Il fait plus toutefois, il condamne son geste et sa voix, et par un pur zèle de chrétien et qui part d’un cœur vraiment dévot, il dit que la nature lui a dénié des agréments qu’il ne lui faut pas demander, comme si, quand il manquerait quelque chose à Molière de ce côté-là, ce qui se dément assez de soi-même, il devrait être criminel, pour n’être pas bien fait. […] Cet observateur, qui ne manque point d’adresse et qui a cru que ce lui devait être un moyen infaillible pour terrasser son ennemi, après s’être servi du prétexte de la religion, continue comme il a commencé, et par un détour aussi délicat que le premier, fait parler la reine mère : mais l’on fait souvent parler les grands sans qu’ils y aient pensé.
On ne manquera pas de l’ajouter à l’avenir ; au reste, on sent bien que les Dames Toulousaines sont trop charitables pour avoir manqué de venir au bal, & d’aller à la comédie exercer leur charité. […] L’Architecte ne manque pas de lui assigner sa place comme pour la cuisine ; car c’est la moitié de la vie Française, panem & circenses ; on manqueroit plûtôt à la Chapelle ; & quand on en bâtit une, elle est infiniment moins grande, & moins belle ; cela est dans l’ordre.
Un maître est interrompu à tout propos par sa servante ; il veut lui donner un soufflet, & la manque ; veut la faire parler, elle se taît, dit qu’elle a parlé à soi-même. […] Et ce grand maître du vice ne voit pas qu’il manque son but, en diminuant la faute du Tartuffe par le piege séduisant que lui tend une femme impudente, qui est sûre de le faire succomber, & faisant contraster avec lui un crime plus grand que le sien. […] Convient-il qu’une mère devant Marianne sa fille, sa servante & son mari, traite de cagoterie & tourne en ridicule le zèle, la délicatesse, les rigueurs de celles à qui on manque si ouvertement de respect ?
Pour les Excuser, je veux croire qu’ils manquent plûtost d’habitude que de cœur, que leur defaut vient plustost de leur Ecole que de leur naturel ; & qu’enfin ils sont plus propres à la Galanterie qu’à la Guerre, parce qu’ils ont esté plus assidus à la Ruelle qu’au Camp, & qu’ils ont employé plus de temps à faire l’Amour qu’à faire leurs Exercices.
Ma sœur, il ne manque peut-être à plusieurs que le goût du travail : notre siècle est celui de la paresse ; ce vice gagne tous les états : on veut jouir tout-d’un-coup, & se reposer avant de s’être lassé.
Si malheureusement il est commun de trouver des hommes corrompus sur cet article (comme nous avons dit) il y a de l’inhumanité à les affermir dans la corruption, et les Poètes qui agissent ainsi manquent au devoir des bons Citoyens.
C’est aussi cet esprit de société, répandu en torrent, ou sans mesure ni ménagement, qui, de l’aveu ingénu du plus éloquent panégyriste de Molière, a produit l’abus de la société et de la philosophie, qui est cause que la jeunesse a perdu toute morale à quinze ans, et toute sensibilité à vingt ; qui fait aussi qu’après avoir perdu l’honneur, on peut aujourd’hui le recouvrer rentrer dans cette île, du temps de Molière escarpée et sans bords, c’est-à-dire, jouir de la considération, de tous les avantages et priviléges de la vertu Comparez les temps et jugez, dis-je, vous verrez de plus que, malgré les cent cinquante mille pièces de théâtre environ qui nous ont passé sur le corps, ou plutôt sur l’âme, depuis la restauration des lettres, pour nous perfectionner, nous nous sommes toujours détériorés de plus en plus ; vous verrez que les rares petits coins de la terre civilisée qu’on pourrait encore proposer pour exemples d’innocence et de vertus, sont précisément ceux où il n’a jamais paru ni théâtre, ni comédie, ni beaucoup des gens qu’ils perfectionnent dans les villes ; et vous en inférerez que pour mettre le comble à la dépravation, surtout aujourd’hui que les hommes corrompus sont presque partout en grande majorité, et que jouer les vices au théâtre, c’est à peu près comme si on jouait l’anglomanie en Angleterre, il ne manquerait plus que de livrer de même à la justice précipitée du public malin, qui a besoin de rire, qui ne se rassemble que pour cela, à ce tribunal confus, incohérent et enthousiaste, composé de toutes sortes de gens, qui tient ses assises dans toutes sortes de lieux, qui passe en sections du théâtre dans les salons et dans les réduits, sur les places publiques et aux coins des rues, où il délibère d’après ses passions discordantes, propres on empruntées, qui dénature on change les actes d’accusation, qui juge cent fois in idem, dont la jurisprudence est incertaine et si versatile qu’il désavoue habituellement ses jugements, lesquels, en effet, sont cassés en grande partie, et souvent, après des années de la plus cruelle exécution, quelquefois dans un autre siècle, par le public mieux éclairé, sage et impartial, dont les arrêts méritent seulement alors toute confiance et respect ; il ne manquerait plus, dis-je, que de traduire à ce tribunal les hypocrites des autres vertus dont il reste plus de lambeaux, en ajoutant aux tartufes de religion, de mœurs, de bienfaisance, etc., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] De là les impatiences, les manques de respect, d’estime et de bons procédés, l’oubli des bienséances et des devoirs ; de là l’insubordination ou le mépris de toute autorité religieuse, politique, civile et domestique ; de là peut-être naquit aussi cette prétention insensée d’une égalité impossible, je veux dire absolue, qui a récemment agité tant de simples. […] on pourrait citer bien des exemples d’hommes généreux qui ont pris spontanément la défense personnelle du faible opprimé : je n’ai donc qu’à faire le vœu que ce dévouement soit encouragé tant sous l’ancienne que sous cette nouvelle forme, qui n’entraînerait point une plus grande responsabilité que l’autre, et qui attesterait mieux le courage des auteurs et la sincérité de leur zèle que les imprudences accoutumées rendent si douteux qu’on est quelquefois forcé de croire que les uns sont au moins indifférents aux désordres qu’ils combattent, et que les autres seraient fâchés qu’ils manquassent à leur verve ou à leur ambition.
Il ne manque que de blesser tendrement le cœur de du Guesclin. […] Ce poëme ne peut manquer d’être goûté. […] Les non conformistes qui passent leur tems dans les plaisirs, & ne se font pas scrupule de manquer le Service Divin les jours de Fête, passeront leurs jours dans un grand serieux, sans danser, ni aller à la comédie. […] Il fut ingrat, & manqua de confiance en celui dont il avoit éprouvé les bontés.
Qu’on ne se plaigne pas que la matiere manque, on y trouvera la plus abondante ressource. […] On a couru après, on a attrapé quelqu’un des compagnons de son voyage, mais on a manqué le butin qui étoit l’essentiel, le coupable qu’on auroit puni, & la belle Angélique dont on se seroit bien consolé : cette précieuse marchandise n’est pas rare à l’hôtel. […] Vaine, haute, bisare, médisante, peu sévere, vraie femme de théatre, il ne lui manqua que d’être actrice. […] La promesse future d’être célébré à Avignon ne peut manquer d’engager le Prince Charles de s’abonner pour la Gazette