– Auprès de l’un quel maintien de fausse pudeur, quel visage dédaigneux, quel air de haute protection. […] Leur attitude est courbée dans la région dorsale avec élévation des épaules et renfoncement de la tête et du cou ; leur démarche est étudiée, leur pas, lent et léger ; leurs gestes, souples et insinuants ; leur visage, empreint d’un sourire forcé ; leur regard, humble, faux et agité d’une secrète anxiété ; leur élocution, recherchée ; leur voix, adoucie et pleine de déclamation.
Par là, il désarma l’autorité des Magistrats, qui ne pouvaient toucher aux temples : objet dans toutes les religions réservé aux seuls Prêtres, et ce n’est peut-être pas une fausse conjecture de dire qu’en punition de cet ouvrage, qui ouvrant une source empoisonnée de toute sorte de débauche, acheva de corrompre les Romains, cet homme si puissant, si célèbre, si grand dans la république, qui en était le soutien et l’oracle, fut vaincu par César, et mourut misérablement en Egypte, où il allait chercher un asile. […] Il est faux qu’en Italie les spectacles soient plus permis qu’en France.
Car les grandes choses ne paraissent ordinairement au monde, que dans des longueurs pour quia la vie d’un seul homme ne suffit pas ; leur suite est souvent interrompue par le silence, ou par le tumulte des affaires : les faux bruits, les feintes, les passions particulières en déguisent la vérité, et sont cause que l’on prend les circonstances pour le principal, mais les théâtres recueillent ce qui sert pour la parfaite intelligence d’un sujet ; en moins de deux heures, il font voir la naissance, le progrès, les difficultés, la fin des aventures qui exercèrent le monde durant plusieurs années et plusieurs siècles. […] Nos inclinations ne se portent déjà que trop au mal, sans qu’il faille jeter de l’huile sur les flammes ; sans que l’on emploie ce grand appareil, tant de damnables instructions, autorisées par des exemples célèbres, par les triomphes du vice, suivis d’un applaudissement public pour assurer les courages contre les reproches de la conscience, et les menaces des lois : on met l’honneur à nourrir des haines irréconciliables, à mettre la désolation dans les familles et dans les états, pour une parole mal interprétée, pour une ombre, pour un soupçon de déplaisir : on qualifie cette fureur du nom de force, et comme au temps de l’idolâtrie, des vices on fait des divinités à qui l’on présente des sacrifices de sang humain, quand l’on introduit toutes les fausses déités du Paganisme, et qu’on rapporte tous les événements des affaires à la fortune ; n’est-ce pas affaiblir extrêmement la foi d’un vrai Dieu ?
Ses ouvrages de médecine ont quelque chose de bon, qu’il avoit retenu de Boerhaave, dont il avoit été écolier, mais quantité de choses fausses, hasardées : c’est un mauvais guide. […] C’est un faux principe de morale & de religion, qui regarde le vice & la vertu comme des choses fort indifférentes, & n’estime que les grandeurs, les richesses, la célébrité. […] Il vaut mieux ne point faire de gestes, que d’en faire des mauvais, faux, lâches, outres, monotones, &c. […] D’ailleurs ils voient le faux de ces entretiens des bêtes, & méprisent les conséquences qu’on veut leur faire tirer d’une chimere. […] Ce ne fut pas le premier titre de cette piece, elle fut d’abord appellée Pandulphe ; quand la défense de la jouer fut levée on la nomma l’Imposteur, le faux Dévot, enfin Tartuffe, & tout le monde aujourd’hui donne ce nom aux gens dévots Les uns le sont trouver chez le Nonce du Pape.
Car si toutes les choses temporelles ne sont que des figures et des ombres sans solidité: on peut dire que les Comédies sont les ombres des ombres, et les figures des figures, puisque ce ne sont que de vaines images des choses temporelles, et souvent de choses fausses.
Pouvois-je plus faire pour toi, Que de rendre un faux témoignage ? […] Nous avons répondu à la fausse application des citations de S. […] Fausse gloire, fausse grandeur Logent par-tout le faux honneur. Par-tout on voit fausse noblesse, Fausse apparence, faux dehors, Faux airs, fausse délicatesse, Faux bruits, faux avis, faux rapports. […] Tel est le délire de nos faux Philosophes, dont les effets ont été prévus dans ces Vers de M.
Et pour n’être point inquiété dans ces excès scandaleux par les mouvements de la grâce, on les méprise jusques à ce que enfin on ait acquis une fausse sécurité de conscience. […] On fait ce qu’on peut pour prendre les remords d’une conscience effrayée pour de fausses allarmes. […] Mais quand les beaux jours commencèrent à s’obscurcir, que le Ciel irrité répandait ses torrents et que la mer en courroux ne reconnaissait plus de bornes ; quand les eaux du déluge ayant interrompu tous les plaisirs, portaient l’effroi avec la mort jusques sur le sommet des plus hautes montagnesd : alors pensait-on que la morale avait été outrée, et qu’elle portait à faux ?
Le Pere Porée qui m’a fourni plusieurs de ces réflexions, démontre que dans la plupart des romans & des tragédies, l’amour est faux, absurde, monstrueux, qu’il ne peut plaire qu’à la corruption du cœur : Vel repugnante atate, vel adversante fortuna, vel reclamante religione, vel reluctante historia, vel ipsa refellante fabulâ, amor iste falsus, abnormis, portentosus, & tamen placuit, placet, placebit. […] Tout est faux dans le raisonnement de Gacon ; il est faux que les Evêques réglés ou déréglés, aient jamais autorisé la comédie. […] Cet absurde paradoxe n’est avancé que pour lancer un trait malin contre les Evêques, en disant que leurs mœurs sont déréglées : trait aussi faux qu’indécent. […] L’esprit l’effet du théatre est également par-tout de faire goûter le vice, & mépriser la vertu, & pour celà, de faire un jeu de l’un & de l’autre, d’affoiblir les idées qu’en donne la Réligion, d’en donner des idées fausses, pour rendre le vice agréable, & le faire aimer, excusable, & le faire pardonner, la vertu austere, & la faire craindre, ridicule, & la faire mépriser, & lui substituer des vertus prétendues, qui ne sont que des vices déguisés. […] Tel étoit le faux mérite des piéces d’Eschile, que des furies seules peuvent vanter.
Ainsi la scène fait un double mal, elle embellit la fausse religion, le paganisme, c’est-à-dire, le vice, & défigure la vraie, le Christianisme, c’est-à-dire, la vertu. […] Le Théatre dans tous les temps s’est emparé de la religion & des mœurs, & a beaucoup influé dans l’un & dans l’autre : il ne s’est emparé de la Religion que pour corrompre les mœurs ; dans cette vue, il a favorisé les fausses religions qui en sont la corruption, il a ridiculisé & défiguré la véritable qui en maintient la pureté.