Il dit qu’après que la matière Eut reçu sa forme première, Et rendu l’image en effet, Dieu fit descendre ses idées Dans le sein des Anges guidées Pour former cet esprit parfait.
Aristote tâche d’y remédier par je ne sais quelle purgation que personne n’enteend ; mais il est ridicule d’établir une science qui donne sûrement la maladie, pour en former une autre qui travaille incertainement à la guérison. […] Comment pouvoit-elle avant dix ans avoir formé une passion si violente, & voulu se marier avec Olvide ? […] Il y dura plus de mille ans, jusqu’au regne de Théodose le grand, qui l’abolit ; de sorte que ce scandale est arrivé peut-être une fois dans un siecle, & jamais il n’a pu y avoir de Vestale qui ait été forcée à prendre, non le voile, mais les bande lettes, malgré une passion & une intrigue toute formée : & comment l’auroient-elles formée avant dix ans ?
C’est là que les fontaines ont pratiqué leurs sources, pour fertiliser les campagnes, et former, par leur réunion, les grandes rivières qui se précipitent dans la mer : cette vaste étendue pousse ses vagues sur le rivage, on dirait qu’elle va nous engloutir : celui qui l’a créée a mis un terme qu’elle ne passe jamais. […] Dieu lui découvre sa nombreuse postérité, dans la sombre succession des temps à venir ; au fond de ce divin miroir, Abraham aperçoit le libérateur promis ; ses enfants passent en Égypte pour s’y former en corps de nation : la plus dure servitude n’empêche pas leur propagation miraculeuse.
Un si méprisable théatre, & de si méprisables spectateurs ne méritoient pas d’occuper les Théologiens, & de faire prononcer des décisions ; qui se seroit mis en frais pour former des doutes sérieux sur de pareilles miseres ? […] Les Trétaux n’ayant ni état fixe, ni caractère décidé, ni matiere propre, ni troupes formées ; ces rapsodies, ces charlataneries ne signifioient rien ; sur quoi auroit-on prononcé une décision précise ? […] Qui pourroit, dis-je, former de jugement absolu sur tout ce qui reste de Chanteurs, Tabarins, Charlatans, Joueurs de Gobelets ? […] Des troupes innombrables de Comédiens & de Comédiennes, formés, agguerris, exercés, qui font dans l’état un corps établi, une profession décidée, qui ont des bâtimens magnifiques, des revenus fixes, des richesses considérables, des troupes de gens constamment sans mœurs, sans Réligion, sans décence, qui passent leur vie dans la débauche, & y entretiennent ceux qui les fréquentent ; des armées de libertins, de gens frivoles, qui vont y perdre leur tems, leur argent, leur santé, leur conscience : des armées de coquettes ; des femmes mondaines qui vont y offrir leur cœur & leur charmes, & tendre des piéges à tout le monde. […] Qu’on se rende de bonne foi justice, va-t-on à la comédie la plus châtiée, sans avoir jetté quelques regards, pris quelque liberté, entendu quelques discours, formé quelque désir, senti quelqu’émotion, consenti à quelque mauvaise pensée, & par-conséquent commis quelque péché ?
Dans l’épître dédicatoire & un avertissement, il prouve que ce n’est pas chez les Italiens, comme on l’a dit cent fois, que nos poëtes & nos romanciers se sont formés, mais dans les bons auteurs espagnols, dans l’Océan dramatique de Lopes, dans la Méditerranée de Calderon. […] Cette critique aux yeux du traducteur est une leçon utile aux jeunes poëtes dont on doit lui savoir gré : elle formera leur goût, corrigera les fanfaronnades des écrivains ennemis de la noble simplicité, qui, par les mains espagnoles, a fourni des trésors inépuisables, dont la traduction leur donne la clef. […] Si c’est ainsi que se forment les bonnes meres de familles, ce n’est pas du moins la femme-forte, dont parle le Livre de la Sagesse, comment se forment donc les coquettes, les femmes galantes & les êtres frivoles, livrés au jeu, à la dissipation, au luxe, au plaisir, qui ne vivent que pour séduire les hommes ? […] Il a fait des décorations innombrables pour toutes sortes de fêtes, de pieces & d’opéras, même de décorations mouvantes qui forment de vraies pieces, une pantomime mecanique bien supérieure aux marionnettes, qui alloit d’elle-même, aussi énergique, aussi pitoresque que les discours & les gestes des meilleurs acteurs : c’est être à la fois acteur & acteur, é jouer tous les rôles.
