Le Roi, la Reine, toute la Cour, toute la France, furent enchantéeso de la nouveauté et de la beauté de ces fêtes : elles effaçaient celles du Cardinal.
« Si ce moyen était mis en usage avec bonne foi et candeur, si l’on s’appliquait à faire sur son propre cœur cette fidèle épreuve, si l’on s’accoutumait à se livrer à cet examen consciencieux, avouons-le, nos salles de spectacles, et ces salons brillants qui offrent à la beauté un théâtre plus choisi, mais non moins dangereux, ne verraient pas, chaque soir, une affluence jusqu’alors inouïe dans les annales du plaisir.
Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les Ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise : il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la Comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier-Garguille, ni les Impromptus de Turlupin, ni la Bravoure du Capitan, ni la Naïveté de Jodelet, ni la Panse de Gros-Guillaume, ni la Science du Docteur, il ne laisse de plaire quelquefois, et de divertir en son genre : il parle passablement Français ; il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Auteurs : car il ne se pique pas d’avoir le don d’Invention, ni le beau Génie de la Poésie, et ses Amis avouent librement que ces Pièces sont des « Jeux de Théâtre, où le Comédien a plus de part que le Poète, et dont la beauté consiste, presque toute dans l’action » : ce qui fait rire en sa bouche, fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses Comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles, qui ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes.
« Les chefs-d’œuvre de Corneille et de Molière tomberaient aujourd’hui, et s’ils se soutiennent, ce n’est que par la honte qu’on aurait de se dédire, et non par un vrai sentiment de leurs beautés ; une bonne pièce, ajoutez-vous, ne tombe jamais que parce qu’elle ne choque pas les mœurs de son temps. »s Après vous avoir fait distinguer ce que Molière et Racine ont bien fait de ménager dans nos mœurs, il est question de vous prouver maintenant que Molière surtout n’a pas à beaucoup près respecté ce qu’il y avait réellement de vicieux en elles. […] Les connaisseurs ont beau les admirer toujours ; si le public les admire encore, c’est plus par honte de s’en dédire que par un vrai sentiment de leurs beautés.
Tous les théatres de l’Europe sont pleins de François, toutes les autres nations ensemble n’ont ni autant ni si bien écrit sur les règles & l’histoire du théatre, n’en ont si bien connu les beautés & critiqué les défauts, jusqu’aux Jesuites, dont les trente provinces répandues dans l’univers n’ont pas eu autant de maîtres du théatre que la seule province de Paris.
Telle superstition fut si grande parmy les Troyens, que mesmes les femmes se decoupoient le visage au hazard de leur beauté qui leur est tousiours precieuse, pour en tirer du sang qu’elles versoient avec grande Religion sur le bucher des morts qu’elles avoient cheris.
Ainsi la Tragédie reçut toute sa forme & sa beauté de Sophocle, qui trouva un Rival digne de lui dans Euripide.
Nous avons ici deux jeunes Beautés qui ne nous quittent pas ; l’une est la Pupille de monsieur Des Tianges, l’autre se nomme mademoiselle De Liane, la même qui doit épouser le frère de mademoiselle Des Arcis : j’ai voulu voir comme ton mari se comporterait avec elles : poliment, en homme agréable, léger, prévenant, mais insensible : il n’a goûté que le jeune Des Arcis : peut-être ils se ressemblent ?
Les vocations forcées sont très-rares : la plûpart des filles s’engagent volontairement, & grand nombre contre le gré de leurs parens, sacrifiant généreusement tout ce que le monde, la fortune, la beauté, leur offrent de plus flatteur. […] Les protestations, les sermens, les doléances, la beauté, en un mot le jargon de Cythere est par-tout le même.