C’est ainsi que ces clubs du fanatisme jésuitique, exercent sous les noms de Congrégations, de Pères de la foi, de Missionnaires, l’intrigue et le brigandage, en exigeant des gouvernements et des particuliers, de fortes contributions à titre d’aumônes, de secours et de donations. […] Doué de cette forte volonté, et après avoir entrepris de grandes choses avec quelques succès, il n’a plus mis de bornes à son ambition, et il voulut entreprendre des choses encore plus grandes. […] Le raisonnement de dire que le pouvoir absolu peut faire de grandes choses au moyen d’une volonté forte et unique, n’est captieux et séduisant que pour les partisans entêtés, aveugles et ignorants de ce même pouvoir absolu. Il est trop facile de démontrer que cette volonté forte et unique d’un seul homme, lorsqu’elle n’est pas tempérée par des contrepoids politiques, peut ruiner l’état et renverser le souverain lui-même. Cette volonté forte, en proie à ses propres caprices, ainsi qu’aux influences funestes de l’esprit de parti qui cherche à l’égarer, renferme toujours un germe de la destruction et toujours opère beaucoup plus souvent le mal que le bien.
Si un homme ne s’accoutume qu’à penser de petites choses, il s’accoutumera pareillement à n’en faire que de petites, & le mal le moins dangereux qui pourra résulter de toute cela, sera que nous aurons toujours de fort plats Citoyens, & des Citoyennes fort insipides. […] Récréations fort ennuyeuses, & de fait fort périlleuses d’un Jeu du Rempart. […] Ces parties, que les jeunes gens appellent fines, sont toujours fort grossieres, puisque la débauche y préside. […] Idée d’un Roi patriote, Ouvrage fort estimable, traduit de l’Anglais ; je l’ai déjà cité ci-devant. […] On sait que le Théatre Italien fut, dès son origine, fort enclin aux indécentes Bouffonneries.
Caffaro, Professeur de l’un & Confesseur de l’autre, qu’il avoit étrangement compromis, en traduisant sa dissertation, & la faisant imprimer, & ensuite la mettant à la tête de son théâtre, en fort mauvaise compagnie, à laquelle le bon pere ne s’attendoit pas d’être associé. […] Tout occupé de leur plaisir, s’embarrassant fort peu de leur conscience, ils rient des soins qu’on prend de la justifier. […] A se mocquer de leurs adversaires, à les accuser de malignité, de jalousie, de corruption secrette, couverte d’un zele hipocrite : la plaisanterie, style du Théatre, la récrimination, défense ordinaire des criminels, sont de fort petites raisons dont le mensonge seul peut avoir besoin. 2°. […] 1, parlent fort judicieusement du théatre. […] La vue de tant de sang répandu dans le cirque, accoutume à le voir couler sans pitié, rend l’homme cruel, sanguinaire : des bêtes féroces lui apprennent à se faire un jeu de la vie de ses semblables, à plus forte raison à le sacrifier à ses intérêts.
Les objets spirituels échappent à l’imagination & n’intéressent pas, mais les objets extérieurs excitent de fortes tentations & de violens ébranlemens ; l’ame accoutumée à juger de tout par comparaison, les prend pour la mesure de la grandeur, & se forme des idées plus élevées de ce qu’elles représentent. […] Les grands pour la plupart sont masque de théatre, l’âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit, le renard au contraire à fonds les examine, & leur applique un mot qu’un buste de Héros lui fit dire fort à propos ; c’étoit un buste creux & plus grand que nature. […] Depuis ce temps là, il s’en est marié beaucoup qui ont eu des enfans, & qui sont devenus grands pères, de sorte qu’on ne doit plus s’étonner que ces petites créatures se soient si fort multipliées en Russie. […] C’est merveille qu’une petite carcasse puisse traîner un si gros appareil, elles marchent parées comme des temples, & de fait, elles sont fort semblables au temple d’Égypte qui cachoit un rat sous des pavillons dorés. […] Le recueil des conférences du Médecin Renaudot, dont plusieurs sont très-frivoles, eut de la réputation dans son temps ; l’Auteur étoit habile, avoit de l’esprit, fort répandu dans le monde, Médecin à la mode.
» Voilà le corps réduit en poussière, comme l'Auteur en avertit : précaution fort inutile, la chose est claire ; mais elle sert à détourner l'attention aux paroles qui suivent, où est le venin. […] Si c'est la décence des esprits forts, ce n'est pas celle des Religieux de la Trappe. […] La fureur de répandre des nuages sur les objets de la piété, après avoir vilipendé les autres Ordres Religieux, attaque aujourd’hui la Trappe, comme un fort qui passait pour imprenable. […] L'Auteur du drame ne pouvant s'en dissimuler le scandale et l'absurdité, quoique fort content de lui-même, dit modestement dans sa préface pour s'excuser : « Le génie doit s'élever au-dessus des règles pour produire des beautés. […] C'est assurément une fort petite acquisition aux yeux de la piété, puisque bien loin d'étendre les branches d'un arbre qui porte de si mauvais fruit, elle ne désire que d'en voir arracher la racine empoisonnée.