Le célèbre Garde des Sceaux M. du Vair avoit prévenu l’Université, & dès l’année 1616, qu’il fut élevé à cette dignité éminente, il fit défendre aux Principaux & aux Recteurs des Collèges les représentations des comédies & tragédies, & ordonna que pour former les jeunes gens à l’art de la prononciation, on ne s’éloigneroit pas des usages des anciens Recteurs. […] Elle favorise le vice ; elle enseigne aux enfans à mépriser l’autorité des parens, & à tromper leur vigilance, par des engagemens clandestins, formés par une passion aveugle ; elle apprend aux femmes la coquetterie, la dissimulation, les ruses, pour tromper leurs maris, au préjudice des liens sacrés du mariage, & les livrer à une ignominie que mérite seul l’auteur du crime que l’on fait triompher ; elle invite les domestiques à flatter sans pudeur, à servir sans remords les passions de la jeunesse, à voler, à tromper leurs maîtres & les tourner en ridicule ; elle accoutume le public à traiter de bizarrerie une sage circonspection, & de politesse une connivence criminelle, l’impiété & l’indifférence à ses devoirs, de force d’esprit philosophique, à embellir le vice, à enlaidir la vertu, & tourner en plaisanterie les choses les plus importantes. […] Au milieu de tant d’écueils le naufrage de la modestie est inévitable, tantôt impudemment sans observer les bienséances, tantôt poliment sous la gaze de l’équivoque, tantôt par des aveux de ses sentimens qu’on ne devroit jamais faire, tantôt en bravant la volonté des parens par des mariages clandestins ou forcés, que la seule passion a formés. […] Quoique sans doute ceux qui forment, qui appellent des troupes, ou quelque Acteur en particulier, ceux qui les font venir, jouer chez eux, soient incomparablement plus coupables, puisqu’ils sont cause de la représentation, les spectateurs qui payent à l’entrée d’un spectacle formé sans eux, ne sont pas innocens, puisqu’ils contribuent à son entretien.
Je vois dans les Poètes anciens des notions de la vertu toutes contraires à celles des nôtres : j’y vois les personnes de rang formées sur un modèle tout autre que celui des Poètes Anglais. […] Il pose pour principe : « Qu’il est impossible d’être bon Poète, sans être honnête homme : que ce qu’on appelle un bon Poète, c’est celui qui sait former les jeunes gens aux bonnes mœurs et inspirer les grandes vertus aux hommes faits, etc. […] Voilà un caractère d’homme judicieusement formé ! […] Céladée jeune personne de qualité saisie de crainte que son amant ne devienne l’époux d’une autre qu’elle, demande que l’univers tombe dans un informe chaos : elle voudrait voir tous les éléments se confondre et s’ensevelir elle-même sous la ruine commune de ce bas monde : elle invective follement et emphatiquement contre le Ciel de ce qu’il a formé la nature humaine autrement qu’elle n’eût dû être à son avis : P. 52. […] Le Ciel prit l’homme dans son sommeil lorsqu’il la forma de lui : car s’il eût été éveillé, il n’y aurait jamais consenti.
Je demande si le Theatre peut être une Ecole capable de former les mœurs : & je repond simplement, Par sa nature il peut l’être ; par notre faute il ne l’est pas. […] Dédaignent-ils de former le parterre de ces Scenes particulieres ? […] Il me semble, Messieurs, qu’on m’accorde à présent que le Theatre tragique ou comique peut devenir une Ecole capable de former les mœurs. […] D’autre part, Dieux & Déesses, productions de la Fable, victimes de Cupidon, forment une assemblée brillante. […] C’est dans cette vûë que la Lyre elle même a formé des Orphées si estimables ou par la beauté de la voix, ou par la science profonde de tous les goûts de Musique !
Je ne sçaurois croire que ce soit là le vrai sentiment de l’Auteur ; & Aristote même me fournit dans sa Poëtique dequoi combattre son opinion, par l’idée qu’il y donne de la Tragédie, & des différentes parties qui n’en forment qu’un seul tout. […] La maniere d’imiter consiste dans l’art de former des traits & des contours sur la toile, ou sur toute autre espece de table rase ; & les instruments ou les secours de l’Imitation, sont les couleurs qu’il employe. […] L’Avare des premiers rit du tableau fidele D’un Avare souvent tracé sur son modele, Et mille fois un Fat finement exprimé, Méconnoît le portrait sur lui-même formé. […] Mais tous deux joints & réunis ensemble, forment par leur accord la plus grande satisfaction que l’Art puisse nous procurer. […] Je ne ferai que les indiquer ici pour tracer une image légere de ce que je voudrois voir exécuté par l’Auteur, à qui il en coutera moins pour achever l’Ouvrage, qu’à moi pour en former le premier trait.