On ne peut pas prouver l’excommunication par la seule infamie ; l’infamie n’emporte pas l’excommunication, on peut être infâme sans être excommunié ; ni l’excommunication l’infamie, on peut être excommunié sans être infâme. […] Les Comédiens peuvent donc être, et sont certainement infâmes, indépendamment de toute censure. […] « Il ne convient ni à la Majesté divine, ni à la discipline, ni à l’honneur de l’Eglise, de se souiller par un si infâme commerce » : « Nec Majestati divinæ, nec Evangelicæ disciplinæ congruere, ut pudor et honor Ecclesiæ tam turpi et infami contagione fœdetur. » Le concile d’Elvire (ann. 305 C. […] Cyprien, (plus scrupuleux que nos Régents), mais persister dans l’ignominie ; c’est perdre plutôt qu’instruire la jeunesse, de lui enseigner ce qu’elle ne doit jamais apprendre, et qu’on n’aurait jamais dû savoir ; c’est offenser la Majesté divine, blesser la morale évangélique, et déshonorer l’Eglise par un si honteux et infâme commerce.
Entre les différents moyens depuis long-temps indiqués, pour là réformation du théâtre, je crois devoir recommander d’abord celui de cesser de condamner en principe, ou en théorie, ce que nous approuvons dans la pratique ; je veux dire, de commencer par être plus conséquents et plus justes envers les hommes qui se vouent au théâtre, soit comme auteurs2, soit comme acteurs, et reconnaître le droit qu’ils ont, lorsque d’ailleurs ils sont bons citoyens, à l’estime et à la considération dont ils jouissent de fait, par un accord à peu-près général ; et ôter enfin à un petit nombre de gens de bonne foi, et à tous les gens de mauvaise humeur, le droit de traiter d’infâmes la profession ou les personnes de Molière, de Corneille, Racine, Voltaire, et de Lekain, de Molé, Larive, Talma, des idolâtrées Comtat, Raucourt, Mars, etc., lesquels ont emporté les regrets, ou font encore aujourd’hui les délices et l’admiration des Français et des étrangers, qui leur rendent les plus grands honneurs, qui leur élèvent des statues. Vu cet irrésistible progrès des choses, et cette disposition générale des esprits, disposition telle qu’on ne voit presque plus que des envieux ou du métier infâme, ou des talents et de la vue des infâmes qui l’exerçent, le fait de les laisser sous l’anathême, qui contribue déjà au relâchement de cette partie de la société, est très-préjudiciable dans tous les cas à la foi et au respect dûs aux décrets de l’Eglise, et nuit par là généralement aux mœurs. […] Ce prince veut, dans cet acte conciliant publié en 1641, que l’état de comédien ne soit pas regardé comme infâme, et que son exercice ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public, pourvu qu’ils se contiennent dans les termes de leurs devoirs, et qu ils ne jouent que des pièces de théâtre qui soient exemptes d’impuretés et de paroles lascives et à double entente, etc. […] Ces hommes, quoiqu’au fond indifférents à l’honneur et à l’honnêteté, craindraient cependant d’être produits ou simplement nommés en scène comme faisant la société de ces infâmes, et partager publiquement leur infamie, sans avoir une plus grande part aux avantages dont elle est le prix. […] Ils verront que les auteurs de tout genre, lorsqu’ils sont connus, sont seuls responsables, coupables, punissables, et au moins aussi infâmes que leurs agents, quand infàmie il y a.
Si les filles qui sont de la race infâme des Comédiens refusent de monter sur le Théâtre, qu'on les y contraigne; si toutefois elles n'ont point encore fait profession de la Foi, et de la Loi de la très sainte et vénérable Religion des Chrétiens, pour la garder toujours inviolablement ; Nous ordonnons aussi, que les femmes à qui nous avons accordé par une grâce spéciale, de ne point exercer cet honteux métier, jouissent toute leur vie de cette exemption, sans qu'on les puisse contraindre de rentrer dans la Compagnie de Comédiens. […] Que les personnes infâmes, tels que sont les Comédiens, ne soient point reçues à former des accusations.
