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29. (1647) Traité des théâtres pp. -

Or on ne saurait contredire, que les passages de l’Ecriture, qui défendent de commettre ces horreurs, défendent aussi de les feindre ; Blasphémer Dieu en jouant, c’est toujours le blasphémer, contre la défense qu’il en a faite. […] Mais en cette objection ils commettent plusieurs fautes, 1. […] En cet égard, certes, et à comparer vice avec vice, sans doute la répréhension des Blasphèmes, ou des vols, ou des adultères, doit être tout autre que non pas celle du péché qui se commet par ceux qui vont au Théâtre. […] Mais posé ce que nous venons de dire, et qui est très constant, que ceux qui commettent ces crimes énormes sont peu en nombre, et se cachent, là où les autres sont une grande multitude, et commettent leur péché avec montre et éclat, la droite raison veut, que comme l’offense de ces premiers est privée, elle soit reprise seulement en privé, combien qu’elle soit plus grande ; et que comme celle des autres est publique, la répréhension aussi en soit publique, combien que d’ailleurs elle soit moindre. […] Tout au rebours, nous estimons, de la plupart, que s’y laissant al1er par infirmité, et manque de bien savoir le mal qu’ils commettent, comme leur péché est d’ignorance, aussi Dieu leur fera miséricorde.

30. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Vous devriez les employer à pleurer vos péchés, vous les employez à en commettre d’autres. […] Point d’examen de conscience on le spectacle ne soit compris, point de Confesseur qui en donne l’absolution ; c’est participer à l’excommunication des Comédiens, les entretenir dans leur révolte, payer leurs scandales, y entraîner par votre exemple, répondre des péchés qu’on y commet. […] C’est là où le Démon forge les traits de feu qui enflamment la convoitise, & où la mort entre par tous les sens ; où l’on apprend le crime en le voyant ; où l’image des choses qu’on représente, fait de malheureuses impressions qui ne s’effacent presque jamais ; où une intrigue d’amour, de vengeance, ou de quelque autre passion, représentée avec adresse, est une amorce pour le même vice ; où les plaisirs qu’on goûte en voyant les ressorts que le péché met en œuvre, devient un appât pour le commettre.

31. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VIII. Qu’il n’est point permis aux particuliers de faire des Assemblées pour la danse, ni pour toute sorte de sujet. » pp. 33-35

Il faut donc ajouter encore, que ceux qui sont en autorité pour régir et pour régler les peuples, sont coupables s’ils ne remédient aux désordres, qui se commettent sur ce sujet, et qui se répandent partout.

32. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

La différence qu’il y met ; c’est, dit-il, que ces crimes souillent à la vérité ceux qui les commettent ; mais ils ne souillent pas, et ne rendent pas criminels ceux qui les voient commettre, ni ceux qui en entendent seulement faire le récit. […] Cet Auteur met encore cette différence entre les autres crimes et la Comédie ; que les premiers n’attaquent chacun qu’un de nos sens à la fois ; les pensées déshonnêtes par exemple ne souillent que l’esprit ; les regards impudiques ne se commettent que par les yeux ; les mauvaises paroles ne sont reçues que par les oreilles ; et lorsque l’un de ces sens est souillé et corrompu par le crime qui lui est propre, les autres en sont cependant exempts. […] que nous nous amusons à rire des sottises qui se disent à la Comédie, et des offenses de Dieu, dit encore ce Père, nous commettons les deux plus grands crimes qu’on puisse commettre, dont l’un est de nous faire des blessures mortelles ; et l’autre est de les faire à Dieu même : « Cum duo sint maxima mala, si homo aut seipsum perimat, aut Deum lædat, utrumque in ludis publicis agitur. » p. 20.

33. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Eschyle, ni Sophocle n’y ont pas regardé de si près ; ils ont représenté Oreste poignardant Clytemnestre sa mère, sur le Théâtre : quelque sujet qu’il eût de la haïr, il n’y a point de raison, qui puisse autoriser un fils à commettre un parricide, et à tremper ses mains dans le sang de sa propre mère. Cependant ces actions, toutes odieuses qu’elles soient, ne peuvent être altérées dans leurs circonstances principales, parce qu’elles sont de notoriété publique, et que tout le monde sait qu’Oreste a effectivement tué sa mère ; mais il faut que ce parricide se commette derrière le Théâtre. […] Les filles de Danaus, qui assassinent leurs maris, commettent ces massacres à la faveur des ténèbres, dans leurs chambres, sans que les yeux des assistants soient blessés par tant de massacres. […] Quelque méchant que soit un homme, il ne laisse pas d’avoir des sentiments vertueux qui le retiennent, et qui le font balancer au moment qu’il délibère de commettre un crime. […] Si les Pères ont tant déclamé contre les spectacles de leur temps, ce n’est pas précisément à cause qu’on y commettait des idolâtries ; mais c’est à cause que l’on n’y parlait que des faux Dieux ; et que tout s’y ressentait de la fausse Religion des Païens ; ce qui se pratique encore aujourd’hui en plusieurs pièces de Théâtre, comme dans l’Amphitryon, où Jupiter et Mercure se cachent sous des figures humaines, pour commettre un adultère.

34. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

par la grâce de Dieu Roi de France, savoir faisons, à tous présents et avenir : Nous avons reçu l’humble supplication de nos bien-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eglise de la Trinité à Paris : contenant que comme pour le fait d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion, qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts de faire encore devant Nous, comme autrefois avaient fait, et lesquels ils n’ont pû bonnement continuer, parce que Nous n’y avons pas pû être lors présents, ou quel fait et Mystère ladite Confrérie a moult frayé et dépensé du sien, et aussi ont fait les Confrères chacun d’eux proportionnablement ; disant en outre que s’ils jouaient publiquement et en commun, que ce serait le profit de ladite Confrérie ; ce que faire ils ne pouvaient bonnement sans notre congé et licence ; requérant sur ce notre gracieuse Provision : Nous qui voulons et désirons le bien, profit et utilité de ladite Confrérie, et les droits et revenus d’icelle être par Nous accrus et augmentés de grâce et privilèges, afin qu’un chacun par dévotion se puisse adjoindre et mettre en leur Compagnie ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, cette fois pour toutes, et à toujours perpétuellement, par la teneur de ces présentes Lettres, autorité, congé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Saints comme de Saintes qu’ils voudront élire, et mettre sus toutes et quantes fois qu’il leur plaira, soit devant Nous, notre Commun ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, et d’eux convoquer, communiquer, et assembler en quelconque lieu et place licite à ce faire, qu’ils pourront trouver en notre Ville de Paris, comme en la Prévôté et Vicomté ou Banlieue d’icelle, présents à ce trois, deux ou un de nos Officiers qu’ils voudront élire, sans pour ce commettre offense aucune envers Nous et Justice ; et lesquels Maîtres, Gouverneurs, et Confrères dessus dits, et un chacun d’eux, durant les jours desquels ledit Mystère qu’ils joueront se fera, soit devant Nous, ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, ainsi et par la manière que dit est, puissent aller et venir, passer et repasser paisiblement, vêtus, habillés et ordonnés un chacun d’eux, en tel état ainsi que le cas le désirera, et comme il appartiendra, selon l’ordonnance dudit Mystère, sans détourner ou empêcher : et en pleine confirmation et sûreté, Nous iceux Confrères, Gouverneurs et Maîtres, de notre plus abondante grâce, avons mis en notre protection et sauvegarde, durant le recors d’iceux jeux, et tant comme ils joueront seulement, sans pour ce leur méfaire, ou à aucuns d’eux à cette occasion, ne autrement. […] Doisemont, Maistres de la Confrérie nommée au blanc, présentèrent ces Lettres à Maître Robert de Thuillieres, Lieutenant de Monsieur le Prévôt, lequel lues icelles Lettres, octroya que lesdits Maîtres, leurs Confrères et autres, se pussent assembler pour le fait de la Confrérie, et le fait des jeux, selon ce que le Roi notre Sire le veut par icelles Lettres ; et pour être présents avec eux en cette présente année commit Jean Lepilleur Sergent de la douzaine, et Jean de Saveneil, Sergent à Verge, l’un d’eux, ou le premier autre Sergent de la douzaine, ou à Verge dudit Châtelet.

35. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « [Introduction] » pp. 4-5

Que diront-ils maintenant qu’ils ne peuvent plus attribuer vos folies à la prétendue grossièreté d’un Climat étranger, puisque c’est en France et par des Jésuites Français qu’elles se sont commises, dans un Pays dont les habitants ne passent pas pour de bons Flamands, mais pour des esprits fort déliés, dans une Ville de Parlement, et aux frais de ses principales familles dont les enfants ont été vos Acteurs, et si on vous en croit, avec l’applaudissement de tout le monde ?

36. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Mais cette défense du Gouvernement lui est préjudiciable ; car en dérobant les grands à la censure publique, elle leur fait entendre qu’ils peuvent être vicieux impunément ; & il est malheureusement trop vrai que lorsqu’on peut commettre un crime sans rien craindre, on le commet presque toujours.

37. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VII. De ceux qui sont aux autres occasions de ruine, et de péché. » pp. 30-32

Il y a donc obligation de fuir absolument les danses lorsqu’il paraît, que selon l’usage présent, il s’y commet ordinairement des péchés mortels, encore qu’on ne sache point en particulier les personnes qui peuvent en être coupables.

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