Poëtes tragiques François, lisez, relisez Sophocle & Tacite ; connoissez bien le siècle où le sort vous a placés ; & songez, en observant le Peuple nouveau qui vous environne, qu’il est temps d’écrire pour des hommes, & que les enfans ne sont plus. […] Faut-il regarder les Représentans de la Nation Françoise comme des enfans lâches & paresseux, qui n’aiment point l’esclavage ; mais qui pourtant demeurent esclaves, par la raison qu’il faudroit se donner trop de peine pour être libres ?
Cet auteur, homme d’esprit, qui respecte la Réligion & la vertu, vient d’en donner un extrait en pere qui aime ses enfans ; c’est un conte de fée, qu’on a cent fois copié, & que les Canons n’ont pas demandé de lui, & dont son état Ecclésiastique ne le chargeoit pas, il l’a mis dans le Journal de Trevoux, qu’il continue, Décembre 1769. […] A-t-elle tué ses propres enfans pour le venger d’un infidele ?
La piéce fut jouée par les enfans de l’Ambigu comique. […] On peut ainsi représenter les tourmens de l’enfer, l’embrasement de Sodome, la fournaise de Babilone, & les trois enfans qui y furent jetés, la mort d’Hercule, la défaite des Titans, &c.
Depuis ce temps là, il s’en est marié beaucoup qui ont eu des enfans, & qui sont devenus grands pères, de sorte qu’on ne doit plus s’étonner que ces petites créatures se soient si fort multipliées en Russie. […] Voilà l’habit intérieur de l’innocence, on vous couvre d’un habit blanc qui en est le signe, conservez-le soigneusement ; rien d’impur ne peut avoir l’entrée de son Royaume, à ces traits on reconnoîtra que vous êtes de sa famille, il vous avouera pour ses enfans ; les traits de couleurs empruntées défigurent & lui sont toujours étrangères.
Enroutte les ornemens que les femmes portent au bal sont comme couronnés pour les victoires que le Diable a eu contre les enfans de Dieu. […] Balaam les élut pour perdre les enfans d’Israël.
N’est-il pas bien singulier qu’un grand Philosophe qui ne veut point de vœux monastiques, qui crie contre les parens lorsqu’ils disposent de la vocation de leurs enfans & les destinent au clergé ou au cloitre, que ce grand philosophe abandonnant ses principes, dispose souverainement de la vocation de tous ses sujets, & les engage à la guerre sans liberté, sans réflexions, sans connoissance, & les force de servir quand il lui plait ? […] L’équilibre n’est qu’un mot qui ne doit pas en imposer ; l’Europe est une famille où il y a de trop mauvais enfans pour qu’il subsiste ; c’est en le bravant qu’on va au grand ; les Anglois le méprisent ; ils sont maîtres de la mer ; il n’y a plus d’équilibre sur l’Océan, personne n’ose s’y montrer sans leur permission.
Elle favorise le vice ; elle enseigne aux enfans à mépriser l’autorité des parens, & à tromper leur vigilance, par des engagemens clandestins, formés par une passion aveugle ; elle apprend aux femmes la coquetterie, la dissimulation, les ruses, pour tromper leurs maris, au préjudice des liens sacrés du mariage, & les livrer à une ignominie que mérite seul l’auteur du crime que l’on fait triompher ; elle invite les domestiques à flatter sans pudeur, à servir sans remords les passions de la jeunesse, à voler, à tromper leurs maîtres & les tourner en ridicule ; elle accoutume le public à traiter de bizarrerie une sage circonspection, & de politesse une connivence criminelle, l’impiété & l’indifférence à ses devoirs, de force d’esprit philosophique, à embellir le vice, à enlaidir la vertu, & tourner en plaisanterie les choses les plus importantes. […] Les moindres enfans admirent les Contes des Fées.
Peut-on comparer, peut-on préférer à un Saint canonisé, objet du culte de toute l’Eglise, prodige de piété, de chasteté, de toutes les vertus, un Protestant, un chef des Protestans, qui a embrassé & abjuré deux fois les deux religions, qui a fait la guerre à son Roi, quitté sa premiere femme après vingt ans de mariage, & a toujours été brouillé avec la seconde ; a eu des maîtresses & des enfans sans nombre ? […] Henri IV. n’avoit point alors d’enfans ; le Prince de Condé son neveu étoit l’héritier présomptif de la Couronne : on le maria avec Mademoiselle de Montmorenci, pour ôter au Roi l’objet de ses amours, comptant que l’alliance & le rang de cette Princesse les éteindroient. […] Heureusement il se maria : la naissance de deux enfans ralentit sa passion, la mort la termina : le Prince & la Princesse de Condé revinrent à la Cour.
Nous ressemblons aux enfans dans nos maladies. […] Ce n’est plus dans le silence d’une Bibliotheque, ni dans l’obscurité du cabinet, que l’imagination trop lente d’un Lecteur fait repasser froidement devant, son esprit les ombres des Heros éternisés par leur tendresse pour la patrie, pour les peres & les meres, pour les enfans & les épouses, pour les freres & les amis. […] Etoit-ce un divertissement puerile que vous ménagiez à des enfans ? […] A quel dessein y voit-on voler tant d’enfans des deux sexes ; les uns presque perdus par l’indulgence cruelle des Peres, les autres déja instruits par une Mere dans l’art funeste de trop plaire : tant de jeunes gens qui suivent les drapeaux du Dieu de la galanterie : tant de personnes que l’Hymen courroucé, ou l’avarice, ou l’ambition, ont trop malheureusement unies ?