Si les Grands se déclarent pour les premieres, la toile respirera pour elles ; les atteliers deviendront comme des asyles de la vertu : & l’innocence impatiente en quelque forte de sortir du sein du marbre, sourira au ciseau de l’Artiste qui l’aura embellie. […] Il ne cherche point l’abri de son nom pour en parer l’ouvrage qu’il médite, il manqueroit son but, & blesseroit sa propre délicatesse ; mais ce Grand dont le pouvoir est toujours plus fort quand il a moins d’éclat, détournera les coups de l’autorité ; il répandra des éloges, les accréditera auprès de la multitude ; les Censeurs couverts par le ridicule, seront réduits au silence ; ainsi ce même homme puissant qui n’auroit pu défendre, comme protecteur, cet écrit, le fera triompher comme panégyriste. […] Vous diriez ce beau fleuve qui borde une de nos plus fortes & de nos plus riches Provinces, & qui va finir dans les sables de la Hollande, après avoir perdu son antique splendeur.
Vous avez le Prince des Orateurs Cicéron, qui soutient et avec raison, que d’appeler un homme danseur, c’est lui faire une injure fort atroce, parce que, dit-il, ce vice ne va jamais qu’il ne soit accompagné de plusieurs autres ; car personne d’ordinaire ne danse étant sobre, si ce n’est qu’il soit fol, ni en solitude, ni dans un festin modéré et honnête : la danse suit volontiers les banquets déréglés, les lieux plaisants et les autres délices. […] De liaisons d’amourettes, d’où procèdent souvent des mariages fort malheureux. 3. […] Néanmoins il est encore véritable, qu’on ne doit pas condamner absolument quelques danses qui se feraient modestement et honnêtement en quelques occasions extraordinaires, comme ès noces, et autres assemblées rares de parenté et d’amitié, pourvu qu’on en bannisse les mauvaises circonstances, qui ont été marquées ; étant à observer que toutes personnes qui auraient l’expérience que la danse les fait tomber ordinairement en quelqu’unm des péchés susdits, s’en doivent abstenir comme d’une chose mauvaise, et que ceux même qui sortent de la danse fort innocents de ces péchés, doivent craindre de se rendre coupables des péchés des autres, qui ont été engagés par leur exemple à danser : ce qui fait conclure que toutes sortes de personnes doivent s’abstenir autant qu’il leur sera possible de toutes danses.
Saint Basile au commencement de son Homélie 4. sur l’Hexaméron, parle des chants de musique dont on se servait dans les spectacles, qu’il dit être fort dangereux S. […] » De sorte que quand Saint Antonin dit ailleurs, que c’est un péché mortel de représenter des choses fort déshonnêtes, comme c’en est un de les regarder Id. p. […] Charles, suivant l’exemple et l’esprit des Pères de l’Eglise, a condamné la Comédie par des raisons particulières prises du côté des choses fort sales ou impies qui y étaient représentées, et encore par une raison générale tirée des circonstances qui dans la pratique en sont inséparables ; c’est à savoir, qu’elle porte à la corruption des mœurs. […] Il faut que les passions qu’on y représente aient quelque chose de fort, de vif et de touchant, afin qu’elles puissent exciter dans l’âme l’effet que l’on prétend : afin que les sujets que l’on choisit puissent plaire, ils doivent être conformes à la disposition de la plupart des spectateurs, qui sont des personnes du monde, qui en ont les maximes et l’esprit. […] L’on répond que Saint François de Sales considère la Comédie en elle-même spéculativement, et quant à sa substance, comme il parle première partie chap. 23. de son Introduction. « Il dit que les Comédies même honnêtes sont dangereuses et nuisibles à la dévotion. » Et quand il parle part. 3. chap. 33. « Il dit que c’est une chose dangereuse, et selon l’ordinaire façon avec laquelle cet exercice se fait, il est fort penchant et incliné du côté du mal, et par conséquent plein de danger et de péril. » Ce sont les paroles de ce saint Evêque, que l’on peut appliquer à plus forte raison à la Comédie.
Je dirai que je me suis étonné cent fois, comment ces grands Poètes, ces illustres Auteurs de toutes les Comédies de ce temps, ne se sont point fait de scrupule de consumer leur vie et leur esprit à composer des ouvrages pour l’entretien du Théâtre, que l’Eglise et les Pères ont si fort condamné dans tous les temps. […] Je ne suis point jaloux des applaudissements qu’on donne à ces Messieurs, j’admire leurs grands talents ; mais je les plains de les employer si malheureusement, qu’il faut renoncer à la Religion que nous professons, et à l’Evangile de Jésus-Christ, pour ne pas croire qu’il est fort à craindre que ce qui leur a attiré l’applaudissement des hommes, n’attire sur eux l’indignation de Dieu.