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330. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

L’Abbé de Monville, qui sentoit l’indécence de ses tableaux profânes, & le danger du salut qu’ils sont couvrir, tâche de se rassurer sur le salut de Mignard, en disant que plusieurs années avant sa mort il y avoit absolument renoncé, & ne s’occupoit plus que des sujets sacrés, & qu’enfin il reçut les derniers Sacremens dans des grands sentimens de piété. […] Le tableau animé de la danse est même plus pernicieux que les couleurs mortes de la peinture, ou les contours de la sculpture ; ou plutôt il réunit tous ces dangers dans le développement du corps, & si on ajoute les charmes de la musique, & l’indécence des actrices, à l’idée de leurs exploits. […] Qu’on ne s’imagine pas que ce langage soit emprunté des Peres de l’Eglise ; Bussi-Rabutin, courtisan fameux par les disgraces, conjura ses enfans, étant au lit de la mort, de fuir les spectacles, comme des lieux contagieux où il avoit perdu son innocence.

331. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

On croit s’assembler au spectacle, & chacun s’isole ; chacun oublie ses parens, ses amis, ses voisins, pour s’intéresser à des fables, pleurer sur des malheurs, des morts, & rire aux dépens des vivans. […] qui redemandez à la mort ce fils qui a péri dans les fureurs d’un duel, voilà l’école où il a puisé les sentimens qui l’ont conduit au tombeau !

332. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Les Japonnois font un traitement pareil à toutes les comédiennes ; mais ce n’est qu’après leur mort, par mépris pour leur état, & non par superstition ; ils trainent leur cadavre dans les rues, ne l’enterrent pas, mais les laissent pourrir sur un fumier, comme un chien. […] L’Abbé le Noir Théologal de Séez, si fameux par ses talens, ses écrits, ses procès, ses disgraces, mort enfin dans une prison, dût originairement ses persécutions & ses malheurs au théatre.

333. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

quand je t’envoyais dans cette maison, je ne pensais pas que ces pieds te menaient à la mort. […] C’est ainsi qu’un malade se plaît à aggraver encore les causes de sa mort par les fantaisies de son appétit.

334. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Ce nombre des victimes d’une expédition aussi follement entreprise s’augmenta encore de tous les soldats français, morts dans les hôpitaux et tout le long des routes, en revenant en France. D’autres calculs portent à quatorze cent mille hommes, le nombre des soldats morts sous les drapeaux de Napoléon, pendant l’espace de seize mois, vers la même époque dont nous venons de parler, et on évalue enfin à plus de cinq millions de Français le nombre des militaires qui périrent pendant les onze années du règne de Bonaparte.

335. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Polieucte donneroit des héros à la Religion ; Esther inspireroit l’amour du Très-haut ; Athalie attacheroit au sang du Trône ; la mort de Pompée, de César feroit déplorer les vicissitudes du sort, & détacheroit de la fortune.

336. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ?

337. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Jugement terrible que nous prononcerons contre nous-mêmes à l’instant de la mort, instant où tous les voiles tomberont, et où il sera trop tard, comme vous le dites éloquemment, pour brûler nos Ecrits suspects et indélébiles au flambeau de notre agonie.

338. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Ester se plaint qu’Aman l’avoit engagée dans le danger, & livrée à la mort. […] Ces Pieces ambiguës sont des perils, ces Pieces ambiguës sont tres-souvent des morts pour les personnes vertueuses qui se trouvent les victimes du monstre, parce qu’elles n’ont pas apprehendé d’entrer dans la caverne où elles ne le voyoient pas, & d’où la crainte de scandaliser les hommes, d’offenser Dieu, & de se perdre, les auroit obligées de se retirer, si elles en avoient eu la défiance que Dieu leur ordonnoit d’en avoir. […] Les Peres ne se connoissoient point à flatter cette passion, ils tranchoient nettement que la foy nous y oblige : que la profession de Chrestien engage à une imitation continuelle de Jesus-Christ crucifié, à une participation constante de ses souffrances, & de sa mort ; qu’il n’a promis que de la tristesse & des travaux en cette vie à ceux que par cette communication de ses douleurs il prepare à Mundus gaudebit, vos vero contristabimini. […] Mais quelles delices plus agreables que le mépris mesme des delices, que la pureté de la conscience, que l’affranchissement des frayeurs de la mort ?

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