Or, dit-il, il n'est point de meilleure école que les sottises que l'on voit », apparemment les sottises de galanterie aussi, car elles sont si communes au théâtre, qu'on leur ferait tort de les excepter.
Y a-t-il la moindre apparence que le meilleur des Rois laissât insulter à cet excès à la misere publique, et faire sentir la déprédation des impôts ?
Je sais qu’il se trouvera quelques nouveaux Auteurs qui pourront tenir une doctrine contraire par des raisons purement philosophiques, et qui ne tendent qu’à énerver la pureté de la Morale Chrétienne ; mais le meilleur moyen de bien juger entre ces dogmes corrompus, et cet écrit, est de voir devant Dieu, laquelle de ces deux opinions on serait plus aisé d’avoir suivi à l’heure de la mort, lorsqu’on sera prêt de rendre compte à Dieu de toutes ses actions, et que nos richesses nous abandonnant, nous ne serons suivis que de nos œuvres bonnes ou mauvaises. » Ce sont les propres paroles de cet Illustre Prince, par lesquelles il fait paraître le zèle qu’il avait contre le dérèglement de la Morale corrompue. […] Il tenait pour une maxime indubitable qu’on ne peut être fidèle à Dieu, si l’on n’est fidèle au Roi ; et sur ce fondement solide, il établissait cette vérité, qu’il n’y avait point de meilleur moyen pour réunir les prétendus Réformés dans le sein de l’Eglise, que de les tenir dans l’obéissance, et dans la fidélité qu’ils doivent au Roi, leur faisant observer ponctuellement les Edits, les Déclarations, et tous les Ordres de sa Majesté : Il en fit un projet excellent dans une de ses retraites, dont j’ai une copie entre mes mains. […] Mais ce qui est admirable, c’est que l’affection naturelle qui porte d’ordinaire les hommes à multiplier leurs revenus pour enrichir leurs enfants, portait au contraire ce Prince à faire de plus grandes aumônes, parce qu’il savait bien qu’il ne pouvait pas mettre ses richesses en de meilleures mains qu’en celles de Dieu. […] Or le culte des Dieux le meilleur, le plus pur, le plus saint, et le plus pieux, consiste à les adorer toujours avec une pureté, et une sincérité de cœur, dans les prières qu’on leur fait. » Tous ces détours que ces grands hommes du Paganisme prenaient pour ajuster leur religion avec la superstition et l’idolâtrie du peuple, ne servaient qu’à les rendre plus coupables devant Dieu. […] On ne doit donc pas permettre la Comédie afin que vos enfants en deviennent meilleurs ; mais c’est pour cette raison, quand il n’y en aurait point d’autre, qu’on doit abolir la Comédie, afin que vos enfants puissent librement s’exercer dans la vertu, sans crainte d’être joués sur le Théâtre. » « N’est-il donc pas tout à fait évident Texte en grec.
Les meilleures pieces donnent rarement 1200 liv. […] Je reconnois que tous les membres de l’Aréopage, également éclairés & équitables, ont pour les gens de lettres les égards, le respect, la déférence que tout subalterne doit à ses bienfaiteurs & à ses guides ; que toujours fideles à leurs engagemens ils n’ont jamais séparé leurs intérêt de ceux de leurs maîtres, jamais affecté de prédilection offensante, jamais cherché à les désespérer par des tons despotiques & des délais éternels ; que les jugemens de la Troupe, tous inspirés par un goût infaillible, précédé d’un mûr examen, motivés par la plus saine raison, méritent en tout temps les acclamations du public ; que les gestes toujours d’accords avec la pensée, toujours variés comme la déclamation, toujours nouveaux comme les rôles, offrent tour à tour, dans le même acteur, la dignité d’un héros & la lâcheté d’un perfide, les traits mâles d’un sauvage & l’air efféminé d’un Sibarite ; que les femmes du Théatre, ausi chastes que modestes, aussi décentes que desintéressées, aussi vertueuses que sensibles, n’ont jamais séduit l’innocence, dupé la bonhommie, outragé l’hymen, dépouillé les familles, introduit le désordre dans la société ; que dans tous les siecles & chez tous les peuples, la profession de Comédien fut une profession noble & honnête ; qu’on a partout puni l’Ecrivain téméraire & séditieux qui a osé ébranler une opinion si respectable, & que le meilleur moyen d’établir les bonnes mœurs & la vertu, de détruire le faste, le luxe, la dissolution, c’est d’engager le Gouvernement à combler les Comédiens d’honneurs & de richesses.
Voilà M. le doux poison de la vie civile & la maladie contagieuse qui corrompt les meilleurs naturels, lors qu’ils imitent plutôt les vices d’autruy qui nous entraînent par une force agreable, & qui flatte la nature, que les vertus qui nous attirent par un charme contraire, qui choque ses inclinations : & c’est si je ne me trompe cette pernicieuse inclination d’imiter tout ce qui se passe dans le monde, qui a donné le commencement à la comedie, & la naissance aux Comediens. […] j’espere pourtant d’en faire mes meilleurs amis, soit par la justice de ma cause, soit par l’équité de leurs jugemens.
Quelle fureur sur nos théâtres à pervertir les meilleures choses ! […] Qu’ils soient donc déracinés ces arbres maudits qui ne nous présentent qu’un fruit justement défendu, puisque le meilleur n’en vaut rien : oui, quand nous n’aurons plus à verser des larmes sur un faux Joas, nous n’en serons que plus disposés à nous laisser efficacement attendrir sur une infinité de véritables Lazares en faveur desquels de vils animaux semblent nous reprocher une insensibilité qu’ils n’ont pas : quand, à l’ombre de ces arbres de la science du mal, une Précieuse, un Petit-Maître n’apprendront plus à se corriger d’un ridicule, eux & deux mille avec eux, n’y apprendront plus à commettre tous les vices.
Cette fille le fait admirablement : elle conte comment « il tient le haut de la table aux repas » ; comment « il est servi le premier de tout ce qu’il y a de meilleur » ; comment « le maître de la maison et lui ne se traitent que de frère ». […] Le cinquième Acte commence par le Mari et le Frère : le premier étourdi de n’avoir point trouvé cette cassette, dit qu’elle est de grande conséquence, et que « la vie, l’honneur et la fortune de ses meilleurs amis, et peut-être la sienne propre, dépendent des papiers qui sont dedans ».
Nous avons vu plus haut ce qu’il faut penser des meilleures pièces du théâtre, et nous voudrions bien savoir quelles sont ces bonnes pièces modernes.
Non ; parce que nos Spectacles ne sont pas meilleurs que les leurs.