Qui voudrait exposer sa réputation à la censure de quelques railleurs, dont les brocards valent pis, que des libelles diffamatoires ? […] A combien de malheurs les exposait-il ? […] Les maris y accompagnent leurs femmes, les mères y mènent leurs filles ; il n’est point de maisons particulières qui ne soient plus exposées au désordre que la salle où se donne le bal ; on devait considérer qu’il a de très bons effets pour la vie civile ; c’est là où on fait les projets des plus beaux mariages, c’est où se nouent les plus sincères amitiés, c’est où on met basy les vieilles défiances qu’on a prises l’un pour l’autre, et où on prend les sentiments d’humanité. […] Ce n’est point dans le bal où on peut prendre les véritables connaissances qui doivent servir aux mariages, tout y est trop dissimulé, et c’est une bien chétive considération pour s’attacher à une fille, d’avoir vu qu’elle a bien dansé, il la faut expérimenter sur ce qu’elle devra faire, lorsqu’elle sera mariée ; si elle aura assez de tête pour donner l’ordre dans une maison, si elle pourra conserver ce qu’on espère d’acquérir, si elle gouvernera bien une famille ; et c’est ce qui ne se peut attendre prudemment de ces coureuses qui se trouvent dans toutes les assemblées : Les bonnes marchandises n’ont pas besoin d’être exposées en tant de foires. […] Douze ans après cette Ordonnance, le Parlement de Paris voulant arrêter les désordres qu’on en voyait naître, fit des inhibitions très expresses à tous les Marchands d’exposer en vente aucun masque ; Il n’est point d’année que le Parlement de Toulouse ne renouvelle ses Arrêts sur ce sujet, et néanmoins le Carnaval revient tous les ans tête levée, sans qu’on lui dise mot.
Il est des naturels heureux portés à la vertu, qui ont moins besoin de secours : le nombre en est petit, & ceux-là même risquent tout, s’ils sont exposés aux dangers du monde.
Se croit-il assez foible pour ne pas connoître le danger, le souffrir pour son peuple, & lui-même s’y exposer ?
Leur pudeur seroit bien exposée au milieu des soldats, & la discipline bien peu écoutée avec des femmes.
Vne Reine appellée Orgiagontis s’abandonna aux brutalitez d’un Officier, pour en obtenir sa liberté & celle de son mary ; mais n’ayant rompu que ses fers, & ayant apperceu que ceux de son Epoux duroient encore, & sans aucune esperance : Elle se sentit obligée de reparer la secrette honte où elle s’estoit exposée, pour épargner à son mary la publique, dont il couroit hazard, & luy porta la teste de celuy qui l’avoit abusée.
La Bourguignon, dite la Beauval, fameuse Actrice, était un enfant exposé ; une blanchisseuse qui la trouva par hasard, en eut pitié, la prit, l’éleva jusqu’à l’âge de dix ans, et la donna à Filandre, chef de troupe, qui la forma, et lui fit courir le monde.
» Les sottises que dit le peuple ne sont pas des injures, le lieu même l’excuse : « Quidquid illuc agaudente populo dicitur injuria non putatur, locus defendit excessum. » Le commerce des Comédiens est regardé par les lois comme si dangereux, qu’il est défendu de laisser aux enfants et aux femmes la liberté de les fréquenter ; ce serait exposer au plus grand danger leur religion et leurs mœurs.
Vous avez beau avertir du péril auquel vous vous exposez vous-même, le penchant naturel y entraînera malgré vous & vos maximes.
Tolle, lege, Veni, vide , ou plutôt foyez n’exposez point votre vertu à cette pernicieuse décence.