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139. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

La qualité d’enfans de Moliere n’est pas honorable, on ne lui connoît d’enfans que la fille qu’il épousa ; qui voudroit avoir pour sœur la fille & femme de Moliere, qui par ses galanteries, remplit ses jours d’amertume ? […] Les femmes ne sont pas guerrieres, il leur faut des couronnes de fleurs ou de Mirthe, le laurier ne leur convient guere, il doit grossiérement déranger leurs cheveux & leur coëffure. […] Il n’y a pas de spectacle au Cap, & on ne l’y désire pas, chacun in voit dans sa maison de fort touchants ; des domestiques heureux, des enfans bien élevés, des femmes fidelles ; voilà des plaisirs que la fiction ne donne pas . […] Le mari, la femme, le public n’y perdront rien, tout sera content, & le théatre ira son train. […] Pour séduire une femme très-respectable de la Cour d’Hongrie, un Prince son amant, ordonna sous main, aux acteurs de ne représenter que des piéces où la foiblesse des femmes fût toujours excusée ; ainsi tout disoit à cette Dame qu’une femme peut se livrer sans crime, au penchant de son cœur ; mille exemples, moyens plus persausifs que tous les discours, l’assuroient que le deshonneur ne suit pas toujours une tendre foiblesse, que la plus austere vertu n’est pas à l’abri des soupçons, que la loi de la fidélité n’est qu’un joug imposé par la tyrannie des maris, qu’une femme sage peut reprimer les desirs ; mais qu’il lui est impossible de n’avoir pas de penchant.

140. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Ce tableau renouvellé tous les jours par les plus grands Seigneurs aux pieds des Actrices, fait voir l’empire des femmes, & la bassesse honteuse de la passion. […] Quel est le plus singulier, dit Lopes de Vega, un héros plus foible qu’une femme, une femme plus dangereuse qu’un lion ? […] Un vieillard de quatre-vingt-cinq ans, & sa femme âgée de soixante-dix-sept ans, s’aviserent de donner un bal, & d’en être le Roi & la Reine. […] On n’introduit point de femmes, pour être plus libres, faire moins de dépenses, éviter les querelles de rivalité, d’infidélité ; car les femmes exigent des égards, des présens, brouillent les amis, mais chacun doit avoir sa maîtresse, à laquelle, sans vouloir la connoître, la société envoie quelque galanterie par les mains de son amant ; ou communément on profane le S.  […] Un petit maître alloit se marier, il étoit poudré, frisé, fardé, parfumé comme une femme, sa femme ne l’étoit pas moins.

141. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Mais Don Quichotte, La Femme Provoquée et le Relaps sont d’une grossièreté que leurs termes seuls peuvent exprimer. […] Certes, l’histoire de sa création est fausse ; c’est de la côte de la femme qu’il fut formé. […] « Je m’amuse à penser que le mariage quoiqu’il fasse de l’homme et de la femme une seule chair, il les laisse deux fous ensemble. […] Le Poète nous avertit après cela par ladite Brute que le blasphème n’est pas le péché des femmes. […] La Femme Provoquée p. 3. et 4.

142. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

A Rome, la jeunesse était plongée dans la débauche des Courtisanes et des femmes esclaves ; l’on en fit l’objet de la critique et de la Comédie du temps : en sorte que ce qui nous reste du Théâtre des Latins, ne nous fournit que des intrigues de cette espèce ; et, comme les vices sont de tout pays, Térence, en transportant sur le Théâtre des Latins quelques-unes des Comédies du Poète Grec Ménandre, a choisi celles dont le sujet roulait sur le libertinage des jeunes gens, comme les plus convenables aux mœurs des Romains. […] L’Amphitrion de Plaute leur en fournit l’idée : ils crurent cependant qu’une femme telle qu’Alcmène, innocente et adultère tout à la fois, ne serait pas un objet assez piquant sur la scène ; on démasqua le vice en ôtant le verni dont le Poète Latin l’avait couvert. Les désordres des femmes mariées, et des filles trop complaisantes occupèrent la place des amours des Courtisanes ; et on établit ces amours, comme le mobile et le fondement du Théâtre moderne. […] Pour aller au même but, les Italiens n’ont pas fait comme les Français : ils ne se sont pas servis de Valets, ni de suivantes pour tendre des pièges à l’innocence, ou pour seconder la débauche des amants de Théâtre ; mais ils ont substitué, aux Esclaves, des hommes et de vieilles femmes, qui font le métier de séduire la jeunesse ; et, en cela, quoique le mal soit toujours le même, du moins les mœurs du temps ont été plus régulièrement suivies par les Italiens, que par les Français : D’ailleurs, s’il se trouve quelquefois des suivantes peu délicates sur l’honneur de leurs maîtresses, ce vice, par bonheur, est assez rare ; d’où il suit qu’il est extrêmement pernicieux d’en produire des exemples qui ne peuvent qu’inspirer des idées de corruption à celles qui ne la connaissent pas.

143. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

par des femmes perdues, par des femmes soudoyées9 tout exprès, pour assister à ces Jeux Libertins, & y donner le ton, à cette foule de jeunes gens qu’elles y attirent ! […] Dictionnaire Encyclopedi. au mot Femme. […] C’est d’après ces modeles vicieux, qu’ils jugent ordinairement de toutes les femmes. […] Ecoutons ce qu’en dit le judicieux Auteur de l’article du Dictionnaire Encyclopédique, au mot Femme. […] de ces femmes bassement prostituées, ou de ces Courtisannes qui sont sans préjugés, parce qu’elles sont sans principes, qui s’arrogent le titre d’honnête homme, parce qu’elles ont renoncé à celui d’honnête femme ?

144. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Onzième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 244-249

Tu l’effaceras entièrement, si tu lui dérobes tous ces petits riens, ces grâces, qu’on nomme la magie des jolies femmes, & qu’on nomme bien. […] Elle est brune, faite au tour ; & joint à la régularité de la beauté, toutes les grâces des jolies femmes ; voila pour l’extérieur : quant à ses qualités, elles surpassent ses attraits ; Honorine est spirituelle, modeste, franche, & paraît avoir un cœur formé pour l’amitié. […] Quelle femme !

145. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXII.  » p. 481

Comme on n'y représente que des galanteries ou des aventures extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on use dans les affaires sérieuses; on y prend insensiblement une disposition d'esprit toute romanesque, on se remplit la tête de héros et d'héroïnes ; et les femmes principalement y voyant les adorations qu'on y rend à celles de leur sexe, dont elles voient l'image et la pratique dans les compagnies de divertissement, où de jeunes gens leur débitent ce qu'ils ont appris dans les Romans, et les traitent en Nymphes et Déesses, s'impriment tellement dans la fantaisie cette sorte de vie, que les petites affaires de leur ménage leur deviennent insupportables; et quand elles reviennent dans leurs maisons avec cet esprit évaporé et tout plein de ces folies, elles y trouvent tout désagréable, et surtout leurs maris qui, étant occupés de leurs affaires ne sont pas toujours en humeur de leur rendre ces complaisances ridicules, qu'on rend aux femmes dans les Comédies, dans les Romans et dans la vie romanesque.

146. (1675) Traité de la comédie « XXII.  » p. 310

Comme on n'y représente que des galanteries ou des aventures extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on use dans la vie commune;on y prend insensiblement une disposition d'esprit toute de Roman; on se remplit la tête de Héros et d'Héroïnes ; et les femmes principalement prenant plaisir aux adorations qu'on y rend à celles de leur sexe, dont elles voient l'image et la pratique dans les compagnies de divertissement, où de jeunes gens leur débitent ce qu'ils ont appris des Romans, et les traitent en Nymphes et Déesses, s'impriment tellement dans la fantaisie cette sorte de vie, que les petites affaires de leur ménage leur deviennent insupportables. Et quand elles reviennent dans leurs maisons avec cet esprit évaporé et tout plein de ces folies, elles y trouvent tout désagréable, et surtout leurs maris qui, étant occupés de leurs affaires, ne sont pas toujours en humeur de leur rendre ces complaisances ridicules, qu'on rend aux femmes dans les Comédies et dans les Romans.

147. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Un homme connu se raccommoda avec sa femme, en voyant le préjugé à la mode. […] Les comédies de Moliere pourront bien corriger le mari jaloux ; mais loin de réformer la femme infidelle, elles la rendront plus infidelle encore. […] des enfants qui volent leurs peres, d’honnêtes bourgeois dupés par des frippons de cour, & surtout des femmes qui trompent leurs maris. […] On ne peut compter ni sur les femmes, ni sur les filles : il faut s’attendre à leurs chûtes, s’en faire un jeu, & n’avoir pas l’inutile foiblesse de s’en embarrasser. […] Au-delà comme au-deça des monts, le théâtre n’est que toléré, comme les femmes publiques, en plusieurs villes.

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