qui tremblent aux moindres discours qui viennent flatter leurs cupidités.
Ce qui rend la représentation d’une pièce de théâtre beaucoup plus dangereuse que la lecture, c’est que le lecteur n’est sensible qu’aux grâces du style, qu’à la beauté des pièces : au lieu que le spectateur est exposé à tous les charmes d’une déclamation animée, de ce langage muet, si éloquent, si persuasif, si séduisant, qui, par un geste, parle aux yeux et pénètre le cœur, donne de la vivacité aux passions, de la force aux discours, qui exprime dans toute leur énergie les mouvements de l’âme que le poète n’a fait que rendre faiblement ; qui fait illusion sur la fausseté des pensées et des maximes, qui fait applaudir au mensonge avec plus de chaleur qu’on applaudirait à la vérité.
» Et le saint Roi David, qui avait aussi goûté la douceur de la loi divine témoigne de même le mépris qu'elle lui faisait concevoir de tous les vains discours et de tous les vains amusements de ce monde. « Narraverunt mihi iniqui fabulationes suas, sed non ut lex tua.
» Et le saint Roi David, qui avait aussi goûté la douceur de la loi divine témoigne de même le mépris qu'elle lui faisait concevoir de tous les vains discours, des gens du monde : « Narraverunt mihi iniqui fabulationes, sed non ut lex tua.
» Il est inutile d'aller chercher des autorités dans les ouvrages de Tertullien sur le luxe et la parure des femmes, de habitu muliebri, de cultu fœminarum, de velandis virginibus, il faudrait transcrire ces traités en entier ; ils ne sont faits que pour montrer le danger infini pour les mœurs, qu'entraînent l'affectation des habits, l'indécence des parures, la mollesse des démarches, le feu des regards, la douceur de la voix, la liberté des discours, les flatteries, les caresses, etc. […] a-t-il reçu les yeux pour satisfaire la concupiscence, la langue pour tenir, les oreilles pour entendre de mauvais discours, la bouche pour servir la gourmandise, les organes de la volupté pour se livrer à l'incontinence ? […] » Si l'on doit avoir en horreur tout genre d'impureté, sera-t-il permis d'entendre de mauvais discours qu'il n'est pas permis de tenir, et de voir des actions qu'il n'est pas permis de faire ? […] Ils ne souffriraient pas qu'une parole libre souillât les oreilles de leurs filles, et ils les mènent au théâtre, où les gestes et les discours sont licencieux ; ils tâchent d'apaiser les querelles dans les rues, et dans le stade ils applaudissent aux coups les plus violents ; ils ne voient qu'avec horreur le cadavre d'un homme mort d'une mort naturelle, et ils voient dans l'amphithéâtre des membres rongés, déchirés, nageant dans le sang.
Je n’ai pas besoin de rappeller ici le discours du célebre Pere Porée. […] Discours sur la Comédie, 2 e ed. 1731.
Les danses, les chants, le mélange des sexes, les discours libres, les parures indécentes, les postures, les gestes, les mœurs des spectateurs et des auteurs, d’un exercice de religion firent un scandale. […] On blâme, avec raison un Religieux, un Ecclésiastique qui se permet, je ne dis pas des discours obscènes, mais même des frivolités et des bouffonneries, ce que les canons appellent, bouffonnes et gaillardos. […] Si le premier profane la sainteté de la personne par de mauvais discours, l’autre profane la sainteté de la parole par la corruption de la personne. […] Après tout, il n’altère pas la vérité, il n’en fait pas un frivole amusement, il ne débite pas un moment après la morale la plus lubrique et la plus impie ; la chaire ne sert pas tour à tour à un sermon et à une farce ; un jour aux discours pieux, un autre aux amours de Jupiter. […] Les femmes des Quakers dans leur fanatisme seraient plus propres à inspirer la vertu, que toutes les Actrices de Paris ; ces femmes ont des mœurs, une Actrice a des vices ; elles ont un extérieur pieux, l’Actrice n’a que le rouge, les nudités, la coquetterie ; ces femmes ne parlent que de bonnes choses, elles sont sincères, zélées, fidèles, l’Actrice ne tient que des discours galants, passionnés, dissolus, elle prend toute sorte de formes pour plaire, séduite et corrompre.
convient-il d’entendre alors ou des bouffons dont les discours éteignent l’esprit de componction, ou des comédies qui vous remplissent la tête de plaisirs vains et mondains, quand ils seraient innocents ?
Discours quatriesme. […] Ce n’est point vn effet d’impuissance, ou vne marque d’inferiorité d’esprit : c’est vn certain temperament de discours & de sens rassis, où l’esprit agit tout entier, quoy qu’il y agisse sans violence ; où il regne, quoy que ce soit en Souuerain pacifique, & qu’il ne braue personne, où il s’exerce dans vne carriere limitée, & ne laisse pas de faire de belles courses, quoy qu’il s’esloigne des extremitez de l’Eloquence Oratoire, & des precipices de la Poësie heroïque. […] Il semble ou qu’on les a achetez à la Fripperie, ou qu’on les a desrobez dans la garderobe de quelque Prince : Et si je voulois fauoriser les Poëtes qui les appliquent si mal, je dirois de leur raisonnement & de leurs Discours, ce que dit Socrate de l’Apologie, qui auoit esté faite pour luy ; Elle est bonne, mais elle n’est pas bonne povr Socrate : Aussi les choses qu’ils conçoiuent, peuuent estre belles, mais elles ne sont pas belles pour Chremes ny pour Micio : Elles n’appartiennent point à ceux qui s’en seruent.