu’on appelait, Palliatas, Togatas, Prætextatas, Trabeatas, Tabernarias, Atellanas, Fescenninos, Mimos, Satyras, etc., on essaie à en inventer toujours de nouvelles, se déguisant tantôt en Turcs, en Egyptiens ; tantôt en Sauvages, tantôt en Bergers ; quelquefois en Sorciers ; bien souvent en Diables où il faut représenter plus de chiffres, et de figures, que les anciens n’en connurent onc : Tous ces Ballets sont estimés comme la moelle, l’infusion, et quintessence, comme un nouveau sirop magistral, pour empoisonner les âmes : Car on commence à se dégouter des Comédies, et Tragédies simples ; et crois, qu’à la fin on surmontera l’horreurez des Bacchanales, et des Florales ; dont les Païens mêmes eurent honte : Est aussi à craindre qu’on ne se contentera plus, dans quelque temps, de déguiser les habits ; mais qu’on essaiera de changer le sexe tout à fait, à l’exemple de NéronDio in Ner fa , prenant à femme son Sporus, et se donnant pour femme à Pythagore : ou à celui d’Héliogabale, qui fit tout ce qu’il put, pour devenir femme.

381. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Pardonnez à l’insuffisance de mon esprit, belle âme, qui en la comparaison de chose incomparable, n’avez semblable que vous : La similitude des pierres précieuses vous offense, elles ont leur être en la terre, et votre origine est au ciel, si ce n’est de celles d’Egypte qui naissent au plus haut de l’Ether : Vous en avez le feu et l’éclair étincelant, et moi pour vous honorer j’en tiens la constance, qui m’a fait entreprendre cette matière qui est une pierre de prix : Voyez que dans ma main elle sera brute en la terre, sans être en œuvre ; donnez-lui sa vraie feuille, la chaleur et le teint selon l’aspect de votre Soleil : affinez son lustre pour la faire étinceler sans nuage, cendre, noirceur, paille, filandre, poudre qui puisse permettre à la lime de mordre ou d’altérer qu’elle ne perde sa couleur qu’en votre flamme, pour se changer, comme le mauvais Saphir en un bon diamant : Et au lieu que j’en fais une Charite sans grâce, relevez-le de celles que vous tenez qui vous font esclaver, dominer et triompher des âmes plus parfaites, pour ne parer vos trophées de dépouilles éteintes en ce combat qui est plus glorieux que ceux de Jupiter, d’Apollon, de Palémon, et d’Archémore : aussi en avez-vous un prix plus excellent que l’olivier, le pommier, l’ache, et le pin : car vous en rapportez les couronnes immortelles qui n’étaient dues qu’aux immortels : et décochant par paroles les sagettes des Muses, comme un second Anthée vous reprenez nouvelles forces, non pas en touchant la terre, mais en vous élevant au ciel, où vos propos nous ravissent, non sur les ailes d’or d’Euripide, mais sur les célestes de Platon, qui portent nos désirs jusques au lieu où la vertu fait sa demeure, nous rassasie du délicieux miel de Python, du nectar de Calliope, purifie nos oreilles, éclaire les yeux de notre esprit humecte nos âmes d’une rosée dont la douceur éteint toute amertume, et ne nous laisse que le regret de voir beaucoup d’hommes mal nésk, qui pour entendre la mélodie Phrygienne ne sont pas atteints d’une divine fureur : mais comme le Temple des Euménides en Athènes rendait frénétique celui qui n’y apportait le respect qui était dû, le vôtre a eu la même propriété : et ainsi que Lycaon fut changé en loup, vous les avez fait transformer en bêtes hurlantes.

382. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

SAINT CYRILLE ARCHEVEQUE DE JERUSALEM, Dans la première Catéchèse mystagogique aux nouveaux Baptisés.

383. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Il est très possible que dans le grand nombre des Orateurs qui ont paru en chaire ou au barreau, il s'en soit trouvé d'assez peu sages pour choisir de si mauvais modèles ; ils ont mal connu l'esprit et les devoirs de leur état, et c'est un nouveau grief contre la comédie d'avoir porté son haleine empestée jusqu'à faire profaner le sanctuaire de la religion et celui de la justice.

384. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Et, de plus, les enfants ne pouvaient manquer d’étendre les conséquences et les applications de ces nouvelles vues. […] Je n’entreprendrai pas de le défendre contre une ligue formidable de passions, combinées encore avec celles d’un parti nouveau, qui vont combattre véritablement pro aris et focis ; j’en référerai à un temps, hélas !

385. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

que l’amour est déplacé, dangereux, indécent dans la tragédie, que l’ancien théatre a pour les mœurs une grande supériorité sur le nouveau, qu’il seroit à souhaiter que les piéces modernes fussent aussi solides, aussi chastes, aussi pleines d’instruction que les poëmes dramatiques des Grecs. […] Que penseront nos neveux, s’ils apprennent que quand des acteurs & des actrices avoient mérité d’être punis, (le Kain, la Clairon) ils avoient jusque dans leur prison, une espece de cour, (à l’Abbaye de Saint-Germain) que leur maladie, (Molé) cause la plus vive tristesse, que leurs confreres ne pouvoient ouvrir la scéne qu’auparavant ils n’eussent dissipé nos allarmes par des nouvelles consolantes.

386. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Mais de leur fournir vous-mêmes, sous ce damnable prétexte, des livres qui leur tournent l’esprit à tout ce que le monde a de plus vicieux ; mais d’en remplir votre maison, et de ne vouloir pas que rien là-dessus de nouveau leur échappe et leur soit inconnu ; mais de leur en demander compte et d’entendre avec une secrette complaisance les récits qu’ils en font ; mais de les croire bien habiles et bien avancés quand ils sçavent répondre aux mots couverts par d’autres bons mots, qu’ils conservent dans leur mémoire des poésies libres, et qu’ils les sçavent rapporter fidélement sans se méprendre ; mais de les conduire vous-mêmes, (car ceci regarde tous les points de morale que je viens de toucher) de les conduire vous-mêmes à des spectacles d’autant plus capables de les amollir, que ce sont de jeunes cœurs beaucoup plus flexibles et plus sensibles ; mais de leur faire observer les endroits fins et délicats, sur-tout les endroits vifs et tendres ; mais de les engager vous-mêmes dans des assemblées, où ils ne voient du monde que ce qu’il a de riant, que ce qu’il a d’éclatant, c’est-à-dire, que ce qu’il a d’attrayant et de séduisant, voilà de quoi vous aurez bien lieu de vous repentir dès cette vie, et de quoi vous serez bien sévérement punis en l’autre. […] En vérité, mes chers Auditeurs, n’est-ce pas insulter à l’infortune publique, n’est-ce pas faire outrage à la religion que vous professez, n’est-ce pas allumer tout de nouveau la colere du ciel ?

387. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

fait à de nouveaux mariés des compliments et des souhaits dont le papier, pour le dire ainsi, rougirait d’être dépositaire. […] Là, Platon et la plupart des fameux Philosophes se rendaient pour s’enrichir l’esprit de connaissances nouvelles et satisfaire leur avidité de savoir.

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