/ 304
68. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Mais ces Jeux Scéniques des Romains ne furent pas tellement abandonnés au divertissement de la populace, que les Patrices et les personnes d'honneur et de qualité n'y pussent prendre quelque plaisir ; car on y joignit dans la suite des temps trois sortes de représentations plus magnifiques, plus ingénieuses et plus honnêtes. Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte.

69. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXV. Quatrième, cinquième et sixième réflexion : passage exprès de Saint Thomas, et conciliation de ses sentiments. » pp. 88-92

En quatrième lieu, quand il serait vrai, ce qui n’est pas, que Saint Thomas, à l’endroit que l’on produit de sa Somme, ait voulu parler de la comédie ; soit qu’elle ait été ou n’ait pas été en vogue de son temps, il est constant que le divertissement qu’il approuve doit être revêtu de trois qualités Ibid. art. 2. c. […] « Si les histrions poussaient le jeu et le divertissement jusqu’à l’excès, ils seraient tous en état de péché ; tous ceux qui se serviraient de leur ministère ou leur donneraient quelque chose, seraient dans le péché. » Saint Thomas laisse passer ces propositions qui en effet sont incontestables, et il n’excuse ces histrions, quels qu’ils soient, qu’en supposant que leur action, de soi, n’a rien de mauvais ni d’excessif, secundum se.

70. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Chrysostome (tom. 1. homil. 2. de David et Saul, initio.) ayant appris qu’on avait fait un ballet, et que quelques-uns de ses auditeurs s’y étaient trouvés, sitôt qu’il fut monté en chaire, il commença son discours par de grandes invectives contre cet abus, et entre autres il dit : Si je connaissais ceux qui ont été à ces folies, je les chasserais de l’église, je ne leur permettrais pas d’assister aux redoutables mystères, et il appelle ces divertissements des pompes du diable. […] Augustin, et par conséquent plus voisins des apôtres, et ils jugeaient ces divertissements si contraires au christianisme, qu’ils ont fait des livres entiers (Tertul. de Spectaculis, cap. 27.) pour les réprouver et condamner ; et pour montrer qu’ils ne parlaient pas seulement contre les spectacles des païens, où se commettaient des homicides et des impudicités publiques, Tertullien apporte l’objection que vous avez coutume de faire : On n’y fait point de mal, on n’y dit rien qui ne soit honnête, et il répond : Celui qui veut empoisonner son ennemi, ne détrempe pas le poison dans du fiel ou dans du vin d’absinthe, mais dans un bouillon bien assaisonné ou dans du vin délicieux.

71. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

Mais combien de Chrétiens aveugles les profanent par les divertissements dont nous parlons ? […] la Religion se sentant deshonorée par ces sortes de divertissements, s’est armée de toutes ses forces pour les combattre, & tout ce qu’elle a eu de Peres & de Docteurs, dans l’Eglise Grecque, dans l’Eglise Latine, dans l’Eglise de France, sont venus à son secours. […] Cette conduite ne convient qu’aux amateurs du siecle, pour qui le démon a fait un art tout nouveau & une espece de Philosophie des divertissements & des jeux, in artem jocos, ludosque digessit. […] Il y montre l’opposition qu’ont ces divertissements profanes avec la sainteté de nostre Religion, & avec les engagements de nostre Baptême. […] Les Laïques ont toujours disputé sur la liberté qu’ils prétendent avoir d’assister à ces sortes de divertissements ; mais ce n’a jamais esté une question, s’ils doivent estre interdits aux gens d’Eglise.

72. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

et qu’elle n'avait pris aucune part à leurs divertissements profanes. […] Basile sur ces paroles du Prophète : « On voit encore maintenant, dit-il, que les femmes Juives font de la Danse leur principal divertissement. » Saint Augustin encore, lorsqu’il dit, « que les femmes Juives feraient beaucoup mieux de s’occuper au Sacrifice le jour du Sabbat, que de le passer comme elles font dans l’exercice de la Danse ».

73. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

Boursault (Edme), né en 1638, mort en 1701, homme de lettres distingué, protégé par Louis XIV, et qui fut honoré de l’amitié de Thomas Corneille, disait : « Dans ce siècle corrompu, la comédie est un divertissement, et un spectacle qui peut s’allier avec la dévotion ». […] La comédie a toujours été regardée comme le délassement le plus digne de charmer les nobles loisirs des souverains, et des grands hommes : elle est encore le divertissement des hommes d’état, des grands seigneurs, des gens polis, et l’amusement du peuple ; elle est propre à rectifier les mœurs, en employant le plaisant et le ridicule ; elle a pour but de faire rire et d’instruire le spectateur.

74. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Examinons donc dans cette conférence si ces sortes de divertissements sont aussi innocents qu’on voudroit le faire croire. […] D’où nous concluons qu’on ne peut s’arrêter innocemment à ces sortes de divertissements, qui sont pour l’ordinaire des écoles de coquetterie & de libertinage, où la vertu la plus épurée n’est pas en fureté, & d’où l’on sort toujours moins pur qu’on n’y est entré : ce qui a fait dire à Tertullien, Loco cit. […] On ne défend pas les divertissements honnêtes, mais ceux qui sont pernicieux au salut, comme parle un Père de l’Église : Greg. […] Je suis invité à des noces où l’on prend ce divertissement ; mon parent se marie ; ne me sera-t-il pas permis de danser à ses noces ?

75. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Les partisans de ce divertissement ne se contentent pas de le vouloir faire passer pour un plaisir indifférent, ils prétendent même qu’il est honnête, et digne des Chrétiens. […] On ne peut pas douter qu’en cette rencontre le peuple ne regardât ces Jeux comme un simple divertissement. […] , qui est une chose sacrée, est tué par un autre homme par divertissement et par jeu. […] Thespis lui répondit, qu’il n’y avait point de mal de faire, ni de dire ces choses par jeu et par divertissement. […] Peut-on faire un divertissement d’un sacrilège ?

76. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Il ne faut donc pas s’étonner, si les Pères de l’Eglise ont autrefois condamné la Comédie, et si tant de prédicateurs, qui sont animés de leur esprit, emploient encore à présent, et leur zèle et leur éloquence pour la combattre comme eux ; c’est qu’ils la regardent comme un divertissement opposé à l’esprit du Christianisme, qui abat les forces de la vertu, qui attriste le saint Esprit, et qui réjouit le démon. […] Cela suffirait pour faire rentrer dans eux-mêmes les amateurs de ce profane divertissement ; mais je les prie d’écouter encore de quelle manière S. […] Le temps ne nous a pas été donné pour le passer dans une honteuse fainéantise ; et bien moins encore pour l’employer aux Jeux et aux divertissements défendus mais Dieu nous marque dans l’Apocalypse qu’il ne nous l’a donné que pour faire pénitence : « Dedi illi tempus ut pœnitentiam ageret. »Apoc. 2. 11. […] Les Chrétiens ne doivent pas aimer un divertissement dont ils savent que le Diable est l’auteur, ni aller dans un lieu où Dieu est si offencé. […] Il est honteux à des Chrétiens d’aimer un divertissement, pour lequel les Païens mêmes n’ont eu autrefois que du mépris.

/ 304