/ 395
79. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « [Introduction]  » p. 2

Si nous développons plus en détail ces justes conséquences, nous sommes bien éloignés de vouloir faire des leçons à nos maîtres, nous recevons au contraire avec le plus grand respect toutes celles qu’ils daignent nous donner ; mais sans blesser ce profond respect, il fut toujours permis d’écrire sur les matières de politique.

80. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Il n’y avoit pas dans la Judée de maître à danser, & il n’est pas apparent qu’avant deux ans on leur en eût donné des leçons. […] Les Saturnales, où les maîtres étoient obligés de souffrir les insolences de leurs esclaves. […] Quand on lit toutes ces belles choses, on croit être de la scène du Bourgeois Gentilhomme, où son Maître à danser fait dépendre de la danse, & son Maître à chanter, de la musique, le gouvernement de l’Etat & le succès de toutes les affaires. […] Ils revinrent pourtant, & s’établirent si bien que sous le règne de Constance, où l’on chassa de Rome tous les Philosophes, sous prétexte d’une grande disette, on y conserva trois mille danseuses & autant de maîtres à danser, à qui rien ne manqua : Tria millia saltatricum, ne interpellata quidem, totidemque remansere Magistri. […] Le théatre a fait de la danse un art véritable & fort étendu, de grands maîtres, d’habiles élèves, des plans réguliers, un système suivi, une vraie académie, une science profonde ; tout y est choisi, préparé, combiné, symmétrisé ; uniformité de parures, assortimens de décorations & d’habit, égalité de tailles, ressemblance de traits, harmonie & cadence, symmétrie des pas & des figures, dextérité, légèreté, souplesse, force, tendresse, tous les agrémens imaginables, par conséquent tous les traits de la séduction ; tout y peint la volupté, met la passion en action, & y fait naître un vif intérêt, sur-tout lorsqu’adroitement combinée avec la piece représentée, elle fait avec elle un vrai tableau, naît-des événemens, les prépare ou les accompagne, comme l’a fait souvent le voluptueux Quinaut dans ses opéra, & que tâchent de faire ceux qui le suivent, car l’opéra est le vrai trône de la danse, le trône des danseuses, des figurantes.

81. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

A la Visitation, aux Bénédictins, &c. on ne permet pas aux Pensionnaires, de l’un ou de l’autre sexe, d’apprendre à danser ; ailleurs un Religieux, une Religieuse, sont présens aux leçons, & veillent sur le Maître à danser, qui très-souvent entremetteur d’une intrigue, porte les lettres, les paroles, les présens. Un Maître de musique, quoique aussi peu scrupuleux, est moins à craindre, on prend leçon à travers une grille ; il faut sortir pour danser. […] quel danger de se rappeler le souvenir de ce qu’elle a quitté dans le monde & de le regretter, de se laisser attendrir par toutes les graces que la danse déploie dans le maître & dans les élèves ! […] Faire un art d’un jeu frivole, payer des maîtres pour l’apprendre, y consacrer une partie de sa vie & de son bien, est-ce chercher un remède à la foiblesse humaine, ou plutôt se nourrir de poison & augmenter sa foiblesse. […] Un Maître à danser peut s’en faire un métier pour gagner sa vie, comme de toute autre folie qui amuse le peuple, il y trouve son intérêt.

82. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Tout ceci est d’après M. de la Harpe, Panégyriste entousiaste de Moliere & de Voltaire ; il étoit de la générosité des comédiens de donner gratis, ce spectacle singulier à l’honneur de leur maître ; cette noble troupe l’a fait quelquefois, à la paix, au mariage du Dauphin, & le grand Thomas, généreux, à sa maniere, arrachoit les dents gratis dans les grands événemens. […] Moliere ne fit jamais de tragédie ; on auroit du aussi amener Calliope pour le poéme épique du Val de grace, Uranie pour la philosophie Péripatéticienne & Cartesiene du Mariage forcé, les faunes, les satyres de Melicerte ; il faloit y faire venir à la file, tous les comiques antérieurs & postérieurs, pour lui rendre hommage, comme à leur maître. […] Si les comédiens cherissent dans le grand Moliere, leur fondateur, leur bienfaiteur, leur maître. […] C’est le poëte qui se couronne lui-même ; est ce à l’acteur à récompenser ou à punir son maître ? […] On ne met la couronne sur la tête qu’à titre de maître qui la donne, ou de valet de chambre qui l’attache.

83. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

Dans des siécles où l’ignorance universelle regardoit comme des phénomènes, de vaines disputes de mots, des querelles puériles sur des systêmes frivoles ; où les maîtres bornoient tous leurs soins à l’étude du latin, & des cathégories. […] Ne sont-ils pas les protecteurs nés des Comédiens, les seuls maîtres de ces enfans du luxe ?

84. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

Laurette, par ordre de sa Maîtresse, fait de son mieux pour donner des preuves de la mort de son vieux Maître, et ne travaille pas moins vivement, à la sollicitation de Crémante, pour rompre toute intelligence entre les deux Amants. […] Et dans le personnage même de Laurette on apprendrait combien sont blâmables les Maîtres qui par autorité, et souvent par violence, exigent de leurs Domestiques des services qu’ils ne leurs rendent que malgré eux, et jamais sans concevoir une juste horreur pour ceux qui les forcent à les leur rendre.

85. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

La seule différence qu’il y ait à cet égard entre ces deux maîtres de la scène, c’est que Racine traitoit l’amour en homme de génie, & Corneille en homme d’esprit. […] Ou celui-ci n’avoit pas les mêmes ressources dans son génie, ou il a un peu négligé cet objet ; faute inexcusable dans un maître de l’art. […] Ce morceau du premier Acte, De cette nuit, Phénice, as-tu vû la splendeur, jusqu’à ce vers, le monde en le voyant eût reconnu son maître, est véritablement sublime. […] Allons où je n’aurai que vous pour Souveraine, Où vos bras amoureux seront ma seule chaîne, Où l’hymen en triomphe à jamais l’étreindra, Et soit de Rome esclave ou maître qui voudra. […] Ce sont là de ces coups de maître que l’art exécute, mais que le génie seul produit.

86. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

N’enseigne-t’elle pas les obligations mutuelles des Peres & des Enfans, des Maîtres & des Serviteurs, des Patrons & des Cliens, des Citoiens & des Magistrats ? […] Quelles pieces en effet tira-t-il du grand Maître qu’il employa ! […] Ils eurent, comme leur Maître, leurs Eriphiles & leurs Aricies qu’il fallut intriguer d’une maniere forcée, ou peu naturelle, avec des Iphigenies & des Phédres. […] N’ai-je pas mes petits Maîtres avec leurs façons & leurs modes burlesques ? […] Le meilleur maître, s’il enseigne le mal, est le pire de tous les Maîtres.

87. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Les sages maîtres des tréteaux forains sentent bien que la troupe de Nicolet effaceroit bien-tôt la leur, si on lui faissoit quelque liberté. […] Peu fait pour consulter l’opinion commune, Exempt d’ambition, maître de ma fortune, Je ne veux exister désormais que pour moi ; Ma foi le vrai bonheur est de vivre pour soi. […] Il fut des citoyens avant qu’il fut des maîtres ; Nous rentrons dans les droits qu’ont perdu nos ancêtres. […] On trouve dans toutes les Vies de Moliere, que ce Comique avoit fait la traduction du poëme de Lucrece, de Rerum Naturâ ; que son valet-de-chambre ayant trouvé le manuscrit sur sa table, & ne sachant ce que c’étoit, l’avoit déchiré pour en foire des papillotes à son maître, & eu allumer le feu.

/ 395