» Leur crime fait leur mérite, leur indécence fait leur habileté : « Laus crescit ex crimine peritior judicatur quo turpior », et on les regarde avec plaisir. […] N’est-ce pas assez de jouir du crime présent ? il faut, par le spectacle, faire revivre les crimes passés. […] Le sixième livre est presque tout employé à faire sentir les crimes qui se commettent aux spectacles, qui suffiraient seuls pour attirer sur nous les punitions les plus rigoureuses. Quel est, dit-il, le genre de crime et d’impureté que l’on n’y trouve ?
Mais la justice, qui étale le châtiment, fait-elle représenter le crime ? […] faut-il l'émouvoir par le crime ? […] Si quelqu’un y meurt, ce n'est point un châtiment, c'est un suicide, un nouveau crime. […] Combien d'autres crimes précèdent la punition de celui-ci ! […] Un héros amoureux donne du prix à la galanterie, et en fait disparaître le crime.
Parmi les divers passages qu’on reproche à ces Pères, on leur fait un crime de quelques vers d’une tragédie de Sénèque, commentés par le P. […] Pourquoi aggraver le crime par la sainteté du lieu, ou plutôt le consacrer ? […] Ce ne sont que des tissus d’horreurs et de crimes, aucun vers qui ne soit écrit avec le sang, et tracé de la main de Tisiphone. […] C’en est trop pour faire connaître le danger d’un spectacle dressé par la main des crimes, et qui en fraie les routes. […] Est-ce un crime d’entretenir des intelligences avec le Prince légitime, pour le faire remonter sur le trône ?
Chrisostome est un crime de plus pour le théatre. […] l’adultère n’est-il pas un assez grand crime ? […] C’est bien plutôt une mer de crimes & de malheurs. […] Que de crimes s’y commettent ! […] Est ce nous qui renversons les loix qui ont condamné tous ces crimes ?
Ils bataillent avec les bêtes, non pas pour crimes qu’ils aient commis, mais par fureur qui les stimule. […] Jamais les vices ne meurent par vieillesse, jamais le crime ne s’efface par le temps, jamais une méchanceté ne s’oublie. […] Il est louangé pour ce crime-là, et d’autant qu’il est plus vilain et plus déshonnête, d’autant est-il plus savant en son art : on le regarde, mon Dieu ! […] Et sif un tel galant n’a pas faute d’autorité de quelque crime attrayant et alléchant, pour plus facilement apporter aux hommes quelque dommage. […] On commet des crimes, qui déplaisent même à ceux qui les font.
« On me dira que dans ces Pièces le crime est toujours puni, et la vertu toujours récompensée. […] On vomit des imprécations contre l’exécuteur et l’on a plus d’un exemple que, sans autre intérêt, des étourdis, quoique bien instruits des crimes du patient, ont eu la témérité de détourner de dessus sa tête le glaive de la Justice : d’où vient ce sentiment ? C’est qu’alors on ne voit que le malheur du criminel, et qu’on ne voit pas son crime. […] Et c’est justement en cela, comme en bien d’autres choses, que M. de Voltaire doit voir comparer son génie à celui de Corneille, de Racine et de Crébillon, puisque comme eux c’est par la prospérité du crime qu’il a su rendre son personnage encore plus abominable. […] [NDE] Lucrèce, De Rerum natura, Livre premier, v. 101 : « tant la religion put conseiller de crimes !
Il y a une autre sorte de plaisirs mondains desquels le monde soutient l’innocence, parce que le crime n’y est pas si visible : quelques innocents qu’on les dise, et qu’ils pussent être, ils deviennent bientôt criminels par l’abus, et tous peuvent être de grands obstacles à la dévotion, pour peu qu’on y devienne sensible. […] Pour moi je dis que les vertus de Théâtre sont des crimes selon l’esprit de l’Evangile ; et quand on y entendrait quelque chose de bon, il est bien souillé par l’impureté des lèvres et des imaginations à travers lesquelles il passe. […] Cyprien 1, fait revivre en ses vers les anciens crimes, afin qu’ils ne meurent pas de vieillesse. […] On apprend au siècle présent des crimes auxquels peut-être il n’aurait jamais pensé : on l’avertit que ce qui s’est fait autrefois se peut encore faire aujourd’hui ; ainsi l’on fait des exemples de ces actions qui avaient cessé d’être des crimes. » Cependant c’est la tragédie de laquelle on peut avec le plus de couleur défendre l’innocence.
Ce seroit un miracle d’y voir régner les bonnes mœurs : c’est un pécheur qui a vieilli dans le crime, il y mourra. […] & la vertu souffre-t-elle qu’on se livre volontairement & sans nécessité à la pensée du crime ? […] Des spectateurs si respectables y paroîtroient-ils, si c’étoit un crime ? […] Ici c’est un crime : la représentation du crime enseigne à le commettre, l’amusement le fait goûter, la société y entraîne. […] Mener à l’héroïsme par la route du crime !
.° C’est une grande indécence, ou plûtôt un crime, qu’un fils parle à son père ou à sa mère de la maniere la plus insolente, & le père à son fils avec le plus grand emportement. […] Quelle école, qui mène à la vertu par le crime ! […] Ce n’est pas ici un scélérat qui parle, c’est une femme d’honneur qu’on fait parler & agir, une mère dans sa famille, qu’on fait instruire ses enfans, & employer la séduction & le crime pour favoriser leur mariage. […] Elmire est une tartuffe, une hypocrite de crime, comme Tartuffe un hypocrite de vertu ; ce qui n’est pas tolérable, même par jeu, même pour une bonne fin : Non sunt facienda mala ut eveniant bona, sur-tout dans un genre de vice où la seule perspective est dangereuse, les approches insoûtenables, le regard, le désir un crime devant Dieu : Qui viderit ad concupiscendum, jam mæchatus est in corde. […] A moins de consommer le crime en plein théatre, ce que le paganisme le plus débordé n’a jamais fait, on ne peut porter le scandale plus loin.