La fin du Poème dramatique est de porter à la vertu et d’éloigner du vice ; c’est de montrer l’inconstance des grandeurs humaines, les revers imprévus de la fortune, les suites malheureuses de la violence et de l’injustice ; c’est de mettre en jour les chimères de l’orgueil et les boutades du caprice, de répandre du mépris sur l’extravagance, et du ridicule sur l’imposture ; c’est en un mot d’attacher à tout ce qui est mal, une idée de honte et d’horreur.
Ce ne sont pas les lieux par eux-mêmes, qui souillent notre âme ; c’est ce qui se passe dans ces lieux, et ce qui souille ces lieux mêmes, comme je viens de le montrer. […] au théâtre dont l’origine et les titres sont les mêmes que ceux du cirque, comme nous l’avons déjà montré, en parlant des jeux en général. […] Considérons présentement les titres du jeu des Gladiateurs, dont nous venons de montrer l’origine. […] crois avoir montré en combien de façons l’idolâtrie a souillé les spectacles. […] Du moins ces malheureuses, qui ont étouffé en elles toute pudeur, craignent-elles en certain jour de montrer au peuple les indécences de leurs gestes : du moins rougissent-elles une fois l’an ?
Cette étude continuelle donne un jeu à l’imagination, & fait trouver des manieres innombrables de se montrer sous des aspects favorables. […] Le même principe de débauche les fait montrer & regarder. […] Pourquoi donc se montrer ainsi à tout le monde ? […] Heureux, dit l’Apocalyse, qui garde avec soin ses habits, pour n’avoir pas la confusion de montrer sa nudité : Beatus qui vigilat, custodit vestimenta sua, ne nudus ambulet. […] Cependant c’est leur intérêt, elles perdent à se trop montrer, La modestie embellit la beauté, la réserve la rend plus piquante.
En Irlande, par leurs intrigues, ils y étaient déjà parvenus à lever la tête et s’y montrèrent astuti ut vulpes : mais y ayant été démasqués et après y avoir ruiné les intérêts et les espérances des catholiques, ils y sont redevenus aujourd’hui viles ut canes. En France, ils y sont déjà, astuti ut vulpes, leurs progrès y sont sensibles, déjà ils commencent à s’y montrer, à s’y nommer, et les plus impudents croient pouvoir quelquefois déposer pour quelques instants le masque de l’hypocrisie. […] Bientôt ils se montreront, terribiles ut leones, et la lance en arrêt comme au temps de la ligue, époque d’horrible mémoire, ils se vengeront inquisitorialement de tous leurs ennemis. […] Sur l’extrême déclin de sa carrière, il s’est montré médiocre dans l’adversité, car il fut assez simple, ou plutôt assez aveugle, pour ne pas pressentir la dure et inévitable réclusion qu’il a subie jusqu’à la fin de ses jours.
La vanité dans le desir de se montrer, de paroître, & de se faire remarquer par son addresse, par sa bonne mine, ou par quelque autre qualité. 2. […] … La danse, dit Petrarque, est une action indigne d’un honnête homme, & de laquelle on ne peut remporter que de la honte, c’est en effet un spectacle aussi honteux qu’inutile ; c’est une assemblée d’intemperance ; ces branlements des mains, & des pieds, cette évagation, & cette impudence des yeux ; tous ces gestes aussi indecens que risibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’interieur, qui répond au dereglement exterieur.
Les fameux Tragiques d’Athènes, & Aristophane même, tout outré qu’il est souvent, nous montrent dans leurs écrits, combien ils s’éfforçaient aussi d’être vrais dans le Sujet, dans l’Intrigue, & sur-tout dans le Dialogue. […] Je montrerai en même-tems par l’éxemple de la Scène grecque de quelle manière nos Auteurs tragiques devraient couper le Dialogue de leurs Poèmes.
Enfin un grand Prince poussé d’un bon zèle a fait un Traité pour condamner nos Comédies ordinairesb, et il s’est trouvé qu’au même temps un des bons Esprits de ce sièclec a voulu montrer qu’il n’y a que les Comédies infâmes qui doivent être condamnées. […] Il y a des Pièces entières qui sont de ce style, et d’autres qui ne causent pas moins de mal, à ce que l’on pense, par le mépris des lois du Mariage et de toutes les bonnes mœurs, ce qui est leur principal sujet ; Et pour montrer que ce ne sont point de misérables Farces faites à la hâte, comme celles que les Saltimbanques et Charlatans jouent aux places publiques, elles sont faites toutes exprès par des Auteurs dont les noms sont aux affiches et aux Livres imprimés, comme voulant en tirer de la gloire, et l’on trouve de ces belles Pièces autant en Vers qu’en Prose.
Ses Poètes nous montrent, en agissant ainsi, un discernement juste, & une conduite remplie de sagesse.
En louant à outrance la méthode qu’ils semblent avoir le plus généralement adoptée, j’ai cherché à montrer davantage le ridicule qu’il y a de représenter sur la scène des objets dégoûtans & trivials : Le bon goût a dû prescrire en tout tems de prêter une certaine noblesse à ces objets trop méprisables au Théâtre des honnête gens, lorsqu’ils sont dépeints dans toute leur bassesse ; c’est ce que doivent se proposer les Poètes du nouveau genre qui voudront faire agir des gens obscurs, pris dans le menu Peuple.