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105. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Cet Auteur a prêté à la Comédie une noblesse dont on ne la croyait point capable. […] Quand la Comédie naquit en France, elle atteignait aux deux genres opposés. […] Sans remonter trop loin, les deux Corneilles composèrent des Comédies qu’on peut appeller Mixtes. […] M. de Voltaire n’a composé que peu de Comédies, & l’on y trouve le triste & le sérieux : ai-je besoin de citer l’Enfant prodigue, l’Ecossaise ? […] Les Comédies Italiennes sont assez dans le genre du Comique-Larmoyant ; plusieurs des Pièces que les Italiens nous représentent chaque jour à Paris peuvent faire juger si je me trompe.

106. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Pareil prix de 100 & de 50 sequins pour une Comédie. 2°. […] On laisse à l’Auteur le choix du sujet, pourvu que ce soit une action héroïque dans la Tragédie, un sujet de caractère dans la Comédie. […] C’est une des bonnes comédies Italiennes ; mais non la meilleure. […] Ainsi les intrigues d’un comédien procurerent la Thiare à un amateur de la comédie ; comme on n’avoit pas alors beaucoup de comédies, le Pape fit répresenter la Penulus de Plaute. […] Les repas du Pape étoient encore une nouvelle comédie.

107. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Comédies à rejeter. […] Les gens de talent et de goût diront sans doute que c’est un grand malheur de ne pas trouver des expédients pour corriger ces deux Pièces, qui du côté de l’art et du génie, sont des modèles si parfaits et si propres à servir d’Ecole aux Poètes : peut-être même me reprochera-t-on de ne l’avoir pas tenté ; mais je réponds qu’après les avoir examinées avec soin je les ai trouvées telles que je les avais d’abord envisagées, c’est-à-dire non susceptibles d’aucune correction ; quant aux Poètes qui les regretteront, je les exhorterai à les étudier dans leurs cabinets, à condition néanmoins qu’ils proposeront ces deux Comédies, autant comme des modèles à fuir par rapport aux mœurs, qu’à imiter par rapport au talent. […] Ce n’est pas cependant que Molière n’y ait mis d’excellentes choses pour corriger la vanité d’un Bourgeois qui veut s’élever au dessus de sa condition par une alliance disproportionnée : mais les bonnes mœurs ont sans comparaison beaucoup plus à perdre qu’à gagner dans la Comédie de George Dandin, dont Molière a puisé le sujet dans une Nouvelle de Boccace. Je crois l’avoir déja remarqué, toutes les fois que Molière a été inventeur ses Pièces ont été correctes, mais quand il a voulu copier, il s’est trop assujetti à ses modèles : Qu’il me soit permis d’ajouter que si Boccace en ce cas mérite d’être blâmé, Molière n’en est pas plus excusable d’avoir tiré de cet Auteur Italien le sujet d’une Comédie si scandaleuse. […] [NDA] Observations sur la Comédie, etc. pag. 157, et suivantes.

108. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Une bonne comédie doit être un sermon en action, d’où l’on doit revenir plus vertueux. […] Ce vice dans les comédies Latines étoit bien le même, mais l’objet des amours étoit différent. […] Si la comédie pouvoit se faire entendre, quels reproches amers ne feroit-elle pas aux Poëtes ? […] Le Prince le fit jouer sur le théatre, il fit faire une comédie d’un vieillard amoureux. […] L’espérance d’un avantage si équivoque est une foible raison de conserver la comédie).

