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19. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Lettre premiere. » pp. 2-17

Votre conseil, Mademoiselle, n’oublie rien pour vous rassurer, il prélude par un étalage de sa suffisance, estimant son mémoire digne de l’attention de tout l’Univers. […] Il vous donne aussi, Mademoiselle, quelques coups d’encensoir, & comme s’il avoit tout le corps épiscopal & tout le peuple chrétien dans la cervelle, il assure positivement que la consultation vous rend digne des éloges de l’Eglise elle-même. […] On loue, il est vrai, quiconque se dépouillant de ses préjugés a recours aux oracles légitimes, & fait en conséquence un sacrifice généreux, brûlant ce qu’il avoit adoré : une telle disposition est toute différente de la vôtre ; dans une affaire d’où votre salut dépend, vous devriez agir avec plus de prudence, votre choix n’est nullement digne de la sagesse chrétienne.

20. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Maintenant, je l’avoue, on ne voit rien de moi Qui paraisse à mes yeux digne de ton emploi. […] A peine en tout un Siècle en voit-on deux ou trois Dignes de ton suffrage, et dignes de mon choix.

21. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

A la réserve donc de quelques pensées, et de quelques expressions, qui ont grand besoin d’examen et de correction, je crois que la Comédie du Misanthrope mérite d’être conservée, et qu’elle est très digne d’être admise au Théâtre. […] C’était la première fois qu’on l’imprimait et sentant de quelle conséquence il était pour lui de se faire connaître par un ouvrage distingué et digne de la réputation de son Auteur, il a été réellement fâché qu’à son insu on imprimât cette bagatelle dont on lui avait dérobé le Manuscrit. […] En un mot je ne trouve rien dans cette Comédie qui ne soit conforme aux règles les plus sévères de la bienséance ; et par conséquent très digne d’être représenté sur le Théâtre de la Réformation.

22. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

La vertu seule a droit de faire des heureuxbf. » Outre que les spectacles n’offrent pas un délassement convenable, ni digne d’un chrétien, ils n’offrent pas même un délassement physique. […] Ce sont des plaisirs bien plus dignes de nous que tous ces faux plaisirs des spectacles qu’on n’aime et qu’on ne recherche avec tant d’ardeur que parce qu’ils flattent et nourrissent le penchant et le goût qu’on a pour les plaisirs criminels de la voluptébk. » « Tertullien et saint Cyprien nous invitent à des spectacles bien différents des spectacles profanes : ils introduisent l’homme raisonnable et chrétien dans le sanctuaire de la religion et de la nature, pour charmer tour à tour sa raison et sa foi. […] Dieu se repent d’avoir créé l’homme ; il est forcé d’en noyer l’espèce criminelle dans les eaux du déluge : une seule famille est jugée digne de vivre et de perpétuer sur la terre la race infortunée des mortels.

23. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Il se trompe, elle est également méprisée ; ses contes, ses poésies sont d’une saleté aussi dégoutante que vaine, bien digne d’un Poëte des Guinguettes ; il se loue lui-même outre mesure dans cette piece ; il ne la récitoit qu’aux libertins comme lui. […] Enfin digne aspirant entrates chez les quarante beaux esprits, & sur eux-mêmes l’emportates à forger d’ennuyeux Ecrits. […] Racine apporta dans la vertu cette tendresse de sentiment qui fait le poison de ses pieces, & qui tournée vers Dieu, le seul objet digne de notre amour, fait-les grands saints. […] Cet oubli est digne d’un Successeur des Apôtres qui apprétie les choses ce qu’elles vallent, n’estime que la gloire & les richesses éternelles & les vertus qui y conduisent. […] On a fait aux Italiens, le 13 d’août, la Parodie des éloges que deux Eveques avoient prononcé à l’Académie Françoise à l’honneur de l’Abbé de Voisenon, plus fait pour le Théatre que pour le Clergé, plus digne de l’encens de Thalie que de celui de l’Eglise ; on y a joué Fleur d’Epine, Comédie en musique, parole de ce digne Abbé, musique de Madame Louis, femme de l’Architecte, avec qui il étoit fort lié ; association de travail avec une femme sans exemple au Théatre & encore plus étrangere au Sanctuaire.

24. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

J’éxhorte les Poètes qui se proposent de travailler en sa faveur, à ne rien laisser glisser dans leurs Ouvrages qui ne soit digne de charmer tous les honnêtes gens. […] Ce serait un moyen de le déguiser & de le rendre plus digne d’occuper la Scène. […] Le Conte de la Fontaine revient ici dans la mémoire, & répand sur les Scènes qui suivent, un air d’obscènité qui ne les rend dignes de plaire qu’à des libertins. […] Enfin, cette Pièce si vertueuse, si utile aux bonnes mœurs, se termine d’une manière digne d’elle. […] Je doute que les Sibarites ayent eu des Spectacles plus dignes de leur mollesse & des passions auxquelles ils s’abandonnaient.

25. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

On ne s’est pas encore avisé de jouer la comédie le jour de l’enterrement, à l’honneur du mort ; mais bientôt ce sera une partie du cérémonial des obséques, & l’on verra sur les cartouches, sur les draps mortuaires, sur les tombeaux des têtes & des ossemens de morts, avec des violons & des masques ; cet assemblage digne de notre siécle, qui est le siécle du théatre, est plus tragique que comique, fait plus gémir que rire, il insulte tout ; mais l’entousiasme du théatre ne connoît point de regle, il brave la bienséance de la Réligion, il mêne de la Messe à la comédie, il peut bien mener d’un enterrement, d’une prison à l’opéra. […] Adelaïde de Savoye Duchesse de Bourgogne fût amenée en France à l’âge de douze ans, on crût ne pouvoir mieux travailler à son éducation & la rendre digne du Trone auquel elle étoit destinée qu’en l’amenant à l’école du théatre : leçon un peu différente de celle que le sage Fénélon avoit donnée à son mari. […] Voltaire trouve une contradiction entre l’infamie attachée au metier de comédien, & l’honneur qu’on fait au théatre de le régarder comme une école noble, utile, digne des personnes Royales ; il a raison, rien de plus ordinaire dans le monde, on croit se deshonorer en se mesalliant, & un Seigneur épouse une actrice.

26. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

Il n'y a plus lieu d'y craindre l'apostasie des Fidèles ; on ne saurait plus les accuser d'entrer dans la société des Idoles, que l'on ne voit plus au Théâtre qu'avec des sentiments dignes des Chrétiens, je veux dire qu'avec horreur ou avec mépris ; et ce qui fut autrefois un sacrilège, n'est plus maintenant qu'un divertissement public, agréable et sans crime à cet égard. […] ayant embrassé le Christianisme, défendit les Jeux des Gladiateurs, comme une brutalité criminelle sans excuse, et qui ne pouvait se rectifier ; et ayant donné les Jeux Circenses avec grande pompe, il en retrancha toute la superstition, et toute la révérence des Idoles, afin qu'ils fussent dignes des Chrétiens ; et ils furent conservés ainsi jusques au règne des Comnènes.

27. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Quel pays & quel siécle, où la vue d’un Dieu mourant, les images de sa mere & des Saints si digne de respect, d’amour & de confiance fait vomir des blasphêmes ; quelle société, où il est ridicule de penser à l’objet le plus intéressant & le plus digne de l’homme ! […] C’est un Peintre des graces qui obtient sûrement l’honneur de la préférence, & il ne manque pas de marquer sa reconnoissance, en justifiant ce digne choix. […] Tous les livres de comédie qui sont aussi une branche très-considérable du commerce des livres, n’ont pour vignettes, pour frontispice, & à la tête & à chaque acte que des planches dignes du livre qu’elles ornent. […] La déesse Venus opéra ce prodige, il étoit digne d’elle. […] Le théatre n’avoit garde de laisser échaper des objets si dignes de ses acteurs & de ses décorations.

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