Les apologistes du spectacle, qui ont voulu mettre quelques différences entre l’ancienne & la nouvelle comédie, à raison de l’ancienne grossiéreté du langage, n’en ont jamais mis, ni pu mettre sur la peinture, qui fut toujours semblable, puisqu’on n’y a jamais représenté que les mêmes choses. […] L’expression, qui, comme plusieurs autres de ce caractère, que ce bouffon met à tout moment dans la bouche de ses acteurs, ne signifie rien dans la phrase ; ces vilains termes, ce langage aussi plat qu’irréligieux ne sont que déceler un cœur dépravé, in abundantia cordis os loquitur ; & la mauvaise habitude qui, à tout propos, le séme dans la conversation sans esprit & sans goût. […] Quels langages leur font-elles tenir ? […] Les images sont en effet un langage très-énergique, comme les discours & les écrits sont des images, & ne sont même dangéreux qu’à titre d’image. […] Suffit-il d’épargner à l’oreille les obscénités du langage, si une autre sorte de langage les met sous les yeux ?
Non, il ne suffit pas à des Auteurs Catholiques de n’être ni tout à fait obscènes dans le langage, ni absolument impies, comme le sont les Poètes modernes en Angleterre : M. […] Collier ne s’en formalisera point, lui qui connaît toute la délicatesse, et du langage et du génie Français.
Quel langage dans la bouche d’un Curé ! […] Je ne sais si l’Auteur est Protestant, du moins il en rient le langage. […] Il a de son état les mœurs & le langage, Et ne le blâmez point pour avoir l’air d’un Sage. […] Et il gourmande le père, Conseiller au Parlement, d’une manière indécente : langage surprenant dans la bouche d’un Prêtre. […] C’est le langage de l’opéra.
Y a-t-il quelqu'un assez aveugle ou assez endurci pour pouvoir souffrir sans horreur l'impiété de ce langage ?
Le langage amoureux.
Je ne regarde point le langage, qui est assez bon et meilleur qu’il n’appartient à un étranger.
Il tient le même langage de galanterie ; &, loin de former à la sagesse, il répete les mêmes folies, les mêmes sentimens, & n’est employé qu’à confirmer le libertinage de la piece & des acteurs. […] Mais nos conquêtes ayant étendu notre domaine, agrandi notre ville, augmenté nos richesses, la vertu disparut, le libertinage regna ; & par une suite nécessaire, la licence s’empara du théatre, de la poësie, de la musique, accessit numerisque, modisque, licentia major ; tout prit le goût & le ton de la débauche : des chants rendres, un langage efféminé, des gestes lascifs, des habits traînans, l’art dramatique ne fut plus que l’art de la corruption, sic prisca motumque & luxuriam addidit arti tibicen, traxitque vagus per pulpita vestem eloquium insolitam, &c.
Ils ne peuvent souffrir son langage qu’autant qu’il est tempéré par un langage plus doux, et racheté par des maximes qui s’accordent mieux à leurs faiblesses.
Tous les ouvrages solides qu’on a donné contre la comédie, ont quelque chose de trop sérieux, qui rebute le lecteur, et décréditea l’auteur par un air de sévérité, qu’on impute à misanthropie, ou à un intérêt de robe et de parti qui fait tenir ce sombre langage. […] Du reste, ce n’est pas au théâtre à m’en faire un crime ; la satire est son aliment, la plaisanterie est son langage ; et plût à Dieu qu’il respectât toujours assez la vérité et la décence, pour ne pas mériter la plus rigoureuse censure par sa malignité et ses bouffonneries, et donner à tous ceux qui le fréquentent, un ton de causticité et de frivolité, dont on ne se corrige presque jamais !