Néanmoins tout le monde va aux Spectacles ; On se plaît à cette infamie publique, ou pour y reconnaître ses vices, ou pour les apprendre; on court à ce lieu infâmes, à cette école d'impureté, afin de ne faire pas moins de mal en secret, qu'on en a appris en public, et à la vue pour ainsi dire des Lois, on commet tous les crimes qui sont défendus par les Lois. […] Plus les Auteurs de ces infâmes représentations ont d'éloquence, mieux ils persuadent ceux qui les écoutent, par la politesse de leurs sentiments, et la justesse et la beauté de leurs vers fait qu'on les retient plus aisément.
Il y a des Villes qui depuis le matin jusqu'au soir repaissent leurs yeux de divers Spectacles des Comédiens, et qui ne se lassent point d'employer un si longtemps à écouter des vers lascifs et licencieux, qui remplissent les esprits d'ordures, et il y a même des personnes qui appellent ces peuples heureux, en ce que quittant leurs affaires, et les occupations nécessaires pour l'entretien de la vie, ils passent les journées entières dans l'oisiveté et dans la volupté, ne considérant pas que le Théâtre où l'on représente ces Spectacles honteux, est l'Ecole commune et publique de l'impureté pour ceux qui s'assemblent ce lieu infâme.
« Un Soldat, dit-il, qui s’enfuit du combat, et une jeune veuve qui se remarie avant l’année expirée de son veuvage, ne pèchent point ; et cependant l’un et l’autre sont déclarés infâmes dans le même Digeste. Il ne s’ensuit donc pas que la Comédie soit mauvaise, quoique les Comédiens soient infâmes.» […] C’est donc bien mal à propos que le Docteur fait comparaison des Comédiens de profession avec les jeunes gens que l’on exerce dans les Collèges, et qu’il prétend que les uns ne sont pas plus infâmes que les autres. […] « Le temps, dit-il, qui change, fait tout changer avec lui ; ainsi tel était autrefois infâme, qui ne l’est plus aujourd’hui. […] N’est-ce pas proprement comme s’il disait, que ceux qui jouent la Comédie sont d’honnêtes infâmes ; puisque l’infamie est attachée au métier de Comédiens, ainsi que je l’ai fait voir ?
Au reste on va voir dans les décisions suivantes quels sont les maux que produit la Comédie, et combien par conséquent elle est condamnable, selon le jugement même des anciens Romains, qui par leurs Lois mettaient les Comédiens au rang des personnes infâmes […] Car peut-on être assez déraisonnable, pour attendre des entretiens innocents et modestes de la part d’une troupe de gens, que toutes les Lois Ecclesiastiques et civiles, déclarent infâmes : Ulpianus in leg. […] Et est-il croyable, qu’il ait voulu approuver une Profession, qui rend infâmes et excommuniés ceux qui l’exercent ? […] c’est offenser la Majesté de Dieu profaner la sainteté et la gloire de son Eglise et violer les règles de l’Evangile, que de permettre qu’elles soient souillées par la communication de personnes si indignes et si infâmes
Si on veut lire leurs brochures modernes, on y verra que cette infâme et audacieuse société, s’annonce très ouvertement pour être un ordre tout à la fois monastique et politique. […] Cette société ambitieuse et sans cesse agissante a tout osé, car elle a renversé de fond en comble la religion chrétienne pour y substituer une nouvelle religion de son invention, une religion jésuitique, mais infâme, car leurs maximes favorites sont, que la religion ne peut se soutenir et triompher, que par le pouvoir absolu et les richesses, que par la force, la terreur et les supplices, et enfin, que par les crimes les plus odieux, en soutenant que ces crimes deviennent des vertus, lorsqu’étant commis avec une direction d’intention, ils ont pour but l’intérêt de la religion et de la gloire de Dieu. […] Déjà les journaux sont courbés sous la loi de tendance du 17 mars 1822, qui heureusement n’a pas pris naissance sous le règne de Charles X, de ce roi franc et loyal, qui jamais n’aimera les lois inquisitoriales ; mais si une pareille loi, était dirigée contre les auteurs, elle serait terrible contre eux et pourrait un jour servir à condamner tout écrivain, qui déplairait à l’infâme société de Loyola.
Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. 15 Chap.