109. (1638) L’Image du Vray Chrestien. Chapitre IV « Chapitre 4. » pp. 106-108

Que les personnes de cette Ordre ne puissent aller aux banquets déshonnêtes, ni aux Comédies, et qu’ils ne donnent rien au Farceurs et Comédiens. […] François a si étroitement défendu de se trouver aux Comédies, Festins etc. […] CEtte prohibition est fondée sur les anciennes Ordonnances de l’Eglise, et sur les advertencesa des saints Pères, lesquels parlant des spectacles, et festins mondains, disent que les Comédies qui se célèbrent par ces Comédiens et Farceurs ne sont que : Prostitutions des bonnes mœurs, et de toute honnêteté, Théâtres d’impudicités, foires des vices, Ecoles d’impertinences. […] IL faut ici remarquer qu’en la Règle n’est défendu au Tertiaires d’assister à toutes sortes de Spectacles ou Comédies, comme aussi à toutes sortes de Banquets : Mais seulement à ceux qui sont ordinairement accompagné de quelque déshonnêteté,c insolence, vanité ou désordre : d’ou vient que quand quelque Comédie se représente par les Etudiants aux Ecoles bien morigenéesd sur quelque Histoire ou vie de quelque Saint, il est bien permis aux Tertiaires d’y assister, comme aussi aux Banquets honorables, et au noces de leurs plus proches parents, et ce avec toute modestie et honnêteté, fuyant ce qui pourrait ressentir quelque vanité indécente.

110. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

 » Ce mot pris dans un sens général, signifie toute sorte de Poème dramatique, soit Comédie Pastorale ou Tragédie. […] Il est très certain, que la Comédie tire son origine des Païens, aussi bien que son progrès, comme le même Hofman le prouve fort amplement. […] Aristobule, homme de qualité, et Marianne sa femme, ont coutume d’assister à la Comédie et à l’Opéra. […] Et voilà justement ce qui se passe encore dans les Comédies d’aujourd’hui. […]  » Cet Ange de l’Ecole n’a donc garde d’enseigner, qu’on puisse assister aux Comédies dont nous parlons, ni qu’on puisse rien donner à ceux qui les représentent ; puisque tout au contraire il les condamne lui-même avec S.

111. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Le cinquiéme trois, le Sieur de Pourceaugnac, le Misanthrope, le Bourgeois Gentilhomme, qui est une Comédie Balet. […] Toute la Comédie avec lui terrassée, En vain d’un coup si rude espera revenir, Et sur ses brodequins ne pût plus se tenir. […] Bayle1, les désordres dont les Comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours. […] Le Pere Rapin prétend, que l’ordonnance de ses Comédies est toujours défectueuse en quelque chose, & que ses dénoumens ne sont point heureux. […] Observation sur la Comédie de Moliere, intit. le Festin de Pierre pag. 5.

112. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE V. De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. » pp. 120-129

Malheureusement le clergé catholique, dans ces temps d’ignorance et de fanatisme, se compromettait en exerçant la profession d’acteur, ou, si on veut, l’art du comédien : et cet art se trouvait avili même par les pèlerins et les confrères de la passion, qui, indépendamment de leurs comédies pieuses, y joignaient des farces obscènes. On voyait en effet des prêtres, malgré leur caractère sacré et respectable, partager le blâme attaché à ceux qui jouaient des comédies licencieuses. […] Les uns, il est vrai, et ce sont les plus anciens, frappent d’excommunication les cochers de cirque, les bateleurs, les histrions et autres gens infâmes, tandis que les autres conciles plus modernes défendent aux prêtres de jouer la comédie, ainsi que nous l’avons déjà dit ; et ils leur interdisent même d’y assister. […] En effet, les gouvernements agirent premièrement de concert avec les saints canons, qui défendaient aux prêtres de jouer la comédie, et ensuite ils s’appliquèrent à épurer la scène, et nos souverains transférèrent les théâtres hors des églises, et ils soumirent les comédiens français à de sages règlements de police ; ils firent construire de magnifiques salles de comédie, ils créèrent des comédiens qui furent salariés et pensionnés, ils les comblèrent de bienfaits, ils en honorèrent la profession et instituèrent une administration royale pour la régir, en portant toutes ces dépenses publiques dans le budget de l’état. […] Il ne faut que de la bonne foi pour saisir cette question, afin de prononcer si les acteurs de comédie, eu égard à la religion, doivent être considérés à l’égal des autres citoyens et comme ayant, aux mêmes conditions, les mêmes droits aux prières et aux honneurs de l’église.

113. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

La Comédie épuise bientôt les ridicules : ceux d’un siècle sont à peu près les mêmes que ceux de mille autres. […] Enfin, les grands caractères de la Comédie sont très rares. […] Je conseille au Poète qui voudra composer une véritable Comédie, telle qu’on en conçoit l’idée, de préférer un sujet purement gai. […] Voilà pourquoi la Comédie est maintenant si pauvre & si stérile. […] La Comédie fleurira de nouveau.

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