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224. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Le plaisir sera toujours le meilleur maître du genre humain ; les hommes enfans à tout age veulent qu’on les amuse pour avoir droit de les instruire. […] Le plaisir est le meilleur maître, il est vrai ; mais de quoi ? […] Que les Evêques, les Curés, les Prédicateurs, les Professeurs dans toutes les sciences, les Régens dans les écoles, les gouverneurs, les instituteurs, les maîtres en tout genre, commencent donc par donner la comédie, pour avoir droit d’instruire, afin qu’on écoute leurs leçons & qu’on en profite, ou plutôt qu’ils transforment l’Evangile, le droit, la théologie, la réthorique, les sermons, les plaidoiries, en comédie, que tous les maîtres se fassent Arlequins, car le Théatre est la meilleure école & donne les plus utiles leçons.

225. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Dans le Misanthrope, qui est la Pièce qui passe pour avoir le mieux corrigé les mœurs, pour avoir donné plus de leçons et de meilleures, pour avoir enfin été la plus utile, quels défauts y reprend-on ? […] L’équivoque ni la basse plaisanterie ne les dégradent point ; on ne respire point à leur représentation un air de volupté qui règne dans toutes les autres Pièces de Théâtre, on en convient ; mais tout y est si tendre, si touchant, que le cœur est affecté dès les premières scènes ; l’intérêt qu’on y prend est si vif, qu’il peut être très funeste, et qu’elles perdent par là l’avantage qu’elles auraient sur toutes les autres d’être plus capables de corriger les hommes, et de les rendre meilleurs. […] Il ne pense pas qu’elle ait raison de se flatter d’être plus pure que l’ancienne : le caractère qu’il fait de Molière est achevé ; et par là même il en fait un maître dans l’art des mœurs d’autant plus mauvais, qu’il le fait meilleur dans l’art du poème dramatique. […] Le meilleur Maître, s’il enseigne le mal, est le pire de tous les Maîtres.

226. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Si les Tragédies et les Comédies sont des représentations de crimes et de passions déréglées, elles sont sanglantes, lascives, impies, et d'une dépense désordonnée, car la représentation d'un crime énorme, ou d'une chose honteuse n'est point meilleure que ce qu'elle représente: Comme il n'est point permis d'approuver un crime dans l'action qui le commet, il n'est pas aussi permis de l'approuver dans les paroles qui nous le font connaître.

227. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

Un des meilleurs moyens que puisse employer le gouvernement, pour résister à la faction jésuitique ultramontaine et s’opposer à l’empiètement de l’autorité spirituelle du clergé, est de comprimer les intrigues et les cabales des congréganistes, si dévoués aux pères de la foi, et qui, par l’influence des coteries et des confréries, parviennent à obtenir toutes les places et tous les emplois ; il faut qu’il surveille autant qu’il est possible, les prêtres et les jésuites qui entourent les grands, excitent parmi eux les passions ambitieuses, et cherchent avec hypocrisie à fanatiser et à séduire toutes les classes les plus distinguées, ainsi que les moins éclairées, afin d’augmenter et de fortifier le pouvoir de l’autorité spirituelle.

228. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Nos Auteurs modernes, guidés par de meilleures intentions, font des Pièces plus épurées.

229. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Rien de plus certain cependant (je parle d’après un homme qu’on en peut croire) que sur deux Théâtres, on ne met que des Etres imaginaires, des Pantalons, des Arlequins, des Dieux, des Fées, des Génies, des Sorciers, &c. sur le troisième, les jolies conversations de cent maisons de la Capitale ; des choses ou meilleures qu’on ne les voit dans le monde, ou pires qu’on les y trouve. […] Auparavant, j’avais lu plusieurs Ouvrages pour & contre : mais je me suis convaincu, que le meilleur Livre, était la chose elle-même ; j’ai vu, avec étonnement, ce qu’étaient nos Spectacles : ma surprise ne fut pas de l’admiration ; je rougis pour la Nation, de trouver, au lieu d’un Spectacle, un amusement d’Ecolier, sans vraisemblance, sans naturel, sans majesté. […] Je me dis en moi-même, qu’on ne venait pas-là pour se faire des mœurs : un peu plus d’usage, & la lecture de nos meilleurs Drames tragiques & comiques, sans augmenter ma considération pour l’Histrionisme, me firent voir en quoi je m’étais trompé dans mon premier jugement. […] Il serait facile de leur démontrer, qu’il ne pouvait pas, autant qu’ils le pensent, l’innocence des mœurs, & de consoler par-là le siècle où nous vivons, en le confirmant dans la persuasion, que notre manière est la plus honnête & la meilleure. […] Les champs cultivés par des mains laborieuses, offrent de toutes parts un océan d’épis ondulans : les arbres sont chargés de fruits ; la vigne, proprement taillée, pousse un jet vigoureux, & cache sous le pampre des grappes bien nourries ; les troupeaux, sous des gardiens vigilans, trouvent les meilleurs paturages, & sont préservés de la gueule du lion terrible, du tigre sanguinaire, & du loup lâche & rusé mais hélas, l’air s’obscurcit, le tonnerre gronde, les vents furieux, enfans des orages, déracinent le fruitier, dont les branches étayées ployaient sous les dons de Pomone ; une grêle horrible tombe avec la foudre sur les guérets jaunissans ; tout est ravagé, & l’espoir de l’année se trouve enseveli sous des flots de sable & de limon.

230. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Ces rôles sont nécessaires à l’action : on en voit dans les meilleures pieces, Atthalie, Esther, &c. […] C’étoit en effet le meilleur Poéte de son tems.

231. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Le public est malin : aulieu de plaindre le pauvre directeur, il en rit aux éclats & se moqua de lui ; il trouva ce dénouement du meilleur comique : jamais farce ne fut plus applaudie. […] Si vous n’attaquiez que moi, je vous pardonnerois & vous mépriserois : mais quand oubliant la décence du caractere & les loix du devoir, on insulte le meilleur des princes, qui vous a comblé d’honneurs & de bienfaits, permettez-moi de vous dire que c’est une chose honteuse.

232. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Chacune se promet de soutenir sa gloire, & de réparer ses pertes, en inventant quelque nouvelle machine de guerre, & choisissant un meilleur poste ; chaque jour on vient se donner le défi, & qui ne se flatte enfin d’une victoire dont souvent elle seule s’aplaudit ? […] Une femme ne se fait peindre, buriner, chanter, qu’après s’être mise dans la meilleure posture, par l’adresse de son Coëffeur.

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