Une sage disposition du Théâtre remédierait à tous ces inconvéniens : on fuirait l’inaction comme la mort du plaisir & de l’illusion ; on animerait tout, ou l’Acteur inutile quitterait la Scène. […] Il lui faut, pour convaincre ses pareils, & être lui-même convaincu, non des axiomes détachés & quarrément vrais, mais des vérités résultantes des choses : telles seront celles que nous mettent sous les yeux la catastrophe du Comte d’Essex, la mort de Danaüs périssant victime de l’Oracle qu’il a supposé, &c. ou celles qui d’elles-mêmes résultent de l’ordonnance de l’action, comme dans presque toutes les Comédies de Molière, tant l’économie théâtrale en est excellente, malgré les défauts qu’on leur reproche. […] Danaüs, au lieu de poignarder Lyncée, veut qu’il périsse sur l’échaffaut, d’une mort ignominieuse. […] Le Héraut, en les montrant à tout le Peuple louait leurs ancêtres & leurs pères, morts pour la patrie : il leur représentait qu’ils avaient trouvé dans le Peuple, un père qui avait pris soin de leur enfance, & les exhortait à vivre en gens d’honneur, à se distinguer par leur vertu.
L’on croit s’assembler au spectacle, et c’est là que chacun s’isole, c’est là qu’on va oublier ses amis, ses voisins, ses proches, pour s’intéresser à des fables, pour pleurer les malheurs des morts, ou rire aux dépens des vivants ; de manière qu’on pourrait dire de ceux qui les fréquentent : N’ont-ils donc ni femmes, ni enfants, ni amis, comme répondit un barbare, à qui l’on vantait les jeux publics de Rome ?
: un Libertin qui séduit autant de filles qu’il en rencontre : un Enfant qui se moque de son Père, et qui souhaite sa mort : un Impie qui raille le Ciel, et qui se rit de ses foudres : un Athée qui réduit toute la Foi à deux et deux sont quatre, et quatre et quatre sont huit : un Extravagant qui raisonne grotesquement de Dieu, et qui par une chute affectée « casse le nez à ses argumentsj » : un Valet infâme fait au badinage de son Maître, dont toute la créance aboutit au Moine Bouru : « car pourvu que l’on croie le Moine Bouru, tout va bien, le reste n’est que Bagatellek » ; un Démon qui se mêle dans toutes les Scènes, et qui répand sur le Théâtre les plus noires fumées de l’Enfer : et enfin un Molière pire que tout cela, habillé en Sganarelle, qui se moque de Dieu et du Diable ; qui joue le Ciel et l’Enfer, qui souffle le chaud et le froid, qui confond la vertu et le vice : qui croit et ne croit pas, qui pleure et qui rit, qui reprend et qui approuve, qui est Censeur et Athée, qui est hypocrite et libertin, qui est homme et démon tout ensemble : « un Diable incarné Dans sa Requête.
Enfin les expressions qui frappent dans la Tragédie, ne sont point des paroles froides, inanimées, & pour ainsi dire, des paroles mortes, qu’on n’apprenne que par le récit du Poëte, comme dans le Poëme Epique ; ce sont, pour suivre la même image, des paroles sensibles, animées, des paroles vivantes. […] Je pourrois m’étendre ici sur les conséquences que je tirerois aisément de la distinction de ces deux différentes especes de plaisir ; & c’est par-là que j’expliquerois sans peine pourquoi les Tableaux d’Histoire nous plaisent davantage que les Paysages, ou que la Peinture des choses mortes, ou inanimées ; pourquoi l’on voit avec plus d’admiration le portrait d’un grand homme que celui d’un homme du commun, quoique l’un & l’autre portrait soient également parfaits ; enfin pour revenir à la matiere présente, par quelle raison la Tragédie fait des impressions plus profondes & plus pénétrantes que la Comédie.
I. in Concilio Lateranensi milites ad ostentationem virium suarum et audaciæ temere congredi, unde mortes hominum et animarum pericula sæpe proveniunt, vetatur ; quod an in taurorum agitatione omni ex parte conveniat perire sæpe in ea homines, quis erit tanta libidine contradicendi, ut negare possit ? […] Casu inquis, et ex accidenti eæ mortes contingunt. […] XVIII. ausus est eum ludum reprobare præsertim si cautio adhibeatur, ne mortes et vulnera consequantur. […] Sane licet detestabilis duellorum usus a diabolo introductus, ut cruenta corporum morte animarum etiam perniciem lucretur, ex decreto Concilii Tridentini prohibitus fuerit, nihilominus adhuc in plerisque civitatibus et aliis locis quamplurimi ad ostentationem virium suarum, et audaciæ in publicis, privatisque spectaculis cum tauris et aliis feris bestiis congredi non cessant, unde etiam hominum mortes, membrorum mutilationes, animarumque pericula frequenter oriuntur et cætera.
Ce qui prépara son procès & sa mort.
La premiere renferme la vie d’une Comédienne jusqu’à sa conversion, & la seconde sa vie depuis sa conversion jusqu’à sa mort.
Aussi fait-il une vertu particuliere de la gaieté, qu’il nomme eutrapelie, & non de la tristesse, quoiqu’on puisse également rapporter à Dieu l’un & l’autre, & que la tristesse soit louée dans l’Evangile, beati qui lugent, va vobis qui ridetis, que le Seigneur air été triste jusqu’à la mort, que S.
L'Auteur le voit partout dans les choses les plus saintes, dans les plus grands événements ; la fournaise de Babylone est un théatre, la montagne du Thabor un spectacle, la reconnaissance de Joseph une scène, la mort de Coré, Dathan, Abiron, d'Holopherne, un dénouement de tragédie, David, Salomon de grands Acteurs ; la tentation de Suzanne, l'adultère de Bethsabée une intrigue, etc.