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27. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Personne ne s’y trouve qui n’y recueille dans son sein les principes de sa damnation : quel divertissement où chacune donne la mort à son ami, et plus l’amour est grand, plus le coup est assuré. […] Il leur semble que Dieu doit être là pour ne rien souffrir, qui choque leurs interêts et pour détourner tous les coups qui sont portés contre eux : N’est-ce pas traiter Dieu de valet, et le réduire à la condition des esclaves ? […] Que les impies ne pensent point se prévaloir d’une si amoureuse condescendance ; car Dieu ne fait pas tous les jours des coups de grâce. […] Le sang en rejaillit aussitôt : Un enfant le vit et cria au sacrilège ; l’autre se met en fuite, mais au premier pas qu’il fit hors de l’Eglise, il fut réduit en cendres par un coup de tonnerre. […] Plusieurs mauvais sujets ont pris occasion de la Chasse pour faire des parricides, et sous prétexte de porter le coup sur un cerf ou sur un sanglier, ont trempé leurs mains sacrilèges dans le sang des Monarques.

28. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Le théatre est un arsenal bien fourni de toute sorre d’armes ; une troupe de Comédiens est une armée des plus lestes & des mieux aguerries, chaque représentation est une bataille où de part & d’autre tout est défait, tout tombe sous les coups du péché. […] Une passion violente le transporte à la vue de ce qu’on étale à ses yeux ; il donne des fêtes, se livre à la joie, se prépare au dernier crime ; enseveli dans l’ivresse, il reçoit le coup de la mort. […] Mais porte-t-on moins dans leur ame le coup de la mort éternelle par les péchés qu’on fait commettre ? […] La beauté ne dépend pas de nous ; mais la parure qui l’embellit & la remplace, est notre ouvrage, le chef-d’œuvre de notre goût ; elle en aiguise les traits, & fournit des armes, qui toutes légères qu’elles sont, ne portent pas moins des coups mortels. […] Quel coup mortel à la piété !

29. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Donnons en passant quelque coup de pinceau au portrait de cette Dame célèbre : il ne sera pas étranger à notre sujet. […] Il n’y a pas un cheveu sur cette tête si artistement arrangée, un coup de pinceau sur ce visage, un pli dans cette robe, un filet dans cette gaze, qui ne soit un piege tendu. […] Sur quoi roulent ordinairement les éloges des libertins, leurs regards criminels, leurs impudiques attentats, quel est le coup d’essai de leurs libertés indécentes, & le premier anneau de la chaîne qu’ourdit l’enfer, que l’éclat, la couleur, la forme de ces funestes écueils de la pureté ? […] Mais les coups qu’ils portent au cœur ne sont pas moins rapides, ni les blessures moins profondes. […] Elles vous font aujourd’hui des amans, elles vous feront un jour des bourreaux, lorsque damnés avec vous, & par vous, ils vous reprocheront à jamais les coups mortels que vous portâtes à leurs ames, & que transportés de rage ils vous maudiront, vous déchireront, vous fouleront aux pieds, & que ces mêmes membres, ce même corps qui ont été l’instrument de la lubricité & le théatre du scandale, deviendront le théatre & l’instrument du supplice : Per quæ peccavit, per hæc punietur.

30. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Je sais bien que son but fut de prémunir celui que la passion funeste du jeu entraîne dans une maison, que les quarante beaux esprits, qui siègent à une des extrémités du pont des Artse, devraient bien faire débaptiser pour l’honneur du corps, contre les appas dont les croupiers couvrent les coups dont ils vous assomment. […] La révolution, en abolissant l’obligation où les trois privilégiés étaient d’exploiter les foires qu’elle supprimait, a porté un coup terrible aux théâtres du premier ordre. […] Une place prise à la représentation de l’Orphelin Soldat 47, composait le grief ; mon Rodrigue ne voulut pas faire moins que l’un des personnages de ce mélodrame, il perça le bras de son adversaire, mais en lui portant le coup, son œil rencontra la pointe de son antagoniste et s’éteignit pour toujours. […] J’étais à peine installé dans un joli cabinet, dont la vue donnait sur le boulevard Neuf, que je vis une voiture s’arrêter devant la porte et en descendre une jeune élégante, accompagnée par un gros monsieur, que je remis pour l’avoir vu souvent à la Bourse, surtout quand il y a ce qu’en jargon du lieu on nomme un coup à faire. […] Près de là, et vis-à-vis un jeu de paume, décoré jadis des armes d’un fils de France, où je jugeai plus d’un coup dans ma jeunesse, je vis un nouveau bâtiment, pour moi du moins, qu’on me dit être les anciens grands Danseurs du Roi58 qui, sous le titre de la Gaîté, titre qui n’engage à rien, ont enterré dans le coffre d’Arlequin mort et vivant59 les farces qui les soutinrent, pour singer, dans d’extravagantes actions, étayées d’une belle décoration, qui fait souvent tout le mérite de ce qu’on veut bien appeler un ouvrage, les premiers talents de notre scène tragique.

31. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

A une ou deux scènes près, où ses naïvetés donnent quelque agréable coup de pinceau, cet excès dans un domestique est inutile & sans vrai-semblance entre des gens riches & de condition, comme on le dit : Des carosses sans cesse à la porte plantés. […]    A tout coup je m’emporte. […] C’est encore un emporté, un furieux, un jureur, qui parle à son fils, à son frère, à sa mère, à sa servante, comme un crocheteur ; une ame basse, qui insulte son ennemi vaincu, veut donner des coups de poing aux Huissiers, laisse tendre des pieges par sa propre femme, au risque de son honneur, & certainement au mépris de toutes les bienséances, à un homme qu’il croit un saint, pour le tenter d’adultère, & se cacher sous une table pour en être témoin. […] C’est le scandale commun à toutes les comédies : on commence par enseigner, offrir, mettre en action le péché, pour en venir au foible & tardif correctif de quelque mot de vertu, qui ne réparera jamais le coup mortel qu’ont porté au fond du cœur les attraits & les embellissemens du vice, & à la vertu le ridicule & les ombrages répandus sur ceux qui la pratiquent, dont on engourdit le zèle, énerve les bons exemples, détruit le crédit, affoiblit les exhortations, & empêche par respect humain d’embrasser les exercices.

32. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Ce partage ne se fit pas tout d’un coup, puisqu’Aristote nous dit que la Tragédie ne reçut que tard sa gravité, & ne se défit qu’avec peine du stile burlesque. […] Ces Juges, après avoir prêté serment, donnerent le prix à une Piéce qui se trouva être le coup d’essai du jeune Sophocle, qui sans avoir cherché un style aussi pompeux que celui d’Eschyle, fut son vainqueur. […] Dans le traité de Plutarque sur la Musique, on trouve le fragment d’une Comédie, où la Musique toute déchirée de coups, répondant à celui qui lui demande quels ont été ses bourreaux, en nomme plusieurs. […] Les Comédiens se mêloient des affaires de l’Etat, & ce fut un Comédien qu’on députa à Philippe pour Ambassadeur : ce qui faisoit dire à Démosthene, qu’un Comédien abusant de l’impunité que son art lui avoit obtenue, portoit des coups mortels à la République, & y tournoit tout au gré de la République à qui il étoit vendu.

33. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Ne supposons donc pas que des rois seraient assez influencés et assez effrayés par l’impudence jésuitique, au point de se déterminer à enrichir de plus en plus l’autel aux dépens des sueurs du peuple, et ruiner l’Etat à coups de milliards. […] Autant qu’il m’en souvient, c’est M. de Châteaubriand qui a dit de Napoléon, que ce grand capitaine gagnait ses victoires à coups de générations. […] L’illustre écrivain, homme d’état et homme de lettres, que j’ai déjà cité (page 74), a donc eu raison de dire avec une sorte d’éloquence, et je le répète, que ce guerrier si prodigue du sang de ses propres soldats gagnait ses batailles à coups de générations ou à coups d’hommes, autant que je puis m’en souvenir, car je n’ai pas sous les yeux l’ouvrage dont j’ai tiré cette citation.

34. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Il ne cherche point l’abri de son nom pour en parer l’ouvrage qu’il médite, il manqueroit son but, & blesseroit sa propre délicatesse ; mais ce Grand dont le pouvoir est toujours plus fort quand il a moins d’éclat, détournera les coups de l’autorité ; il répandra des éloges, les accréditera auprès de la multitude ; les Censeurs couverts par le ridicule, seront réduits au silence ; ainsi ce même homme puissant qui n’auroit pu défendre, comme protecteur, cet écrit, le fera triompher comme panégyriste. […] quel coup funeste porté au bien public !

35. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

on ne règle pas après coup les mouvements du cœur sur les préceptes de la raison ; on n’attend pas les événements pour savoir quelle impression on doit recevoir des situations qui les amènent : car, si les poètes sont les maîtres des passions qu’ils traitent, ils ne le sont pas des passions qu’ils ont émues. […] « Convenons, si l’on veut, que le spectacle ne produit pas ces pernicieux effets tout à coup, mais il les prépare ; il ne porte pas sur-le-champ des défaites et des chutes, mais il met dans le cœur la disposition secrète qui en sera un jour la trop funeste cause. […] Je m’afflige donc et me désole de ce que vous sortez des spectacles après vous être porté un coup mortel, de ce que, pour un plaisir passager, vous souffrez de longues et cuisantes douleurs ; de ce qu’avant le supplice de l’enfer vous vous condamnez vous-mêmes ici-bas aux plus rigoureuses peines.

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